L’ART DE DETRUIRE

by admin

‎« A force de tout voir, on finit par tout supporter ; à force de tout supporter, on finit ‎par tout tolérer ; à force de tout tolérer, on finit par tout accepter ; à force de tout ‎accepter, on finit par tout approuver » (Saint-Augustin l’Algérien, cité par Olivier Clerc in ‎‎« Histoire de la grenouille qui ne savait pas qu’elle était cuite »).‎

L’histoire que je vais vous raconter (pas celle de la grenouille, laissée à la fin) est ‎authentique. Même si vous ne me croyez pas, vous ne sauriez ni ne pourriez récuser sa ‎véracité car une fois que vous l’aurez entendue, elle se diffusera en vous comme une ‎lumière répandant ses photons dans tous les recoins de votre être. Elle réveillera en vous ‎une histoire approchante ou éclairera sous un jour nouveau quelque chose de déjà vu, ‎entendu, pensé ou fait à un moment ou un autre de votre existence.‎
Si vous tentez de la chasser de votre esprit, elle reviendra vers vous tel un boomerang, ‎transpercera vos défenses et ira déposer au plus profond de vous sa vérité car vous ‎conviendrez qu’elle relève au moins du vraisemblable. Même si elle n’est pas arrivée, elle ‎pouvait ou devait arriver comme quelque chose d’inscrit dans l’ordre naturel des choses. Et ‎si vous poussez la dénégation jusqu’à l’autisme, c’est que vous la connaissiez et aviez tout ‎simplement peur de la voir remonter à la surface.‎

L’effet de surprise sera néanmoins amorti si vous avez lu Ferhat Abbas et que vous vous êtes ‎arrêté aux témoignages de héros de la Révolution rapportés dans ses livres, comme ces ‎paroles de Larbi Ben Mhidi quelques semaines avant sa mort: « Lorsque nous serons libres, il ‎se passera des choses terribles. On oubliera toutes les souffrances de notre peuple pour se ‎disputer les places. Ce sera la lutte pour le pouvoir. Nous sommes en pleine guerre et ‎certains y pensent déjà… Oui, j’aimerais mourir au combat avant la fin ».

Ou ces propos d’Abane Ramdane à propos des chefs de l’armée des frontières : « Ce sont de ‎futurs potentats orientaux. Ils s’imaginent avoir droit de vie et de mort sur les populations. ‎Ils constituent un danger pour l’avenir de l’Algérie. Ce sont tous des assassins. Ils mèneront ‎une politique personnelle contraire à l’unité de la nation. L’autorité qu’ils ont exercée ou ‎qu’ils exerceront les rend arrogants et méprisants. Par leur attitude, ils sont la négation de ‎la liberté et de la démocratie. Je ne marche pas pour un tel avenir… »

Le vœu de ces héros auxquels on aurait pu ajouter le nom du colonel Lotfi et de dizaines ‎d’autres, a été exaucé puisque la providence leur a épargné de connaître une deuxième ‎colonisation, plus insupportable que la première PAR LE FAIT D’ALGERIENS SOI-DISANT ‎PATRIOTES MAIS DANS LA REALITE PLUS CRUELS ET IMMORAUX QUE LES PIRES ENNEMIS ‎DE L’ALGERIE A TRAVERS L’HISTOIRE. ‎

Pour la paix de leur âme, ces héros n’ont pas connu ce que beaucoup d’Algériens ont subi ‎sans même la possibilité de gémir car l’argument-massue a constamment été là, prêt à être ‎utilisé comme une arme fatale ou un couperet de guillotine : « Ah bon ! Tu regrettes le ‎colonialisme ? »

TOUJOURS LE CHOIX ENTRE LE MAUVAIS ET LE PIRE, JAMAIS ENTRE LE MAUVAIS ET LE ‎MEILLEUR : COLONIALISME ETRANGER OU DESPOTISME CRIMINEL; REGIME MAFIEUX OU ‎ISLAMISME TERRORISTE ; STABILITE AVEC UN ETAT MALADE OU SAUT DANS ‎L’INCONNU…‎

