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LA VIE DE MALEK BENNABI (21)‎

by admin

Le 10 janvier 1951, Bennabi termine une préface de huit pages sans préciser à quel ouvrage ‎elle est destinée (1). Ce texte inédit ne se résume pas, il se donne à lire. Il commence ‎comme une lettre mais au titre bien surprenant : ‎

‎« Lecteur musulman, mon frère et mon ennemi ! » ‎

‎« Je tiens à te présenter moi-même cette publication. Je veux te parler, te dire de graves ‎choses, les plus graves peut-être qu’on t’ait jamais dites. Dans une précédente publication, ‎une pudeur m’avait retenu. Je ne voulais pas te dire certaines choses pour te les laisser à ‎entendre. Mais je veux ici te les faire entendre clairement car la mauvaise foi et l’ignorance ‎des voleurs de prestige (2) ont encore prise sur ta conscience. Tu représentes à leurs yeux ‎une parcelle de pouvoir qu’ils veulent garder. Aussi dois-je d’abord dénoncer ton ‎impuissance à éventer leurs pièges, à sentir tes erreurs. Je veux t’apprendre à leur poser des ‎questions, à te poser des questions, pour éviter leurs pièges et tes propres erreurs. ‎Commençons par le commencement. ‎

Ce commencement est dans ta confusion, dans ton impuissance à voir clair. Tu sens bien ton ‎mal, mais comment le nommes-tu ? Au lieu de te recueillir sur le mal, de poser des ‎interrogations, de te demander : – pourquoi donc suis-je colonisé ? tu as simplement prêté ‎l’oreille aux voix de la foire. Et comme les voleurs de prestige, comme le malheureux ‎troupeau qu’ils exploitent, tu t’es écrié à ton tour : « A bas le colonialisme !» puis tu as prêté ‎encore l’oreille aux vociférations de la foire. Et tu as voulu, à ton tour, nommer ton mal…Ne ‎me prête pas l’oreille, mais l’attention pour comprendre les choses. ‎

Fais un effort d’imagination pour me suivre, à pas de géant. Suis-moi à San Francisco. ‎Regarde avec tes yeux et ton intelligence et non avec tes oreilles. Cette ville et les milles ‎aspects de la vie que tu vois sont l’œuvre de cet homme que tu aperçois là, penché sur son ‎labeur, il travaille… Mais que signifie, en termes analytiques, en éléments primordiaux, cet ‎acte magique par lequel l’homme transforme la nature et se transforme lui-même. Que ‎signifie ce mot qui traduit à la fois la peine, la sueur de l’homme et la condition ‎fondamentale de son bien-être, de sa sécurité et de sa puissance ? C’est ce mystère que je ‎veux d’abord te révéler. ‎

Que fait l’homme qui travaille, qui créé par sa peine sa condition ? Il fait essentiellement ‎une synthèse : la synthèse de l’homme, du sol et du temps… Maintenant que tu es initié à un ‎grand mystère, poursuivons notre chemin, à pas de géant. Tu as traversé New York, tu as ‎aussi contemplé Londres et Paris, tu as fait un crochet à Bruxelles, à Zurich, à Rome, tu as ‎atteint Varsovie, et tu as poussé jusqu’à Moscou ou plus loin encore, jusqu’à Tokyo. Qu’as-tu ‎vu ? Les aspects essentiels de la vie ont-ils essentiellement changé au cours du trajet, si tu l’a ‎fait les yeux et l’esprit grand ouverts ? Tu as vu partout les mêmes activités, les mêmes ‎édifices, les mêmes routes, les mêmes usines, les mêmes ateliers, les mêmes machines, les ‎mêmes écoles, les mêmes laboratoires. ‎

Et tu as vu aussi que c’est cela et rien que cela qui fait la condition de l’homme. Mais ‎‎« cela », cette même synthèse de l’homme, du sol et du temps que tu as constatée de San ‎Francisco à Moscou, « cela » comment se nomme-t-il dans l’histoire ? Tu le sais puisque toi-‎même, quand tu veux appeler les choses par leur nom, tu le nommes la « civilisation ‎occidentale ». Mais poursuivons encore notre voyage, en changeant d’itinéraire. ‎

