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LA VIE DE MALEK BENNABI (20)‎

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En cette année 1949, Bennabi tente de convaincre les responsables de la société Amal de lui ‎accorder une des nombreuses pièces vides de son siège à Paris où, proche des grandes ‎bibliothèques, il pourrait commencer un livre auquel il réfléchit depuis longtemps et qu’il ‎avait annoncé à la parution de « Lebbeik ». Il s’agit de «Sur les traces de la pensée ‎scientifique musulmane » qui deviendra, comme on le sait, « Infrastructure du monde ‎musulman moderne » puis finalement, sur une suggestion de Khaldi, «Vocation de l’islam ». ‎

On ne donne aucune suite à sa demande. Il prend la mesure de l’isolement dans lequel on ‎l’enferme de tous côtés. Les milieux politiques et culturels algériens s’étaient comme ‎entendus pour le reléguer dans la solitude morale et la détresse matérielle. Il confie à son ‎Journal : « Je les dépasse, voilà le mal ! Ils sont dans le passé, rarement dans le présent. Je ‎suis déjà dans l’avenir ». ‎

Le PPA-MTLD est maintenant sur la pente du déclin : Lamine Debaghine, le deuxième ‎homme du parti, est exclu pour « radicalisme » ; l’enthousiasme retombe parmi les cadres ; ‎la ligne « révolutionnaire » est peu à peu abandonnée. Au mois d’avril, la poste centrale ‎d’Oran est attaquée par un commando de l’OS pour renflouer les caisses de ‎l’ « Organisation ». Le butin est maigre : 3 millions de centimes de l’époque, versés à la ‎caisse du parti. ‎

En septembre, Bennabi se rend pour la seconde fois à Tunis par route pour participer à un ‎‎« Congrès sur la culture islamique » auquel il a été invité. En chemin, il observe les attitudes ‎sociales qui le plongent dans une profonde méditation : « Avons-nous la « notion » des ‎‎« choses » que nous utilisons couramment dans la vie ? Ces objets, ces produits, ces ‎techniques dont nous usons dans le quotidien, avons-nous le sens de leur utilisation ? » La ‎matière d’un article vient de se former dans son esprit (1), Il arrive à Tunis avec ces pensées ‎en tête. ‎

A son retour, il livre ses impressions sur le congrès auquel il vient d’assister dans une série ‎d’articles où l’on peut notamment lire : « Notre culture me donne surtout l’impression d’être ‎une archéologie. Nos prémisses intellectuelles sont les mêmes depuis le Moyen Age ‎chrétien. Nos conclusions sont immanquablement les mêmes qu’il y a cinq ou six siècles. ‎Bien que la pensée cartésienne ait été au bout de la pensée arabe, nous n’avons pas encore ‎atteint ce bout. La vie et l’expérience n’ont encore aucun poids dans nos spéculations. Nous ‎sommes encore à l’âge scolastique des inductions verbales, des pétitions de principe. ‎Enseignement de théologien et de juriste qui n’apporte aucune réponse, ni au problème de ‎l’homme du peuple, ni à ceux de l’élite intellectuelle, notre « culture islamique » représente ‎au plus une volonté de subsister et non une volonté de devenir » (2)‎

Il faut imaginer l’impact de tels propos sur les milieux du « ilm » (savoir religieux) ! ‎

Bennabi n’en a cure et s’attelle au travail annoncé, c’est-à-dire « Vocation de l’islam ». ‎Bachir al-Ibrahimi lui fait savoir qu’un homme d’affaires, Si Mohamed Khettab, se propose ‎de financer la traduction et la publication en arabe du « Phénomène coranique » qui a fait ‎sensation, mais la rencontre programmée n’a pas lieu.. C’est finalement Salah Ben Saï qui le ‎lui présente. L’aide financière conséquente que lui apporte ce mécène providentiel lui ‎permet de souffler quelques mois.‎