Venons-en à l’histoire : un vieux Pied-noir du nom de Célarié, mécanicien de son état et sur ‎le point d’embarquer pour la France en juin 1962 avait voulu, dans un élan d’affection pour ‎un apprenti algérien qu’il employait dans son garage, Rachid, l’emmener avec lui. ‎

Mais Rachid, songeant à sa mère et à ses sœurs qui vivaient de son labeur, déclina l’offre ‎malgré l’insistance de son patron qui lui dit dans une ultime tentative : « Ecoute-moi, Rachid, ‎il faut que tu viennes avec moi, sinon tu vas le regretter toute ta vie. Tu veux que je te dise ‎ce que va devenir ton pays ? L’Algérie va être une grande prison ; dehors ça va être la cour ‎et chez toi ça va être la cellule ; mais à la différence de la prison, tu t’enfermeras tout ‎seul…Tu sais, tes frères Arabes quand ils font le bien, ils le font très mal ; mais quand ils font ‎le mal, ils le font très bien… »‎

Propos racistes ? Ce serait trop facile et la ficelle a bien vieilli. A en croire l’ami qui m’a ‎rapporté l’histoire, Mr Célarié, militant communiste connu, vivait en symbiose avec la ‎population algérienne locale. ‎

Il a prédit l’ère du parti unique, notre style urbain – nous nous enfermons bel et bien derrière ‎des portes blindées, des fenêtres barreaudées ou des clôtures électrifiées – et dépeint notre ‎comportement public, porté davantage à la malfaisance qu’à la bienfaisance publique. Ce ‎dernier trait, il ne l’a pas prédit ; il l’avait vu. ‎
N’y est-on pas ?

Dans la même veine, un proche de la famille de Malek Bennabi qui a assisté à la discussion ‎m’a raconté que le penseur algérien, sur son lit d’hôpital à Paris, a reçu en juillet 1973, ‎quelques mois avant sa mort, la visite d’un haut fonctionnaire algérien qui, faussement ‎inquiet et hautain à souhait, lui avait demandé : « De quoi souffrez-vous, Si Bennabi ?» Le ‎penseur dont l’Algérie du parti unique n’a édité que le tome 1 de ses Mémoires ‎‎(« L’Enfant ») lui répondit : « De tes semblables ! »‎

Le 1er décembre 1972, j’ai publié dans le quotidien « El-Moudjahid » un article intitulé ‎‎« L’art de détruire ». L’Algérie indépendante avait dix ans et pourtant je parlais déjà de son ‎autodestruction sans que quiconque ne protestât.

Est-ce à dire que la liberté d’expression était encouragée sous Boumediene et que le régime ‎tolérait les critiques écrites contre les « responsables » ou les reproches d’«abus de ‎pouvoir»? Du tout ! Un an plus tôt était sorti sur le même journal un article intitulé «Le bon, ‎la presse et le truand» (24 novembre 1971) plus inoffensif mais qui m’avait valu d’être ‎convoqué chez le chef de la police d’Alger en personne, le très craint Salah « Vespa ». ‎

Pourquoi alors ? ‎

JE CROIS, AVEC LE RECUL, QUE PERSONNE NE COMPRENAIT DE QUOI JE PARLAIS, QUE ‎TOUT LE MONDE ETAIT PERSUADE QUE LA MONTGOLFIERE ALGERIENNE S’ELEVAIT ‎IRRESISTIBLEMENT DANS LES SPHERES CELESTES VERS LE TRONE DIVIN OU ELLE ALLAIT ‎PRENDRE LA PLACE DE DIEU ET SE REPOSER DES ŒUVRES ET MIRACLES REALISES SUR LA ‎TERRE. MEME AUJOURD’HUI JE NE SUIS PAS SUR QU’ON LE COMPRENNE.