Nous allons partir de Tanger, traverser l’Afrique du Nord, longer le littoral sableux de la ‎Tripolitaine, traverser le Nil et le canal de Suez, visiter les pays du Moyen-Orient, nous ‎enfoncer dans les territoires musulmans de l’Inde et atteindre Java. Qu’aurons-nous vu ? ‎N’est-ce pas aussi les mêmes aspects essentiels de la vie : la même inactivité, la même ‎pauvreté, la même ignorance, la même somnolence ? Mais comment se nomme cette aire ‎où règne le silence ? N’est-ce pas l’aire de la civilisation musulmane ? Cela aussi tu le sais. ‎Mais ne me pose pas encore de questions. ‎

Complétons encore notre tour d’horizon pour tirer une conclusion générale. Après cet ‎itinéraire dans l’espace, faisons un autre dans le temps. Reculons d’un millénaire dans ‎l’histoire. L’aire musulmane s’étendait alors de Samarkand à Cordoue et l’aire occidentale ‎de Londres à Moscou. Mais de Cordoue à Samarkand, c’était un chantier où travaillaient des ‎penseurs, des savants, des docteurs, des artistes, des artisans… l’aire où l’homme réalisait la ‎synthèse de la civilisation musulmane. Cependant que dans l’autre aire, de Londres à ‎Moscou, régnait l’état féodal où l’homme vivait en « serf taillable et corvéable à merci ». ‎

Serais-tu tenté de faire aussi un bond en avant, un bond de mille ans dans l’histoire. Alors ne ‎m’interroges pas sur l’avenir, je l’ignore. Je te dirais seulement cette parole de Celui qui ‎sait : « Tels sont les jours. Nous les donnons tour à tour aux hommes ». Maintenant que nous ‎sommes au terme de notre voyage, tirons plutôt une conclusion. ‎

Tu as constaté de visu que la condition de l’homme ne résulte pas de données ethniques, ‎linguistiques, politiques ou géographiques. En effet, de San Francisco à Moscou, il y a ‎plusieurs langues, des races différentes, des systèmes politiques et des climats divers. Mais ‎tu as constaté la même condition humaine, résultant du même labeur, de la même synthèse. ‎Tu as constaté que cette condition est liée aux données générales d’une aire, qu’elle ne varie ‎pas essentiellement d’un cadre institutionnel à un autre, d’une démocratie à une monarchie, ‎mais d’une civilisation donnée à une autre. Tu as constaté, en un mot, que le destin de ‎l’homme est profondément marqué par sa civilisation, qu’il s’élève ou déchoit avec elle. ‎

C’est cela la conclusion essentielle que je t’invite à tirer de ce voyage dans l’espace et dans ‎le temps, c’est-à-dire dans l’histoire. Cette conclusion est capitale car elle constitue un ‎critère et une méthode. C’est un critère pour éviter ta propre erreur et les pièges qu’on peut ‎te poser pour déceler le faux, pour distinguer le patriotisme de la trahison. Car tu sais à ‎présent que tout ce qui ne sert pas à réaliser la synthèse de l’homme, du sol et du temps est ‎un faux dans l’histoire, donc un faux aussi dans la vie quotidienne. ‎

C’est aussi une méthode parce qu’en inspirant ta philosophie sociale, elle donnera à ton ‎effort son efficacité maximum, elle donnera à ta vie le sens d’une flèche pointée vers une ‎civilisation, c’est-à-dire, comme tu le sais, vers la seule condition humaine possible. Et ‎maintenant que tu es en possession de ce critère et de cette méthode -dont je vais ‎approfondir pour toi le sens dans cette étude – je veux te faire réfléchir sur tes erreurs et tes ‎illusions. ‎

Ton problème est faussé d’emblée quand tu le nommes d’un nom qui lui donne des ‎frontières et qui donne à ton intelligence des œillères. C’est cela ce que tu fais quand tu ‎parles de « problème algérien » ou de « problème yéménite », sachant pourtant que le mal ‎est le même de Tanger à Java. As-tu le droit de nommer la peste de noms différents, ici la ‎fièvre et là la grippe et ailleurs autrement ? Tu sais que du diagnostic découle la médication, ‎et que si l’un est faux, l’autre est fausse fatalement. Et tu vois aussi le signe, mais tu ne vois ‎pas ce qu’il désigne. ‎