En décembre 1949, Aly al-Hammamy meurt dans un accident d’avion au Pakistan. Un ‎grandiose hommage populaire lui est rendu à Alger. Il est enterré au cimetière de Sidi ‎M’hammed. Plus tard, tant le docteur Khaldi que Bennabi seront enterrés à ses côtés. Ce ‎dernier dit de lui dans ses Mémoires inédits : « Je ne connaissais même pas son nom quand ‎je lus ses premiers articles dans « La République algérienne ». Ces articles me ‎bouleversèrent par une forme impeccable mais surtout par un contenu qui ne cadrait pas du ‎tout avec les soucis ordinaires de nos intellectuels. Al-Hammamy était d’une classe qui ‎n’existait pas encore en Algérie… Les idées que vulgarisaient ses articles étaient si proches ‎des miennes que je dus me poser une foule de questions sur lui. Existait-il d’abord ‎seulement? S’il existait, par quel miracle avait-il échappé au « psychological-service » ? … ‎Son œuvre était le fruit d’une grande intelligence, d’un grand cœur et d’une grande ‎souffrance…» (3). ‎

Bennabi n’a pas tort d’évoquer une ressemblance entre les idées d’al-Hammamy et les ‎siennes. Bien avant de publier des articles en français dans « La République algérienne », ‎celui-ci avait collaboré au journal de Victor Spielmann, « Le Trait d’Union », et à un journal ‎de langue arabe paraissant au Maroc. L’imam Ben Badis avait remarqué ses écrits et ‎échangé des lettres avec lui en 1938. Bennabi ne pouvait qu’apprécier les idées d’al-‎Hammamy dont on peut avoir un aperçu à travers les extraits suivants de quelques-uns de ‎ses articles de presse : ‎

‎- « Le culturel est une des nécessités primordiales qui s’imposent à l’intention du peuple ‎algérien. Il s’agit ici bien entendu d’un large effort tendant à faire promouvoir les aptitudes ‎intellectuelles sous-jacentes du peuple, de clarifier ses connaissances, lui inculquer le goût ‎de l’étude et des saines curiosités, de le mettre en mesure de punir et de se forger une ‎opinion publique. Personne alors ne le trompera ». ‎

‎- « Laissons de côté toute considération politique. Ne perdons pas notre temps à incriminer ‎le colonialisme qui, s’il est en vérité le principal responsable de nos désastres, n’en n’est pas ‎à coup sûr, l’unique. Il n’a fait d’ailleurs qu’abuser d’une situation préexistante à sa ‎domination ».‎

‎- « Nous sommes trop loin du pays pour participer de gaieté de cœur aux tumultes du forum. ‎Et combien nos cœurs seraient enchantés si l’union et la concorde faisaient place aux ‎querelles partisanes qui harcèlent le peuple et portent au moulin de l’adversaire l’eau qui ‎alimente son jeu de diversion… La pose, le tréteau, la petite combine, n’ont rien à voir avec ‎le service du peuple, d’une idée ou avec la simple beauté du geste.».‎

‎- «Affranchir son pays, c’est éduquer, prêcher, convaincre. C’est donner l’exemple. C’est ‎construire du nouveau sur des bases vieilles, c’est surtout éloigner le peuple des tentacules ‎du maquignonnage et de la démagogie… Jusqu’ici, nous sommes restés empêtrés dans ‎l’erreur et la confusion. Servir son pays se réduisait, chez nous, à brailler en ressassant de ‎pauvres slogans éculés par l’usage et le temps. La politique était tout. Et quelle politique ? ‎Quelque chose d’incertain et de désarticulé mené par une catégorie de gens qui, délaissant ‎l’essentiel pour l’apparent, le constant pour le provisoire, s’acharnent à lancer des charges ‎bruyantes et puériles contre des moulins à vent. Un lamentable désordre d’idées s’en ‎dégageait, une pagaie sans nom y déroulait ses fresques bruyantes… Et le pays, la tête ‎tourneboulée par une démagogie de mauvais aloi, suivait les « chefs » qui s’imposaient à lui, ‎passivement, sans rien comprendre. »‎

‎- « La politique est nécessaire… Mais, à côté de la politique, il y a des éléments d’activité où, ‎sans eux, la politique ne serait qu’une sinistre farce. Il y a l’économie, le social et le culturel : ‎trois choses qui, dans les procès de l’histoire, dominent et conditionnent tout. Sans ‎adaptation économique, sans vie matérielle poussée vers tous ses ressorts, sans tendance à ‎prendre et à créer dans le sens d’une généralisation de la prospérité de tous, la politique ‎devient un charlatanisme de bas étage destiné à berner et à exploiter. Et souvent aussi à ‎trahir. » ‎

‎- « Sans évolution sociale, le peuple qu’on prétend sauver et rédimer se trouve condamné à ‎croupir dans la stagnation et la décrépitude… Nous sommes les contemporains d’une époque ‎de dynamisme intense, de progrès déroutants, d’action accélérée à travers un monde en ‎gestation perpétuelle. »‎

