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‏LA VIE DE MALEK BENNABI (26)‎

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En décembre 1957 se tient au Caire la deuxième Conférence afro-asiatique. Bennabi pense ‎en toute logique que les responsables du FLN au Caire vont l’y déléguer compte tenu de ses ‎compétences en la matière, mais il ne tarde pas à déchanter. ‎
Le 12 janvier, il leur écrit une lettre vengeresse pour leur apprendre qu’il a participé malgré ‎eux aux travaux de la Conférence non pas en qualité d’Algérien, ce qu’il déplore, mais en ‎tant qu’invité personnel du président de la session, Anouar Sadate : « Ainsi donc, Messieurs ‎les délégués du FLN à l’extérieur, il vous a plu que l’auteur de « L’Afro-Asiatisme » ne ‎représente l’Algérie à aucun débat. Vous n’avez même pas songé à prendre son avis ‎professionnel sur la rédaction de l’exposé que vous avez lu à l’Assemblée générale sur la ‎situation en Algérie… Vous avez fait tout ce qu’il était en votre pouvoir de faire pour tenir ‎l’auteur de « L’Afro-Asiatisme » éloigné de la tribune des peuples afro-asiatiques… Je vous ‎prie de ne plus me verser désormais la subvention mensuelle que jusqu’ici vous avez bien ‎voulu m’assurer : je ne veux pas qu’elle devienne à vos yeux la preuve de ma complicité ou ‎de ma complaisance dans une situation qui me paraît anormale. » ‎
Quelques jours après Anouar Sadate lui envoie la copie d’un article destiné au magazine ‎soviétique « International Affairs » où il évalue les résultats de la conférence. Bennabi y est ‎copieusement cité, ce qui atteste combien Sadate souscrivait à ses thèses. Mais le régime de ‎Nasser va s’appliquer à mettre sous l’éteignoir « L’Afro-Asiatisme » et à tenir son auteur loin ‎de toute activité ou manifestation en rapport avec cette thématique. La direction du FLN ‎fera de même. ‎
Le quotidien « Al Ahram » du 8 février 1958 publie une dépêche annonçant la nomination de ‎Bennabi comme Conseiller au Secrétariat du Congrès islamique. En fait, cette fonction ‎rémunérée 47 livres par mois est purement honorifique. Présidée par Anouar Sadate, cette ‎institution regroupe les « alems » les plus en vue et des figures politiques égyptiennes de ‎premier plan : « Des moyens sans but et des hommes sans mission » note Bennabi dans ses ‎Carnets. ‎
Attentif aux évènements mondiaux il est sûr, et l’écrit dans une note du 2 mars, que ‎‎« l’évolution se fera dans un sens tel qu’il n’y aura plus sur l’axe Washington-Moscou de ‎communisme et de capitalisme, et sur l’axe Tanger-Djakarta de colonialisme et de ‎colonisabilité ». Le 15 avril, il rédige une lettre ouverte aux chefs des deux superpuissances, ‎Eisenhower et Khrouchtchev. Nasser devant effectuer un voyage officiel à Moscou, Bennabi ‎lui adresse le 15 mai une lettre dans laquelle il lui demande d’intervenir auprès du Kremlin ‎en vue d’un soutien à la Révolution algérienne.‎
Psychologiquement, il n’est pas à son aise. Il note dans ses Carnets : « J’étouffe en Egypte ‎comme en Algérie en 1951… Quand le Prophète s’était réfugié à Médine, il a trouvé aide et ‎assistance afin de préserver son combat pour une idée. Je me suis réfugié en pays ‎musulman, je me trouve désarmé et mis dans l’impossibilité de poursuivre le combat… ‎Depuis que je suis en Egypte, je n’ai pas senti une seule fois le sol ferme sous mes pieds. A ‎chaque pas, j’ai l’impression qu’il va céder. » Le 20, Sadate lui commande une étude ‎comparative sur l’islam, le bouddhisme et le christianisme.‎
Le sentiment de son impuissance accroît son impatience et le rend irascible. ‎Intellectuellement il a l’impression d’être doublement banni, condamné à vivre dans un no ‎man’s land entre l’Orient et l’Occident, sans possibilité de se fondre dans l’un ou l’autre. Il ‎note dans ses Carnets en date du 28 juin : « Je me vois à la frontière de deux mondes et à la ‎frontière de deux civilisations ». Le 12 mai, la revue « Présence africaine », installée à Paris, ‎lui demande l’autorisation de publier des extraits de l’ « Afro-Asiatisme », et de préparer un ‎message au Congrès des écrivains noirs qui doit se tenir en septembre à Rome. ‎