En pays chrétien, mon frère, la croix est un signe qui désigne aussi le cimetière. C’est le ‎sceptre de la mort. Dans un pays colonisé, la colonisation est aussi un sceptre qui désigne la ‎colonisabilité. Pourtant, je ne t’entends jamais parler de ta colonisabilté, mais seulement de ‎la colonisation. Tu ne dis pas « pourquoi je suis colonisé » ? Tu dis seulement : « Je suis ‎colonisé ». Tu ne parles pas de tes « devoirs » mais seulement de tes « droits ». ‎

Je sais que ton attitude stérile découle de l’absence d’un critère et d’une méthode. Tu ‎écoutes tes erreurs et leurs mensonges. Car les voleurs de prestige te mentent, eux qui n’ont ‎pas le souci de t’éclairer mais de t’éblouir, de te servir mais de se servir de toi pour détenir ‎et garder une parcelle de pouvoir. Et pourtant, il est clair que pour détruire la plante ‎vénéneuse, il faut l’atteindre dans son germe, à la racine. Or la colonisation prend racine ‎dans la colonisabilité. ‎
Là où un peuple n’est pas colonisable, la colonisation ne peut pas s’établir sur son sol. ‎

Le peuple allemand n’est pas aujourd’hui colonisé, bien que le sol allemand soit occupé. Le ‎colonialisme ne peut planter son sceptre que là où il y a le cimetière d’une civilisation, donc ‎l’homme colonisable. Alors, maintenant, tu peux comprendre, je puis te révéler un autre ‎mystère. Entre la colonisabilité et le colonialisme, il y a un pacte : ils se donnent la main, eux ‎aussi, à la foire où les voleurs de prestige monnayent ton destin, notre destin. Le ‎colonialisme sait que les vociférations de la foire ne sont ni du patriotisme, ni de la politique, ‎ni de la culture, mais de la trahison, de la « boulitique », de la mythologie, de la magie, du ‎mirage, de la mystification. Car tout ce qui ne sert pas à la synthèse de l’homme, du sol et ‎de du temps n’est rien dans l’histoire. ‎

Mais je te dois encore un éclaircissement, puisque par principe je ne dois pas te laisser ‎entendre les choses, mais te les faire entendre. Tu peux t’imaginer qu’en somme le ‎problème est presque résolu puisqu’aussi bien qu’ailleurs, il y a dans le monde musulman, ‎l’homme qui peut entreprendre la synthèse d’une civilisation musulmane. Il n’y aurait plus ‎en somme qu’à désigner à cet homme son but dans l’histoire. ‎

Mais si tu t’imaginais cela, je te dirais que tu as perdu le sens de cette étude dès la première ‎ligne et que ton premier pas avec moi est un faux pas. Alors je te dirais mon frère que je ne ‎parle pas de l’homme qu’a avorté la faillite d’une civilisation, de l’ « indigène » colonisable ‎qui est encore plus ou moins colonisé de Tanger à Java, mais de l’homme qui doit enfanter ‎une civilisation. C’est dans ce but que j’ai posé dans cette étude le problème de l’homme et ‎que j’ai défini la culture qui peut le créer.‎

Mais ce n’est pas à la foire qu’on peut créer ce créateur. La foire où palabrent les voleurs de ‎prestige, ces faux travailleurs, ces faux créateurs. Au fait, que disent-ils ? Que dit celui-ci ‎que je vois arranger sa imama (turban) et surveiller sa syntaxe? C’est un fantôme surgi du ‎temps passé, un revenant de l’époque de Haroun Er-Rachid. Il cite, comme arguments ‎décisifs, les phrases précieuses d’Ibn en-Nadhim, la prose parlée de Hariri et les rimes ‎étincelantes de Moutanabi. Et toi ébahi, toi fasciné par les mots, tu opines doucement du ‎chef en buvant le verbe de ce prêcheur de souvenirs. ‎

Et que dit celui-là qui arrange sa grimace des grands jours, sa grimace électorale en ‎surveillant son nœud de cravate ? C’est le prêcheur des besoins nouveaux, il veut te ‎convaincre en citant Victor Hugo et Voltaire et toi tu dodelines la tête toujours… Mais au ‎fond de toi, je vois une incertitude : tu rêves tantôt des fastes des milles et une nuit, et tantôt ‎d’une voiture de marque et d’un fauteuil confortable, tu rêves, mon frère et on te fait rêver, ‎mais la civilisation n’est ni un musée de vieux souvenirs, ni un bazar de nouveautés, c’est un ‎chantier, une usine, un laboratoire où l’homme créé sa condition en faisant la synthèse ‎fondamentale de son pouvoir, du sol et du temps.‎