‎- « Sans doctrine nationale, il n’y a pas de mouvement national. En effet, une doctrine ne ‎s’improvise pas. Elle s’élabore en marge des tourments en vertu d’un empirisme ‎organisateur que des penseurs, penchés sur le corps souffrant de la nation comme le ‎médecin sur les organes attaqués du malade, s’efforcent d’en diagnostiquer le mal en vue ‎du remède à prescrire. Mais il faut faire appel au médecin. Sans quoi, c’est le charlatan qui ‎frappera à la porte. Car il y a une clinique sociale, et c’est dans l’histoire tout d’abord – ce ‎parfait tribunal des peuples au dire de Schiller- que le penseur, ou plus posément celui qui ‎s’adresse à la nation, peuvent trouver les suggestions d’une formation doctrinale capable de ‎rallier l’opinion autour de l’idée-force qui leur servira d’élément catalyseur. Nous parlons de ‎doctrine et d’idée, et non de slogans vides de sens, qui en face d’un peuple accablé, mettent ‎facilement à même le premier énergumène venu de disposer de l’audience de foules loyales ‎mais crédules. ».‎

‎- « Tournons-nous donc vers notre passé et, dans l’amas de ses richesses intellectuelles et ‎morales longtemps abandonnées à la friche, puisons-en à pleines mains… Plongeons nos ‎regards dans ce que nos ancêtres nous ont légué de meilleur et de solide. Et surtout, ‎n’oublions pas le mot d’Auguste Comte : « Les vivants sont gouvernés par les morts. ». ‎
‎ ‎
‎- « Ben Badis a su qu’avant de labourer un sol en friche, il fallait en premier lieu déblayer le ‎terrain des mauvaises herbes, détruire la broussaille, éliminer les chardons qui rendent vain ‎tout essai de culture. Il a su qu’il fallait assainir les esprits livrés à la superstition et à ses ‎conséquences, le charlatanisme et le chantage et que, dans un pays où la foi joue un rôle ‎prédominant, la première chose à faire, avant de reconstruire, était de débarrasser cette foi ‎des épaisses couches de moisissures qui l’ont travestie et empoisonnée… Il a su qu’il fallait ‎purifier le climat moral des ferments pestilentiels que des siècles de stagnation avaient ‎accumulés… En s’attaquant aux faux cultes, en dénonçant les vendeurs du Temple, en ‎soulevant les Algériens contre les trafiquants de chapelets et d’amulettes promus aux hautes ‎dignités par la curie administrative française, Ben Badis et ses amis ont bien mérité de la ‎patrie. »‎

‎ °°° ‎

En 1950, Maurice Papon est nommé préfet de Constantine. Il le restera jusqu’en 1952, puis ‎le deviendra une seconde fois entre 1956 et 1958. En mars 1950 éclate à Tébessa une grave ‎affaire qui sera retenue par l’histoire sous le nom de « complot ». La police française ‎procède sur dénonciation à l’arrestation de plusieurs centaines de membres de ‎l’ « Organisation Spéciale » à travers le territoire national. Son chef, Ahmed Ben Bella, ainsi ‎que des personnages qui joueront un rôle important dans le déclenchement de la Révolution ‎sont arrêtés. D’autres, comme Boudiaf, Didouche, Ben Mhidi, Bitat, Bentobbal, Ben Boulaïd, ‎etc, arrivent à s’échapper. ‎

Mais ce démantèlement du principal outil d’action du PPA ne laisse pas de consterner. ‎Benyoucef Benkhedda écrit dans « Les origines du 1er Novembre 1954 » : « Il y avait de quoi ‎être stupéfait par le nombre des arrestations et la facilité avec laquelle elles furent opérées, ‎dans un temps relativement court. D’autant que pour nous l’OS représentait l’élite du Parti… ‎Que devenaient ces consignes données quant à l’attitude du militant devant la police ? Plus ‎d’un tiers, voire près de la moitié de notre armée secrète faite prisonnière, y compris le chef ‎et la presque totalité des membres de son état-major (5 sur 7), c’était dur pour l’ensemble ‎du Parti ! »(2).‎

