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VOYAGE DANS LA REVOLUTION IRANIENNE (1ère partie)

by admin

Nous n’avions à compter mon compagnon et moi au départ de Roissy-Charles de Gaulle que sur l’incertaine adresse des parents d’un Iranien connu quelques jours plus tôt par l’intermédiaire d’un compatriote étudiant à Paris. L’Algérie n’étant reliée par aucune ligne aérienne à l’Iran, le crochet par la France s’imposait, et là nous devions réunir les conditions nécessaires à l’entreprise du voyage.

A l’ambassade Iranienne il fallut, n’ayant à arguer d’aucun motif officiel – nous nous rendions à titre personnel en Iran – recourir à un subterfuge, inoffensif du reste, pour obtenir les visas : celui de nous déclarer « chercheurs en histoire spécialisés dans le monde musulman ». C’est que les frontières venaient à peine d’être ouvertes et la Révolution ne triomphait à Téhéran que depuis une quinzaine de jours.

Dans la nuit du 28 Février au 1er mars, ce qui n’avait été pendant des semaines qu’un désir fantaisiste, un rêve quasi impossible, se transformait en réalité : nous décollions pour Téhéran !

Dans le gigantesque 747 qui s’élevait dans les cieux nous commentions, mon compagnon et moi, les dernières nouvelles. Nous les ramenions au torrent d’informations de jour en jour plus gros qui déferlait depuis plusieurs mois déjà sur un monde déconcerté.

Nous cherchions une explication à cette résurgence des Temps Médinois, à ce coup de tonnerre qui prenait à revers le siècle et la pensée contemporaine, les laissant pantois.

S’agissait-il de la « régénération de l’Empire général de Mahomet » et du « règne des saints annoncé par Cromwell » qu’attendait Auguste Comte d’un « monde réactivé » ? De la genèse de « l’Etat Idéologique » prôné par Mawdûdi ? Ou de l’avènement de cette « excellente communauté » dont la vocation est « d’ordonner le Bien et de proscrire le Mal »comme l’enjoint le Coran et dont chaque membre, en présence du mal, est tenu de le combattre par la main, par la langue, ou, en dernière instance, par le cœur, ce qui, aux termes duhadith, représente le « minimum imposé par la Foi » ?

Comme n’importe qui nous voulions à ce tremblement de terre une interprétation cohérente, rationnelle, quelque chose qui ne tranche pas avec les évènements antérieurs, avec ce qui a été inventorié, avec les règles de cette « staséologie » par exemple étudiées dans « Les phénomènes Révolutionnaires » de Jean Baechler ou « La loi des Révolutions » d’André Joussain.

Mort le Père, nous disait Freud ? Et ce Mathusalem de Khomeiny alors, brandi par 35 millions de candidats à la « mors triumphalis », 35 millions de femmes, d’enfants, de prolétaires, d’étudiants en jeans et vareuse militaire ? La politique, les super-grands, le pétrole, l’orientalisme, la cartomancie… Jamais tout cela n’avait autant paru désuet, inutile, dépassé.

« Regardez, dit un jeune homme à Claire Brière et Pierre Blanchet dans Téhéran à feu et à sang, ce n’est pas un peuple qui a faim, c’est une Révolution spirituelle ». Et à leur retour d’Iran après un séjour de cinq mois, les correspondants du journal « Libération » noteront dans leur livre-reportage « Iran, la Révolution au nom de Dieu » :

« L’événement n’a sans doute pas d’équivalant dans l’Histoire… Il fallait pour cela une force peu commune, une volonté qui échappe à toute typologie connue de l’action révolutionnaire. Cette volonté,ajouteront les journalistes français, les Iraniens l’ont trouvée dans la religion. »

« Si jamais l’Iran devait s’effondrer, tout le Moyen-Orient et le continent Indien s’effondreraient en même temps, obligeant l’Afrique à se retirer du monde libre et bouleversant l’équilibre des forces », pouvait écrire il y a une douzaine d’années le Shahinshah dans la préface d’un livre, « L’Iran des Pahlavis », dédié à sa gloire.

