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CE QUE NOUS RESERVE L’AVENIR

by admin

‎ « Comme toute civilisation dépend, pour son organisation sociale et économique, de la ‎vision du monde qui domine parmi ses membres, les changements de vision du monde sont ‎les évènements les plus importants de l’histoire humaine » Jean Staune(« Les clefs du ‎futur »).‎

Héritiers d’une longue tradition d’oralité du fait d’une langue originelle qui a failli ‎disparaître faute de s’écrire, le tamazight, d’une langue qui a longtemps été réduite à leurs ‎besoins religieux, l’arabe, et d’une langue étrangère condamnée du fait des mauvais ‎souvenirs auxquels elle est liée, le français, les Algériens lisent très peu les livres. Très ‎rarement en tamazight car il n’y en a presque pas, de moins en moins en français, et des ‎ouvrages religieux en arabe en forte croissance.

Peut-on, avec ces caractéristiques, prétendre à une place de choix parmi les sociétés du ‎savoir de demain ?‎

Nous accordons peu d’importance au savoir contenu dans les livres, nous intéressant pour la ‎plupart aux questions religieuses comme si l’islam venait d’être révélé, le Prophète de ‎mourir et le Jugement dernier pour demain.

‎« Plus tard », pour nous, ce n’est pas l’avenir, l’Histoire, la réalisation des buts terrestres et ‎cosmiques pour lesquels l’être humain a été créé, mais l’« autre demeure » dans laquelle ‎nous allons bientôt déménager pour un établissement définitif et une vie de félicité sans fin.

Il n’y a plus que les musulmans sur la terre à avoir une vue aussi étriquée des choses et, plus ‎grave encore, à mourir et à tuer pour des idées fausses qu’ils persistent à croire vraies. ‎

Quelle différence entre une idée fausse et une idée folle ? Entre fous n’est-on pas toujours ‎sain d’esprit ? Cela étant, peut-on sérieusement se considérer comme la « meilleure ‎communauté sortie parmi les hommes » ?‎

L’ancien « ilm » (savoir religieux) nous dit en nous tapotant sur l’épaule, sur la conscience, ‎qu’il n’est pas une créature sur la Terre dont les besoins ne soient à la charge d’Allah (« wa ‎ma min dabbatin fil-ardh illa wa ‘âla llahi rizkouha », Coran) idée qu’il nous a présentée il y ‎a quatorze siècles comme la garantie que nous n’avons pas à nous en faire pour notre ‎subsistance, alors que ce verset vise la notion de chaîne alimentaire, la nature ayant assigné ‎à chaque organisme vivant non seulement un système d’alimentation approprié, mais relié à ‎celui d’autres êtres vivants pour que la vie puisse se dérouler comme elle le fait.

Ces organismes vivants sont classés en producteurs (végétaux), consommateurs (herbivores ‎et carnivores) et décomposeurs (bactéries et champignons). Dans quelle catégorie nous ‎placerions-nous de notre propre chef ? ‎

Nous nous trompons sur la religion, croyant à tort que nous n’avons été créés que pour ‎‎« adorer » Dieu. C’est ce qui est effectivement répété plusieurs fois dans le Coran, mais le ‎problème n’a jamais été avec le Coran, surtout dans l’ordre où il a été révélé, mais avec les ‎interprétations qui en ont été tirées à une époque où c’est tout ce qui pouvait en être tiré.‎

Adorer Dieu à travers l’exercice de rites se comprend, encore que le rite soit plus utile à ‎l’homme qu’à Dieu, mais c’est l’adorer mieux en tendant vers Lui, en allant à Lui en ‎assumant les tâches historiques et cosmiques pour lesquelles il nous a conçus. ‎
N’est-ce pas parce que nous portons un savoir obsolète que nous nous trouvons à contre-sens ‎de l’évolution humaine ?

Nous sommes hypnotisés par l’incompréhensible autodestruction de plusieurs pays ‎musulmans, horrifiés par des bains de sang absurdes, abasourdis par le bruit des explosions ‎détruisant la ville de Palmyre à qui aucun évènement, aucune folie humaine n’a fait subir un ‎tel sort depuis son édification, son extension et son embellissement successivement par les ‎juifs (Salomon, selon la Bible), les Grecs et les Arabes qui la conquirent deux ans après la ‎mort du Prophète (Khaled ibn-al-Walid).