‎(Début de citation de l’article) « Machiavel a écrit : « Un homme qui ne voudrait faire en ‎toute circonstance que le bien serait anéanti parmi tant de gens qui ne sont pas bons. ‎C’est pourquoi un prince qui veut se maintenir doit apprendre également à ne pas agir ‎selon le bien ». En remplaçant « prince » par « homme », on parvient à la conclusion ‎que dans un entourage où le mal est pratiqué, la conduite qui ne se réfère qu’à la ‎droiture, l’honnêteté et la justice peut valoir inconvénients et mauvaise fortune à qui ‎les fait siennes.

Si dans un pays, le nôtre par exemple, il se trouve que certains ne reculent pas devant ‎les exactions pour parvenir à leurs fins, si d’autres desservent les intérêts de la nation ‎par leur attitude, si un responsable dilapide ou sabote par son inconscience, s’il est des ‎gens qui, pour préserver leurs avantages, vont à contre-courant de la marche ‎révolutionnaire, alors chaque citoyen, chaque témoin, chaque observateur que de tels ‎agissements révoltent doit, pour ne pas rester en laisse dans une course d’arrivisme, se ‎préparer à faire autant à la faveur de l’occasion qui lui en offrira les possibilités et ‎l’aubaine. Sans quoi il serait anéanti au milieu de tant de prévaricateurs…‎

Au lieu de claironner au bien parmi tant de sourds, mieux vaut donner tête basse dans ‎la mêlée des actes indélicats peut-être, mais payants. Mieux vaut inclure dans son arc ‎l’idée du mal (celui-ci pouvant être synonyme de mauvaise foi, d’égoïsme, d’abus de ‎pouvoir, de népotisme, d’inconscience professionnelle, d’absence de sens civique…) ‎puisque celui-ci peut laisser entrevoir d’heureuses positions…

Ainsi prend forme la méthode de détruire, se parfait l’art de se tirer d’affaire lorsque la ‎mode est au « savoir-faire » pour réussir socialement ou économiquement, et ainsi se ‎développe l’esprit de faillite quand il est encouragé par une conception tournée vers le ‎profit personnel et légitimée par des exemples concrets. Dans l’ordre du normal le mal ‎s’installe souverainement et se réclame de l’efficacité : « De chacun selon ses capacités, ‎à chacun selon ses besoins » (fin de citation de l’article).‎

Ces extraits suffisent pour établir un parallèle avec la situation actuelle où la corruption, ‎l’incompétence et le cynisme, autrement dit les formes que peut prendre l’art de détruire, ‎sont déployées telles les voiles d’une caravelle majestueuse sur une mer étale. Cet art a pris ‎des proportions sans précédent avec la montée du prix du pétrole qui n’était, au moment où ‎j’écrivais, que de 2 dollars le baril ou moins.

La prophétie de Mr Célarié en 1962, mon article de 1972 et ce que vous voyez de vos ‎propres yeux en 2015 sont trois manières de résumer l’art de détruire appliqué à l’Algérie ‎des Larbi Ben Mhidi, Abane Ramdane et Bennabi, du million et demi de martyrs, des deux ‎cent mille morts de la décennie noire et des millions de pauvres et de chômeurs qui ‎enragent devant l’étalage éhonté de prévarications et de provocations.

Si la pensée de Machiavel repose sur le présupposé que le « prince » est crédité du bien et ‎le « peuple » du mal, c’est le contraire que je soutenais dans mon article : le peuple suit la ‎religion de son roi.‎

NOTRE PAYS A PASSE PLUS DE TEMPS DANS SON HISTOIRE OCCUPE ET COLONISE QUE ‎LIBRE ET SOUVERAIN, PRINCIPALEMENT PAR LA FAUTE DE SES DIRIGEANTS. SA TERRE A ‎PLUS SOUVENT ETE ARROSEE PAR LE SANG DE SES ENFANTS QUE PAR LES SYSTEMES ‎D’IRRIGATION QU’IL N’A PAS CONSTRUITS. SA REVOLUTION LIBERATRICE A ETE ‎ENTACHEE DE CRIMES FRATRICIDES, DE MENSONGES ET DE FAUX ET USAGE DE FAUX. ‎L’IGNORANCE, L’INCOMPETENCE ET LA CORRUPTION ONT, A DE RARES EXCEPTIONS, ‎PRESIDE A SES DESTINEES.