Il le pouvait mais le dernier roi de la plus grande monarchie du monde, le fils de ce soldat cosaque qui dira, devenu empereur après un coup d’Etat de colonels, « Je suis le fils de mon sabre », le dernier représentant des 26 dynasties qui ont usurpé un pouvoir à l’origine sacerdotal, c’est-à-dire moral et symbolique, se trompait. Sur l’équilibre des forces sans lui et sur beaucoup d’autres choses.

Comme tous les tyrans de la terre passés ou présents, monarques ou présidents, comme tous ceux qui ont « calculé » et compté sans ces inattendus coups de barre que de temps à autre l’Histoire donne au gouvernail des navires qu’elle entend ramener sur certaine voie. « Dieu, dit le Coran, est le meilleur des calculateurs. »

Surexcités par le sentiment que nous nous portions vers quelque chose d’aussi, sinon plus important que 1789 ou 1917, nous oubliions le caractère aléatoire de ce que nous qualifions dans notre enthousiasme de « rendez-vous avec l’Histoire ».

Un vrai de vrai ! nous disions-nous, et non pas avec l’Histoire vécue loin de soi, en son absence, refroidie puis tripotée, celle qu’on ne connaît qu’a posteriori à travers livres ou films, mais avec celle qui, par période, transfigure le monde, le tuant pour l’enfanter de nouveau, mieux ou pire, avec l’Histoire qui oppose l’Homme à l’Homme depuis on ne sait combien de millénaires dans un combat qui n’aura d’épilogue que le jour où l’humanité Adamique sera enfin et définitivement d’accord sur les notions de Bien et de Mal.

Nous oubliions que nous ne connaissions personne dans le pays, que nous en ignorions la langue et les mœurs, qu’on mourait encore de balles perdues à Téhéran et que nous n’avions en tout et pour tout que l’équivalent de 700 DA en poche. Mais comme tout cela pouvait importer peu !

Il est 8h30 au cardan iranien quand l’avion se pose à l’aéroport international de Téhéran.

La trentaine, tenue mi-civile mi-militaire, le doigt sur la détente et le canon pointé en l’air, une douzaine de miliciens assurent les tâches de sécurité autour des avions. Dans l’aérogare il n’y a pas l’ombre d’un uniforme : à la place des habituels agents de police et de douane, des civils. On ne nous pose aucune question ni ne nous fouille. Un bref regarde sur nos passeports verts, un sourire sur la bouche de celui-là qui a compris que nous étions des « Djazairis », l’universel coup de tampon et nous sommes en Iran. L’ensemble des opérations n’avait pas duré dix minutes.

Dehors il y a foule. Les gens venus attendre les Iraniens rentrés avec nous sont calmes, sereins, quelconques : la mine soignée de ceux qu’on rencontre habituellement dans les aéroports, les mêmes petits groupes familiaux ou amicaux, les mêmes problèmes de bagages, le même affairement autour des guichets de change…

Rien n’indique que cet aéroport est celui d’un pays qui vient de vivre l’une des plus extraordinaires révolutions que l’Histoire connaisse ; rien à l’aspect de ces gens ne révèle quoi que ce soit d’anormal. Ni émotion, ni euphorie, ni exubérance, rien.

Le temps est ensoleillé. Le ciel asiatique nous semble d’un bleu plutôt pâle, délavé, en tout cas moins éclatant que celui de chez nous. Aux portes de l’aérogare des chauffeurs-taxi sans livrée hèlent la clientèle, vous sollicitent. Ce sont nos clandestins.

Nous tendons successivement à quelques-uns d’entre eux l’adresse rédigée en caractères arabes, ceux du persan. Gestes de regret. Nous tombons enfin sur quelqu’un qui pense pouvoir nous y conduire. Il ne la trouvera jamais en dépit de sa manifeste volonté et d’une dizaine d’arrêts pour se renseigner auprès de passants.

Ces pérégrinations à travers Téhéran n’avaient pas été pour nous sans intérêt. Nous en profitions pour faire connaissance avec le superficiel, l’extérieur, les dehors de la capitale. Même constatation mais de plus en plus dépitée : où donc est passée la Révolution, nous interrogeons-nous ? Aurait-elle plié bagarre, tout serait-il terminé, rentré dans l’ordre ? Déjà ?

