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NOUS NE SOMMES PLUS UN ETAT, MAIS…‎

by admin

L’insulte appelle l’insulte, et ce n’est parfois que justice pour assurer égalité, équité et parité ‎dans le traitement. Les images et vidéos montrant Said Bouteflika, Ali Haddad et Sidi Saïd ‎riant indécemment lors de l’inhumation de Rédha Malek au cimetière d’« El-Alia » étaient ‎outrageusement choquantes et blessantes.‎

Quel horrible spectacle que ces faciès avachis par les boursoufflures violant le silence ‎majestueux de lieux sacrés, ricanant comme des hyènes devant la chair morte d’un cadavre, ‎et affichant le sans-gêne d’imbéciles heureux offrant à la vue dégoûtée des autres des ‎dentitions pourries.‎

Qu’est-ce qui a bien pu déclencher cette hilarité obscène en un tel lieu et en un tel moment, ‎montrant ces personnages dans leur réalité plus ou moins voilée jusque-là par une certaine ‎discrétion : des profanateurs de cimetières et de la mémoire nationale, des énergumènes ‎incapables de retenue ou de faire semblant, foulant aux pieds dans leur total mépris des ‎autres les traditions de respect des morts et des cimetières.‎

Une des photos en particulier m’a rappelé l’affiche du célèbre film français « Le corniaud », ‎avec Louis de Funès et Bourvil. Mais les acteurs qui ont donné tant de bonheur à leurs ‎compatriotes pendant des décennies riaient dans un film comique, pas au Panthéon où ‎reposent les figures respectées de leur nation.

Leurs têtes sympathiques inspiraient la joie de vivre et reflétaient de la bonhomie dans les ‎tours pendables qu’ils jouaient l’un à l’autre dans le film. Le rire de nos corniauds montant ‎du fond d’âmes grossières et méprisantes était, lui, un rire canaille qui ne communiquait pas ‎la joie de vivre, mais trahissait l’envie de tuer et la satisfaction dans la cruauté.‎

Il était destiné à annoncer à la nation suspendue à l’évolution du conflit entre Tebboune et ‎Haddad le verdict final, l’hallali précédant la fin de celui qui avait osé s’attaquer à l’homme ‎d’affaires.

Mais il n’y avait pas que cela pour expliquer cette jubilation infâme envers le pays dans son ‎ensemble. Ils devaient se rire du lieu en se disant que Bouteflika a survécu à toutes les ‎figures de la Révolution et de l’indépendance qui gisent là, à leurs pieds.‎

Ils devaient rire de la facilité avec laquelle ils se sont emparés de ce pays vache-à-traire ; du ‎Premier ministre (Réda Malek) qu’on était venu enterrer et qui a été l’un des signataires des ‎Accords d’Évian consacrant le passage de l’Algérie d’un état de choses coloniales à un État ‎souverain grâce à la lutte héroïque de son peuple…‎ Et, bien sûr, du Premier ministre vivant qu’on allait bientôt enterrer pour avoir eu l’idée ‎sacrilège de s’attaquer à eux (Tebboune).‎

Lequel Premier ministre, à quelques mètres du trio formé de Said Bouteflika au milieu, Sidi ‎Saïd à sa droite (on doit en plus l’appeler « Sidi », celui-là) et Haddad à sa gauche, affichait ‎une double tête d’enterrement : pour le défunt Réda Malek sur le moment, et pour la sienne ‎prochainement.‎

Il est possible aussi qu’ils riaient des pauvres diables qui, ignorant tout du fonctionnement du ‎pouvoir ont cru, sur la foi d’une simple phrase et d’une mesure protocolaire, qu’un Zorro ‎avait fait son apparition en Algérie et qu’il allait « séparer l’argent sale de la politique », le ‎grain de l’ivraie, et les deux Saïd du « Bouygues algérien ». Illusions, naïveté, superstitions et ‎maraboutisme que tout cela…‎

Il n’y a que ceux qui ne connaissent rien au système algérien pour penser qu’un premier ‎ministre peut jouer à Zorro, déplacer un pion sur l’échiquier politique, promouvoir ou ‎sanctionner un haut fonctionnaire sans l’aval de la présidence. « Vive Tebboune ! » équivaut, ‎avec les Bouteflika, à « A mort Tebboune ! ».‎

En vérité ils riaient de nous tous, redevenus à leurs yeux un misérable tas de choses ‎coloniales, acceptant tout et n’importe quoi, attendant dans notre infinie religiosité ‎notre salut de la Providence, d’un Mahdi tombant du ciel ou d’un Zorro répondant au ‎nom de Boudiaf ou de Tebboune.‎

