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TANT QUE TEBBOUNE N’A PAS APPUYÉ SUR LE BOUTON NUCLÉAIRE…

by admin

Il n’y a pas que la violence qui appelle la violence, l’aveuglement conduit aussi sûrement à la ‎violence quand deux parties s’opposent sur un sujet sur lequel aucune ne veut céder ni chercher ‎un compromis. ‎

Dans la crise algérienne ouverte le 22 février 2019 pour établir une fois pour toutes qui de l’armée ‎et du peuple est le souverain, le propriétaire de l’Algérie au sens de la Constitution, la feuille de ‎route tracée d’autorité par le général Gaïd Salah en est à sa phase trois : l’élection d’une Assemblée ‎nationale et peut-être aussi des Assemblées populaires communales et wilayales ‎‎(départementales) dans les prochains mois.‎

Le pouvoir n’en a fait jusqu’ici qu’à sa tête et à sa feuille de route sans se soucier du qu’en dira-t-on ‎populaire et ignorant toute idée de dialogue avec le « Hirak », tandis que ce dernier récuse cette ‎feuille de route dans sa globalité pour vice de fond et de forme.

Il avait récusé la phase de l’élection ‎présidentielle en décembre 2019 et la phase de la révision constitutionnelle en novembre 2020.‎

Le risque de dérapages violents n’existait pas car il s’agissait dans la première phase d’élire un ‎homme facile à protéger des moqueries de la population, et dans la deuxième de voter sur un ‎texte inanimé.

Mais dans la prochaine phase les choses se présentent autrement : il va s’agir d’une ‎élection où des dizaines de milliers de candidats répartis sur l’ensemble des communes et wilayas ‎du pays vont concourir dans des campagnes électorales dans tous les coins et recoins du pays où les ‎gens se connaissent depuis la nuit des temps.‎

Dans cette configuration l’antagonisme ne sera pas entre le pouvoir et le peuple, mais entre le ‎peuple du « Hirak », visiblement majoritaire dans le pays, et le reste du peuple qu’on ne peut ‎quantifier au jugé. ‎

Les partis politiques qui vont présenter des listes (dont ceux qui ont soutenu Bouteflika durant ‎vingt ans), leurs dizaines de milliers de candidats pour couvrir les circonscriptions électorales et les ‎éventuels candidats indépendants vont être regardés par le peuple du « Hirak » comme un ‎ramassis de traitres, de harkis.

Le face-à-face pourrait s’envenimer à tout propos et s’enflammer à ‎tout moment, ouvrant un cycle de violences aux conséquences imprévisibles.

Le processus électoral sera alors être suspendu, l’état de siège ou même l’état d’urgence ‎proclamé, les ingérences étrangères pointeront leurs oreilles et l’Algérie se retrouvera dans les ‎années quatre-vingt-dix avec la différence que cette fois le conflit ne sera pas entre le pouvoir et le ‎FIS (et ses branches armées), mais entre le peuple du « Hirak » et le peuple des ‎‎« élections » d’abord, puis entre le peuple du « Hirak » et le pouvoir sourd et aveugle à ses ‎revendications.‎

Tebboune n’a pas encore signé le décret portant convocation du corps électoral qui équivaudrait à ‎appuyer sur le bouton nucléaire qui plongerait l’Algérie dans le désastre. Il peut encore ‎se donner le temps de bien réfléchir aux conséquences proches et lointaines de son geste qui ‎risque d’atomiser le peuple et de fractionner le territoire. Le territoire parce que la Kabylie qui a ‎réalisé son objectif de zéro-votes dans les deux phases ne s’impliquera pas dans la troisième.‎

Que seraient une Assemblée nationale et des Assemblées communales et wilayales non ‎représentatives de la majorité de la population et de l’ensemble du territoire ? A ce moment-là, ‎c’est le pouvoir qui serait coupable de la désintégration de l’unité du territoire et du peuple.‎

La clameur publique affirme que les généraux Nezzar et Toufik seraient les parrains de cette ‎stratégie de l’entêtement. Ayant été les initiateurs des décisions qui ont conduit à la décennie ‎noire, et ne sachant faire que ce qu’ils ont déjà fait, ils seraient les inspirateurs de cette feuille de ‎route suicidaire qui rappelle en effet les évènements de 1991.

Mais pour les générations actuelles ‎et le tribunal de l’Histoire, ce seront le président de la République Abdelmadjid Tebboune et le ‎général Saïd Chengriha qui en répondront.‎

Revenons brièvement sur les événements de 1991.

En juin 1990 se tient la première élection libre des ‎APC/APW en Algérie. Le FIS la gagne. Des élections législatives sont prévues pour juin 1991. Le ‎pouvoir, avec à sa tête le président Chadli, le chef de gouvernement Mouloud Hamrouche et le ‎patron du FLN Abdelhamid Mehri, décident de changer la loi électorale et en particulier le ‎découpage des circonscriptions électorales pour empêcher que le FIS ne gagne les législatives.‎

Le PRA propose à l’opposition de constituer un front pour rejeter ce changement de la loi sans ‎consultation des partis. Cette première tentative d’unification des rangs de l’opposition pour ‎contrer le pouvoir donne lieu à la naissance des « 7+1 » (MDA de Ben Bella, Hamas de Nahnah, ‎Nahda de Djaballah, RCD de Saadi, PSD de Hamidi Khodja, PNSD de Bencherif, PRA de Boukrouh et ‎MAJD de Kasdi Merbah). ‎

Chadli, Hamrouche et Mehri imposent la loi et la promulguent.

L’idée d’une grève nationale apparaît au ‎sein des «7+1 » et est reprise par le FIS qui occupe en mai 1991 les places publiques. Le 5 juin 1991 ‎l’état de siège est proclamé, les élections législatives suspendues et Hamrouche limogé et ‎remplacé par Ghozali. Celui-ci ouvre un dialogue national et le découpage des circonscriptions voulu ‎par Hamrouche et Mehri annulé.

Les élections législatives que le FLN pensait quand même gagner ‎sont fixées au 26 décembre 1991. Le FIS remporte la majorité au premier tour. L’armée suspend les ‎élections, démet Chadli, institue le HCE et le FIS, quant à lui, recourt à la violence.

Ceci est un rappel ‎de l’histoire, pas un point de vue ou un témoignage personnel.‎

Si Tebboune et le général Chengriha ne voient pas le rapport entre les événements de juin 1991 et ‎ceux qui vont résulter de leurs décisions à partir de juin 2021, je crois l’avoir montré.

L’histoire ne se répète que parce que les hommes commettent les mêmes erreurs, oublient ou ‎mentent. ‎

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