‎ Le 12 juillet « Rose el-Youssef » publie une interview de lui. Dans une nouvelle lettre à ‎‎« Messieurs du FLN et de l’ALN au Maroc » datée du 18 juillet, il écrit : « Je tiens à dissiper ‎une idée qui pourrait fausser votre jugement : je ne suis candidat à aucune charge officielle ‎dans le futur Etat algérien ». Il n’est pas tranquille pour le sort de ses livres et note le 04 ‎août : « Depuis que « Le phénomène coranique » est sous presse, je ne cesse de me ‎demander quelle tuile va me tomber sur la tête à sa parution. Quand « Vocation de l’islam » ‎a paru, l’Association des oulamas m’avait supprimé la subvention mensuelle de 10.000 ‎francs. Quand « SOS Algérie » est paru, le FLN m’a supprimé la subvention de 25 livres ‎égyptiennes que je recevais comme réfugié politique. » ‎

Au congrès des écrivains afro-asiatiques qui s’ouvre à Tachkent (URSS) le 1er octobre, la ‎direction de la Révolution algérienne n’a pas jugé utile d’inclure Bennabi dans la délégation ‎formée de membres dont aucun n’est écrivain. Il en est écœuré. Lorsque se tiendra en ‎février 1959 au Caire le Congrès des jeunesses afro-asiatiques en présence de Nasser, il ne ‎figurera pas plus parmi les invités. Il lit « Les rebelles algériens » de Serge Bromberger et y ‎trouve confirmation de certaines de ses vues sur la Révolution. ‎

Il emménage dans un petit appartement dans le quartier de Méadi où il va habiter pour la ‎première fois seul. Le monde musulman est secoué par une série de révolutions et de coups ‎d’Etats : Pakistan, Soudan, Irak…. Il écrit dans une note du 13 décembre 1958 : « Le monde ‎musulman passe par une phase révolutionnaire, mais sans avoir créé une doctrine ‎révolutionnaire comme le monde communiste. En principe, le révolutionnaire musulman ne ‎définit pas ses moyens, ni le chemin à suivre, ni même assez clairement son but, s’attachant ‎plutôt à un idéal. Et le chef révolutionnaire ne cherche pas à donner pour moteur à la ‎révolution les convictions du militant, mais les promesses qu’on lui fait : le mécanisme ‎politique est dans son essence celui du mensonge et de la duperie. Or, une politique qui veut ‎créer un potentiel révolutionnaire doit être à la fois une psychologie pour tenir compte des ‎convictions de l’individu, et une sociologie pour tenir compte des conditions du milieu. » ‎

Russes et Américains rivalisent en lançant dans l’espace satellites et fusées. Bennabi réserve ‎une note à chaque exploit et à chaque lancement. Tandis que stratèges et observateurs ‎tirent les conséquences politiques et militaires de ces performances, lui en tire une leçon ‎morale, notant le 05 janvier 1959 : « J’étais de ceux qui, lorsque l’horizon terrestre leur ‎semble trop surchargé d’injustice, de douleur, espèrent qu’un jour un engin céleste ‎traversera cet horizon pour apporter aux opprimés le message d’une humanité meilleure et ‎plus développée que la nôtre pour lui imposer sa loi de justice. Ce rêve s’est écroulé : c’est ‎notre humanité mauvaise qui portera aux autres planètes son message…Quel message ! » ‎