Le rire sardonique qui défiait dimanche dernier le sens moral et la raison dans le cimetière ‎où reposent l’Émir Abdelkader, Ben Mhidi et les Présidents qui ont dirigé l’Algérie ‎s’adressait à nous tous et voulait dire : « Dazzou mâahom ! »‎

La preuve est ainsi faite qu’il sera plus facile à l’avenir de séparer la religion de l’Etat, la ‎Kabylie de l’Algérie, de vider le pays de la majorité de ses habitants devenus des « boat ‎people » et des migrants illégaux, que l’argent sale de la politique, car la dynastie des ‎Bouteflika en aura fait une seule et même entité hilarante et méprisante.‎

C’est ce message que tenait à envoyer publiquement et officiellement Saïd Bouteflika, et ‎c’est intentionnellement qu’il est venu à cette cérémonie en cortège officiel, dans un ‎véhicule blindé présidentiel, flanqué du directeur du protocole du Président et de la garde ‎présidentielle.‎

Le prince héritier est apparu pour la première fois en public dans les attributs présidentiels, ‎et il l’a fait en y associant Haddad sous les yeux de la nation comme dans une cérémonie de ‎mariage royal.‎

Dans la dernière étape qui nous sépare de « l’élection » présidentielle de 2019, il fallait ‎évaluer la solidité du terrain conquis en bientôt vingt ans, et jauger les éventuelles ‎résistances à un cinquième mandat ou à une succession héréditaire, toute autre perspective ‎étant jusqu’ici exclue.‎

Or la sortie de Tebboune pouvait déranger ce calcul puisqu’on a vu des membres du ‎secrétariat national de l’UGTA se démarquer de Sidi Said et des hommes d’affaires se ‎préparer à ouvrir au siège du FCE un registre de condoléances à l’occasion de la mort ‎politique subite de Haddad.‎

Il fallait réagir vite et fort, frapper les imaginations pour reprendre la situation en main. ‎Tant pis pour ceux-là car ils ne sont que les habituels transhumants et traitres de carrière ‎prompts à enterrer l’idole qui tombe en disgrâce, et à s’agenouiller devant l’âne qu’on leur ‎ordonne d’adorer à la place.‎

Tebboune est un vieux de la vieille qui connait les « mille et une nuits » algériennes, les ‎histoires de Djouha et la saga des Bouteflika mieux que beaucoup d’autres.‎
On est fondé à en déduire qu’il n’a pas commis d’impair et qu’il ne s’est pas lancé à la fin de ‎sa vie dans un « donquichottisme » suicidaire en annonçant publiquement, de son propre ‎chef, qu’il allait s’affronter à l’affairisme qui a investi le monde de la politique depuis des ‎lustres, et expatrié des milliards de dollars ou d’euros.‎

Cela étant, il est impossible de croire à une surinterprétation des instructions du président, ‎d’autant qu’il n’a rien d’un boutefeu. Il sait que le poste de Premier ministre ne signifie ‎absolument rien en dehors des avantages qu’il confère à son titulaire, qu’il ne détient aucun ‎pouvoir de décision ou d’arbitrage, qu’il est une fiction protocolaire dans des institutions de ‎façade, et qu’il peut être maintenu des années dans ses fonctions sans exercer le moindre ‎pouvoir ou jouer le moindre rôle.‎ C’est un poste honorifique, comme celui de président de l’APN, du Sénat ou de n’importe ‎quelle autre institution civile.‎

Cela veut dire que le Président l’a effectivement instruit plus ou moins clairement dans ce ‎sens, sinon il se serait gardé d’ouvrir une « guerre de six jours » perdue d’avance. Il n’aurait ‎jamais ordonné à son protocole de mettre à la porte d’une activité à laquelle il devait être ‎présent le président du FCE, s’il n’était tenu de donner rapidement des signes montrant qu’il ‎donnait suite aux orientations présidentielles, ce que son entourage a d’ailleurs clairement ‎laissé entendre dès le début.‎

Qu’est-ce qui s’est produit entre l’annonce d’un changement dans la politique d’allocation de ‎l’argent public aux hommes d’affaire qui « ne respectent pas les règles et le sortent à ‎l’étranger », et ce qui est qualifié depuis dimanche de « tempête dans un verre d’eau » ?‎

S’est-il fait piéger en l’espace de quelques jours parce qu’il aurait été nommé par erreur ‎comme l’infortuné Messaoud Benaggoune, le ministre du tourisme d’un jour ? Aurait-il mis ‎imprudemment le doigt entre l’arbre et l’écorce ?‎