Il vit encore à ce jour sur une rente volatile, tout le monde le sachant mais continuant quand ‎même à différer le jour où il faudra enfin commencer à construire sur du vrai, du solide et ‎du durable. Toute éthique sociale, toute échelle des valeurs a été détruite ; personne ne ‎croit qu’en ses intérêts ; presque tout le monde va à la mosquée la carpette de prière à la ‎main, symbole du morceau de terre où se prosterner et du bout de ciel convoité.

UN PAYS SANS VISION GLOBALE DE LA MARCHE DU MONDE ET DE L’HISTOIRE, SANS ‎PENSEE ECLAIRANT LE LOINTAIN, SANS PROJET DE SOCIETE COMPATIBLE AVEC LE ‎DESTIN DE L’HUMANITE DANS SON ENSEMBLE, SANS POLITIQUE ECONOMIQUE ‎PRODUCTIVE ET COMPETITIVE, SANS ELITE ENGAGEE DANS LA NECESSAIRE REFORME DE ‎L’ESPRIT PUBLIC POUR LE RAMENER SUR LA VOIE DE LA RATIONALITE ET DU PROGRES, ‎NE PEUT PAS PRETENDRE A UN AVENIR MAIS DOIT S’ATTENDRE A UN EFFONDREMENT ‎SANGLANT.

UN PAYS QUI N’EST PAS GERE MAIS JUSTE TENU, UNE ECONOMIE CONCEDEE A LA ‎MAFIA, UNE SOCIETE LIVREE AU CHARLATANISME, SONT CONDAMNES AU DESORDRE ET ‎A LA GUERRE CIVILE. QUE DE FOIS N’A-TON VU CELA A TRAVERS L’HISTOIRE ?

Si l’art de s’autodétruire nous est familier, que savons-nous de celui d’être détruit ? ‎

Notre pays, c’est une évidence, est très atteint en termes psychologiques et moraux, et il ‎sera très difficile de lui faire remonter la pente, mais ce n’est pas tout : il y a aussi le risque ‎de destruction extérieur auquel il peut être confronté comme c’est arrivé à des pays de son ‎niveau qui, même dans leurs pires cauchemars, n’ont pas imaginé se retrouver dans la ‎situation où ils sont. ‎

Selon le fameux mot de Clausewitz, « La guerre est la poursuite de la politique par d’autres ‎moyens ». Mais comme il n’y a pas de politique qui ne comporte un substrat de pensée, on ‎peut dire que la politique a toujours été et restera la continuation de la pensée par d’autres ‎moyens. ‎

CE QUI NOUS CONDUIT A LA QUESTION : « Y A-T-IL UNE PENSEE DERRIERE LA POLITIQUE ‎ETRANGERE DE L’ALGERIE » OU N’EST-ELLE, COMME LA POLITIQUE INTERIEURE, QU’UN ‎MELANGE D’ARRIERE-PENSEES IRRESPONSABLES DU GENRE : « APRES MOI LE DELUGE », ‎‎« HANNINI, NHANNIK » ET « TAKHTI RASSI » ? ‎

D’autant que nos dirigeants ont toujours fièrement soutenu que la première est le reflet de ‎la seconde. Ce qui n’augure de rien de bon.‎

Si nous ne connaissons pas nos vulnérabilités ou les dissimulons à l’opinion publique, les ‎autres, concurrents et adversaires en puissance, les connaissent très bien et savent quoi ‎faire le jour où notre tour viendra d’être déstabilisé ou dépecé. Je gage que les plans ‎d’attaque sont dans les tiroirs de plusieurs états-majors militaires proches et lointains.

