Le vent de la raison vient de souffler sur une Amérique dont le destin était bradé sur les étals du charlatanisme par un Donald Trump qui, pendant une semaine, avait réussi à faire croire à une moitié des Américains qu’il était « The Revenant », le héros d’un film qui raconte l’histoire d’un trappeur trahi par ses compagnons qui l’ont laissé pour mort et qui revient à la vie, porté par un puissant désir de vengeance.
Dans la soirée du 21 juillet 2024 (heure algérienne), Joe Biden a complètement renversé la situation en annonçant son retrait de la course présidentielle de novembre prochain, effaçant du coup l’avantage pris sur lui par Trump depuis la tentative d’attentat qu’il a transformée en séquence où Dieu serait intervenu en sa faveur.
Le monde se souvient peut-être de ce que cet homme a fait en janvier 2021 quand il avait perdu l’élection présidentielle face à Biden. Il avait remué ciel et terre et mis l’Amérique sens dessus-dessous, l’amenant à deux doigts de la guerre civile. C’était du jamais vu en deux-siècles et demi d’histoire américaine.
Au souvenir de cette furie, on songeait avec effarement à ce qu’il allait arriver en novembre s’il n’était pas élu car jusqu’à l’attentat Trump n’était que le Trump qui avait failli détruire l’Amérique. Qui pourrait l’arrêter depuis qu’il se présente comme un miraculé sous les ovations de dizaines de millions d’Américains qui voient déjà en lui un Elu de Dieu ?
Il n’y a que trois ans de différence entre Trump et Biden, mais à les regarder on dirait qu’il y en a trente tant l’un respire la vie, même à l’instant où il faillit la perdre durant l’attentat, et l’autre la mort même s’il est coconné loin de tout danger.
Avec l’éclipse de Biden, le tableau s’est brusquement inversé. Il n’y a plus sur scène deux vieillards mais un seul face à une femme de vingt ans plus jeune que lui, métisse et dont le métier avant de venir à la politique était de poursuivre les criminels en qualité de procureur général. Et pour elle, Trump en est un.
S’il y a eu dans l’histoire du cinéma américain « L’homme qui a tué Liberty Valence » (qui a fini sénateur), il est possible qu’il y ait un jour un film intitulé « La femme qui a battu Donald Trump » (qui a fini présidente des USA).
Pour devenir président en 2016, Trump devait affronter une femme, Hilary Clinton. Elle a remporté 3 millions de voix de plus que lui, mais au final il a gagné grâce à un archaïsme électoral propre à la Constitution américaine, le collège des « grands électeurs ». Il en a eu 304 et elle 227. Sans parler de l’énigmatique ingérence russe dans le scrutin.
Battu à la loyale en 2020 par Biden, Trump ne reconnût jamais sa défaite et attendait une revanche dont Biden vient de le priver au dernier moment en le livrant à l’adversité d’une femme, Kamala Harris, qui a de fortes chances de l’écarter à jamais du chemin conduisant à la Maison Blanche. Ce qui constituera pour lui un comble.
Si cela devait arriver elle aurait vengé Biden et Hilary Clinton, tandis que lui finirait ses jours dans le dépit d’avoir été battu par une « folle ».