Si Bennabi n’a pas assisté à la Conférence de Bandoeng, il a assisté à celle du Caire où lui est ‎apparue « l’inanité de tout effort d’unification économique au sein d’une association ‎hétérogène ». C’est la première brèche dans son rêve afro-asiatique, et c’est alors qu’il ‎reprend son « Schéma d’une étude du monde musulman en vue de son organisation sous ‎forme de commonwealth ». Cette étude d’une cinquantaine de pages, rédigée entre le 07 et ‎le 18 octobre 1958, est conçue comme une introduction à un travail qu’il souhaite voir pris ‎en charge par un centre de recherche. ‎
Dans la lettre d’accompagnement adressée à Sadate, Bennabi disait en juillet 1956 : « Je ‎crois, si cette étude était entreprise systématiquement et si sa publication était poursuivie ‎au fur et à mesure, qu’elle constituerait le meilleur guide pour la génération actuelle et le ‎meilleur antidote contre le trouble qui envahit sa conscience en ce moment. Je pense qu’en ‎définissant la fonction d’un Commonwealth musulman, le Congrès islamique aura donné à la ‎génération musulmane actuelle le sens de sa mission historique et qu’il aura, par la même, ‎évité les catastrophes qui se préparent dans sa conscience. Je dois ajouter, pour dire toute ‎ma pensée, que je crains que dans dix ans, il ne sera trop tard.» (c’est lui qui souligne). ‎
L’étude contient la trame qui sera développée dans « Le problème de la culture » et « Le ‎problème des idées dans la société musulmane ». Bennabi y donne une esquisse de ce ‎commonwealth qui pourrait être une fédération des « mondes musulmans » (le monde ‎musulman arabe, le monde musulman iranien, le monde musulman malaisien, le monde ‎musulman sino-mongole et le monde musulman noir). Ceux-ci devraient rechercher le ‎centre commun d’intérêt vers lequel ils convergeraient, plutôt que d’imaginer une peu ‎probable dynamique d’intégration ayant son point de départ dans quelque pays ou ‎‎« monde ». L’organe fédérateur serait une sorte de « Congrès islamique ». ‎
Mais Bennabi se contente d’indiquer des pistes plutôt que de s’engager dans des ‎propositions qu’il laisse à la discrétion des Etats. Le livre s’achève sur cet avertissement ‎‎(nous sommes en 1958 !) : « Il faut qu’une révolution sociale s’accomplisse du dedans, sinon ‎elle viendra de l’extérieur. Il y a donc danger pour les vingt années à venir. » et sur cette ‎question-dilemme : « Le monde musulman peut-il accomplir sa révolution selon un ‎processus déterminé réglé par un plan préétabli qui tienne compte des éléments ‎psychologiques et des facteurs sociaux propres à la société musulmane actuelle ? Ou bien, ‎faute d’une orientation judicieuse, selon un plan préétabli, se verra-t-il conduit par les ‎nécessités de son adaptation à une évolution mondiale qui ne cesse de s’accélérer chaque ‎jour davantage à une révolution dont il n’aura pas le contrôle ? »‎
Le 14 janvier 1959, Messali Hadj retrouve sa liberté. Bennabi commente en ces termes la ‎nouvelle : « Moment tragique pour le vieux « zaïm » qui voit les « zaïmillons » dont lui-‎même est en partie l’auteur, le chasser du trône qu’il avait cru sien à jamais. » Ben Khedda ‎qui a vécu depuis 1955 toutes les étapes de la Révolution dans les sphères dirigeantes ‎donnera raison à Bennabi, mais trop tard, quand il écrira : « C’est l’ego, le « moi », source ‎d’orgueil et d’autoritarisme qui l’a emporté, cette maladie de nos « zouamas » qui les rend ‎sourds à toute contestation et les fait glisser insensiblement au « pharaonisme ». Lorsqu’à ‎cela s’ajoutent la médiocrité et l’incompétence, il faut s’attendre au pire (1). ‎
Mais avant d’écrire ces lignes (trente ans après) Benkhedda qui a dirigé le GPRA n’a pas eu ‎le moindre égard pour Bennabi qu’il a systématiquement ignoré au Caire et éloigné des ‎affaires de la Révolution (2). Ce problème du « moi » est assurément l’un des symptômes de ‎la crise du monde musulman. ‎

Aux réunions du Congrès islamique, Bennabi a souvent l’occasion de relever les ravages ‎provoqués par le « télescopage des moi». Il écrit dans une note du 1er avril 1959 : « Le ‎monde musulman est la proie d’un débordement inusité du « moi » et à chaque pas il y a ‎une catastrophe. Quand les « moi » se rencontrent, dans nos réunions, leurs chocs ‎pulvérisent les problèmes : il n’y a plus de problèmes, on ne s’occupe que des considérations ‎d’amour-propre ou d’intérêts personnels. C’est cela le monde musulman de 1959 : monde ‎malade incapable d’action car toute action suppose une idée directrice et un moyen ‎d’exécution. Mais l’idée et le moyen ont un rapport mutuel avec l’équation personnelle, ‎c’est-à-dire avec le moi. »‎