Ces derniers n’ont touché à aucun vestige de la ville prestigieuse, et ont ajouté à ce qu’ils ‎ont trouvé de grandioses constructions comme des palais, des voies de circulation et des ‎établissements commerciaux.

Même Tamerlan qui pilla ses richesses en 1401 a épargné son patrimoine architectural.‎

Le Coran demande à l’homme, vicaire de Dieu sur la Terre (khalifatû allahi fi-l-ardh) de ‎bâtir des civilisations, de conquérir l’espace, de protéger la nature, mais c’est à peine si ‎l’ancien savoir religieux nous rappelle de ne pas oublier «nacibaka mina dounia » (notre ‎part de ce monde).

C’est différent de dire à quelqu’un « fais ceci » ou « n’oublie pas de faire cela », le premier ‎visant quelque chose d’essentiel, le second quelque chose d’accessoire. ‎
QUELLE SERA NOTRE ATTITUDE FACE AUX REVELATIONS DE L’AVENIR QUI RISQUENT ‎D’ENGLOUTIR PAR PANS ENTIERS NOS REPRESENTATIONS MENTALES ET BEAUCOUP DE ‎NOS CROYANCES ?

QUE FERONS-NOUS LORSQUE NOUS LES VERRONS S’ECROULER LES UNES APRES LES ‎AUTRES COMME LES PANS DE GLACE QUI TOMBENT DE LA BANQUISE SOUS L’EFFET DU ‎RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE ?

Le monde connaît des révolutions épistémologiques, scientifiques et technologiques d’une ‎ampleur sans précédent mais nous n’en avons pas conscience, attendant de trouver leurs ‎produits sur le marché pour nous les payer avec l’argent du pétrole.‎
Au cours de ce siècle les conditions de la vie humaine vont se transformer, dépassant tout ce ‎qu’on savait et faisait. Tout va aller très vite et à très haut débit. Ces mutations ne sont pas ‎prédites, elles sont déjà pensées, expérimentées et ne tarderont pas à être mises en ‎application.

QUE FERONS-NOUS DANS CE NOUVEAU MONDE AVEC NOS MENTALITES REFRACTAIRES ‎A TOUTE REMISE EN QUESTION DE NOTRE CONCEPTION DE L’UNIVERS, DE DIEU, DES ‎AUTRES ET DE NOTRE RAISON D’ETRE SUR LA TERRE ARRETEE IL Y A BIEN LONGTEMPS ?

Nous recevons les transformations qui se succèdent à grande vitesse en consommateurs, ‎sans qu’elles ébranlent nos convictions ou bouleversent notre vision archaïque des choses. ‎Nous nous y faisons sans en parler ou y réfléchir, nous contentant d’en acquérir les codes ‎nécessaires à leur mise en marche pour en tirer profit. C’est l’apprentissage par le marché ‎et le mimétisme, non par les idées.

Puis tout le monde s’y met, jusqu’à la prochaine ‎technologie, le dernier cri ou le meilleur cru qui les remplacera. Quand on n’aura plus de ‎quoi les payer, nous serons éjectés du monde et jetés dans ses caves parmi les peuples sous-‎classés.‎

Un ami, Youssef Messaoudène, « chercheur isolé » qui en a remontré à des savants patentés ‎en physique théorique, cosmologie et biologie, passionné par les points de convergences ‎entre la science et la métaphysique, vient de me ramener de Paris le dernier livre de son ‎ami le philosophe français des sciences Jean Staune, « Les clés du futur, réinventer ensemble ‎la société, l’économie et la science ».

C’est un ouvrage prospectiviste de sept cent pages paru aux éditions Plon avec une préface ‎de Jacques Attali qui m’a (le livre) subjugué. Il m’a également apporté de sa part un autre ‎ouvrage, « Science et quête de sens », que l’auteur m’a dédicacé à la suite d’une ‎conversation téléphonique que nous avons eue il y a quelques semaines.‎
J’ai connu Youssef Messaoudène lorsqu’il m’a écrit à mon adresse email publique en 2011 ‎pour me proposer de l’aider à la révision de l’écriture de deux études qu’il venait d’achever ‎et destinées à l’Université d’al-Azhar, l’une sur la « Théorie M », l’autre sur le « code ‎génétique ».

