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LA VIE DE MALEK BENNABI (14)‎

by admin

En France, l’inéluctabilité de la guerre fait partie maintenant du domaine des certitudes. ‎Une grande manifestation est organisée en septembre 1938 à Marseille contre la montée du ‎fascisme et la persécution des Juifs par le nazisme. Bennabi y est invité. Il rencontre Bernard ‎Lecache, président de la LICA et dirigeant trotskiste. ‎

Un meeting est improvisé dans une salle archi-comble où se mêlent Français, Juifs et ‎Algériens. Bennabi propose que dans la motion finale figure une référence à la situation des ‎Algériens opprimés par le colonialisme. La motion est lue, mais sans aucune allusion aux ‎Algériens. Il monte alors d’autorité à la tribune et prononce un discours enflammé qui est ‎chaleureusement applaudi par la salle. ‎

Il demande que la France reconnaisse les droits des peuples nord-africains afin qu’ils se ‎tiennent à ses côtés, et non qu’ils soient traités comme des mercenaires et de la chair à ‎canon ainsi que cela s’est fait durant la première guerre mondiale. Le lendemain, il tient un ‎autre meeting au siège du cercle de la rue des Chapeliers. Des centaines d’Algériens ‎viennent l’écouter. Il leur dit, en prévision du déclenchement de la deuxième guerre ‎mondiale : « Ils vont vous demander votre sang, demandez-leur d’abord vos droits ‎politiques ». ‎

Quelques jours après, il est convoqué au siège de l’Académie des Bouches-du-Rhône où ‎l’inspecteur lui notifie la fermeture du Centre, ajoutant à une question de Bennabi sur les ‎motifs de la décision : « Monsieur, depuis que les Nord-Africains s’instruisent et surtout ‎depuis qu’il y a ces affaires de Palestine, il n’y a plus moyen de les gouverner. Vous ‎comprenez, ça ne vient pas d’ici mais d’en haut » (1). ‎

Bennabi comprend que « l’Araignée » vient de le rattraper. Il rentre en Algérie. Il pense que ‎la guerre imminente va nécessairement modifier les équilibres géopolitiques mondiaux et ‎entraîner la libération de l’Algérie. Cette année-là, Mohamed Iqbal et Ataturk décèdent, ‎tandis que Morinaud, le député-maire de Constantine, est battu aux élections municipales ‎après trente ans de règne. ‎

Les jeunes de Tébessa se retrouvent chaque soir au café de Baki pour suivre une émission de ‎Radio-Berlin animée par un Algérien, Younes Bahri, qui appelle les peuples musulmans à se ‎mobiliser contre les empires coloniaux français et britannique. La ville est en effervescence. ‎
Bennabi donne fréquemment des conférences au cercle culturel et, par intermittence, des ‎cours à la medersa que dirige Larbi Tébessi. Sa femme dispense gratuitement aux filles de la ‎ville des cours d’art ménager. L’ « Islahisme », les « Elus », le PPA, la « Voix de Berlin », ‎déversent leurs discours sur la ville. ‎

Le Dr. Bendjelloul doit venir à Tébessa. Bennabi veut confondre publiquement « l’idole » en ‎le dénonçant comme responsable de l’échec du Congrès Musulman Algérien. Il s’agit cette ‎fois du deuxième Congrès qui s’est tenu au siège de l’ Association des Oulamas à Alger en ‎juillet 1937 pour riposter au gel du projet Blum-Viollette par les trois cent maires européens ‎de l’Algérie. Bendjelloul n’y assiste pas. Le Congrès décide d’une nouvelle démission ‎collective de l’ensemble des élus algériens en août 1937. C’est alors que Ferhat Abbas rompt ‎avec Bendjelloul et avec la doctrine de l’assimilation. Il récupère le journal « L’Entente » ‎qu’il transfère à Sétif et initie un parti politique, l’ «Union populaire algérienne » (UPA) qui ‎va défendre un projet de fédération entre l’Algérie et la France. ‎

Le mouvement national est profondément divisé, le Congrès a disparu, les rivalités ‎personnelles l’emportent sur les intérêts de la cause nationale, la guerre pointe à l’horizon, ‎les semaines et les mois passent. Un jour, Larbi Tébessi remet à Bennabi un livre en arabe ‎ayant pour titre « Es-Siraâ » (Le Conflit) écrit par un Séoudien et traitant du rôle des Juifs ‎dans la direction du monde, et lui propose d’en traduire certaines parties, de les compléter ‎par des commentaires et de le publier sous leurs deux noms. Bennabi fait le travail en ‎quelques jours et le soumet au cheikh. A sa lecture, celui-ci se rétracte. Il n’est plus question ‎de le publier. L’opuscule s’intitulera finalement « Le PAS algérien » (2). ‎

