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LA VIE DE MALEK BENNABI (4)‎

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Aux yeux du directeur de la medersa, Bennabi est devenu suspect. Il s’informe discrètement ‎sur ses lectures, fouille sous son matelas où il cache « L’Humanité » et le surveille de près. ‎Pour sa part, M. Bobreiter continue à le ravitailler en lectures. Chaque semaine il lui passe ‎les numéros des « Nouvelles Littéraires » qu’il reçoit de France ainsi qu’une nouvelle revue, ‎‎« Conférencia ». Bennabi les dévore. ‎

Dans un numéro de cette dernière, il fait la découverte de Rabidranath Tagore (1861-1941) ‎qui produit aussitôt sur lui une forte impression et lui ouvre une perspective jusque-là ‎inconnue. Il s’aperçoit, enchanté, que « le génie ne naît pas seulement sur les bords de la ‎Seine ou de la Tamise. Il peut naître aussi sur les bords du Gange. » ‎

Avec Tagore, il acquiert cette certitude réconfortante pour un homme colonisé : « Elle me ‎libérait de la servitude qui pesait alors lourdement – et pèse encore parfois – sur l’esprit des ‎intellectuels arabes vis-à-vis du génie de l’Europe, de sa culture… ». En outre, le philosophe ‎indien ajoute à son bagage intellectuel une nouvelle dimension, celle de la spiritualité ‎hindoue : « Mais mon esprit portait en lui une force de rappel qui ramenait tout ce qui me ‎tombait sous les yeux à une préoccupation centrale, fondamentale, l’islam » (« MTS »). ‎

En cette année 1922, une polémique oppose par journaux interposés l’Emir Khaled dans ‎‎« L’Ikdam » au tout puissant député-maire de Constantine, Emile Morinaud, qui utilise les ‎colonnes d’un journal local « Le Républicain ». Bennabi suit les péripéties de ce duel qui se ‎conclura deux ans plus tard par l’exil de l’Emir Khaled : « L’Ikdam mettait dans mon esprit ‎les premiers thèmes politiques précis. Il dénonçait l’expropriation du fellah algérien qui ‎atteignait des proportions inimaginables à cette époque où la colonisation, déjà à l’étroit ‎dans le Nord, dans les terres à vignobles, à agrumes, à oliveraies, à tabac, faisait un bond ‎vers le Sud, vers les terres à céréales » (« MTS »). ‎

A Paris, on lance les travaux de construction de la mosquée de Paris pour laquelle se sont ‎longtemps battu des hommes comme l’Emir Khaled, Ahmed Riza et Christian Cherfils. C’est ‎pourtant le maréchal Lyautey qui, le 2 novembre 1922, prononce le discours de la pose de la ‎première pierre. ‎

Un jour, un livre au titre bizarre, « L’islam entre la baleine et l’ours », tombe entre ses mains ‎et enflamme encore plus son sentiment anticolonialiste (1). Il fera connaissance une ‎douzaine d’années plus tard avec son auteur, Eugène Jung, terminant sa vie, malade et dans ‎un dénuement total, dans une obscure chambre de bonne sous les toits de Paris : « Je ne sais ‎même pas s’il n’a pas été enterré dans une fosse commune » note-t-il dans ses Mémoires ‎inédits.‎
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A Constantine, un prêtre anglican, le père Zwimmer, s’emploie à l’aide d’un manuel de sa ‎composition à évangéliser les jeunes musulmans. Bennabi découvre Etienne Dinet (1861-‎‎1929) auquel il consacrera quarante-cinq ans plus tard un article (2), et entend parler d’un ‎certain Dr. Grenier, député du Jura, qui a pris l’habitude de faire ses ablutions et ses prières ‎de néophyte musulman sur les quais de la Seine à l’émoi des passants (3).‎

La deuxième année de Bennabi à la medersa tire à sa fin. Il doit subir les examens de fin ‎d’année. Echouer, c’était perdre la bourse et pour ainsi dire la vie. L’élève qui se consacre ‎davantage aux lectures extra-scolaires qu’à la révision de ses cours réussit quand même ‎après un ultime effort. Il retourne à Tébessa où l’attend sa famille après avoir commis une ‎grande audace : il a en effet cessé de porter le « séroual », ce pantalon bouffant arrivant à ‎mi-mollets en vigueur alors en Afrique du Nord et remplacé par le pantalon européen. Une ‎‎« apostasie vestimentaire » écrit-il, sachant qu’à cette époque ce dernier était regardé ‎comme un signe de « kofr » (mécréance). ‎