Et c’est aussi un temple où l’homme peut – quand il veut respirer, s’inspirer – lever la tête ‎au-dessus de son ouvrage et découvrir l’infini de Dieu, de Dieu qui inspire son génie et ‎renouvelle son courage. C’est un temple où l’ignorance doit être attentive et pudique ‎comme un point d’interrogation. Il faut « chasser du temple » l’ignorance bavarde, ‎l’ignorance expansive qui se répand en jactance qui est impudique comme un point ‎d’exclamation. » ‎

‎ °°°‎

Le 22 janvier 1951, Bennabi rédige une « Lettre ouverte à Bertrand Russel » dont j’ai ‎retrouvé dans ses archives le manuscrit sans pouvoir affirmer si elle a été publiée ou non. ‎

La pression de l’administration coloniale se renforce sur lui, mais cela ne l’empêche pas de ‎composer un article dans lequel il appelle à comparer le budget de la police en Algérie à ‎celui alloué à l’enseignement des « Indigènes » (3). Des policiers le filent ostensiblement là ‎où il va. Il n’a plus de ressources pour vivre. Il publie un autre article où il cite « l’éminent ‎professeur Massignon à qui est due la distinction entre « tagdid » et « tagaddud », avant de ‎préciser quelques phrases plus loin que « le tagdid ne donne pas naissance à un homme ‎nouveau, mais à un aspect nouveau du vieil homme » (4).‎

Ses écrits contrastent avec sa situation morale. Il traverse une période de grande ‎démoralisation et pense à en finir avec ses jours : « Psychologiquement, j’étais suicidé » ‎confie-t-il à son Journal. ‎

Dans un texte inédit de la période qui nous rappelle le poème de 1936 de Hamouda Ben Saï, ‎il laisse percer son désespoir : « Pourquoi ce destin qui va de l’abîme à l’abîme, du néant au ‎néant, du vertige au vertige… Un projet naît, arraché bribe par bribe. Il entretient la flamme ‎vacillante de l’espoir, mais la tempête est si forte et l’espoir si fragile ! Le drame des êtres ‎qui sont rivés à mon destin me fait chavirer la raison… Quoi faire ? Dieu seul peut quelque ‎chose. Mais suis-je en règle avec Dieu ? » ‎

Bennabi compose des lettres qu’il confie à des proches et demande qu’on ne les ouvre ‎qu’après sa mort, car il est persuadé que cette fois c’est vraiment la fin. Il installe dans sa ‎chambre le nécessaire pour se pendre, mais ses scrupules religieux et l’image de son père ‎prostré et affligé le retiennent au dernier moment. ‎

Il écrit dans ses Mémoires inédits : « L’idée du suicide me hante de plus en plus, mais je ‎n’avais même plus d’arme, mon fameux Browning de 1947 était resté avec son unique balle ‎au Luat-Clairet. Pour me pendre, j’avais vissé au montant de la fenêtre, puis l’avait déplacée ‎au montant de la porte où elle doit être encore, une grosse vis de charpentier… Et dix fois, ‎vingt fois, cent fois, je rapprochai ma chaise pour monter à ma potence. Dix, vingt, cent fois ‎l’image en larmes de mon père malheureux, découvrant là mon cadavre, et les visages ‎douloureux de ma femme, de mes sœurs, m’arrêtèrent au moment fatal. Ma grande ‎faiblesse a été toujours ma peur inouïe de la douleur d’autrui…Je dois avouer, en outre, que ‎ce n’était pas mon sentiment religieux qui m’arrêtait, parce que j’étais sûr de mériter certes ‎la colère de Dieu, mais de mériter également sa miséricorde ». Une autre fois, il pense à ‎avaler des barbituriques dont il s’est procuré un stock par le biais de Khaldi. C’était en août ‎‎1951. ‎