La spirale infernale qui est en train d’aspirer les pays arabo-musulmans l’un après l’autre ‎pourrait nous happer si le pétrole devait nous lâcher brusquement ou en cas de troubles ‎intérieurs graves. Sans parler des impondérables, terme sous lequel on peut ranger ‎beaucoup de choses allant des émeutes aux catastrophes naturelles. N’oublions pas que nous ‎sommes assis sur une faille géologique.

Ceux des pays autour de nous que nous regardons comme petits le sont peut-être en termes ‎de superficie géographique, de démographie ou de puissance économique, mais ils ‎pourraient devenir des points de départ ou d’appui pour des opérations de déstabilisation ‎contre nous. Il n’y a que la Tunisie dont nous n’ayons vraisemblablement rien à craindre.

PAR CONTRE, NOUS AVONS DES PROBLEMES NOTOIRES AVEC NOTRE VOISIN DE ‎L’OUEST DEPUIS L’EPOQUE DE L’EMIR ABDELKADER, ET IL NE FAUDRAIT PAS S’ETONNER ‎EN CAS D’AGGRAVATION DE NOS DIFFERENDS A L’AVENIR OU DE VULNERABILITE ‎INTERIEURE SUBITE DE VOIR LA COALITION ARABO-MUSULMANE A LAQUELLE VIENT DE ‎SE JOINDRE LE SENEGAL S’INSTALLER A NOS FRONTIERES EN SOLIDARITE AVEC LE ‎MAROC QUI A ETE SOLIDAIRE AVEC ELLE CONTRE LES HOUTIS ET LE SERA DEMAIN ‎CONTRE L’IRAN.

N’A-T-ELLE PAS ETE CONÇUE POUR SOUS-TRAITER L’INTERVENTIONNISME OCCIDENTAL, ‎PLUS HUMILIANT AUX YEUX DES MASSES MUSULMANES ? PEUT-ON CROIRE UN SEUL ‎INSTANT QUE LES USA, LA FRANCE, L’UNION EUROPEENNE, L’UNION AFRICAINE, LA ‎LIGUE ARABE, L’ORGANISATION DE LA CONFERENCE ISLAMIQUE ET L’ONU ‎PENCHERAIENT EN FAVEUR DE NOS THESES, INDEPENDAMMENT DU PROBLEME ET DE ‎L’ADVERSAIRE ? NOUS AURIONS DES BASES MILITAIRES CONTRE NOUS DANS AU MOINS ‎CINQ PAYS FRONTALIERS !‎

Connaissons-nous le véritable enjeu de la guerre mondiale intra-islamique dont je parle ‎depuis novembre dernier, donc bien avant la formation de la coalition arabo-musulmane ? ‎N’est-il pas question que cette coalition intervienne en Syrie quand elle en aura fini avec le ‎Yémen?‎

Avons-nous défini une stratégie à l’égard de cette guerre qui ne fait que commencer et est ‎appelée à durer et à s’étendre, car encouragée en sous-main par Israël et ses soutiens ‎américains et européens ? ‎

A-t-elle pour objectifs l’occupation de territoires et l’accaparement de richesses comme ‎c’était le cas pendant la première et la deuxième guerre mondiale entre l’Allemagne et la ‎France? Est-elle une guerre idéologique comme au temps de la guerre froide entre l’Est et ‎l’Ouest ? Ou une guerre de religion comme au temps du schisme protestant ? ‎

Ce qu’on constate sur le terrain c’est que le Congrès américain vient d’entériner ‎implicitement la division de l’Irak en trois entités, que le Liban, la Libye, la Syrie, le Yémen et ‎le Nigeria peuvent connaître le même destin, que le Soudan et la cause palestinienne l’ont ‎déjà connu, et que le Pakistan et l’Afghanistan ne sont pas près de retrouver leur stabilité ‎d’antan. ‎