Le Dr. Debaghine, Brahim Mazhoudi, Amara Bouglez, et beaucoup d’autres figures de la ‎Révolution algérienne lui rendent souvent visite. Ils se plaignent de leurs collègues du GPRA ‎qu’ils accusent de créer chacun pour leur compte une zone d’influence à l’intérieur du pays, ‎plutôt que de s’employer à lutter contre le colonialisme. Beaucoup d’autres Algériens ‎passent le voir aussi parmi lesquels les « moudjahidine » Al-Ouardi et Bouguessa…‎

Chaque vendredi, il rend visite à Mme Maadi, une intellectuelle chez qui il apprend un jour ‎la création d’un centre d’études afro-asiatiques à Tel-Aviv qui lui inspire la note suivante : ‎‎« Ben Gourion, lui, sait que les forces des deux continents que Bandoeng a rassemblées ne ‎peuvent former une force unique par de simples discours politiques ou par des édifices ‎installés au Caire ou ailleurs, mais par une idéologie afro-asiatique qui, jusqu’à l’heure ‎présente, ne trouve son expression que dans mon livre… Je crois qu’il faut l’admirer : c’est ‎un homme. » ‎

En lisant certaines notes particulièrement pessimistes de Bennabi, on croirait qu’elles sont ‎les toutes dernières d’une âme à l’agonie. Ce qu’on a lu dans « Pourritures », ce qu’on lit ‎maintenant dans les Carnets, ne semble avoir aucun lien avec l’auteur de l’œuvre qui ‎n’apparaît, lui, que sous les traits d’un homme d’une immense sérénité, d’une objectivité ‎indiscutable et d’une retenue inébranlable. ‎

C’est cela l’incroyable, l’inexplicable dans ce roman psychologique. Nul n’aurait supposé les ‎chocs psychologiques nombreux qu’il a reçus tout au long de sa vie si lui-même ne les avait ‎confessés. Très souvent il arrive que juste après avoir lu une sombre pensée, on tombe ‎abruptement sur des lignes toutes de vitalité et de résolution comme celle-ci, datée du 10 ‎mai 1959 et intitulée « L’aspect et le fond » : ‎

‎« Tout à l’heure en me rhabillant, j’ai, un moment, voulu laisser le cintre sur lequel je venais ‎de retirer mes habits sur le lit, sous prétexte que j’allais me déshabiller dans un quart ‎d’heure ou une demi-heure. C’était évidemment une économie de fatigue inutile ‎apparemment, et au fond de la paresse. Mais je me suis ressaisi comme devant une grave ‎faute que j’allais commettre. J’ai senti que laisser le cintre sur le lit, sous prétexte que ce ‎n’est rien, m’aurait entraîné à laisser mes sandales devant le lit sous prétexte que ce n’est ‎rien non plus. Mais la situation qui s’est présentée à mon esprit, comme la somme totale de ‎ces riens, c’était précisément la condition de l’être non-civilisé et l’état de non-civilisation. ‎J’ai compris que si je cédais sur un rien à chaque coup, je finirais par transformer tout ‎l’aspect de ma vie et finalement toute ma manière de vivre. Je comprends combien le ‎danger du « rien » qu’on néglige est grave pour le progrès de l’âme et de la société, ‎précisément parce qu’il paraît négligeable» (c’est nous qui soulignons). ‎
Comme on peut lire quelques lignes plus loin : « J’ai noté une réflexion sur la pomme de ‎Newton», ou dans telle note du 30 mai la matière d’un futur article, « Le musulman et le ‎problème de l’homme », donnée d’une seule traite (3).‎

Cette note du 10 mai 1959 devrait figurer dans les manuels d’enseignement des pays sous-‎développés en général et musulmans en particulier. Aussi anodin qu’il puisse paraître, ce ‎petit texte résume toutes les causes de leur non-développement avant la colonisation et ‎après leur libération pour ceux qui peuvent se cacher derrière le prétexte de l’occupation ‎étrangère. ‎