Au moment où éclate cette affaire, le comité central du PPA est en réunion à Larbaâ ‎‎(banlieue d’Alger) pour examiner les demandes de Messali qui avait réclamé la « présidence ‎à vie » du parti et le « droit de veto ». La demande est rejetée et les travaux interrompus. Ils ‎reprennent en décembre pour étudier la stratégie à suivre (légalisme ou clandestinité ?) ‎mais c’est toujours l’impasse : Messali exige des pouvoirs plus élargis pour lui. La crise ‎s’installe. ‎

Bennabi a été lui aussi arrêté à Tébessa, interrogé, puis libéré. Il se concentre sur son livre ‎qu’il désigne comme « l’œuvre qui devait être mon meilleur cru ». C’est encore une israélite ‎‎(décidément !) employée dans l’entreprise de Mohamed Salah Bentchicou qui est chargée ‎de la dactylographie. ‎

Il rencontre une nouvelle fois à Paris Louis Massignon qui le met en relation avec Claude ‎Bourdet de « France Observateur ». De retour en Algérie où il veut passer le ramadan, il ‎s’arrête à Constantine où l’attend le Dr. Khaldi. Celui-ci l’engage dans une campagne ‎électorale qui l’amène à se déplacer à Batna où il retrouve Hamouda Ben Saï qu’il n’a pas ‎revu depuis une quinzaine d’années. Le reverra-t-il encore ? En tout cas il ne sera plus ‎question de lui dans la suite du récit (et dans les « Mémoires » publics ou inédits de ‎Bennabi). ‎

HBS terminera ses jours après une vie sans relief dans une profonde détresse à Batna où ‎même la cité qu’il habitait semble avoir été baptisée pour lui : « Cité des recasés ». Quoique ‎plus âgé que Bennabi, il lui a survécu plus d’un quart de siècle, et n’a pas laissé d’écrits à ‎l’exception d’un petit nombre d’articles parus dans « La République algérienne » et « Le ‎Jeune musulman », de quelques correspondances et d’une brochure intitulée « Au service de ‎ma foi » éditée en 1984 à Constantine par « Dar-al-Baath » (3).‎

Ce petit livre s’ouvre sur une déclaration où on peut lire : « Pour me présenter aux lecteurs ‎et aux lectrices de ce livre de foi et de bonne foi écrit en l’honneur de mon maître, le cheikh ‎A. Ben Badis, il serait malséant et inopportun pour moi d’évoquer brièvement mon passé à ‎Paris pour lequel je réserve mes « Ecrits et souvenirs de jeunesse ». Aujourd’hui, je veux ‎simplement citer la dédicace que me fit courageusement en octobre 1946 mon regretté ami ‎Malek Bennabi… ». ‎

Quelque temps après avoir publié cet opuscule, HBS écrit dans une lettre à M. Abdelwahab ‎Hammouda «… Réduit à la misère et au silence par le colonialisme et ses agents, je n’ai pu ‎me faire un nom dans les Lettres… » Dans une autre lettre au même datée du 05 septembre ‎‎1981, il rapporte ce que lui a dit Bachir al-Ibrahimi en mars 1950 à Batna : « Votre situation ‎me fait pleurer. Quittez ce pays impur ! Vous êtes savant mais il vous manque l’art d’être ‎diable ». ‎

Bennabi et HBS étaient aussi proches intellectuellement qu’ils étaient différents ‎psychologiquement. Ce qui les a unis c’est la foi, l’attachement à l’islam, la conviction que ‎celui-ci était la clé du problème du monde musulman. Mais autant Bennabi était fort de ‎caractère, combatif, voire agressif en dépit de ce qu’il endurait, autant HBS était résigné, ‎fataliste, dépressif. ‎

Intellectuellement, l’un incarnait l’« esprit de géométrie », l’autre l’ « esprit de finesse » ‎pour reprendre les célèbres catégories de Pascal. Bennabi était autant rationnel que HBS ‎était intuitionnel. Bennabi l’a aimé, reconnu et honoré ainsi qu’on l’a vu, alors que HBS ‎nourrissait envers lui un ressentiment qu’il ne dissimulait plus vers la fin. ‎

Dans une lettre datée du 22 juillet 1970 retrouvée dans les archives de Bennabi, il couvre ‎celui-ci de reproches, voire d’injures, et conclut : « Tu n’as jamais été un ami sincère et ‎dévoué ». En tous cas, ses points de vue ont été fidèlement repris dans ce travail, même ‎quand ils contredisaient ceux de Bennabi.‎

