L’AVENIR

by admin

Nous sommes arrivés au terme de cette série sur le cinquantenaire de l’Indépendance. Le ‎retour au passé était nécessaire pour tenter de trouver un sens à notre histoire lointaine et ‎récente et se faire une idée de ce que pourrait être notre avenir. Où en sommes-nous donc ‎cinquante ans après ?

Nous sommes toujours suspendus entre une tragédie qui n’est pas tout à fait terminée et un ‎avenir dont on peut deviner les lignes dans la lecture du présent et l’observation et l’analyse ‎des tendances qui le dominent.

Dans la première partie de cette série, j’ai cité des extraits d’écrits publiés en 1984 à ‎l’occasion du Trentenaire du déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954 où je ‎posais la question de savoir si nous avions un avenir et ce que serait l’Algérie dans les trente ‎prochaines années en désignant expressément l’année 2014.

Nous ne sommes pas encore en 2014 mais les évènements ont déjà largement justifié ma ‎question : une dizaine d’années plus tard, notre pays frisait la mise sous tutelle de l’ONU, et ‎des centaines de milliers de nos compatriotes ont laissé leur vie dans ce qu’on appelle ‎pudiquement la « tragédie nationale », sans parler de ses incidences financières qui ‎pèseront longtemps sur le budget précaire de la nation.

JE REPOSE CETTE MEME QUESTION AUJOURD’HUI EN AYANT A L’ESPRIT LES CINQUANTE ‎PROCHAINES ANNEES. BEAUCOUP D’ENTRE NOUS NE SERONT PLUS DE CE MONDE, A ‎COMMENCER PAR MOI-MEME, MAIS NOTRE PAYS, LUI, FERA-T-IL PARTIE DU MONDE DE ‎CE TEMPS-LA, ET DANS QUEL ETAT ?‎

L’avenir « radieux » par définition est une parabole, une figure de rhétorique dans la bouche ‎des poètes ou des démagogues.

IL PEUT MEME ETRE PIRE QUE LE PASSE AINSI QUE NOUS L’AVONS VU IL N’Y A PAS ‎LONGTEMPS. ‎

L’A-VENIR N’EST PAS LE PRODUIT DU HASARD, IL EST LA BANALE CONSEQUENCE DU ‎PASSE, LA SUITE LOGIQUE DU PRESENT, UNE SUITE QUI PEUT ETRE SA PERPETUATION ‎AVEC LES MEMES PRATIQUES ET LES MEMES RESULTATS OU, ET C’EST AUSSI POSSIBLE, ‎SON AMELIORATION AVEC DE NOUVELLES IDEES ET DE MEILLEURS RESULTATS.

OR NOUS NOUS RAPPELONS DU PASSE, ET VOYONS DE QUOI EST FAIT LE PRESENT. ‎
DANS LE PASSE LOINTAIN, NOUS N’AURIONS PAS ETE COLONISES SI NOUS AVIONS ETE ‎UNIS PAR UNE CONSCIENCE COLLECTIVE, SI NOUS PORTIONS UN SENTIMENT NATIONAL, ‎SI NOUS AVIONS FORME UN POUVOIR CENTRAL, DEVELOPPE DES MODES DE ‎PRODUCTION SOCIALISES ET CONTRIBUE AUX DECOUVERTES TECHNIQUES ET ‎SCIENTIFIQUES QUI ONT PONCTUE AILLEURS L’EVOLUTION DE L’HOMME.

NON SEULEMENT NOUS N’AVONS PAS TENDU VERS LE STADE SOCIAL MALGRE ‎L’ECOULEMENT DE PLUSIEURS MILLENAIRES, MAIS NOS ANCETRES N’ONT PAS TIRE DE ‎LEÇONS DE LA PREMIERE COLONISATION, NI DE LA DEUXIEME, NI DE LA TROISIEME… JE ‎ME DEMANDE MEME SI NOUS, LES CONTEMPORAINS, AVONS TIRE LES LEÇONS DE LA ‎TOUTE DERNIERE.

DANS LE PASSE RECENT, NOUS AURIONS PU AVOIR UN AUTRE AVENIR SI, EN 1962, DES ‎HOMMES DE LA TREMPE DE FERHAT ABBAS AVAIENT ETE PLACES A LA TETE DU PAYS AU ‎LIEU D’ETRE JETES EN PRISON ET REDUITS JUSQU’A LEUR MORT AU SILENCE ET A ‎L’INTERDICTION DE SORTIE DU TERRITOIRE NATIONAL AU MOTIF QU’ILS ETAIENT DES ‎‎« REACTIONNAIRES » ET DES « BOURGEOIS ».

