Home ARTICLESLa problématique algérienne2011-2016 BURKINA FASO : UN HOMME A PERDU, UNE NATION A GAGNE

BURKINA FASO : UN HOMME A PERDU, UNE NATION A GAGNE

by admin

Le « printemps arabe » vient de frapper dans un pays non arabe. Ce pays aride, pauvre et ‎enclavé ne figure pas sur les cartes du GMO (Grand Moyen-Orient) dessinées par les ‎néoconservateurs américains à leur profit et celui d’Israël. Il n’est pas membre de l’OPEP, ne ‎possède pas de gaz de schiste, d’uranium ou des gisements de ce mystérieux minerai ‎prétendument découvert en Afghanistan et intéressant au plus haut point la NASA selon les ‎dires de l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’homme…

L’ancienne puissance coloniale, la France en l’occurrence, n’a aucun intérêt à voir dans les ‎conditions actuelles de la région le Burkina Faso mis à feu et à sang ou contraint à changer ‎de régime dans l’improvisation, ayant déjà fort à faire au Mali, au Niger et en Centre-‎Afrique.

Pas plus que les USA qui surveillent le Sahel comme le lait sur le feu et dont la réaction jeudi ‎a été des plus mièvres, semblant même regretter ces « évènements » et souhaitant un ‎rapide retour à l’ordre.

Le Burkina Faso était jusqu’à lundi dernier un pays calme et stable, habité par un peuple ‎pacifique de 17 millions d’âmes et dirigé par un président de 63 ans en excellente santé, ‎expérimenté (27 ans d’exercice ininterrompu du pouvoir) et écouté sur la scène régionale.‎

Blaise Compaoré n’était pas un homme providentiel, il pensait être la providence même. ‎Venu au pouvoir par un coup d’Etat en 1987 contre Thomas Sankara, un militaire ‎progressiste (c’est lui qui a changé en 1984 le nom du pays, précédemment dénommé ‎Haute-Volta), il ne l’a plus quitté. Il a accompli deux septennats consécutifs, puis deux ‎quinquennats successifs, et en voulait un troisième à partir de 2015 alors que la constitution ‎‎(article 37) ne le lui permet pas. ‎

Inspiré peut-être par le précédent algérien il pensait faire passer sans problème ‎l’amendement déverrouillant la limitation des mandats par la voie parlementaire, mais ne ‎voilà-t-il pas que le peuple est brusquement entré en éruption, saccageant l’Assemblée ‎nationale, la maison de la télévision, le siège du parti au pouvoir et assiégeant le palais ‎présidentiel.

A la mi-journée, le gouvernement a annoncé qu’il retirait le projet d’amendement de ‎l’article 37 dans l’espoir de calmer les choses mais c’était trop tard. En quelques heures les ‎enchères avaient sérieusement grimpé : on veut maintenant le départ du président tout de ‎suite et non à la fin de son mandat. ‎

LEGALISTE MAIS PAS LOYALE JUSQU’A L’AVEUGLEMENT DEVANT LE CHOIX ENTRE ‎L’INTERET D’UN HOMME ET CELUI D’UNE NATION, L’ARMEE A VITE COMPRIS ET PRIS SES ‎RESPONSABILITES AVANT QUE LA SITUATION NE DEVIENNE INCONTROLABLE.

ELLE N’A PAS REPRIME LE PEUPLE AU NOM DE LA « LOI », CETTE LOI QUE LES DESPOTES ‎VIOLENT SELON LEUR BON PLAISIR MAIS OPPOSENT RELIGIEUSEMENT A CEUX QUI LES ‎CONTESTENT, MAIS EST ALLEE TOUT DROIT A LA SOURCE DU PROBLEME EN PRENANT ‎FAIT ET CAUSE CONTRE LE DESPOTE QUI SOUHAITAIT RESTER AU POUVOIR JUSQU’A LA ‎FIN DE SES JOURS.‎

Au moment où nous rédigeons ces lignes, le gouvernement et l’Assemblée nationale ont été ‎dissous et un « organe de transition » mis en place auquel les pouvoirs exécutifs et législatifs ‎ont été dévolus jusqu’au rétablissement de l’ordre constitutionnel dans un délai d’un an.‎

Tout a commencé lundi avec une manifestation d’associations de femmes pour dire non à ‎l’amendement de la constitution. Puis ce sont des centaines de milliers de citoyens qui, ‎répondant à l’appel des partis d’opposition à une « journée de protestation nationale », sont ‎sortis dans la rue mardi et mercredi.