Puis nous nous sommes rencontrés au mois de Ramadhan 2014, car il souhaitait ‎m’entretenir d’un projet lui tenant à cœur : organiser, sous l’égide de l’Etat, un colloque ‎international sur la thématique développée dans le livre qu’il vient de cosigner avec le ‎professeur François Vanucci, professeur émérite de physique, chercheur au CERN de Genève ‎et spécialiste mondial des neutrinos, sous le titre de « Dialogue entre foi et science ». J’ai eu, ‎là aussi, le plaisir de contribuer à la mise en forme rédactionnelle de la partie échue à notre ‎compatriote.‎

Youssef a soumis son idée de colloque aux autorités publiques (Présidence, ministère de ‎l’Enseignement supérieur, ministère des Affaires religieuses, Conseil supérieur islamique), il ‎a été reçu par le précédent ministre de l’Enseignement supérieur pour une éventuelle prise ‎en charge de l’évènement mais, cinq mois après, aucune suite concrète n’a été donnée à la ‎proposition dont le but est de faire profiter le public algérien spécialisé et profane d’une ‎information sur les dernières découvertes scientifiques.

Sans parler de l’impact culturel et médiatique d’un tel regroupement de scientifiques connus ‎mondialement. Les personnalités susceptibles de participer à ce colloque, en plus des ‎professeurs Staune et Vanucci, pourraient être : l’astrophysicien Hubert Reeves ; les frères ‎Igor et Grichka Bogdanov ; l’Américain d’origine vietnamienne, Trinh Xuan Thuan, ‎professeur d’astrophysique en Virginie, auteur du best-seller « La mélodie secrète » et ‎découvreur de la plus jeune galaxie connue à ce jour, I Zwicky ; le Dr Sylvie Déthiollaz, ‎biologiste moléculaire à Genève ; le Dr J. J. Charbonnier, spécialiste des expériences de vie ‎après la mort ; le philosophe Frédéric Lenoir, auteur dont les œuvres sont traduites en vingt langues ; ‎le polytechnicien François de Witt qui vient de publier « La preuve par l’âme », et plusieurs ‎autres savants et spécialistes.

Youssef m’a montré un courrier où les frères Bogdanov lui disent : «Nous serions ravis de ‎venir à Alger pour présenter nos travaux sur l’avant-Big Bang à des universitaires et nos ‎idées sur la cosmologie au grand public au cours d’une conférence non technique…» Comme ‎ils y affichent leur intérêt pour la mise en place d’un laboratoire de cosmologie générale ‎avec l’aide d’une institution algérienne.‎

Youssef et Jean Staune, philosophe, anthropologue, mathématicien, informaticien et ‎professeur dans le MBA du groupe HEC, sont des amis depuis que le premier est parti à Paris ‎porter au second la contradiction sur la base de certaines notions biologiques et ‎anthropologiques en rapport avec les sujets traités dans ses livres.

Youssef est convaincu que les thèses issues de ses recherches et de sa réflexion atypique ‎peuvent aider à faire avancer les théories actuelles en matière de cosmologie, de physique, ‎de mécanique quantique et de biologie. Et l’étonnant est que ses « objections » destinées, si ‎elles sont prises en compte par la communauté scientifique internationale, à réaliser ces ‎avancées sont regardées avec sérieux par les authentiques et très académiques savants que ‎sont Staune, Vanucci et d’autres.‎

Il n’aurait pas capté leur attention s’il ne les avait épatés avec ses consternantes ‎connaissances alors qu’il a fait des études basiques et exercé dans sa vie professionnelle ‎dans l’art culinaire ; mais cet autodidacte en sait autant que des enseignants universitaires ‎et auteurs reconnus dans leurs spécialités, et c’est ainsi que ces savants sont devenus ses ‎amis et qu’il les a fait venir en Algérie pour des conférences.‎

En 2012, les physiciens du monde entier sont persuadés que la famille des neutrinos est ‎complète avec trois types : électronique, muonique et tauique. Youssef Messaoudène, lui, ‎soutient dans ses échanges avec le professeur François Vanucci la probabilité de l’existence ‎d’un quatrième. En 2013, il reçoit un courriel de ce dernier qui lui écrit : « On parle de ‎nouveaux neutrinos appelés « stériles » qui seraient plus pesants que les trois connus, et l’un ‎d’eux pourrait former la matière manquante de l’univers »… ‎

S’il a obtenu gain de cause sur ce point, Youssef s’attend à une autre reconnaissance : la ‎dualité onde-corpuscule n’existe pas, tout au plus devrait-on parler de ‎‎« complémentarité »… Rien ne le fait ciller, et il attend que de nouveaux travaux ou ‎découvertes entérinent ses certitudes.