Fin décembre 1950, Bennabi publie une « Lettre ouverte à Mr. le grand Muphti al-Assimi »‎ ‎ ‎‎(4) dans laquelle il prend la défense de Bachir al-Ibrahimi et met en exergue les résultats ‎réalisés par l’Association des Oulamas dans le domaine de l’enseignement (130.000 élèves ‎scolarisés dans le réseau des 300 écoles mis en place par elle). ‎

L’Association luttait à l’époque pour obtenir le même statut à l’islam que celui du ‎christianisme et du judaïsme, c’est-à-dire l’application du principe de la séparation de ‎l’Eglise et de l’Etat de manière, écrit Bennabi dans cet article, « que la mosquée ne soit pas – ‎pas plus que la synagogue ou le temple chrétien – contrôlée comme un simple débit de ‎boisson par l’administration ». Il est interpellé par la police.‎
‎ (A ‎SUIVRE) ‎
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NOTES :‎

‎1 « La chose et la notion », « La République Algérienne » du 14 octobre 1949.‎

‎2 « Ruptures et contacts nécessaires », « La République Algérienne » du 11 novembre 1949.‎

‎3 Comme beaucoup d’autres grands hommes d’Algérie, Aly al-Hammamy a eu une destinée exceptionnelle. Il est ‎né à Tiaret en 1902. A l’âge de vingt ans, il se rend en Egypte et de là au Maroc où il prend part à la résistance ‎contre les Français animée par l’Emir Abdelmalek (fils de l’Emir Abdelkader), puis à la guerre du Rif dirigée par ‎l’Emir Abdelkrim al-Khettabi. L’Emir Abdelmalek périt en 1924 les armes à la main. La même année, al-Hammamy ‎rejoint à Paris l’Emir Khaled. Il participe à Moscou au 5° Congrès de l’internationale communiste et y fait la ‎connaissance de Ho Chi Minh, le futur leader vietnamien.‎
L’administration coloniale s’intéresse à lui et le surveille de près. Il décide de s’exiler. Les pays arabes qu’il cible ‎refusent de le laisser entrer chez eux. Pendant six mois il navigue sur un navire italien sans débarquer. C’est ‎grâce à l’intervention de Chakib Arslan qu’il obtient la possibilité de s’établir à Baghdad où il va enseigner de ‎‎1935 à 1945. ‎
En 1947, ayant appris la présence de l’Emir Abdelkrim al-Khettabi au Caire, il s’y établit. En 1949 l’UDMA de ‎Ferhat Abbas lui demande de la représenter au premier Congrès économique islamique qui doit se tenir à ‎Karachi (Pakistan). La Tunisie est représentée par le Dr. Habib Thameur et le Maroc par Mohamed Benaboud. A ‎leur retour de Karachi le 12 décembre 1949, leur avion s’écrase. ‎
Sa dépouille est rapatriée à Alger où 12.000 personnes l’accompagnent à sa dernière demeure. Le cortège est ‎dirigé par Ferhat Abbas, Larbi Tebessi, Tewfik al-Madani, Bachir al-Ibrahimi… Ce dernier dit dans son ‎oraison : « Le cercueil déposé devant nous ne renferme pas le corps d’un homme, mais plutôt un lambeau de la ‎patrie algérienne qui en a été détaché pour y être ensuite rattaché, un morceau de la patrie algérienne que la ‎justice des hommes a contraint à l’exil mais que la justice de Dieu a rapatrié… ».‎
Il est l’auteur d’un célèbre roman historique, « Idris », écrit en Irak en 1942, publié au Caire en 1948 et préfacé ‎par Allal al-Fassi.‎
Bennabi lui a rendu hommage en de multiples occasions et lui a consacré un article, « Les idées et les hommes » ‎‎(Révolution africaine du 17 avril 1967). Khaldi lui a dédié en ces termes la réédition en 1965 de son livre : « A ‎l’homme qui a su manier le sabre et la plume ». En 1968, Bennabi et Khaldi se sont rendus à Tiaret pour ‎participer à la semaine culturelle organisée à sa mémoire. ‎
Le journaliste algérien Amar Belkhodja a consacré un livre à ce héros sous le titre de « Ali al-Hammamy et la ‎montée du nationalisme algérien », op.cité. ‎

‎2 Ed. Dahlab, Alger 1989.‎

‎3 Cette brochure, ainsi que quelques correspondances, m’ont été remises par feu Mr. Abdelwahab Hammouda. ‎

‎4 « La République Algérienne » du 08 décembre 1950.‎
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