Devant la rétractation du cheikh, Bennabi le propose sous son seul nom au comité directeur ‎du journal du PPA « Le Parlement » qui a remplacé « l’Oumma ». La direction refuse son ‎édition. Quelques jours après, il rédige un article intitulé « Ni pour le fascisme, ni pour le ‎satanisme » et le propose au journal du PPA. Il le traduit en arabe et l’envoie à un journal ‎tunisien. Refus dans les deux cas. Il fulmine contre les « zaïms et les zaïmillons, les alems et ‎les alimillons, les traîtres et les traitrillons » qui s’apprêtent à soutenir la France. ‎

A la veille du déclenchement des hostilités, les puissances coloniales craignent un ‎retournement de l’opinion publique arabe et musulmane contre elles et, de là, un soutien ‎moral à la politique allemande qui les affaiblirait. Il est vrai que les Arabes et les ‎Musulmans, compte tenu de leur situation sous l’occupation et de ce qui se trame en ‎Palestine, avaient toutes les raisons d’être remontés contre les intérêts français et ‎britanniques. Les élites et les formations politiques dans ces pays se sont retrouvées devant ‎un dilemme, et quelques figures de proue ont même été tentées de basculer du côté de ‎l’Allemagne. ‎

Le premier septembre 1939, la guerre éclate. En Algérie, le PPA et le PCA sont interdits, ‎Messali est incarcéré de nouveau, Ben Badis est placé en résidence surveillée, Bendjelloul et ‎Ferhat Abbas s’enrôlent dans l’armée française, le père de Bennabi reçoit un télégramme lui ‎faisant miroiter sa réintégration, tandis que lui-même est destinataire d’une brochure ‎antinazie envoyée par poste : « Je compris parfaitement le marché qu’on me proposait ‎tacitement. Mais je ne crus pas devoir imiter Bendjelloul et Ferhat Abbas, et mon père ne ‎sera pas en effet réintégré ». ‎

Le 22 septembre il embarque à Annaba avec sa femme et Khaldi pour Marseille. Au moment ‎où le bateau quitte le port et où il voit s’éloigner la ville il a ces mots : « O terre qui nourrit ‎l’étranger et laisse tes enfants affamés, je ne te reverrais que libérée.» En fait, la séparation ‎ne durera que sept ans. Mais, sur le coup, il en a très gros sur le cœur : «En quittant la terre ‎algérienne, j’emportais la plus grande dose de dégoût qu’un cœur humain puisse porter ». ‎

Jusqu’ici, on peut noter que Bennabi ne signale aucune intention d’écrire et qu’aucun livre, à ‎l’exception de la plaquette signalée (Le PAS algérien) n’est en chantier. Il se débat dans les ‎difficultés de la condition faite à tout « Indigène », mais en particulier au cerveau brillant ‎qui s’évertue avec ses faibles moyens à indiquer à son peuple la voie du devoir et de la ‎renaissance. Ses idées, cela est maintenant évident, sont bien en place. Elles s’ordonnent en ‎lui et sont prêtes à éclore. Sa rationalité de croyant se prépare à proposer une « théorie sur ‎le Coran », tandis que sa ferveur religieuse va apparaître dans « Lebbeik » (3).‎

A Aflou, il a découvert et aimé « l’homo-natura ». Au Quartier latin, et au contact ‎des « intellectomanes », il a découvert et haï « le minus habens ». Les portraits ‎époustouflants qu’il en a donné montrent que ses jugements et ses idées sont issus non pas ‎d’une spéculation, mais d’un vécu. Il se prépare à un duel à armes inégales avec le ‎colonialisme et la colonisabilité, avec la « boulitique » et le populisme. En dépit de la ‎disproportion des forces et des coups bas, il ne se résignera jamais. Dans ce combat, il sera ‎presque seul. Plus tard, il citera dans un article une pensée de l’écrivain français Georges ‎Duhamel dans laquelle il pense se retrouver : « Pour bien remplir sa mission, l’écrivain doit ‎demeurer seul et libre ».‎