C’est l’attitude devant ce qui a l’air d’être un « rien » qui fait souvent la différence entre ‎l’homme civilisé et l’homme sous-développé. Tout est effectivement dans la psychologie de ‎l’homme. N’est-ce pas là tout le sens de la pensée bennabienne ? Ce texte est la meilleure ‎leçon pratique de civilisation que Bennabi pouvait donner. Là, il n’en parle plus dans le ‎langage abstrait de la chimie ou de l’algèbre (civilisation = homme + sol + temps, catalysés ‎par une idée, ou C= I (H+S+T), mais dans le langage le plus intelligible. ‎

Pour l’homme de civilisation, élevé dans l’idée qu’il ne faut même pas sous-estimer un ‎‎« grain de sable », le moindre détail compte dans la vie, surtout la vie sociale qui ne peut ‎s’accommoder sans danger d’aucun dysfonctionnement, d’aucune dérogation à la loi, aux ‎usages ou au bon goût. Un « rien » par-ci, un « ce n’est rien » par-là, et l’ordre social est ‎liquidé. ‎

Là où l’homme pré-civilisé ne voit qu’un « rien », l’homme civilisé voit « tout ». N’importe ‎quel manquement à la loi est sévèrement puni chez ce dernier, alors que chez le premier ‎des catastrophes peuvent survenir sans que quiconque ne soit blâmé car elles ont été ‎rendues possibles par une cascade de « riens » dans laquelle chacun a sa part. C’est dans ces ‎petits « riens » que se concentrent les négligences, les insuffisances, les incompétences, les ‎défaillances qui distinguent la culture de l’inculture, le développement du sous-‎développement. ‎

Si ce sont des « riens » qui sont derrière l’anarchie et l’inefficacité dans les pays arriérés, il y ‎a par contre de « petits détails » qui sont parfois à l’origine de grandes inspirations ou ‎d’extraordinaires découvertes dans les pays civilisés. ‎

Dans l’introduction de 1972 au « Problème de la culture », Bennabi écrit en décrivant la ‎culture comme un « phénomène d’ambiance » : « Chaque détail s’inscrit, avec son signe ‎positif ou négatif, au bilan d’une culture. Car dans l’ambiance – dans laquelle évoluent le ‎berger et le savant – chaque détail, banal ou curieux, interpelle l’enfant et établit avec lui, ‎dès sa naissance, un dialogue qui se poursuivra jusqu’à la vieillesse, inscrivant chacun de ses ‎termes dans sa subjectivité, dans sa personnalité, l’enrichissant ou l’appauvrissant selon son ‎signe. Les inspirations créatrices qui marquent les grands moments du génie humain sont ‎liées à des détails en apparence insignifiants : une baignoire pour Archimède, une pomme ‎pour Newton, une bouillotte pour Denis Papin et un jet d’eau pour Liszt ». ‎

‎« Le Problème de la culture » ‎

Ce livre est porté à l’imprimerie en mars 1959, mais la censure officielle mettra deux mois à ‎autoriser sa publication. Il se compose d’une introduction, d’une première partie ‎‎(« Psychanalyse de la culture »), d’une deuxième partie (« Psychosynthèse de la culture »), ‎d’une troisième partie (« Coexistence des cultures ») et d’une quatrième partie (« Culture et ‎mondialisme »). A l’occasion de sa réédition à Damas en 1972, Bennabi lui annexe une ‎nouvelle partie intitulée « L’anti-culture » (qui est la reprise du « Post-scriptum » qu’il a ‎rédigé en 1969 en complément au « Message au congrès des écrivains africains » de mars ‎‎1959). La version française comporte en outre un Appendice où Bennabi a réuni quelques ‎articles des années 1960 (« Politique et culture », « Langue et culture », l’« Appel de ‎Constantine », le Message et son post-scriptum, ainsi que des « Réflexions isolées sur la ‎culture »). A la parution du livre en juin 1959, l’administration des « wakf » qui versait à ‎Bennabi une pension de 20 livres par mois la suspend brusquement.‎
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NOTES :‎

‎1 Op.cité.‎
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‎2 Nous nous sommes abstenu tout au long de ce travail de rapporter les jugements les plus sévères de Bennabi ‎sur les personnalités nationales ou étrangères à qui il a eu affaire dans sa vie

‎3 Il sera publié dans « Que sais-je de I ’islam » n° 5, novembre 1971.‎

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