Nous n’avons encore vu aucun char, aucun vestige de barricade, aucun indice de guerre. Nous sommes dans n’importe quelle grande ville du monde !

Téhéran est construite bas, sans architecture, les constructions sont vieillottes, sans charme ni âme. Les rues sont larges mais affreuses, elles n’offrent aucunement l’impression d’être l’objet de services municipaux. L’eau coule, sale, noire, le long de trottoirs difformes ou en délabrement. Mais on a déjà une idée de l’ « œuvre » des Pahlavis.

L’encombrement dans les artères est incroyable. Les embouteillages des heures de pointe d’Alger ne sont dix fois rien devant cet éternel marasme mécanique. Aux carrefours, ce sont encore de jeunes gens en civils, qui armé, qui muni d’un sifflet, qui les mains nues, s’efforcent de régler le flux de voitures, de camions, de bus à l’anglaise. Toujours pas l’ombre d’un uniforme, toujours pas d’Etat !

Et de fait, qu’est-ce que l’Etat pour le simple quidam ou l’étranger sinon un certain nombre de symboles, une solennelle et ostensible présence coercitive ? Qu’est-ce que l’Etat si ce n’est ce drapeau qui flotte au sommet d’un édifice public, ce policier au centre d’un carrefour, ce gendarme à l’entrée de la ville, ce facteur bardé ?

En ce 1er Mars 1979 rien de tout cela n’existe à Téhéran. C’est comme si l’Etat avait été aboli jusque dans ses moindres expressions ! Pourtant tout à l’air de marcher, de fonctionner, du moins ce qui a trait à la vie publique, à la vie courante, celle que perçoit l’œil étranger.

On vaque ici à sa Révolution comme ailleurs on vaque à ses tâches routinières.

Beaucoup d’animation dans les rues, mais celles de toute capitale surpeuplée. Le fameux « tchador » évoque la « mlaya » des femmes de l’Est algérien mais sans le litham. Les magasins sont ouverts, les vitrines achalandées, le marché abondamment fourni en poisson, fruits et légumes. Pas d’attroupements ni de parade, mais des milliers de banderoles et de graffiti au pistolet sur les murs.

Ce qui, en revanche, retient l’attention, capte le regard, c’est le commerce des livres. Une profusion, des montagnes de livres étalés à même le sol, sur les trottoirs, tous les cent mètres, à chaque coin de rue… C’est à croire qu’ils étaient prohibés, introuvables auparavant, qu’ils étaient le fruit défendu entre tous. Ce qui n’était pas faux du reste : le shah ne permettait qu’on lise que ce qu’il voulait. Nous aurons même la surprise de découvrir « Vocation de l’islam » de Malek Bennabi traduit en persan sous le titre de « Moustakbel el-Islam ».

N’étaient les amas de sacs de sable que nous devions par la suite trouver en certains points de la ville il était difficile d’imaginer que Téhéran avait livré quinze jours plus tôt une féroce bataille de rue. Ce spectacle n’est assurément pas commun. New York, livrée à l’obscurité 24 heures a enregistré une exceptionnelle inflation de criminalité.

Ce n’est qu’après que nous allions saisir la signification de ce qui nous semblait un pays sans Etat : d’une reconsidération de la notion de « pouvoir ». En Iran celui-ci n’avait pas disparu, il s’était transcendé ; il avait troqué ses formes juridiques contre des formes spirituelles ; il avait transposé ses effets dans le domaine de l’esprit. Il était devenu un fait spirituel, un phénomène de conscience. La théorie du dépérissement de l’Etat a peut-être trouvé un moment sa concrétisation en Iran. Et, à l’autre bout, on comprendra un René Guénon qui écrit « Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel ».

