« Courage monsieur, mettez du foin dans vos bottes, vousêtes en bon chemin »Le Sage
Au siècle des idées universalistes, même les tire-au-flanc manœuvrent cauteleusement à la faveur des circonstances et dugoût des jours, avec l’espoirinavoué de coller leur infâmenom à la longue liste deshommes qui se sont dévouésà la cause humaine.
Végéterbourgeoisement le temps d’une vie d’opportunisme ne suffit pas au « profitariat », attendu que son âme livrée enpâture au désir de durer matériellement ici-bas et spirituellement dans les mémoires de la postérité, lui commandede renouveler constammentses filouteries afin de berner les crédules contemporains.
C’est ainsi que Johnny Halliday, le mignon chansonnier aux yeux limpides qui a électrisé ses « fans » d’Algérie iln’y a pas si longtemps etpour quelle somme (!), « bagatelle » qu’il s’est empresséde verser avec générosité etfierté à la caisse des œuvres sionistes, vient de se découvrir juste à temps, car oncommençait à le prendrepour une cornemuse démodée,une autre vocation qui luivaudra peut-être le Prix Nobel de la Fraternité Humaine.
Une voix (celle de saconscience ou de l’égérie dusionisme, on ne sait au juste) lui a soufflé une paisiblenuit qu’il ne perdraitrien à être braillard etphilanthrope en même temps.La douce colombe !
Et ilest tout à fait normal queFrance-Soir (du 25-2-72) seréserve l’insigne honneurd’orchestrer l’« événement »qui lui fera faire (il a bonespoir) son petit chemindans le sillage des maîtresà penser en nous annonçantà cor et à cri au momentoù Israël agresse le Liban et la Syrie : « Johnny Halliday champion de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme ! ».
La bourde du siècle ; quia entendu mieux ? Le beaumerle de Sylvie se laissera écouter lundi prochain à l’Olympia avec Enrico Macias,le pied noir à la voix andalouse, de Nicoletta la divette et, bien sûr, l’ensemble Kol Aviv, le tout sous les bons auspices de la Ligue internationale contre le racisme,etc,de Pierre Bloch de latribu des Bloch-Dassault,pourvoyeur des Mirages deMme Golda Meir.
Oh que non ! Nous nesommes point surpris et nousn’apprenons rien de nouveau. Nous savons qu’un peu partout dans les coulisses de lamachine ronde, ON (pouréviter les détails gênants) sebat les flancs pour le «pauvre petit Israël» et la condition de l’homo-judeus qui n’oublie pas la sentencede Sabaoth : « Tu paîtras le troupeau des peuples et le domineras ».
Mais ce qui nous apoussés à consacrer le propos d’aujourd’hui à cette grotesque party ne réside pas encela, les élucubrations de ces marionnettes étant les cadets de nos soucis. C’est plutôt une autre drôlerie :la même information publiée en placard publicitaire dans le canard deM. Lazarref prévoit laprésence de personnalitésacquises, et parmi elles,comble de l’indécence, « SonExcellence M Boubakeur,Recteur (c’est quoi au juste ?) de « l’Institut musulmande la mosquée de Paris »,aux côtés du grand rabbin de France Jacob Kaplan, célèbre ordinateur de la double allégeance !
Le nom de cet « indigène », aujourd’hui ornementdes cercles sionistes, vousdit-il quelque chose ? Il noussemble, sauf erreur, que c’est le même que celui du « Mokhamed » de Soustelle, leboulimique Hamza Boubakeur qui prêchait le détachement du Sahara (1) du reste du territoire algérien dont il serait le ROI, et qui voulait autrefois « acheter » lareddition de Mostefa BenBoulaid (2), pensant que lesautres étaient de son acabit.
Il s’est gratifié du titre deroi pendant quelques tempsavant de devenir la fable des milieux parisiens et letendre sigisbée de Dame Sion. Notre homme a été délogé de la clandestinité calculée par une indiscrétiondu journal le « Monde » ausujet d’un dîner « entre intimes » (la barbouzerie et lui) l’an dernier. L’ « invisible » apparaît au grandjour présentement, sous lalumière des projecteursdel’Olympia. L’héroïque combattant des « préjugés raciaux » hante les hauts lieux du spectacle et fait de l’œcuménisme clinquant et tapageur, maintenant qu’il estprélat émargeant aux fondsspéciaux, d’où son haut respect de la préséance et desprérogatives honorifiques.
Ce frocard est donc « recteur ». Depuis quand une mosquée a-t-elle un « recteur », et qui l’a nommé ?» Cet homme des tavernes auxmœurssingulières s’est accaparé de cette mosquéeet en a fait une espèce de bisness-home. Il nous rappellela nouvelle de Dostoïevski,« le grand inquisiteur » oùl’on voit le fameux Torquemada chassant le Christlorsqu’il l’aperçoit sur le parvis de l’église, de peur quecelui-ci ne dévoile á la fouleles turpitudes du sinistrepersonnage.
Du temps de la colonisation, les pieuses gens ont été amenées à déserter certaines mosquées pour ne pasfaire leur prière derrière unindicateur de la PRG. Ilss’en allaient remplir leursobligations en des lieux noncompromis. N’est-ce pas cequi arrive à la communautémusulmane de Paris ? Pourn’avoir pas à supporter cebondieusard effronté, elle se verra bientôt dans l’obligation d’ouvrir d’autres mosquées libres, qui seraient présidées par d’authentiquesimams, et non de clercs stipendiés plus fourbes queTartuffe.
1) Délibérations du « Conseildes Oasis ».
2) Pallat : « Les dossierssecrets de l’Algérie ».
« EL-MOUDJAHID » 8 MARS 1972