Le populisme socialiste l’ayant emporté sur la rationalité et l’intelligence, nous avons eu la ‎crise de 1988.

LE POPULISME, FAUT-IL PRECISER, N’EST PAS L’AMOUR DU PEUPLE OU L’ATTACHEMENT ‎A SES INTERETS, MAIS SON UTILISATION SANS SCRUPULES A DES FINS IDEOLOGIQUES ET ‎POLITICIENNES.‎

NOUS AURIONS PU AVOIR UN AUTRE AVENIR APRES OCTOBRE 1988 SI LE POPULISME ‎D’ESSENCE RELIGIEUSE N’AVAIT PAS CAPTE LA FERVEUR POPULAIRE, SI RASPOUTINE NE ‎S’ETAIT PAS PRESENTE POUR PRENDRE LA PLACE DE STALINE, COMME AUJOURD’HUI UN ‎CHEIKH DE LA CONFRERIE DES FRERES MUSULMANS A PRIS EN EGYPTE LA PLACE DU ‎DERNIER PHARAON.

Nous avons eu le terrorisme, la décennie rouge et leur cortège de morts et de destructions. ‎Les attentats du 11 septembre 2001 et la hausse des prix du pétrole à partir de 2002 nous ‎ont sauvés in extremis, et c’est grâce à ces deux facteurs indépendants de notre volonté que ‎nous tenons actuellement.

ON SAIT DONC EN PRINCIPE OU NE PAS CHERCHER L’AVENIR : DANS LE POPULISME, ‎QU’IL SOIT CELUI DU DESPOTISME IGNARE OU DU MARABOUTISME FETICHISTE. OR NOUS ‎Y SOMMES TOUJOURS : QUAND CE N’EST PAS L’UN, C’EST L’AUTRE. ‎
NOTRE PRESENT EST MARQUE PAR UNE FORTE TENDANCE AU RETOUR A L’ORIENT DE LA ‎DECADENCE, DE L’OBSCURANTISME ET DES CONTES ET LEGENDES. Il ne manquait que la ‎‎« ringuila » ; c’est maintenant chose faite : elle a conquis cafés publics et foyers.

LE PEUPLE ALGERIEN DE LA REVOLUTION DU 1ER NOVEMBRE ET DES ANNEES 60 ET 70 ‎N’EST PLUS. JE NE PARLE PAS DE CEUX QUI SONT MORTS, MAIS DE CEUX QUI SONT ‎ENCORE EN VIE. IL N’EN RESTE QUE QUELQUES ECHANTILLONS A ETRE RESTES ‎CONFORMES A CE QU’ILS ETAIENT DURANT ET APRES LA REVOLUTION.

CE PEUPLE A ETE REMPLACE PAR UN AUTRE, CELUI DU TRABENDO, DE L’ECONOMIE ‎PARALLELE, DU NIHILISME, DE LA BIGOTERIE, DE L’ANARCHIE ET DE LA LAIDEUR. IL A ‎CHANGE DE CULTURE, DE MENTALITE, DE LANGAGE, D’HABILLEMENT, DE MODELE ET DE ‎CAP. IL N’EST PLUS INTERESSE, EN DEHORS DE LA POSSESSION DES GADGETS ‎ELECTRONIQUES, PAR LA MODERNITE, IL VEUT REVENIR AU MARABOUTISME, A LA ‎‎« ROQIA » ET A LA « HIDJAMA ». IL SE TALIBANISE A VUE D’ŒIL, CHAQUE JOUR UN PEU ‎PLUS. ‎

Il n’est pas jaloux de la Corée du Sud, de la Chine, de l’Inde ou du Brésil, mais de l’Arabie ‎bigote et commerçante, quand ce n’est pas de Gaza, de l’Afghanistan ou de l’Égypte du « Dr ‎Morsi » comme on parlerait du « Dr Panacée » ou de « Mr Miracle ».‎