Parlant de lui-même, il ajoute : «Un intellectuel a mieux à faire pour être efficace dans la ‎vie sociale de son pays, que d’appartenir à un cadre déterminé où l’on se trouve engagé ‎parfois dans la voie du partisme, si on veut bien me passer ce mot »‎ ‎ (4). ‎

Ce terme que rendra célèbre le général de Gaulle serait donc un autre néologisme de ‎Bennabi qui écrit dans ses Mémoires inédits à propos des divisions qui déchiraient le ‎mouvement national après la deuxième guerre mondiale : « En Algérie régnait une ‎atmosphère de pro-américanisme que le PPA entretenait. L’UDMA était encore pour la ‎formule de l’Union française. Mais je comprenais que des deux côtés on agissait, non pas en ‎fonction d’un intérêt supérieur, mais d’un calcul pour la prise du pouvoir. A ce moment-là, ‎l’atmosphère était telle que les PPA qui se nommaient peut-être déjà MTLD, n’auraient pas ‎voulu de la liberté si elle était due à l’UDMA. Je ne sais pas dans quelle mesure la ‎réciproque était vraie. Je commençai à voir clair dans cet état d’esprit qui était propre à ‎tous les mouvements nord-africains… Mais ce sera plus tard que je trouverai à ce ‎‎« patriotisme »-là un nom adéquat : le partisme. » (Ces lignes sont de 1952). ‎

Il emploie ce terme sans guillemets, dans « Autre aspect de la crise égyptienne » (5). Et ‎quand paraîtra « Vocation de l’Islam » quelques mois plus tard, le mot est affecté d’un ‎nouveau sens : il devient synonyme de « nationalisme ». Parlant de la « fraternité islamique ‎comme base nécessaire de toute politique dans les pays musulmans », Bennabi regrette que ‎ce principe soit « continuellement combattu par les divers nationalismes qui ne sont en fait ‎que des « partismes ». ‎

REMARQUE IMPORTANTE : à partir de maintenant, nous allons nous appuyer exclusivement ‎sur la partie non publiée de l’autobiographie de Malek Bennabi qui porte le titre de ‎‎«Pourritures» et que nous avons désignée tout au long de notre récit par l’expression ‎‎« Mémoires inédits ». ‎

Les feuilles sont datées, écrites à la main recto-verso et comportent souvent des ratures. ‎Elles ont été écrites, à part deux interruptions ayant duré chacune une année, entre le 1er ‎mars 1951 et le 20 juin 1954. Les pages sont parfois difficiles à déchiffrer, chargées de ‎ratures, et comportent même quelquefois des fautes, signe que leur auteur ne les a plus ‎touchées depuis le premier jet. On trouve cependant quelques notes en marge, portées de ‎toute évidence après l’indépendance de l’Algérie. ‎

Le manuscrit qui compte 373 pages se compose d’une partie connue (l’Etudiant), plus ou ‎moins conforme à la version publiée en arabe, et de trois parties inédites. Il comporte au ‎total : un Avant-Propos, une Préface, une Première partie (l’Etudiant), une Deuxième ‎partie (le Paria), une Troisième partie (l’Ecrivain), et une Quatrième partie (le Mouhadjer). ‎Cela prouve que Bennabi l’a charpenté selon les formes nécessitées par la publication. ‎

Apparemment, il envisageait de le publier tel quel puisqu’il dit dans la préface : «Mon livre ‎est simplement un témoignage que je veux livrer aux générations qui viennent. Mais je ‎l’écris de façon que ma génération elle-même le connaisse, le discute et le critique. Car un ‎témoignage n’est valable que s’il est contrôlé par les contemporains. Sinon, il peut n’être ‎que le mensonge d’outre-tombe d’un maniaque de la persécution ou d’un aspirant à une ‎auréole posthume ». Or, de son vivant, il ne l’a pas donné à la publication puisque seules ont ‎été éditées la première et la seconde partie (l’Enfance et l’Etudiant). Le pouvait-il ‎seulement ? ‎

L’avant-propos s’ouvre sur ces lignes : «J’appartiens à la génération maudite qui clôt le cycle ‎de décomposition de la vieille civilisation musulmane, et inaugure une ère nouvelle où se ‎mêlent deux « pourritures », la colonisabilité et la colonisation, mais où surgit aussi, çà et ‎là, le signe précurseur d’un ordre nouveau encore indéfinissable ».‎