Au cours du même mois, et après leurs déboires électoraux, les partis du mouvement ‎national s’avisent de se réunir dans un « Front » commun. L’historien et ancien membre du ‎PPA-MTLD, Ahmed Mahsas, écrit : « La constitution de ce front aux objectifs très limités ‎montrait que tous les partis algériens avaient perdu l’initiative. L’administration colonialiste ‎s’assurait le contrôle de la situation politique et les réduisait ainsi à l’auto-défense. Ceci ‎dénotait surtout le bas niveau auquel était arrivé le MTLD, naguère tout puissant, défiant ‎toutes les coalitions politiques, la répression et qui, désormais, acceptait des alliances… On ‎était loin de la préparation de « l’offensive générale pour la libération de la nation ‎algérienne… » (5).‎

En septembre, Bennabi retourne au Luat-Clairet où ils entreprennent sa femme et lui, avec ‎l’aide de quelques voisins, la construction d’une petite masure où habiter. Il a des mots de ‎compassion pour son épouse qui souffre en silence : « Je vois ma malheureuse femme que ‎j’ai accablée de mes démêlés avec le colonialisme, ma malheureuse femme qui eut fait ‎certainement le bonheur et l’honneur d’un petit foyer bourgeois, heureuse quand même ‎malgré la gêne et une épouvantable crise de rhumatismes que mes moyens ne permettaient ‎pas de soigner. Moi-même, je suis heureux de ce bonheur émouvant de ma femme.» ‎Mohamed Salah Bentchicou, industriel de Constantine, Salah Ben Saï et Khaldi lui envoient ‎d’Alger des mandats qui lui permettent de faire face au strict nécessaire. ‎

Retrouvée dans les archives, une lettre du Dr. Khaldi datée de novembre 1951 témoigne de ‎cette ambiance pathétique. Khaldi vient d’envoyer 10.000 francs à son ami avant même de ‎songer à envoyer le moindre sou à sa propre famille et lui dit : « Je l’ai fait avec un ‎sentiment d’immense pitié pour toi comme pour moi parce que je n’ai pas fait tout mon ‎devoir. Je devrais le faire plus régulièrement et plus substantiellement. Ce pays est hostile à ‎des types comme nous… Il n’y a de place ici que pour la canaille. » ‎

Un journal catholique, « l’Effort algérien », publie en novembre un article de Bennabi. La ‎police ne le lâche pas d’une semelle. Il pense qu’il va être arrêté. Le récit dont il ne ‎reprendra le fil qu’un an plus tard s’interrompt brusquement le dimanche 24 février 1952. ‎

En mai, Messali décide, contre l’avis du Comité central, de faire une tournée de meetings à ‎travers le pays. A Chlef (Ouest algérien), des incidents éclatent entre la population et la ‎police. Il est arrêté et transféré en France. Il ne reverra plus jamais l’Algérie. Là, il renoue ‎avec des figures du trotskisme, dont Pierre Lambert. ‎

Selon Mahsas, « l’aile modérée au sein de la direction du parti trouva son compte dans le ‎démantèlement de l’OS et l’exil de Messali et se préparait aux élections municipales qui ‎devaient se dérouler en avril 1953 ». C’est ainsi que seront élus Lahouel Hocine, ‎Abderrahmane Kiouane et Sid Ali Abdelhamid à la mairie d’Alger comme adjoints de Jacques ‎Chevallier. ‎
‎ (A ‎SUIVRE) ‎
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NOTES :‎

‎1 Nous pensons qu’elle était destinée à l’édition arabe des « Conditions de la renaissance ». La matière de cette ‎préface sera reprise en partie dans le chapitre III de l’Afro-Asiatisme » où il est question du « visiteur céleste ».‎

‎2 Bennabi vise les leaders du mouvement national.‎

‎3 « A la veille d’une civilisation humaine ? – 2 », « La République Algérienne » du 13 avril 1951.‎

‎4 « A la veille d’une civilisation humaine ? – 3 » « La République Algérienne » du 01 juin 1951. Remontant à un ‎souvenir des années trente, Hamouda Bensai note dans sa brochure : « Au Collège de France, le savant ‎arabisant Louis Massignon avait parlé un jour du « Tajdid » et du « Tajadoud » en insistant sur ce dernier. J’en ‎avais parlé au cheikh Ben Badis qui m’avait répondu en levant les bras : « Le « tajdid » (rénovation, ‎modernisation, adaptation aux mutations de la société), OUI ! Le « Tajadud » (transformation radicale, ‎déracinement, coupure avec le passé, en un mot la réalisation d’un type d’ « homme nouveau »), NON ! » ‎

‎5 op.cité.‎

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