ON N’A PLUS, COMME IL Y A QUELQUES DECENNIES, UN PEUPLE DE CITOYENS ASPIRANT ‎A UN AVENIR MODERNE ET AYANT GARDE DE SON CONTACT AVEC L’OCCIDENT ‎QUELQUES BONS PRINCIPES DE COMPORTEMENT, DE RAISONNEMENT ET ‎D’ORGANISATION, MAIS UNE MASSE DE PLUS EN PLUS IMPORTANTE DE « CROYANTS » ‎S’AUTOGERANT A COUPS DE HADITHS ET DE FATWAS, INVOQUANT LE « HALAL » ET LE ‎‎« HARAM » A LA PLACE DU « LEGAL » ET DE « L’ILLEGAL», SE SOUCIANT DE LA ‎CONSTRUCTION DE LA « DEMEURE DE L’AU-DELA » PLUS QUE DE CELLE D’ICI-BAS, C’EST-‎A-DIRE L’EDIFICATION D’UN ETAT, D’UNE SOCIETE, D’UNE NATION, D’UNE HISTOIRE.

LES NOTIONS DE DROIT, DE LOIS, D’ETAT, DE CIVISME, DE CULTURE, ONT ETE EXPURGEES ‎DE L’ESPRIT PUBLIC ET ENSEVELIES SOUS UN FATRAS DE REFERENCES MYSTIQUES DE ‎TOUTE PROVENANCE ; ELLES ONT DISPARU DU VOCABULAIRE OU TOUT EST RAMENE A ‎DIEU ET A LA « TRADITION », CHACUN Y AJOUTANT SON IMPROVISATION, SON ‎‎« IJTIHAD » PERSONNEL.‎

L’ISLAM QUI A ETE PENDANT DES SIECLES UN FACTEUR UNITAIRE ET UN REMPART ‎CONTRE LA DEPERSONNALISATION A ETE REMPLACE PAR L’ISLAMISME IMPORTE DE ‎L’ETRANGER QUI A VITE FAIT DE DIVISER NOTRE PEUPLE ET DE L’ELOIGNER DE L’IDEE DE ‎NATION, DE SOCIETE ET D’UNIVERSALITE AU NOM D’UN DIEU QUI SERAIT HOSTILE AUX ‎INSTITUTIONS ET AUX REGLES DE VIE MISES EN PLACE PAR L’HOMME.‎

AU TEMPS DE BEN BADIS, LES OULAMA ETAIENT PARVENUS A CONCILIER DANS LA VIE ‎SOCIALE, INTELLECTUELLE ET POLITIQUE L’ISLAM ET LA MODERNITE, L’ISLAM ET LA ‎LAÏCITE. LES ELITES ETAIENT BILINGUES ET SEUL LE RITE MALEKITE AVAIT DROIT DE CITE.

AUJOURD’HUI, LES MODERNISTES SONT UNE ESPECE EN VOIE DE DISPARITION REDUITE A ‎LA PORTION CONGRUE ET AU STATUT DE MECREANTS. ELLE EST ABRITEE DANS LES ‎ORGANES DE PRESSE, PRINCIPALEMENT FRANCOPHONES, MAIS LEUR EXTINCTION EST ‎INSCRITE DANS LE PROCESSUS D’INVOLUTION DANS LEQUEL EST PRIS NOTRE PAYS. CETTE ‎PRESSE EST ELLE-MEME EN VOIE DE DISPARITION : LE TIRAGE QUOTIDIEN DE L’ENSEMBLE ‎DES JOURNAUX FRANCOPHONES N’ATTEINT PAS CELUI DU PREMIER JOURNAL ‎ARABOPHONE.‎

Je suivais il y a quelques jours sur une chaîne satellitaire algérienne le point de vue ‎d’Algériens pris au hasard dans la rue sur la corruption. Tous la condamnaient parce qu’elle ‎était « haram » et tous citaient le fameux hadith sur le corrompu et le corrupteur, mais ‎personne n’a eu la pensée de la condamner au nom de la loi ou de l’intérêt public.‎
PROPOS DE « CROYANTS » QU’ILS SONT DEVENUS ET DE « CITOYENS » QU’ILS NE SONT ‎PLUS. ‎

MAIS SI TOUT LE MONDE EST TANT ATTACHE A L’OBSERVANCE DES PRECEPTES SACRES, ‎POURQUOI Y A-T-IL AUTANT DE CORRUPTION ETANT DONNE QUE QUICONQUE DETIENT ‎UNE FONCTION DERRIERE UN GUICHET, DANS UN SERVICE ADMINISTRATIF OU AU NOM ‎D’UNE PARCELLE D’AUTORITE, LA PRATIQUE SANS RETENUE ET L’IMPOSE AUX AUTRES ? ‎