Le ton est grave, dramatique, Bennabi traverse une période extrêmement dure, il est au ‎bord de la dépression nerveuse : « Pourquoi suis-je né pour être en Algérie l’un des signes ‎précurseurs de l’ordre nouveau et, par cela même, un homme en butte aux monstres de la ‎colonisabilité et du colonialisme ? Je ne le sais pas, et je suis au demeurant assez musulman ‎pour accepter la destinée que le Dieu que j’invoque m’a donnée. Je sais seulement ce qu’il ‎en coûte à un homme de venir trop en avant ou trop en retard de son époque. Je raconte ‎donc simplement ce que je sais pour l’avoir vécu, vu, entendu et pensé». ‎

Après avoir expliqué le sens du titre choisi, il en fournit les justifications dans la préface dont ‎les premières lignes sont : « J’ai vu trop de choses depuis vingt ans. J’en suis gorgé comme ‎l’abeille de son miel quand elle a trop butiné. Malheureusement, le « miel » que je veux ‎déposer dans ces pages n’est pas du nectar de fleurs mais le contenu d’une âme qu’on a ‎voulu détruire par la contrainte physique et le poison moral. C’est l’histoire de cette âme, ‎son expérience depuis vingt ans qui est le sujet de ce livre. En somme « une confession » ou ‎des « Mémoires »…‎
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Sait-on ce que signifie pour une âme digne de ce nom le regard doux et perçant d’un enfant ‎de cinq ans qui n’a même pas eu un morceau de pain dans le ventre pour aller se coucher ? ‎Ce regard de mon petit neveu, Abdelhamid, est cependant ce qu’il y a de plus tragique dans ‎cette histoire, de plus poignant dans ce drame épouvantable que ma famille et moi vivons ‎depuis vingt ans… On a ôté à mon père tout moyen d’existence, le mari de ma sœur a été ‎jeté dans la rue il y a dix ans… Je me sens responsable de tous ces drames… Ma femme a ‎connu la maladie sans médecin ni remède, l’humiliation d’aller travailler pour subvenir aux ‎besoins de notre ménage que j’étais dans l’incapacité totale de faire vivre moi-même, le ‎colonialisme m’obstruant toutes les voies du travail, même comme manœuvre ». ‎

Il a alors des expressions de haine envers celui qu’il pense être à l’origine de son calvaire, ‎Massignon, le « flic qui se fait passer pour savant et même saint homme ». ‎

La troisième partie (l’Ecrivain) commence ainsi : « Je reprends, après un an, la rédaction de ‎cette narration de ma vie dont les deux premières parties (L’Etudiant et Le Paria) ont été ‎achevées l’an dernier. Le manuscrit de ces deux parties est actuellement entre les mains du ‎cheikh Chibane et du cheikh Brahim Mazhoudi qui ont insisté pour garder cet écrit que je ‎voulais détruire au mois d’août dernier, au plus fort de la plus grave crise de ma vie, alors ‎que toute la police colonialiste, y compris des prêtres catholiques, voulait m’acculer soit au ‎suicide qui aurait mis fin à mon œuvre, soit à un acte de violence qui aurait servi de prétexte ‎à mon exécution sommaire… ».‎

Bennabi est sincèrement convaincu que c’est sa vie qui est maintenant en péril et le dit ‎clairement : «Et maintenant que je crois à la fin prochaine de mes jours, d’une manière ou ‎d’une autre, ce n’est pas de l’orgueil de dire ce que je pense : je ne crois pas que mon ‎dossier véritable soit au Gouvernement général ou au Ministère de l’Intérieur, mais au ‎Vatican et au Consistoire ». Il lui arrive de penser au père Abdeljalil, ce marocain que ‎Massignon aurait contraint à la conversion à la foi catholique (6).‎

Le fil de la narration reprend donc à partir de 1939. Bennabi est avec sa femme et sa belle-‎mère au Luat-Clairet. Il tente quelques démarches dans l’espoir de trouver à s’employer ‎mais en vain. Matériellement, ils sont dans le dénuement le plus complet. Ils n’ont même ‎plus de quoi acheter du pain, ni le papier sur lequel il gribouille fiévreusement son Journal. ‎Dans cet état d’esprit marqué par la démoralisation et le ressentiment contre le ‎colonialisme, il a le vague espoir que la guerre mondiale qui s’approche pourrait changer ‎quelque chose à sa situation : « J’attends la guerre, la guerre qui bouleverserait tout et ‎remettrait d’aplomb ma triste destinée, la guerre libératrice qui m’aurait mis à ma place ‎dans mon pays libéré ».‎