Pourtant, ce séroual dit arabe et qu’on continue de porter à ce jour dans certaines régions ‎du nord de l’Afrique et du Moyen-Orient est d’origine… européenne. Crétoise, exactement, ‎sur la foi de ce qu’en rapporte l’ancien président Turc, Turgüt Özal (4): les Ottomans l’ont ‎adopté en conquérant la Crète puis propagé son usage dans les pays musulmans. ‎

Un quart de siècle plus tard, Bennabi consacrera au problème du costume un chapitre dans ‎‎« Les conditions de la renaissance » (1949) où on peut lire ces amusants et instructifs ‎passages : ‎

‎« L’équilibre traditionnel d’une société tient à un ensemble de facteurs moraux et ‎matériels ; le costume est un de ces facteurs. Le burnous fait partie de l’héritage d’une ‎société dont les polarités mentales étaient la contemplation et la jouissance. Il sied au saint, ‎au berger, au pacha, et répond parfaitement au genre de leurs « activités particulières ». ‎Mais le voit-on sur le dos du graisseur, du mineur, du mécanicien ? Or l’Algérie se ‎prolétarise, se taylorise au rythme de la vie moderne. Changeant d’activité, l’homme doit ‎nécessairement changer de costume. Quand le commodore Perry frappa en 1864 à la porte ‎du Japon, le peuple japonais comprit que c’était l’heure de quitter le kimono pour se serrer ‎la taille dans le bleu de travail. ‎

Mais le costume n’est pas seulement une condition matérielle d’un équilibre traditionnel. Il ‎a son esprit : l’habit fait bel et bien le moine. Quand Mustapha Kemal imposa à la Turquie le ‎port du chapeau, beaucoup de gens simples se gaussèrent de son « esprit simpliste ». Mais ‎Atatürk ne se laissa pas impressionner par le gros rire que le chapeau turc souleva dans le ‎monde. Il savait que le fez était une parcelle de l’esprit vieux turc : l’esprit des désenchantés ‎masculins, des fumeurs de narguileh, des chercheurs d’oubli. Il fallait rompre le statisme ‎d’une société pétrifiée dans un songe séculaire sur les bords du Bosphore. ‎

Le chapeau a été la bombe qui a rompu cet équilibre traditionnel, la bombe qui a pulvérisé ‎le songe, disloqué l’horizon fascinateur, dissipé les bouffées de narguileh, replié les tapis ‎tentateurs, dispersé les idées mortes ou mortelles. C’était cela la pensée profonde de Kemal ‎‎… Un costume dégradé par une décadence est comme un uniforme bafoué par une défaite. ‎

Traduisant l’historien-sociologue arabe Aboul Fedda qui était allé étudier les us et coutumes ‎des tribus slaves sur les bords de la Volga, un orientaliste a fait à son sujet la remarque ‎suivante : « Les Arabes aimaient montrer partout leur turban ». La remarque est peut-être ‎juste. Mais si Aboul Fedda revenait en ce monde, aimerait-il afficher sur les bords de la ‎Volga un turban désormais sans prestige, comme le bonnet d’âne de plusieurs générations ‎d’analphabètes ? Et le tarbouch déshonoré par des générations de pachas et de chaouchs ‎est-il plus prestigieux ? Il serait puéril de nier le problème du costume que pose la ‎renaissance algérienne et qui doit être résolu pour l’homme comme pour la femme… ».‎

Dans « L’Afro-Asiatisme » (1956) (5), il reviendra sur cette question qui révèle à ses yeux ‎l’embarras du monde musulman devant les changements à opérer. Cet embarras prend ‎tantôt la forme de serviles imitations, tantôt la forme de stupides singularisations, mais dans ‎les deux cas il pose un problème de choix et de cohérence. Pour quel modèle opter ? ‎

Parlant du modèle occidental il écrit : « Si le modèle porte un chapeau ou une casquette, ces ‎couvre-chefs ne sont évidemment ni ses vertus, ni ses valeurs universelles. Et il serait ‎ridicule de les lui emprunter par simple mimétisme, comme il serait d’ailleurs aussi ridicule ‎de lui opposer, comme un puéril défi, l’écarlate tarbouch en manière d’afficher sa ‎personnalité… On doit dépasser cet infantilisme qui sème la société musulmane de détails ‎inattendus et parfois saugrenus.‎

‎ Lorsqu’on voit par exemple dans un même service public dans une capitale arabe une partie ‎du personnel coiffée du képi et l’autre partie arborant encore le tarbouch, on sait qu’on est ‎dans une société qui n’a pas encore fait clairement son choix. Et, en l’occurrence, ce n’est ‎pas le genre de coiffure qui importe, mais l’espèce d’infantilisme dont elle est le symptôme. ‎

