Home ARTICLESLa problematique islamique1970-1979 PENSEE ISLAMIQUE : POURQUOI DES SEMINAIRES ?

PENSEE ISLAMIQUE : POURQUOI DES SEMINAIRES ?

by admin

Dans quelques jours, au Palais des Nations, s’ouvrira le sixième séminaire pour la connaissance de la pensée islamique organisé comme à l’accoutumée par le ministère de l’Enseignement originel et des affaires religieuses à l’intention des étudiants et étudiantes venus d’un peu partout pour la circonstance.

Pour la sixième fois donc des centaines de jeunes gens et jeunes filles vont se réunir sous l’éclairage d’éminentes personnalités intellectuelles pour pousser toujours plus loin leur découverte de l’islam, doctrine et idéologie, et poursuivre le débat ouvert depuis quatre années déjà sur la ‘’weltanschauung’’ islamique et son influence sur le comportement culturel de l’Algérien de demain.

Après la longue période de déculturation qui devait donner culturellement un homme sous-développé il était urgent, la souveraineté acquise, de restituer à l’opacité coloniale le prototype qu’elle avait patiemment façonné en un siècle de ‘’civilisation’’ et d’accompagner à sa dernière demeure ‘’l’indigène’’ ce mort-né enfanté par une « culture d’empire » au faîte de sa barbarie à partir du moment où elle plaçait son point d’honneur à asservir et « auxiliariser » le non-Européen.

Bien avant l’Indépendance avait retenti le requiem de ‘’l’indigène’’ et Ben Badis, à la suite de l’Emir Khaled, enclenchait déjà dans la conscience populaire les premiers prodromes qui allaient susciter en Algérie une véritable révolution culturelle. La première aussi. Celle qui nourrit l’esprit de l’actuel Algérien et que résume ce monumental verset coranique : « Dieu ne change rien à l’état d’un peuple avant que celui-ci n’ait accompli sa propre transformation ».

Mais ce ne devait pas être tout. Enterrer ‘’l’indigène’’ n’était pas suffisant pour édifier sur ses ruines l’Algérien nouveau. Il fallait prendre celui-ci et lui inoculer le souffle vivificateur qui avait galvanisé ses pères pour le prémunir contre les vagues pseudos-progressistes qui risquaient de déferler sur l’Algérie sous forme ‘’d’économisme’’, de ‘’gauchisme’’ et d’autres variantes d’on ne sait quel aloi.

Et qui n’avaient de commun que leur désir d’investir et d’infester un nouveau terrain de lutte idéologique tout en sabordant l’islam qui, à leur crû et selon les ‘’hautes découvertes » de la pépinière de feu Massignon, ne permettrait jamais un engagement dans la voie socialiste, mot qu’ils définissaient bien sûr à partir d’un certain système de référence, lequel représentait l’unique, l’exclusive, l’orthodoxe manière d’être ‘’progressiste ‘’.Un holà salutaire devait heureusement être mis à tout ce grenouillage, et petit à petit le brouillard s’estompa.

Et plus le processus devenait engageant, plus une grande clarté faisait jour, et plus l’Algérien devenait confiant en ce qu’il recelait de puissance et de richesse culturelle. Dix années de vie indépendante, d’épreuves, d’expérience et de réflexion sur l’ « authentique » et l’ « efficace » ont marqué sa démarche de plus d’assurance, son tempérament de moins de cosmopolitisme, et son expression de plus de personnalité.

Aujourd’hui, à la veille de cet important événement et au moment où l’élite de la jeunesse a troqué le tablier de laboratoire pour le bleu de travail, il convient d’arrêter sa réflexion sur la véritable signification du cycle de séminaires qui se tiennent depuis quelque temps chez nous et de comprendre leur véritable portée.

Car contrairement à ce que nous a enseigné l’école laïque de l’occupant sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, la compromission de la religion dans l’Histoire et le rôle clérical de l’idée religieuse, le problème de l’évolution socio-économique ne s’énonce pas pour nous en termes de ‘’politique’’ et de ‘’religion’’, de ‘’développement matériel’’ et ‘’d’aliénation dans la métaphysique’’ si nous prenons conscience du contenu social, pragmatique et révolutionnaire de l’islam.

Non pas l’islam emprisonné dans une gangue maraboutique et faussement mystique, mais l’islam qui prêche l’initiative, la critique, le travail, l’égalité. L’islam qui a sanctifié la notion de ‘’adl al-Ijtimai’’.

« El Moudjahid » du 20 juillet 1972

You may also like

Leave a Comment