Il se trompe, comme se tromperont les dizaines de milliers d’Algériens qui sortiront ‎manifester le 08 mai 1945 dans le Nord-Constantinois pour célébrer la victoire des Alliés et ‎réclamer leurs droits nationaux et qui se retrouveront sous le feu des mitraillettes et des ‎bombardements aériens. Ils seront 45.000 à tomber ce jour-là et les suivants, contre 103 ‎victimes européennes. ‎
Bennabi va passer la guerre entre la France et l’Allemagne. ‎
‎ (A ‎SUIVRE) ‎
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NOTES

‎1 En plus des Mémoires inédits, ce fait est évoqué dans « Marchands de civilisation » (« Le Jeune Musulman » ‎du 16 avril 1954) où Bennabi dit : « En 1938-39, ayant créé à Marseille un cours pour adultes à l’intention des ‎malheureux Nord-Africains, je fus convoqué à l’inspection académique où on me signifia l’interdiction pure et ‎simple de mes cours. » ‎

‎2 Le « PAS » est la réunion de trois initiales signifiant « Parti Apolitique et Social ». Dans une version de ses ‎Mémoires inédits, Bennabi affirme avoir fait parvenir ce texte au consul général d’Italie à Constantine. ‎L’intermédiaire à qui il l’a confié lui a rapporté la réaction du consul : « Cà, ça doit être publié »‎

‎3 Ed. En Nahda, Alger 1948.‎

‎4 « De la critique…. mais constructive », « La République Algérienne » du 22 janvier 1954.‎

‎5 « Le Jeune Musulman » du 12 mars 1954.‎

‎6 Jean-Mohammed Abdeljalil (1904-1979) est un jeune marocain qui, après des études à l’Ecole Charles de ‎Foucauld tenue par des Français à Rabat, est envoyé en 1925 en France par le maréchal Lyautey pour ‎poursuivre des études à la Sorbonne. Il se convertit au catholicisme en 1928. Il dira plus tard : « Alors que je ‎n’étais pas décidé à devenir chrétien, Dieu s’est servi de moi par quelqu’un de très grand. Il suffit que je vous le ‎nomme : le maréchal Lyautey. Je le connaissais très bien. En effet, il avait l’habitude chaque année de venir dans ‎chaque classe des lycées du Maroc… Souvent il m’invitait à dîner le soir chez lui… » (Cf. P. Assouline, « Les ‎nouveaux convertis », Ed. A.Michel, Paris 1982). ‎

Par ailleurs, on peut lire dans un livre-hommage qui lui a été consacré (« J.M. Abdeljalil, témoin du Coran et de ‎l’Evangile », les Ed. du Cerf, Paris 2004 ») ceci : « Il avait fait connaissance de Massignon, alors professeur au ‎Collège de France, qui avait beaucoup d’influence sur lui. Massignon a d’ailleurs été son parrain. Sa conversion a ‎été foudroyante ». ‎

Dans un article autobiographique, « Témoin d’un tard venu à l’Eglise » publié en 1967 dans les « Cahiers de vie ‎franciscaine », ordre auquel il a appartenu depuis sa conversion jusqu’à sa mort, J.M Abdeljalil écrit : « Une des ‎plus grandes grâces de ma vie fut et demeure celle d’avoir pu rencontrer, écouter, interroger, fréquenter, aimer des ‎personnalités exceptionnelles. Deux au moins d’entre elles étaient des génies : Louis Massignon et Pierre Teilhard ‎de Chardin. Un des plus grands hommes de la France du XX° siècle, le maréchal Lyautey, m’a considéré et traité ‎comme un véritable ami, malgré la différence d’âge ; et cela absolument sans rien d’équivoque, sans rien de ce ‎que d’aucuns disent avoir remarqué dans ses rapports avec les jeunes éphèbes ». Il appelait Massignon « mon ‎merveilleux parrain ». ‎

Le Pape Paul VI lui a écrit une lettre en 1938 pour l’assurer qu’il s’intéressait à ce qu’il faisait. En 1966, il a été ‎reçu en audience privée par le Pape. J.M. Abdeljalil a passé les quinze dernières années de sa vie dans d’atroces ‎souffrances dues à un cancer de la langue qui l’avait condamné au silence.‎

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