Haddad a-t-il le bras aussi long, lui qui affichait un air de chien battu avant que Saïd ‎Bouteflika ne lui redonne vie en plein cimetière comme Jésus ressuscitant des morts devant ‎un public aux yeux exorbités ? Les deux Bouteflika se seraient-ils finalement entendus sur ‎son dos ?‎

Car quelques jours après Tebboune faisait machine arrière, improvisant une réunion de ‎travail avec Haddad et Sidi Saïd pour soi-disant préparer la prochaine « Tripartite ». Mais ‎cela n’a apparemment pas suffi au trio infernal.‎

Le cheptel politique, les médias, le public et les observateurs extérieurs pouvaient ne pas ‎avoir compris que « Zorro » était en fait un « zéro » nul et non avenu. Il fallait donc s’assurer ‎que le message a été bien saisi par tous et que toute trace de doute a disparu des esprits. ‎Quoi de mieux que le décor idéal d’un cimetière pour assassiner moralement Tebboune, ‎l’humilier et le réduire à néant ?‎

C’était cela ou laisser s’amplifier le danger d’une remise en cause dans l’esprit public de la ‎place qu’occupe Saïd Bouteflika au cœur du pouvoir. Le monde entier sait maintenant qu’il ‎n’y a pas une source de pouvoir à « El-Mouradia » mais au moins deux, et que celle de Saïd ‎a affirmé sa suprématie sur celle de son frère dont on ne sait rien de précis.‎

Comme il est clair que dans cette affaire nous ne sommes pas un peuple mais un public ‎applaudissant des « Boussâadia », des « diwansalhin » et des Muppets show riant de nous, au ‎lieu de nous d’eux.

NOUS NE SOMMES PLUS UN ETAT MAIS UN ETAT DE CHOSES, TOUS TANT QUE NOUS ‎SOMMES, AMAZIGHS OU ARABES, SUNNITES, IBADITES, CHRETIENS OU SANS RELIGION, ‎ARABOPHONES, BERBEROPHONES OU FRANCOPHONES, MODERNISTES OU ISLAMISTES, ‎FAUX MOUDJAHIDINES OU VRAIS HARKIS, JEUNES OU VIEUX… NOUS SOMMES DES ‎PAILLASSONS SUR LESQUELS S’ESSUIENT DES PIEDS BOUEUX ET NAUSEABONDS.‎

QUAND CE NE SONT PAS LES CLAQUETTES D’ISLAMISTES MOYENAGEUX, CE SONT LES ‎GROS SABOTS D’ARRIVISTES QUI ONT REUSSI PAR SATANISME ET AVEC LA COMPLICITE ‎DE CHEFS MILITAIRES ET DE RESPONSABLES DES SERVICES DE SECURITE A SE JUCHER SUR ‎NOS TETES POUR S’IMPOSER COMME NOS DIRIGEANTS POLITIQUES, ECONOMIQUES ET ‎SYNDICAUX, « CHI’NA AM ABAYNA » ! « DRAA WLA MLAHA » !‎

Jusqu’à ce que prenne fin l’histoire de l’Algérie indépendante tombée aux mains de corsaires ‎modernes, suivie d’une nouvelle occupation étrangère, puis d’une lutte de libération ‎déclenchée par d’autres « 22 » à une date inconnue du calendrier berbère qui affiche ‎pourtant déjà l’an 2967. Donc forcément au cours du quatrième millénaire.‎
Aussi, et à titre personnel, je ne dirai plus hypocritement « hachakoum », ou ‎diplomatiquement « hacha li maysthalch » quand je parlerai de l’état de choses que nous ‎consentons à être.‎

JE NE DIRAIS PLUS NAÏVEMENT, COMME EN MARS 1990, QUE « NOUS NE SOMMES PAS ‎UNE SOCIETE, MAIS UN GHACHI » CAR, DEPUIS, ET FAUTE D’AVOIR PRIS LE CHEMIN DE ‎LA SOCIETE, NOUS NOUS SOMMES DECOTES, DEVALORISES DE 200%. A PEU PRES DANS ‎LA MEME PROPORTION QUE LE DINAR (PAR RAPPORT A L’EURO), UNE MONNAIE EN ‎VOIE DE DISPARITION, COMME NOUS DE L’HISTOIRE QUI POURSUIT UN CHEMIN DROIT ‎VERS TOUJOURS PLUS DE PROGRES, DE LIBERTE ET DE CIVILISATION POUR LES AUTRES ‎PEUPLES…‎

‎(03 août 2017)‎

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