Cette attitude n’a rien à envier à celle du premier responsable du parti qui a remporté la ‎dernière élection législative et qui a déclaré que c’est Dieu qui a donné cette victoire ‎éclatante à son parti, faisant implicitement de Lui un militant partisan. Que devraient dire ‎alors les partis islamistes et l’électorat islamiste qui n’a pas voté ? Que Dieu les a ‎sanctionnés, pour les premiers, et remplacé dans les urnes, pour les seconds ?‎

A-T-ELLE UN AVENIR LA NATION DONT LA MOITIE DES MEMBRES AU MOINS N’A AUCUN ‎EGARD POUR LES LOIS DE LA REPUBLIQUE ET SE PREOCCUPE UNIQUEMENT DU ‎‎« HALAL » ET DU « HARAM » ? PEUT-ON PARLER D’AVENIR A UN PEUPLE QUI A ROMPU ‎TOUTE ATTACHE AVEC SON ETAT ET LE MONDE MODERNE ET QUI N’EST INTERESSE QUE ‎PAR LE PARADIS ET LES FAVEURS DU CIEL ?‎

LE SEUL AVENIR AUQUEL IL PEUT PRETENDRE EST CELUI DES PAYS EN VOIE DE DE-‎MODERNISATION COMME L’AFGHANISTAN, LE PAKISTAN, L’IRAN, LA TUNISIE ET L’EGYPTE.

UN TEL PEUPLE, SI ON LE LAISSE FAIRE, ACCROCHERA LE WAGON ALGERIEN A LA ‎PREMIERE LOCOMOTIVE CALIFALE QUI SE PRESENTERA, SE LIBERANT UNE FOIS POUR ‎TOUTES DU PENSUM D’AVOIR A CONSTRUIRE UNE SOCIETE, UNE ECONOMIE ET UN ETAT. ‎LES RASPOUTINE PULLULANT, IL CONFIERA NOTRE SORT AU PLUS MAUVAIS D’ENTRE ‎EUX, QUELQUE CHEIKH AVEUGLE AU SENS PROPRE ET FIGURE.

Deux ans avant que n’éclate la crise grecque, j’avais prélevé d’un article du magazine « Le ‎Point » ces propos d’un observateur grec qui décrivait son pays comme « un pays dont la ‎mentalité est celle du contournement de la règle, de l’évasion fiscale, de l’économie ‎souterraine et de la corruption qui a pénétré chaque recoin de notre vie quotidienne… ».

C’EST PARCE QUE J’AVAIS RECONNU MON PROPRE PAYS DANS CETTE DESCRIPTION.

Peut-on parler d’avenir quand on dépend du cours du pétrole sur les marchés internationaux ‎à l’initiative des nations qui se développent, et que l’essentiel des produits et services que ‎nous consommons frénétiquement proviennent de l’étranger ? Peut-on envisager un avenir ‎avec une majorité de citoyens convaincus d’être des victimes de leur État et le regardant ‎comme la cause de leurs malheurs, de leurs privations et de leurs frustrations et n’attendant ‎que l’occasion de le lui faire payer ?

LES ALGERIENS NON ENCORE PRIS DANS LE TOURBILLON DU POPULISME SOCIALISANT ‎OU CHARLATANESQUE ET QUI CROIENT TOUJOURS A LA MISSION DE CONSTRUIRE ‎L’ALGERIE SELON LES IDEAUX PROCLAMES PAR LA DECLARATION DU 1ER NOVEMBRE ‎‎1954 N’ONT PAS BEAUCOUP DE TEMPS DEVANT EUX POUR REPRENDRE LEURS ESPRITS ‎ET REAGIR A LA DERIVE MENTALE QUI A AFFECTE LA NATION.