Pouvons-nous rester éternellement en dehors de tout regroupement économique et de toute ‎alliance militaire ? Ne pourrions-nous pas devenir par nos propres moyens un Etat-phare et ‎une économie en mesure de pourvoir à ses besoins en cas de « sanctions économiques » ‎comme celles qui ont mis à genoux l’Irak de Saddam, affaibli la Russie de Poutine et amené ‎l’Iran à renoncer à l’usage militaire de l’uranium ? ‎

N’Y-A-T-IL VRAIMENT AUCUNE SOLUTION TRIPARTITE AU PROBLEME DU SAHARA ‎OCCIDENTAL ? L’UMA est-elle l’unique projet d’ensemble économique homogène et viable ‎voué à rester dans les cartons ?‎

Ce sont là des questions en rapport direct avec la sécurité et l’avenir de notre pays qui doit ‎repenser ses politiques intérieure et extérieure pour enrayer le processus d’autodestruction ‎et se donner une place parmi les nations respectables, toutes choses à notre portée pour peu ‎que nous changions les conceptions qui président à nos actes d’État et à nos comportements ‎sociaux.

Voici, comme promis et en raison de la concordance de sa morale avec celle de cette ‎contribution, l’histoire de la grenouille d’Olivier Clerc telle que je l’ai reçue sur ma boîte ‎email :

(Début de l’histoire) : « Imaginez une marmite remplie d’eau froide dans laquelle ‎nage tranquillement une grenouille. Le feu est allumé sous la marmite, l’eau chauffe ‎doucement. Elle est bientôt tiède. La grenouille trouve cela plutôt agréable et continue ‎à nager. La température continue à grimper. L’eau est maintenant chaude. C’est un peu ‎plus que n’apprécie la grenouille, ça la fatigue un peu, mais elle ne s’affole pas pour ‎autant. L’eau est cette fois vraiment chaude. La grenouille commence à trouver cela ‎désagréable mais elle s’est affaiblie, alors elle supporte et ne fait rien. La température ‎continue à monter jusqu’au moment où la grenouille va tout simplement finir par cuire ‎et mourir. Si la même grenouille avait été plongée directement dans l’eau à 50 degrés, ‎elle aurait immédiatement donné le coup de patte adéquat qui l’aurait éjectée aussitôt ‎de la marmite…‎

Cette expérience montre que lorsqu’un changement s’effectue d’une manière ‎suffisamment lente, il échappe à la conscience et ne suscite la plupart du temps aucune ‎réaction, aucune opposition, aucune révolte. Si nous regardons ce qui se passe dans ‎notre société depuis quelques décennies, nous subissons une lente dérive à laquelle ‎nous nous habituons.

Des tas de choses qui nous auraient horrifiés il y 20, 30 ou 40 ans, ‎ont été peu à peu banalisées et nous dérangent mollement à ce jour, ou laissent ‎carrément indifférents la plupart des gens… Alors si vous n’êtes pas, comme la ‎grenouille, déjà à moitié cuits, donnez le coup de patte salutaire avant qu’il ne soit trop ‎tard» (Fin de l’histoire).‎

De mon point de vue c’est la première fois qu’un principe moral, psychologique ou politique, ‎peu importe, est soumis à une expérience de laboratoire qui démontre sa validité. On peut ‎l’appliquer à l’art de détruire dont il a été question, tout autant qu’au bain-marie du ‎salafisme dans lequel nous barbotons depuis deux décennies en attendant la cuisson finale.

L’un et l’autre se sont donné la patte sur le plan politique, suscitant en un certain nombre ‎d’entre nous la sensation que nous sommes doublement cuits.

Ne pouvons-nous vraiment rien contre le choix imposé depuis l’indépendance entre le ‎mauvais et le pire ?

‎(« Le Soir d’Algérie » du 10 mai 2015) ‎

You may also like

Leave a Comment