Harassés, las de chercher une adresse que seuls nous ne trouverions jamais, nous nous décidons pour l’hôtel. De toute façon il nous restait la possibilité d’appeler un numéro de téléphone que l’Iranien, Ali Moghtaked, nous avait donné lors de notre rencontre à Paris. Nos objectifs étaient clairs : éviter coûte que coûte de tomber dans le tourisme, chercher le maximum de contacts, toucher la réalité, observer de l’intérieur…

C’est que l’esprit d’une révolution ne s’analyse pas à partir d’une chambre d’hôtel ; comme on ne s’informe pas en se contentant de lire la presse ou en recueillant les déclarations de tel ou tel. Cela, du moins, ne suffit pas.

A l’hôtel on ne nous demande ni pièce d’identité, ni paiement préalable. Ali Moghtaked, qui devait rentrer à Téhéran quelques jours avant notre arrivé est finalement joint. Il nous fixe rendez-vous pour le lendemain matin. Bien rassurés à présent, nous prenons possession de notre chambre.

C’est aujourd’hui que l’ayatollah Khomeiny devait aller s’installer à Qom (prononcé « Ghom » en persan). Aux informations télévisées de 20h30 nous suivons l’intervention faite à son arrivée. Il s’agit d’une brève allocution – Khomeiny est toujours concis dans ses discours – qu’il poursuit d’une voix égale, sans inflexions ni vociférations.

De temps à autre il lève un bras à hauteur d’épaule, non dans ce geste de bravade ou de défi dont sont coutumiers les démagogues et les leaders ignares, mais pour marteler une phrase ou appuyer un propos. Pour le reste, nous n’avions bien entendu rien compris. Vers 23h des coups de feu claquent dans la nuit. Peut-être que tout n’est pas encore fini …

Le lendemain à dix heures Ali se présente à l’hôtel en compagnie d’une autre personne. C’est Hussein Mussawi, un ingénieur en mécanique de trente-deux ans qui avait séjourné trois années en France et auquel nous allions tant devoir.

C’est lui en effet qui nous hébergera au sein de sa propre famille, très modeste mais infiniment hospitalière, lui qui nous établira les contacts avec les personnalités que nous désirions voir, qui véhiculera nos déplacements et nous servira d’interprète quand nous devions avoir affaire à des gens qui ne s’exprimaient qu’en persan. Hussein parle intelligiblement le français et entend assez bien l’arabe même s’il a des difficultés à parler ou à répondre dans notre langue. Il faut dire que l’arabe en Iran est le privilège des ulémas.

Après les embrassades et les présentations nous leur demandons de nous conduire au cabinet de quelque médecin. J’avais, à la veille de notre départ, contracté une sérieuse bronchite. Ali, dont précisément un des frères est médecin nous propose de nous conduire à l’hôpital où celui-ci exerce.

C’est davantage une clinique ou un dispensaire gardé par un jeune homme en pantalon léopard et veste de ville, un poignard au côté et une « Sebha » (chapelet) à la main. En nous offrant le thé (c’est tout ce que prennent les Iraniens, ils nous en saouleront), il nous raconte comment, d’ouvrier chez Citroën, il était devenu gardien d’hôpital. C’était en ces journées troubles où la SAVAK venait achever les blessés en convalescence. La mosquée du quartier l’avait affecté à cet endroit pour veiller sur le sort de ceux-ci.

L’uniforme (enfin un !) médical ici est bleu. Le matériel est sommaire, pauvre, mais le personnel infirmier diligent, gai, efficace. Le frère d’Ali m’ausculte, m’administre une piqûre de pénicilline et me prescrit des médicaments. Après quoi il nous convie à un déjeuner chez lui.

Tout à l’heure, lorsque le jeune révolutionnaire nous avait proposé le thé, nous avions remarqué l’absence des petites cuillers devant accompagner le sucrier. Sans en faire cas nous avions bu le thé non sucré, pensant qu’il s’était agi d’un oubli. Mais chez le frère de Ali nous allions tous cinq nous esclaffer : eux de nous voir ingurgiter sans plaisir un thé sans sucre, et nous de nous apercevoir que ce que nous avions mis sur le compte d’un oubli à l’hôpital n’était en fait que la curieuse habitude des Iraniens de glisser furtivement les morceaux de sucre dans la bouche au lieu de les faire fondre dans le liquide à prendre. D’où l’inutilité des cuillers et notre hilarité.