ILS NE SAURAIENT REPORTER AU LENDEMAIN CETTE TACHE OU S’EN REMETTRE AUX ‎GENERATIONS FUTURES, DES GENERATIONS QUI POURRAIENT AVOIR PERDU TOUT ‎REPERE EN DEHORS DU CHARLATANISME. C’EST MAINTENANT QU’IL FAUT AGI CAR ‎NOUS SOMMES AU POINT OU TOUT PEUT BASCULER. ‎

La tâche de mener cette œuvre de rénovation doit revenir à un État qui aura d’abord corrigé ‎sa perception de lui-même, de ses limites, de ses possibilités, de ses droits et de ses ‎obligations. Il doit viser des objectifs réalisables comme une croissance supérieure à ‎l’inflation et au taux de progression démographique et des équilibres constamment ‎surveillés, et éliminer ce qui est utile à quelques-uns mais néfaste au plus grand nombre.

Son rôle ne doit pas être celui d’un entrepreneur, mais d’un régulateur et d’un contrôleur ‎qui incite et impulse par des mesures fiscales, financières, budgétaires et monétaires ‎l’action des agents économiques. Il doit s’attacher à créer les conditions d’échange, ‎d’investissement, de production et d’emploi qui élimineront progressivement les circuits ‎parallèles et le marché informel.

C’est de là que viennent les disparités, la corruption et les gains faciles, sources de tensions ‎sociales et de mécontentement. Là où peut se former une opportunité de gain illicite ou ‎d’enrichissement sans cause, il doit intervenir pour l’empêcher ou l’éteindre. C’est ‎seulement de cette façon que s’instaureront l’égalité et la justice, lesquelles ne sont pas ‎l’égalitarisme, le nivellement et l’uniformité, mais l’égalité des chances et la sanction de la ‎faute.

Cette œuvre de rénovation n’est concevable qu’avec l’implication directe des Algériens de ‎bonne volonté qui auront à leur tour rectifié leurs idées sur leur rôle, leurs droits et leurs ‎devoirs.

LE PEUPLE N’EST PAS DANS CETTE SEMANTIQUE LA QUANTITE D’INDIVIDUS MALES ET ‎FEMELLES FORMANT LA COMMUNAUTE, MAIS UN CORPS CIVIQUE, UN ENSEMBLE DE ‎CITOYENS CONSCIENTS DE LEURS DROITS ET REMPLISSANT LEURS DEVOIRS, UNE ARMEE ‎D’AGENTS ECONOMIQUES PRODUCTIFS ET INDUSTRIEUX. CE N’EST NI UNE MASE ‎D’INDIVIDUS ATTENDANT TOUT DE L’ETAT, NI UNE MASSE DE CROYANTS ASPIRANT A ‎ETRE DIRECTEMENT GOUVERNES PAR DIEU.

Les nouvelles générations ont des possibilités que n’avaient pas leurs aînés, que n’avait pas ‎l’humanité il y a vingt ans, notamment celles ouvertes par les technologies de l’information. ‎Le monde du savoir, de l’échange d’idées, de la communication leur est ouvert sans même ‎qu’elles sortent de chez elles.

Pour organiser son insertion dans l’histoire contemporaine et s’assurer une place honorable ‎dans le monde, l’Algérie est dans le besoin d’un nouveau départ. Elle en a les moyens.‎

L’unité nationale a été réalisée par l’épopée de Novembre, nous avons une administration et ‎une armée, nous disposons de richesses considérables et la technologie nous est accessible.‎

Il faut passer de l’idéalisation des principes à leur réalisation effective. les algériens ‎doivent être liés à leur pays par des liens objectifs et matériels et non fictifs et ‎sentimentaux, et l’Algérie devenir concrètement le bien des algériens. mais pour ‎parvenir à cela, beaucoup de nos idées doivent être rectifiées, dont celles relatives à ‎l’indépendance, la dignité et la liberté.‎

Il y a la liberté de s’exprimer, de manifester et d’élire dont jouissent effectivement les ‎citoyens des pays libres mais il y a aussi, dans les pays anarchiques, la liberté d’en faire à sa ‎tête en ne considérant que ses intérêts personnels, de n’écouter que son humeur, de ne pas ‎accomplir ses devoirs civiques, sociaux, fiscaux et militaires, de se livrer au marché noir, de ‎ne pas respecter le code de la route…‎