Nous avons décliné le profil multidisciplinaire du Dr Staune qui compte à son actif un autre ‎best-seller paru en 2007, « Notre existence a-t-elle un sens ? ». Son dernier livre, « Les clés ‎du futur » m’a tout de suite rappelé le livre de l’Américain Alvin Toffler paru en 1970, « Le ‎choc du futur », qui a connu un retentissement mondial et auquel Malek Bennabi, je m’en ‎souviens, avait consacré plusieurs séances de son séminaire.

Jean Staune a abattu un travail colossal pour dresser ce bilan des plus récentes découvertes ‎et mises au point technologiques et même celles en cours pour les présenter au large public ‎dans un langage intelligible afin de l’affranchir sur le monde dans lequel vivra bientôt ‎l’humanité.

AU FUR ET A MESURE QUE J’EN TOURNAIS LES PAGES, GRANDISSAIT EN MOI LA ‎QUESTION CENTRALE DE MA VIE : QU’ALLONS-NOUS DEVENIR, NOUS AUTRES ALGERIENS, ‎DANS CE MONDE SI PROCHE DANS LE TEMPS MAIS A DES ANNEES-LUMIERE DE NOS IDEES ‎ACTUELLES, DE NOS MENTALITES SECULAIRES, DE NOS TRES PAUVRES RENDEMENTS DANS ‎TOUS LES SECTEURS D’ETUDE ET d’activité, de nos classements parmi les derniers du monde ‎dans l’ensemble des domaines ?

Car toujours je ramène les choses à notre cas, notre état, ‎notre niveau, notre réalité.

MON IMPRESSION EST QUE NOUS SOMMES A LA VEILLE D’UN MOMENT DE L’HISTOIRE ‎HUMAINE SEMBLABLE PAR SES REPERCUSSIONS A CELUI OU L’EVOLUTION NATURELLE A ‎DETACHE L’HOMME DU PRIMATE (POUR CEUX QUI CROIENT A LA SELECTION NATURELLE).‎

Le nouveau monde, nous apprend « Les clés du futur », sera l’œuvre de firmes planétaires ‎activant dans les NTIC comme Google à qui 3,5 milliards de demandes sont quotidiennement ‎adressées, Facebook chez qui un milliard de personnes possèdent déjà un compte et Apple, ‎la plus importante capitalisation boursière du monde et qui possède plus de réserves ‎financières que les Etats-Unis.

Auxquels il faut ajouter des organismes publics comme la DARPA (Defence Advanced ‎Research Projects agency), l’Agence américaine pour les projets de recherche avancée de ‎défense. Cette agence et Google sont en pointe au niveau international dans la recherche en ‎intelligence artificielle.‎

Internet a déjà changé notre vie, nos relations, nos idées, nos sentiments, l’organisation de ‎notre budget et celle de notre temps. Il a contribué aussi à renverser des régimes politiques, ‎sauvant les uns du despotisme et basculant d’autres dans la guerre civile ou les livrant à la ‎barbarie.

Il va nous permettre à l’avenir des choses encore plus fabuleuses comme produire chez soi ‎des objets grâce à une nouvelle technologie, l’imprimante 3D. Des imprimantes de plusieurs ‎mètres de haut pourront « imprimer » des anneaux de 125 grammes pouvant soulever un ‎véhicule d’une tonne, des prothèses d’organes humains, et même des maisons en vingt-‎quatre heures à partir d’un mélange de ciment et de déchets de construction recyclés… ‎Chacun pourra fabriquer à domicile pour ses besoins ce qu’il voudra.

L’auteur nous signale qu’un groupe d’ingénieurs algériens a réussi à fabriquer des briques en ‎utilisant le sable du Sahara qui était considéré comme impropre à un tel usage, et note : ‎‎« Imaginez le potentiel de l’association des briques faites en sable du désert aux ‎imprimantes 3D géantes capables de construire des maisons ! » Il nous donne une adresse ‎pour joindre ces compatriotes : www.greenprophet.com/2013/04. ‎
Quelqu’un a-t-il entendu parler de cette innovation qui pourrait faire sensiblement baisser le ‎coût du logement dans notre pays ? Quelqu’un, institution publique ou entreprise, va-t-il ‎s’intéresser au sujet ?‎

D’ici vingt à trente ans, annonce Staune, l’utilisation des robots dans la production ‎industrielle va faire disparaître entre 150 et 200 millions d’emplois, surtout dans les pays ‎émergents à qui les délocalisations ont considérablement profité ces dernières décennies.