En résumant ces considérations sur l’étape actuelle du monde musulman, on ne peut que ‎constater son opposition ou son indifférence à l’endroit de tout effort de systématisation, ‎comme s’il n’aimait pas se plier à la discipline des règles, c’est-à-dire au principe essentiel ‎de toute civilisation qui est dans son essence une certaine contrainte qui, chez l’individu ou ‎le groupe, exclut toute forme de nomadisme, surtout sa forme intellectuelle. ‎

Le nomade vagabonde, incertain de son but et de son itinéraire. Son esprit ne peut se plier ‎au but et à l’itinéraire d’une doctrine. En sorte que l’option implicite pour le modèle ‎occidental s’est faite dans le monde musulman à travers une méconnaissance presque ‎complète du modèle, de ses vertus réelles, de ses valeurs universelles… ». ‎

Il faut dire que dans le monde musulman d’aujourd’hui le problème du costume est de ‎nouveau posé, avec l’incohérence et l’infantilisme jadis signalés par Bennabi. ‎

En arrivant chez lui à la fin de l’année scolaire, le jeune homme trouve du nouveau à ‎Tébessa : le disque arabe vient de faire son apparition dans un café maure de la ville, faisant ‎résonner la voix de Salama Hidjazi, tandis que le jazz lance ses premières notes dans les ‎cafés français. ‎

Il est d’abord content que la musique arabe soit venue en Algérie concurrencer la musique ‎occidentale et note dans ses Mémoires : « Le disque égyptien sera en effet un facteur ‎éminent de l’évolution psychologique et politique dans le pays. C’est Tébessa qui l’a introduit ‎en Algérie. A Constantine, on en était encore au malouf, et à Alger à rien de définissable. Le ‎premier disque égyptien m’a bouleversé par le « Kanoun » que j’entendais pour la première ‎fois, et surtout par la langue et la voix de Salama Hidjazi ».‎

Il ne faut pas oublier qu’à l’époque lui-même avait tâté de l’harmonium et chanté quelques ‎fois dans une chorale. Néanmoins, il changera bientôt d’avis sur la musique égyptienne. ‎

Fin septembre, il quitte Tébessa. A Constantine, il va régulièrement à la librairie « En-‎Nadjah » acheter ses journaux et guetter de nouveaux arrivages de livres. Le duel Khaled-‎Morinaud se poursuit dans la presse. L’année 1923 file, marquée par les échos de l’épopée ‎de l’Emir Abdelkrim al-Khettabi (1882-1963) et de la défaite infligée aux Espagnols à Anoual ‎‎(6). En France, Poincaré est rappelé au pouvoir ; Mussolini lance sa marche sur Rome ; le ‎nom de Gandhi commence à apparaître dans la presse ; Romain Rolland publie « la Jeune ‎Inde »…‎

Mais l’événement qui marque le plus Bennabi cette année-là n’est pas lié à l’actualité ‎mondiale ou locale. Il est, comme ce sera souvent le cas dans sa vie, de nature intellectuelle. ‎Il découvre en effet Ibn Khaldoun (1332-1406) dans la traduction de De Slane, et Mas’oudi ‎‎(900-956), auteur de « Mouroudj Eddahab » (Les prairies d’or) (7). Sa troisième année de ‎medersa s’achève et il rentre à Tébessa. ‎

Au café maure, la discothèque s’est enrichie d’une nouvelle voix, celle d’Oum Keltoum ‎‎(1898-1975). Larbi Tébessi (1893-1957), rentré du Caire après des études à al-Azhar, entame ‎sa prédication contre le maraboutisme et les zaouïas. La ville ne tarde pas à se partager ‎entre les idées « islahistes » (réformistes) du cheikh et l’islam traditionnel représenté par le ‎vénérable cheikh Slimane. ‎

Le 14 juillet est, comme chaque année, célébré en grande pompe par les autorités ‎coloniales. Bennabi passe ses journées à la maison et ne sort que le soir pour retrouver ses ‎amis. Il est très attaché à sa mère pour qui ce fils unique instruit, beau et bien élevé, est un ‎motif de fierté. ‎

Il lit « L’Histoire sociale de l’humanité » en quatre volumes de Courtellement‎ ‎ qu’il trouve ‎dans la bibliothèque de son père et, chaque semaine, un journal tunisien en langue arabe, ‎‎« Al-Asr al-Djadid ». Les joutes entre les disciples de Larbi Tébessi et les fidèles de cheikh ‎Slimane le laissent indifférent. Les vacances s’écoulent ; l’heure des adieux sonne une ‎nouvelle fois ; il se prépare à aller accomplir sa quatrième et dernière année d’études. ‎