LA LIBERTE, CE N’EST PAS ETRE AUTONOME DES AUTRES ET SE SOULEVER SOUS LE ‎MOINDRE PRETEXTE CONTRE L’ORDRE, MAIS ENTRER DE PLAIN-PIED DANS LA TRAME ‎SOCIALE ET S’ASTREINDRE AU RESPECT DES REGLEMENTS ET DES NORMES. CE N’EST PAS ‎SE SOUSTRAIRE A LA CONTRAINTE SOCIALE, CE N’EST PAS SE SINGULARISER PAR DES ‎ACTES EXCENTRIQUES, MAIS SE METTRE DE SON PROPRE GRE AU SERVICE DE LA LOI, DE ‎LA SOCIETE ET DE L’INTERET COMMUN. ‎

BEAUCOUP CROIENT QU’IL Y A PLUS DE LIBERTE DANS LES DEMOCRATIES QUE DANS LES ‎PAYS NON-DEMOCRATIQUES. CETTE IDEE REÇUE NE CORRESPOND A AUCUNE VERITE. EN ‎EFFET, QUI EST TRAQUE PAR LES LOIS ET LES REGLEMENTS, PUNI POUR LA MOINDRE ‎FAUTE, PERSECUTE PAR LE FISC, VERBALISE POUR AVOIR MAL GARE SON VEHICULE, JETE ‎SES DETRITUS SUR LA VOIE PUBLIQUE OU FAIT DU BRUIT ? L’ALGERIEN OU LE SUISSE ? ‎QUI A PEUR DU GENDARME, DU CONCIERGE, DE L’HUISSIER, DU CONTROLEUR DE METRO ‎‎? L’ALGERIEN OU LE FRANÇAIS ? QUI PEUT SQUATTER UN ESPACE PUBLIC IMPUNEMENT, ‎CONSTRUIRE SUR LA VOIE PUBLIQUE SANS RISQUER LA PRISON, OU FAIRE BROUTER SON ‎MOUTON DANS LES JARDINS PUBLICS ? L’ALGERIEN OU L’ALLEMAND ?‎

C’est dans les pays non-démocratiques que se trouvent les véritables « hommes libres », ‎libres comme des primates s’égayant dans la nature. C’est dans les pays anarchiques qu’il ‎n’y a pas de sanction, que tout peut arriver et que nul n’est inquiété pour ses méfaits. C’est ‎dans les pays démocratique qu’on compte ses sous, paye son impôt, arrive à l’heure à son ‎travail, qu’on ne peut s’enrichir que licitement et que nul ne peut se mettre hors la loi sans ‎encourir ses rigueurs.

C’EST LA QU’ON A SOUFFERT DES SIECLES DURANT AVANT D’ACCEDER AU REPOS ‎HEBDOMADAIRE, AU CONGE PAYE, A LA SECURITE SOCIALE ET AU DROIT DE VOTE. ‎NOUS, NOUS LES AVONS TROUVES AU BERCEAU LE 5 JUILLET 1962.

C’est dans ces pays qu’on peut se retrouver à la porte de son travail pour la moindre vétille, ‎qu’un patron d’entreprise se suicide par suite d’une faillite et que le ministre peut être jeté ‎en prison en cas de prévarication.

DANS CES PAYS-LA, ON N’EST LIBRE QUE DE FAIRE LE BIEN, DE CIRCULER A L’ETROIT ‎DANS LES DEDALES DE LA LOI ET DE RESPECTER LES CONVENANCES. DANS LES AUTRES, ‎ON EST LIBRE DE FAIRE TOUT LE MAL QU’ON VEUT, ET LA LOI N’OBLIGE REELLEMENT A ‎PRESQUE RIEN.‎

La dignité, ce n’est pas la fierté injustifiée, le culte de la virilité et de la moustache, l’éloge ‎de ses propres tares, mais l’affirmation de ce qu’il y a de positif en soi, de sa valeur ‎humaine, de son rendement social et de ses réalisations historiques. Ce n’est pas se dérober ‎à ses devoirs, zigzaguer entre les règlements, mais accomplir ses obligations civiques et les ‎percevoir comme les préalables à ses propres droits. ‎
C’est être convaincu que l’indépendance de tous ne peut être acquise qu’au prix des ‎interdépendances particulières, et qu’hors du groupe il n’y a point de salut.

LA DIGNITE, ENFIN, C’EST NE PAS EXPORTER SES NUISANCES, NE PAS REPANDRE SES ‎TARES A TRAVERS LE MONDE, NE PAS FORCER LES PORTES CLOSES DE L’ETRANGER…

‎« Le Soir d’Algérie » du 1er juillet 2012‎

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