La journée de jeudi fut le « D.day » et celle des premières victimes tombées, selon les ‎médias, devant la maison du frère du président dont la garde a tiré sur la foule venue la ‎brûler. Les agences de presse ont donné le chiffre de trois à cinq morts. Le frérot en ‎question, François Compaoré, aurait été arrêté à l’aéroport d’où il comptait quitter le pays. ‎En 1998, il avait été impliqué dans plusieurs affaires de meurtres jamais élucidées.‎

‎ « Là où un homme est beaucoup, le peuple est peu de chose » disait je ne sais plus qui. ‎

MAIS QU’EST CE PEUPLE QU’UN HOMME PEUT REDUIRE A PEU DE CHOSE ? NE MERITE-T-‎IL PAS SON SORT ? NE MERITE-T-IL PAS D’ETRE REDUIT EN ESCLAVAGE ET VENDU SUR ‎LES MARCHES DE KABOUL OU DANS LES FIEFS DE DAECH ? UN PEUPLE D’HOMMES NE ‎PEUT PAS ETRE REDUIT A PEU DE CHOSE, A DE SIMPLES MALES. ‎
Cette idée a mis longtemps à montrer la cruauté et l’indignité qu’elle renfermait car on la ‎prenait pour naturelle, pour normale dans les pays sous-développés économiquement et ‎culturellement (le premier résultant du second).

LA CULTURE TRADITIONNELLE A ENTRETENU DANS CES CONTREES PENDANT DES ‎MILLENAIRES LE MYTHE DU CHEF TOTEMIQUE, DU SORCIER, DU GOUROU, DU « MEHDI ‎ATTENDU », DU REVOLUTIONNAIRE-LIBERATEUR, DU « LIDER MAXIMO »…‎

DANS CES CULTURES MAGIQUES, FETICHISTES, INFANTILES ET EMOTIVES, LA ‎COMMUNAUTE N’A AUCUN ROLE DANS LA CONDUITE DE SON DESTIN, ELLE DOIT JUSTE ‎OBEIR, PRIER DERRIERE L’IMAM, REVERER L’HOMME PROVIDENTIEL QUI N’EST SOUVENT ‎QU’UN DJOUHA, UN CHARLATAN, UN IGNORANT, UN CRIMINEL.

A leur décharge, il faut reconnaître que les peuples qui sortaient de la nuit des temps ou ‎d’une décadence séculaire pour accoster au XXe siècle avaient d’autres urgences, d’autres ‎priorités, avant d’en arriver à la défense de la Constitution du pays au prix de son sang : ‎échapper à la famine, à l’analphabétisme, aux épidémies ; jeter les bases d’un État, d’une ‎économie, d’une société…

Les peuples se libèrent les uns après les autres de la poigne des individus malades du ‎pouvoir qui les gouvernent selon leur rythme d’éveil. Mais il ne suffit pas d’avoir la qualité ‎de « peuple » pour accéder à l’éveil. Il s’en faut à en croire Bouddha. L’éveil est une ‎illumination, un « Euréka !» mental, intellectuel et spirituel. Il résulte d’un processus ‎éducationnel, mais pas n’importe lequel. ‎

DANS LES PAYS ARABO-MUSULMANS PAR EXEMPLE ON N’ENSEIGNE PAS LES VALEURS ‎CIVIQUES MAIS RELIGIEUSES, L’OBEISSANCE AU DETENTEUR DE L’AUTORITE ET NON LA ‎REPRESENTATION DEMOCRATIQUE, LA SOUMISSION A LA LETTRE CORANIQUE ET NON ‎SON INTERPRETATION RATIONNELLE.