En retrouvant Constantine, il a de nouveau l’impression que la population européenne est ‎devenue plus nombreuse et l’emprise du fait colonial plus forte Des trolleybus circulent dans ‎les artères de la ville ; l’administration recrute les premiers « goumiers » ; au café ‎Benyamina, la guerre du Rif est au centre des conversations quotidiennes. ‎

Notre jeune homme a maintenant vingt ans. Il est souvent songeur, il s’interroge sur ce que ‎sera son avenir une fois ses études terminées. Il pense à aller rejoindre le front rifain, ‎Tombouctou le hante, mais une autre destination le tente : l’Australie. Il ne sait pas que ‎trois-quarts de siècle plus tard cette destination fera rêver une grande partie de la jeunesse ‎de l’Algérie indépendante et rendra célèbre un humoriste (Mohamed Fellag). Elle lui paraît ‎encore plus inaccessible que la première, mais la tentation ne le quittera pas avant ‎longtemps. ‎

‎« Que faire ? » La question le taraude. Il est assez édifié sur les chances d’un « Indigène » de ‎se frayer une voie dans l’administration ou les professions libérales. En ces temps-là, comme ‎on l’a dit, l’Algérien n’avait pas de nationalité, il était un non-être juridique, un sous-citoyen, ‎un étranger dans son propre pays. Jamais cette question ne quittera Bennabi. Mais, pour ‎l’heure, il hésite entre prendre le large et créer une ferme au Khroub (Est algérien) ou un ‎commerce à Chéria, près de Tébessa. ‎

A Constantine, la légende de Ben Badis est maintenant bien établie. L’homme fascine de ‎plus en plus Bennabi qui le suit des yeux chaque fois qu’il passe devant le café Benyamina ‎pour rejoindre son bureau. Il note qu’il marche d’un « pas menu » (« MTS »).‎

Pour la première fois l’idée d’écrire lui traverse l’esprit. Avant même d’en définir le thème, ‎il trouve un titre à l’œuvre : ce sera « Le livre proscrit ». Sur le coup, il n’en a pas ‎l’explication, mais plus tard il conviendra que c’est la légende de Ben Badis qui le lui a ‎inconsciemment inspiré. Ce dernier était réputé pour avoir renoncé à une situation ‎matérielle confortable dans une famille bourgeoise afin de se consacrer à l’islah. Son père ‎était un riche commerçant, son frère un avocat patenté et sa femme issue d’un milieu aisé. ‎

Mais, chose dont il s’étonnera plus tard, c’est Tayeb al-Okbi qui a quand même ses faveurs ‎dans la lutte contre le maraboutisme et les pratiques obscurantistes. La tendance à penser ‎que ce dernier représentait plus valablement le courant islahiste que Ben Badis était en fait ‎le produit d’un préjugé social. ‎

Bennabi traînera longtemps ce préjugé qui le porte à se méfier, voire à jalouser les riches et ‎les notables. Il écrit dans ses Mémoires : « Je n’ai reconnu mon erreur sur ce point qu’un ‎quart de siècle après. Ce n’est que vers 1939 que j’ai commencé à reconnaître mon erreur, ‎et vers 1947 que je l’ai reconnue tout à fait ». Même tardif ou progressif, un mea culpa ‎honore toujours son auteur, surtout s’il est consigné dans un écrit. Ainsi qu’on l’a vu à propos ‎de Hamouda Ben Saï, l’obscur intellectuel dont peu de gens connaissent le nom, Bennabi est ‎d’une honnêteté désarmante et d’une humilité rare. ‎

Il rendra plusieurs fois hommage à Ben Badis : dans un article publié le 24 avril 1953 dans ‎‎« Le Jeune musulman » ; dans « Vocation de l’Islam » (1954) où il évoque « la remarquable ‎personnalité du cheikh Ben Badis dont le rayonnement personnel put atteindre la conscience ‎populaire » ; dans « La lutte idéologique dans les pays colonisés »‎ ‎ (1960) où il le qualifie ‎de « grand combattant du front idéologique » ; dans un article paru dans « Révolution ‎africaine » en août 1967 où il écrit : «Il n’était pas entré dans la lutte avec les réserves et ‎les calculs d’un zaïm, mais avec le don total de soi et la ferveur d’un mystique… Il a régénéré ‎une authentique valeur culturelle islamique et l’a incarnée non pas au-dessus de la mêlée, ‎mais au sein d’un combat». Et enfin en mai 1970 dans une revue éditée par la Mosquée de ‎l’université d’Alger ‎. ‎