Les usines vont être rapatriées et la main-d’œuvre peu coûteuse remplacée par des ‎automates qui feront disparaître beaucoup de métiers :

« Il faut bien avoir en tête une règle ‎simple : tout ce qui est automatisable sera automatisé. La grande question est donc : qu’est-‎ce qui n’est pas automatisable ? Les chauffeurs de taxis sont-ils à l’abri de cette évolution ? ‎Probablement pas. Dans les grandes villes du moins, il paraît très probable de voir ‎apparaître des voitures sans conducteur comme celles que Google teste actuellement. Les ‎secrétaires ? Elles commencent déjà à disparaître en masse avec le progrès de la ‎reconnaissance vocale… Les standardistes ? On n’en parle déjà plus car elles sont toutes ‎remplacées par un menu vocal… Les traducteurs ? Il suffira à l’avenir d’un seul pour relire et ‎corriger de nombreuses traductions automatiques… Les professeurs ? Même pas ! ‎Aujourd’hui un professeur peut enseigner à des milliers d’élèves. Ce ne seront pas des vidéos ‎préenregistrées, mais un automate programmé pour, à partir d’une base de données, ‎fournir les réponses aux questions les plus fréquentes… » (p 44-45).

QUE FERONT TOUS CES HOMMES ET FEMMES LIBERES DU TRAVAIL PAR LE PROGRES ‎TECHNOLOGIQUE, DEVENU DEPUIS UN DEMI-SIECLE LA PREMIERE CAUSE VERITABLE DE ‎CHOMAGE ? DE QUOI VIVRONT-ILS ? A QUOI OCCUPERONT-ILS LE TEMPS ? QUELLE ‎SOCIETE SERA POSSIBLE AVEC UNE MAJORITE DE DESŒUVRES QU’IL NE SERA PLUS ‎NECESSAIRE DE FORMER, D’INSTRUIRE, PUISQUE L’ECONOMIE N’AURA PAS BESOIN ‎D’EUX ? ‎

Le remplacement des énergies fossiles par l’énergie solaire rendra la production encore ‎moins chère, mais avec quoi payera cette production un consommateur privé de travail, de ‎pouvoir d’achat ? : « Un grand effondrement de l’économie se produira mathématiquement ‎dans le futur, seule sa date reste encore inconnue. Il lui succédera une société relocalisée, ‎agraire, stable, et ne cherchant plus la croissance comme l’a fait une bonne partie de ‎l’humanité depuis des millénaires » (p.74).‎

Les perspectives ouvertes par l’automatisation et la miniaturisation, « small is powerful », ‎semblent illimitées et effrayantes :

« Et si l’homme était automatisable dans son ‎ensemble ?… Un jour, grâce à une étude suffisamment poussée des mécanismes du cerveau, ‎nous arriverons à comprendre le fonctionnement de la conscience et nous pourrons alors ‎fabriquer une machine susceptible d’arriver au même niveau de conscience, et donc ‎d’évolution, que l’espèce humaine… La super-intelligence sera la dernière invention de ‎l’espèce humaine et marquera la fin du règne de celle-ci sur la terre… Oubliez les risques ‎du nucléaire civil ou militaire, le réchauffement climatique, la pollution : au XXIe siècle, la ‎plus grande menace pour l’espèce humaine, c’est de très loin la possibilité que nous avons ‎de susciter l’apparition d’une super-intelligence… Nous pouvons être sûrs que, si une ‎intelligence artificielle capable de dépasser l’homme est possible, elle sera forcément ‎réalisée un jour » (p.47 et 56)… La convergence de l’intelligence artificielle et des ‎biotechnologies (manipulations génétiques, nanotechnologies) rendra disponibles vers 2045 ‎des nano-robots capables de parcourir le corps humain pour réparer les cellules et des ‎micro-drones-tueurs, l’arme « la plus décisive et la plus terrifiante inventée par l’humanité » ‎‎(p. 60).