Ali devant quitter Téhéran pour sa ville natale, c’est avec Hussein que nous allions désormais rester. En l’espace de quelques heures nous avions l’impression de nous être connus depuis toujours. « Inna-ma-l-mouslimounaikhwa » nous devançait-il, reprenant une parole du Prophète, chaque fois que l’un de nous ébauchait un remerciement ou un geste de gêne. Dieu sait pourtant combien nous allions l’obliger !

La fraternité islamique en Iran, il faut en convenir, n’est pas un vain mot mais une émouvante réalité. En retour, ce qui émerveillait un peu Hussein en nous c’était – de son propre aveu – de nous savoir venus de si loin et dans les conditions qu’il savait pour « voir ça ».

Enfin, il faut évoquer l’immense prestige dont continue de jouir ici la « Révolution du million de martyrs ». Mr Mekhalfa, l’attaché culturel de la mission algérienne en Iran, devait quelques jours plus tard nous l’illustrer au moyen d’exemples éloquents.

Quant à nous, les marques de cette profonde et sincère estime allaient nous apparaître partout et à tous les niveaux de rencontre, sous les formes les plus touchantes. Jamais nous n’aurons à exhiber nos papiers, aucune personnalité sollicitée n’a refusé de nous recevoir, tout le monde nous interrogera avec intérêt et pertinence sur notre pays, ses réalisations, ses positions politiques …

Avec Hussein, nous mettons au point un programme de visites et de contacts qui devait se solder au terme de notre voyage par la visite de :

Plusieurs mosquées, l’université de Téhéran, la radiotélévision, le centre des opérations de recherche des ci-devant et anciens agents de SAVAK, une maison de jeunes tenue par l’organisation des « Moudjahidine Khalq Iran » ainsi que leur état-major dans l’ex-fondation Pahlavi, la Husseiniya-Irchad » où conférait le Dr Ali Chariati avant son exil puis son assassinat à Londres, l’Institut Alawi où séjourna un moment l’ayatollah Khomeiny, le domicile-QG de l’ayatollah Taleghani, le siège du « journal de Téhéran », celui d’Indépendants qui avaient investi un immeuble du groupe de presse « Et-Taleaât », et enfin le fameux bazar. Cela à Téhéran.

A Qom, nous devions visiter la mosquée « Faiziyah », le siège de « dar et-tabligh el islami », la « Fatimiyeh », le domicile-QG de l’ayatollah Chariat Madari ainsi que quelques librairies, bibliothèques et instituts d’enseignement islamique.

En fait de contacts nous devions principalement rencontrer : des responsables de mosquées, des « mollahs », des étudiants, des cadres, le directeur de la télévision, le fondateur du « Parti de la République Islamique », Mr Behechti, le philosophe Djaâfari, un membre du comité central qui coiffe le réseau des mosquées, trois responsables des « Moudjahidine Khalq », et enfin un membre de l’actuel gouvernement qui passe pour être l’éminence grise de l’ayatollah Khomeiny, Mr Bani Sadr (note postérieure : qui deviendra le premier président de la République islamique d’Iran.)

A signaler aussi, à Téhéran, une conférence-débat avec les professeurs et les élèves de l’Institut « Alawi » ainsi qu’une autre avec des femmes dans une mosquée de la banlieue Sud. A Qom, où nous ne devions rester que trente-six heures, nous discuterons surtout avec le professeur et écrivain Khosrochahi qui a visité l’Algérie plusieurs fois.

De ces multiples entrevues, comme des contacts inopinés que nous devions avoir au cours de notre voyage dans la révolution iranienne, il devait nous rester d’impérissables souvenirs. Mais, sur le plan humain toujours, c’est un souvenir tout particulier que nous devions garder du professeur Djaâfari, auteur d’une dizaine de volumes sur Djalal-Eddine Er-Roumi et qui, nous recevant dans son immense bibliothèque, ne put retenir ses larmes, des larmes de joie, tandis que nous commentions de concert au cours d’une passionnante conversation un texte de Nietzsche sur l’islam …

(A suivre)

 « El-Moudjahid » du 2 juin 1979

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