Les révolutions étant, par définition, des actes extrêmes auxquels recourent les peuples lorsque leurs aspirations ne sont pas respectées par leurs dirigeants ou lorsque leur sentiment de dignité est bafoué, elles peuvent déborder du cadre légal en vigueur dans les pays où elles éclatent.
Les marches et manifestations populaires qui se sont déroulées en Algérie par centaines de milliers le 22 février et par millions le 1er mars 2019, ont été suivies via les médias par le monde entier qui a été ravi de découvrir les qualités du peuple algérien résolu, discipliné et scandant à l’unisson des mots d’ordre pacifiques et démocratiques.
C’est le beau visage de l’Algérie de demain et des nouvelles générations.
Ces marches et manifestations ont mis fin à la carrière du président Bouteflika qui a abusé de la patience des Algériens en voulant rester à vie à la tête du pays malgré son âge avancé et surtout son impotence.
Le peuple lui a notifié ce congé humiliant sans remettre en cause son mandat en cours.
Telle est la volonté du peuple algérien souverain, spectaculairement démontrée, sans contrevenir au droit puisque cette révolution citoyenne a laissé la porte ouverte à deux démarches légales :
1) Le président Bouteflika reconnaît et respecte la volonté populaire et renonce au 5e mandat tout en restant en fonction jusqu’à la fin de sa mandature le 18 avril prochain. Il annonce que l’élection présidentielle se déroulera avec les candidats dont les dossiers auront été validés. La crise n’aura pas débordé du cadre légal.
2) Le président Bouteflika se plie à la volonté populaire et décide de déposer sa démission pour éviter une solution précipitée. Les dispositions de la Constitution entrent en jeu : l’élection du 18 avril devient caduque, le président du Conseil de la nation assure l’intérim, et une nouvelle élection présidentielle est convoquée par ce dernier dans les délais prévus par la Constitution. La crise aura été de courte durée et sans dommages.
Mais que faire si le pouvoir refuse de se plier à la volonté populaire en maintenant la candidature de Bouteflika ?
Dans ces conditions, aucun candidat ne devra déposer son dossier ou le retirer s’il l’a déjà fait pour ne pas fournir une couverture démocratique au coup de force, et les citoyens seront en droit d’organiser la mise en quarantaine du pouvoir à travers des actions comme :
- Manifester chaque semaine jusqu’à l’annulation de l’élection du 18 avril,
- Prôner son boycott absolu en amont et en aval,
- Appeler au refus de servir dans les bureaux de vote,
- Déclencher une grève nationale les 17 et 18 avril,
- Déclarer illégitime l’auto-proclamation de Bouteflika,
- Inviter les élus du Parlement et des collectivités locales à rendre leur mandat,
- Instituer une Coordination Nationale du Mouvement Citoyen représentative de l’ensemble des wilayas et zones géographiques où se trouve une présence algérienne pour entretenir le refus du coup de force jusqu’à la chute du pouvoir illégitime,
- Engager les préparatifs de la fondation de la République Algérienne, Démocratique et Sociale énoncée dans la Proclamation du 1er novembre 1954 à travers la mise en place d’une Assemblée constituante, d’un gouvernement provisoire, d’une nouvelle constitution et de nouvelles élections…
Il ne reste que 48h pour prendre la bonne ou la mauvaise décision.
01 Mars 2019