Mais si Bennabi a tenu dans son mea-culpa à préciser que son erreur se limitait à ce ‎‎« point », c’est parce que d’autres points l’opposeront au vénérable cheikh dont il sera ‎question plus tard. ‎
‎ (A ‎SUIVRE) ‎
‎ NOTES :‎

‎1 En 1905, une rencontre a lieu à Paris entre Néjib Azoury (mort en 1916), un chrétien arabe, ex-adjoint au ‎gouverneur de Jérusalem, et Eugène Jung (mort en 1934), ex vice-résident de France au Tonkin. Azoury venait ‎de publier « Le réveil de la nation arabe dans l’Asie turque». Il avait été exilé, comme Tahar al-Djazaïri et Ahmed ‎Riza avant lui, par le sultan Abdulhamid. Les deux hommes s’apprécient et deviennent de grands amis. Jung ‎renonce à sa carrière dans la haute administration pour se dévouer à la défense de l’idéal franco-arabe. Pour ‎porter ses idées, il fonde deux journaux : « L’Indépendance arabe » en 1906, puis « L’Orient arabe » en 1917. ‎Les maisons d’édition ne voulant plus le publier, il édite ses livres sur sa fortune personnelle. ‎
Alsacien de noble ascendance, fils de général, riche industriel, haut-fonctionnaire de l’Etat français, il sera réduit ‎à la misère absolue pour avoir pris le parti du monde musulman. Il a laissé une dizaine d’ouvrages dont « L’islam ‎sous le joug » ( 1926) et « Les Arabes et l’islam face aux nouvelles croisades » ( 1931). ‎

‎2 « Réflexion de Bou Saâda », Révolution africaine du 17 avril 1968.‎

‎3 Le Dr. Philippe Grenier (1865-1944) s’est converti à l’islam en Algérie (Blida) en 1894 et a accompli la même ‎année le pèlerinage à La Mecque. Médecin établi dans la ville de Pontarlier (Jura), il est élu au Conseil municipal ‎puis, le 20 décembre 1896, député de Pontarlier, devenant ainsi le premier député musulman à l’Assemblée ‎nationale française. Respecté et estimé dans la région pour son humanisme, il est comparé à Victor Hugo et à ‎Louis Pasteur (Le Figaro du 14 Janvier 1897). Il adopte la tenue vestimentaire traditionnelle des musulmans ‎‎(chèche, gandoura et burnous), ce qui fait de lui un personnage « excentrique». Il perd son mandat de député ‎en 1898, donc bien avant la période à laquelle se réfère Bennabi (cf. R. Fermier : « Dr. Philippe Grenier, ancien ‎député de Pontarlier », Ed. Faivre-Verney, Pontarlier, 1955 et R. Bichet : « Un comtois musulman, le Dr Philippe ‎Grenier : prophète de Dieu, député de Pontarlier», Besançon 1976).‎

‎4 Turgüt Özal : « La Turquie en Europe », Ed. Plon, Paris 1988.‎

‎5 Ed. Misr, le Caire 1956.‎

‎6 Au cours de cette bataille, l’Emir, à la tête de 3000 hommes, a affronté une armée espagnole de 60.000 ‎hommes dont près de 20.000 périrent et plusieurs généraux furent faits prisonniers. Selon son propre ‎témoignage, ses forces ont récupéré sur les Espagnols 20.000 fusils, 200 canons et plusieurs millions de ‎cartouches. (Cf. Amar Belkhodja : « Ali El-Hammami et la montée du nationalisme algérien. », Ed. Dahlab, Alger ‎‎1991).‎

‎7 Traduit au français par Barbier de Meynard en 1867.‎

‎8 Jules Gervais Courtellement (1863-1931) est un photographe et un explorateur qui s’est converti à l’islam ‎dans les années 1880. Il a accompli le pèlerinage aux Lieux-saints en 1894. Attaqué par la presse coloniale, il ‎quitte l’Algérie en 1895. Il est l’auteur de « Mon voyage à la Mecque » et « Voyage en Syrie et en Egypte ». Nous ‎n’avons pas pu déterminer s’il était effectivement l’auteur de l’œuvre que lui attribue Bennabi. ‎

‎9 Ed. Dar al-Uruba, Le Caire, 1960.‎

‎10 « Que sais-je de l’islam ? ».‎

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