Après ces annonces qui ont émaillé la première partie du livre, la seconde est consacrée au ‎passage en revue des doctrines économiques libérales et des politiques économiques suivies ‎en Occident entre la fin du siècle dernier et la crise financière de 2008 dans laquelle Staune ‎voit une crise de modèle, une rupture systémique :

« Comme la crise des « subprimes » l’a ‎parfaitement démontré, la recherche de l’intérêt individuel économique d’un petit nombre ‎d’acteurs peut aller à l’encontre des intérêts de quasiment tous les acteurs économiques et ‎gravement menacer l’équilibre de la société… C’est pourquoi, entre étatisme et ‎interventionnisme et libéralisme et privatisations à tous crins, le rôle des États dans une ‎société complexe comme celle du XXIe siècle est entièrement à réinventer » (p. 304.)‎

La troisième partie du livre porte le titre de « Modernité, Postmodernité et ‎Transmodernité » et s’ouvre sur cette sentence : « La modernité est morte mais elle ne le ‎sait pas encore ». ‎

L’auteur veut dire que la prédictibilité n’est plus possible, qu’on ne peut pas modéliser ‎l’avenir, comme personne n’avait prévu que l’immolation de Bouazizi déclencherait le ‎printemps arabe. Mais de tels évènements « vont augmenter de façon exponentielle » (p. ‎‎319) et ce seront des révolutions sans leader, le savoir cessant d’appartenir à des ‎‎« maitres » et les bibliothèques de la planète ouvertes à tous, consultables depuis cher soi, ‎sans limite ni paiement. Le savoir n’est plus infus, il est étalé sur la toile avec connexion ‎gratuite et mise en réseau illimitée, il est popularisé et démocratisé, ce qui induira à terme ‎une transformation complète des rapports sociaux.‎

Les relations ne seront plus à l’avenir hiérarchiques mais horizontales et transversales ; les ‎modes de communication et d’échange ayant été renouvelés, ils entraineront une ‎modification des modes de pensée et une extension des échanges qui ne se feront plus à ‎l’intérieur d’une société mais entre toutes les générations, tous les pays, toutes les cultures ‎et langues…

Dans les deux dernières parties de son ouvrage, l’auteur examine les bases d’une nouvelle ‎économie qui ne reposera pas sur les ressources financières ou naturelles mais sur la ‎connaissance, l’information et la créativité : « C’est la force intellectuelle qui est la ‎ressource essentielle » (p.395).

Ce sera la troisième révolution en Occident en trois siècles, la première ayant consisté à ‎appliquer le savoir à la technique (savoir-faire des artisans), la deuxième à appliquer le ‎savoir au travail (taylorisme) et la troisième à appliquer le savoir au savoir lui-même : ‎
‎« Des concepts scientifiques nouveaux sont apparus qui nous permettront de mieux nous ‎diriger dans la mondialisation complexe devenue notre quotidien. L’éducation, associée à la ‎révolution de l’informatique et de l’Internet, a radicalement changé le potentiel et les ‎structures mentales des personnes qui travaillent dans l’entreprise… Vous venez d’être ‎recruté par une grande entreprise industrielle dont certains produits sont connus dans le ‎monde entier. Vous arrivez dans l’entreprise pour la première fois et demandez à la ‎personne qui vous accueille où est situé votre poste de travail. Quelle n’est pas votre ‎surprise quand on vous répond : « C’est à vous de l’inventer » (p. 534-540).‎

En conclusion, nous apprend le professeur Staune, les composantes de la mutation qui va ‎nous transporter dans une nouvelle époque seront : ‎

‎1) la révolution technologique des quatre Internet (de la communication, des objets ‎‎« imprimés » à domicile, des objets connectés et de l’énergie) qui sont « rendus possibles ‎par une augmentation exponentielle des capacités de traitement, de stockage et de ‎transmission de l’information. Cette révolution est la plus visible, et c’est elle qui a le plus de ‎conséquences sur notre vie car elle modifie notre façon de produire, de consommer, de se ‎comporter, et inversera les rapports de pouvoir entre les particuliers, les États et les ‎entreprises » (p.660).

‎2) La révolution conceptuelle (changement de vision du monde induit par des découvertes ‎effectuées dans des sciences fondamentales, telles la physique quantique, l’astrophysique, la ‎théorie du chaos ou les mathématiques) ;‎
‎3) Une révolution sociétale (le passage de l’avoir à l’être) ;


‎4) Une révolution économique (passage d’un monde fondé sur les machines et les capitaux, ‎à un monde fondé sur le savoir et la créativité).

Sommes-nous préparés, nous autres Algériens, à trouver notre place dans ces lignes ‎d’évolution ?

‎(« Le Soir d’Algérie » du 09 juillet 2015) ‎
Post scriptum : Youssef Messaoudène est décédé en juillet 2017. Un hommage lui a été ‎rendu sur la page Facebook de Mr Boukrouh.‎

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