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TEBBOUNE : QUESTIONS DE VIE ET DE MORT

by admin

‎ Après une absence de deux mois, couverte par un silence tombal qui a entamé chez les Algériens ‎la confiance de le voir revenir un jour à ses fonctions, le président Tebboune est réapparu de ‎manière impromptue, tel un revenant dans un film fantastique, pour leur annoncer son retour ‎parmi eux prochainement.

Tout dans le décor où il leur est apparu évoquait une résurrection : sa voix était sépulcrale, sa mine ‎celle d’un spectre revenu de chez les morts, ses propos sur « le suivi de leurs affaires heure par ‎heure » une vue de l’esprit, et sa tenue un camouflage. ‎

Si on avait été près de lui, ce n’est pas un parfum de la vie qu’on aurait respiré mais l’odeur de la ‎mort. Se retrouver dans l’antre de la malédiction de la constitution… De quoi glacer le sang !‎

La réapparition de Tebboune n’a pas soulagé longtemps les Algériens. Avec les flots ‎d’interprétations qui se sont emparé des formes et du fond de sa brève adresse au peuple sur les ‎réseaux sociaux, leur soulagement a peu à peu cédé la place à une inquiétude grandissante quant à ‎leur avenir en cette fin d’année chargée d’épreuves. ‎

Mort physiologique ou mort politique de Tebboune ? Qu’importe. La nouvelle année se présente ‎désormais pour eux sous de funestes auspices car ce qui a été retenu de la foison d’interprétations ‎du pourquoi et du comment du discours de Tebboune c’est qu’il y a un problème entre lui et ‎l’armée, un gros problème, une cassure définitive peut-être. La vérité, lui seul et le haut-‎commandement militaire la connaissent pour le moment. ‎

S’il ne s’agit que d’une brouille d’amour-propre passagère entre lui et les militaires à la suite de ‎quelque malentendu on n’a pas besoin de la connaître, et les interprétations farfelues et ‎complotistes qui courent les réseaux sociaux feront long feu avant de tomber dans l’oubli.

Mais si elle porte sur son état de santé et sur l’attitude à adopter dans l’intérêt de la nation, alors ‎elle nous concerne autant qu’eux et nous devons la connaître immédiatement car elle ne saurait ‎demeurer indéfiniment secrète. Tôt ou tard on saura.‎

S’ils persistent à nous la cacher, il nous sera possible, comme dans la philosophie illuminative, d’y ‎arriver sans « révélation », sans avoir besoin de disposer de toutes les informations sur un sujet ‎sacré ou profane. En faisant simplement œuvre de raison. ‎

Pour conclure après examen que si l’état de santé de Tebboune lui permet de diriger décemment ‎le pays pendant au moins une année, alors l’armée n’a aucune raison ni intérêt à lui appliquer ‎l’article 102 maintenant.

Mais si son état de santé ne lui permet pas de revenir à ses fonctions dans les trois semaines qu’il a ‎annoncées (dont il ne reste que deux), alors il doit se démettre de lui-même pour ne pas infliger au ‎pays un handicap extrêmement dangereux en ces temps de périls de toutes sortes : pandémie, ‎dévissage du dinar, fragilité économique, menaces aux frontières, rupture totale entre le peuple et ‎le pouvoir…

Le retour au passé récent est hors de question car il signifierait la fin du bref intermède ‎d’indépendance que nous aurons connu.‎

Si c’est ce dernier scenario qui s’imposera, cela voudra dire qu’une stratégie de sortie de la crise ‎née du renvoi de Bouteflika en avril 2019 par le peuple enfin réveillé est en train d’émerger toute ‎seule, d’être dessinée par une conjonction de circonstances favorables.

Cela voudra dire que ce que n’a pas pu parachever le « Hirak » pour cause de corona virus, s’est fait ‎tout seul et avec l’aide du corona virus lui-même selon cette chronologie : investiture de Tebboune ‎le 19 décembre 2019 ; mort du général Gaïd Salah le 23 ; contamination de Tebboune par le corona ‎virus le 16 octobre 2020 ; grave détérioration de son état de santé et évacuation en Allemagne le 28 ‎octobre ; tenue du référendum pour l’adoption de la nouvelle constitution le 1er novembre 2020, ‎sanctionné par un rejet à 80% du corps électoral.

Que faut-il encore pour que Tebboune qui, à peine sorti de son coma le 13 décembre dernier, ‎marmonnait que le plus urgent pour lui était la tenue d’élections législatives pour former un ‎nouveau parlement, comprenne qu’il est sur une mauvaise voie, qu’il navigue et gouverne à ‎contre-sens de la volonté populaire et de la volonté divine, lui qui aime rappeler que « Vox populi, ‎vox dei » ?

Que doit-il arriver pour qu’il renonce enfin à persister dans l’erreur à l’image de Satan ? Car le ‎peuple n’ira pas voter pour le nouveau parlement voué à l’illégitimité à l’instar de la constitution en ‎instance de promulgation.‎

Le général Gaïd Salah, architecte d’une solution qui prend de l’eau de toute part, n’étant plus là, le ‎haut-commandement de l’armée tient l’occasion, s’il s’avère que Tebboune est passible de l’article ‎‎102, de revenir au bon sens qui veut que rien ne vaut, que rien ne tient s’il n’a l’assentiment et la ‎bénédiction du peuple. ‎

Gaïd Salah avait tort de soutenir le quatrième mandat et l’idée du cinquième pour rester à ses ‎fonctions. Son remplaçant aurait tort de soutenir un nouveau Bouteflika pour demeurer à son ‎poste. Tebboune à tort de persister à aller à l’encontre de la volonté de son peuple en croyant le ‎berner avec de la poudre de Djouha.‎

18 Décembre 2022

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