Home ARTICLESLes questions internationales2020-2024 REFERENDUM : L’ALGERIE DANS LE CINQUIEME MANDAT

REFERENDUM : L’ALGERIE DANS LE CINQUIEME MANDAT

by admin

‎ Les Algériens doivent leur existence en tant que peuple souverain et pays indépendant au ‎‎« référendum d’autodétermination » du 1er juillet 1962 qui était le dernier recours pour ‎mettre fin à la guerre d’Algérie opposant le colonialisme français à la volonté de liberté du ‎peuple algérien depuis le 1er novembre 1954.‎

Le 1er novembre 2020 marque l’enterrement de la souveraineté populaire et installe ‎l’Algérie dans le cinquième mandat avec un référendum dont les résultats donnaient au ‎pouvoir de fait instauré par Gaïd Salah avant de mourir l’occasion d’amorcer le processus de ‎sortie du conflit populaire engagé en février 2019 contre un système politique putschiste, ‎dictatorial, incompétent et corrompu depuis les origines.

Finalement, l’armée n’a « accompagné » le peuple dans son « Hirak » que pour l’étrangler ‎au moyen de ce référendum à la sauvette. Tebboune et les militaires n’ont en fait laissé le ‎peuple sortir sa tête de l’eau pour respirer un bref instant que pour la lui enfoncer de ‎nouveau. Alors qu’il suffisait pour eux de tirer les conclusions évidentes de résultats ‎spectaculairement éloquents : 23,7% de participation, donc 76,3% d’abstention, et plus de 21 ‎millions de « Non » contre 3,3 millions de « Oui ».‎

Il leur suffisait d’annoncer la décision de respecter la volonté populaire découlant de ‎l’exercice du droit souverain par voie référendaire pour que le « Hirak » – « béni » en ‎paroles mais « maudit » en actes pour le pouvoir – n’ait plus de raisons d’être et pour que ‎s’ouvre une nouvelle ère pour l’Algérie. Cette occasion manquée assombrit ‎considérablement le chemin conduisant à l’avenir. ‎

En la circonstance, le pouvoir n’a pas fait montre d’intelligence mais s’est contenté de jouer ‎sur le sens juridique du mot « référendum » qu’il a fait passer pour un vote comme les ‎autres, alors que le référendum est un instrument de « démocratie directe » distinct et ‎éminemment plus significatif que l’instrument de « démocratie représentative » qu’est le ‎vote.

Dans un référendum, l’abstention est plus éloquente que la participation, et 3,3 millions de ‎‎« Oui » ne peuvent pas être plus décisifs que 21 millions au titre du boycott, 1,6 million au ‎titre du « Non » et 0,6 million au titre des voix annulées.‎

L’esprit sain, le bon sens humain et la simple logique voudraient, lorsqu’il s’agit de questions ‎de haute politique ou de choix stratégiques, que l’on raisonne et se comporte différemment ‎que lorsqu’il est question de fonctions électives, de programme partisan ou de mandat ‎présidentiel.‎

Faute d’espérer voir Dieu répondre à notre imploration de manifester la Vérité avant que ‎l’escroquerie ne soit bouclée, sollicitons le témoignage encore frais de l’Histoire et ‎imaginons que le taux de participation au « référendum d’autodétermination » du 1er juillet ‎‎1962 n’ait été que de 23,7%.

L’ONU aurait-elle conclu à la volonté d’indépendance du peuple ‎algérien ? De Gaulle serait-il resté au pouvoir ? La guerre d’Algérie aurait-elle cessé ?‎

Force est de constater que nous sommes passés du référendum de la libération du 1er juillet ‎‎1962 au référendum du despotisme du 1er novembre 2020. Même si, personnellement – et ‎pour éviter tout amalgame avec certains partisans du « Non » – je n’ai presque rien à ‎objecter au projet de nouvelle constitution dont j’approuve les dispositions relatives à l’envoi ‎d’unités de l’ANP à l’étranger, à la liberté de culte et à l’officialisation de tamazight. ‎

Entre septembre 2017 et janvier 2018 j’ai appelé à une « Révolution citoyenne pacifique » ‎dont j’ai essayé de tracer les contours. En février 2019 c’est un « Hirak » qui a éclaté comme ‎un violent orage que d’autres éléments naturels allaient réduire à l’impuissance, parmi ‎lesquels le « twaychisme » de jeunes et de moins jeunes et des slogans irréalistes. Une ‎révolution citoyenne implique une vision claire et un mode opératoire pragmatique, en plus ‎de l’indispensable charge émotionnelle.‎

Des années avant, j’avais imaginé dans un article intitulé « UN RÊVE » (« Le soir d’Algérie » ‎du 30 mai 2011) un scenario de ce que pouvait être cette révolution.

Et très longtemps auparavant, j’avais terminé mon article « Le génie des peuples » (« El-‎Moudjahid » du 8 octobre 1979) sur cette citation : « Ô heureux le peuple dont l’âme a frémi ‎et qui s’est recréé lui-même avec sa propre argile ! Pour les anges qui portent le trône de ‎Dieu, c’est un matin de fête que le moment où un peuple se réveille ». Tous ces écrits sont ‎disponibles sur ma page Facebook.‎

Aujourd’hui, j’en suis réduit à compter sur la « malédiction de la constitution » et les martyrs ‎de la révolution du 1er novembre 1954 plutôt que sur les vivants du 1er novembre 2020 qui ‎estiment que les jambes pour marcher sont plus importantes que les idées pour penser et ‎agir. Si les deux sont indispensables à toute révolution, il a manqué au « Hirak » les ‎secondes. ‎

C’est pourquoi nous sommes dans le cinquième mandat avec un chef d’Etat hospitalisé à ‎l’étranger comme s’il avait été l’unique Algérien à être frappé par la Covid 19, et une ‎constitution conçue hors du peuple et contre l’avis dominant du peuple.‎

03 Novembre 2022

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