Home ARTICLESLes questions internationales2020-2024 IIe ANNIVERSAIRE DU HIRAK : FUNÉRAILLES OU RÉSURRECTION ? ‎

IIe ANNIVERSAIRE DU HIRAK : FUNÉRAILLES OU RÉSURRECTION ? ‎

by admin

Etrangement le FLN, apprend-on, se prépare à commémorer le deuxième anniversaire du Hirak à la ‎surprise de ceux qui l’ont déclenché et qui n’en reviennent pas devant tant d’indécence.

Dans le ‎même temps qu’il traficote on ne sait quels préparatifs, d’authentiques hirakistes sont arrêtés les ‎uns après les autres.‎

Si elle réussit, l’opération lui vaudra, à lui et sûrement à d’autres « baraghits » logés à d’autres ‎enseignes insignifiantes ou sortis du néant, la reconnaissance du nouveau pouvoir – faute d’une ‎nouvelle Algérie – et une chance de recyclage à l’heure où il est question de la dissolution du ‎parlement de la « Chkara » pour le remplacer par le parlement de la « subvention ».‎

Tebboune n’a-t-il pas annoncé qu’il financerait avec les fonds publics les « jeunes » qui se ‎présenteront et qui, en échange, lui donneront la majorité présidentielle à laquelle il aspire même ‎si ce n’est qu’avec quelques « pour cent » ?

Manière de faire payer le peuple qui n’aura pas voté ‎pour lui, sa constitution et son parlement.

Avec Tebboune, le « système » semble être passé du ‎régime électoral majoritaire au régime du demi-tarif, du plus petit dominateur commun. Il solde, il ‎brade, il liquide avant fermeture définitive.‎

Un nouvel holdup historique se prépare : le vol de la révolution citoyenne de 2019 après celui de la ‎Révolution du 1er novembre 1954 au lendemain de l’indépendance.

Ce sont les funérailles du Hirak ‎que les commanditaires du FLN veulent célébrer en grande pompe, une pompe funèbre, pas son ‎ré enclenchement.‎

Les idéaux de la proclamation du 1er novembre, les initiateurs du 1er novembre 1954, les véritables ‎moudjahidin de l’intérieur, le GPRA, l’histoire réelle de la lutte de libération, tout cela a été ‎empaqueté et enterré sous le label de la « thawra-l-moubaraka » (Révolution bénie de Dieu) dont ‎Boumediene interdisait de son vivant qu’on cite les noms des acteurs en dehors des martyrs.‎

On institutionnalisa sa commémoration chaque 1er novembre, comme on envisage de faire ‎aujourd’hui avec le « Hirak-l-moubarak » ainsi baptisé par Tebboune car le peuple, lui, ne l’appelle ‎pas ainsi.

En sanctifiant le Hirak par l’ajout du qualificatif « moubarak » qui signifie « béni de Dieu », ‎Tebboune n’entendait pas l’aider à détruire les restes du « système », mais l’arracher des mains ‎des hommes et des femmes qui l’ont déclenché pour le confier non pas à l’Histoire, mais à l’Oubli.‎

Car pour le nouveau système, pour la moitié restante de la « issaba », le Hirak a rempli ses objectifs. ‎Ils en parlent avec un respect feint comme de quelque chose de passé, quelque chose du passé, ‎une cause méritoire qu’il convient d’honorer avec des mots et des fleurs, sans plus.

Alors qu’ils ‎devraient au moins lui être reconnaissants d’avoir chassé leurs maîtres d’hier et permis leur arrivée ‎au pouvoir même si ce n’est que pour achever ce qui reste de l’Algérie.

L’histoire semble se répéter dans un court intervalle de temps, une histoire sanglante, criminelle, ‎mensongère, mais cette fois le vieux « système » se trompe. Le peuple ne se laissera pas leurrer ‎pour la deuxième fois en une vie d’homme. Il ne les laissera pas faire de ce qui reste de l’Algérie ‎une sous-Algérie.‎

Tebboune a consommé en moins d’une année les erreurs commises par Bouteflika en deux ‎décennies.

Elu avec peu de bulletins « hallal » selon la formule chaawadiste (charlatanesque) d’un ‎de ses proches, il se croit suffisamment béni de Dieu pour foncer dans le tas avec quelques ‎promesses socio-économiques intenables, un équipage où on rivalise d’incompétence et ‎d’incohérence, une constitution rejetée par le peuple et le parlement administratif qu’il se prépare ‎incompréhensiblement à imposer. ‎

Sur le plan personnel il a commencé là où avait fini Bouteflika : en passant plus de trois mois sur ‎quatorze à l’étranger, quand ce dernier en a passé la même chose mais en dix-neuf ans.

Et s’il ‎pense en avoir fini avec le Hirak il commet une grave erreur car celui-ci n’est pas mort, il a juste été ‎suspendu par le corona virus. A l’approche de son deuxième anniversaire, il travaille à sa ‎résurrection, il œuvre à sa renaissance.

Le peuple qui a été abusé pendant près de soixante ans s’est réveillé, s’est renouvelé avec l’arrivée ‎de nouvelles générations qui ont réussi jusqu’ici à échapper au piège des « açabiyate » contre ‎lesquelles je mettais en garde en 1989 déjà.

Il s’interroge, doute parfois, mais n’entend pas lâcher ‎prise car il en va de sa vie et de son avenir. Il cherche des idées, des formes d’actions et ‎d’organisation qui finiront par jaillir de son sein, de ses rangs. ‎

Il peut aussi compter sur l’effet papillon que peut à tout moment provoquer une étincelle, un ‎incident, une bavure, une imbécillité commise par le « système » qui changera le cours de l’histoire ‎comme on l’a vu en Tunisie avec le marchand ambulant Mohamed Bouazizi dont le suicide par ‎immolation a fait tomber Benali, Kaddafi, Moubarak, Abdallah Salah….

Chez nous, ce pouvait être, ça peut être encore ‎l’histoire de Walid Nekkiche ou, demain, celle de quelqu’un ou quelqu’une d’autre.

Faites bien attention où vous ‎mettez vos pas incertains, Si Tebboune !‎

15 Février 2021

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