POUR ETRE ELIGIBLE A LA LIBERTE, A LA DEMOCRATIE, IL FAUT LE VOULOIR PAR IDEAL ET ‎NON PAR COLERE DESTRUCTRICE, PARCE QU’ON N’A PLUS QUOI MANGER OU PARCE ‎QUE LES AUTRES ONT PRIS PLUS QUE SOI.‎

Les élections législatives en Tunisie et le refus de toucher à la Constitution au Burkina pour ‎donner un nouveau mandat à Compaoré relancent de plus belle les interrogations sur un ‎phénomène dans lequel les uns continuent de voir, indépendamment des résultats contrastés ‎ou même chaotiques, la volonté des peuples de se débarrasser du despotisme, et les autres ‎la « main de l’étranger » manipulant des peuples à leur insu pour les amener à détruire de ‎leurs propres mains leurs pays comme des somnambules armés tirant dans tous les sens.‎

DANS LEUR BOUCHE OU SOUS LEUR PLUME, LE « PRINTEMPS ARABE » NE SERAIT ‎QU’UNE FORME D’EBOLA.‎

Ceux-là doivent être gênés par le cours des choses pris en Tunisie et la révolte du peuple ‎burkinabé qui a renversé la table sur ses dirigeants, car ces deux exemples ne s’insèrent pas ‎dans la modélisation qu’ils ont élaborée à partir des cas libyen, syrien et yéménite. ‎

Ce modèle théorique n’offre pas non plus de réponse à la question : pourquoi l’Irak, ‎l’Afghanistan et le Pakistan connaissent-ils le même processus d’autodestruction alors qu’ils ‎n’ont pas été touchés par le printemps arabe ? ‎

Dans ces six pays on trouve de mêmes facteurs en action : le tribalisme (Yémen, Libye, Irak, ‎Pakistan, Afghanistan) et les affrontements interconfessionnels (Syrie, Irak, Yémen, ‎Pakistan). Ces pays n’auront de choix, lorsqu’ils en auront assez de la guerre et de la ‎destruction, qu’entre la partition et la fédération. ‎

LE PRINTEMPS A ECHOUE DANS PRESQUE TOUS LES PAYS ARABES, CERTES, MAIS IL FAUT ‎CHERCHER A SAVOIR POURQUOI AU LIEU DE SE CONTENTER D’EXPLICATION TOUTES ‎FAITES QUI LIBERENT DES CORVEES DE L’ANALYSE.

LES ARABES N’ONT PAS LE CHOIX ENTRE LE MEILLEUR ET LE PIRE, MAIS LE PLUS ‎SOUVENT ENTRE LE MAUVAIS ET LE PIRE. CELA TIENT A LEUR MENTALITE ET A LEUR ‎HISTOIRE. NOS AINES NOUS REPONDAIENT TOUJOURS, QUAND ON LES GENAIT PAR ‎QUELQUE OBSERVATION SUR LEUR GESTION, QUE NOUS DEVIONS NOUS ESTIMER ‎HEUREUX DE NE PAS AVOIR VECU SOUS LA COLONISATION, QUE LE DESPOTISME EST ‎PREFERABLE AU DESORDRE, NE MANQUANT PAS DE CITER EN RENFORT LE VERSET ‎CORANIQUE OU IL EST DIT QUE « L’ANARCHIE EST PIRE QUE LE CRIME ». CETTE ‎MENTALITE EST TOUJOURS EN SERVICE AU SOMMET DE L’ETAT.

ALORS QUE DANS LES AUTRES CULTURES ON ASPIRE TOUT NATURELLEMENT A ALLER ‎D’UN ETAT DONNE VERS UN ETAT MEILLEUR, IDEE QU’ON TROUVE DERRIERE LE ‎CONCEPT DE CROISSANCE, CHEZ NOUS C’EST L’INVERSE : IL VAUT MIEUX SE CONTENTER ‎DE SON ETAT QUE RISQUER DE TOUT PERDRE.

CETTE IDEE EST IMPRIMEE DANS NOS GENES, DANS NOTRE EDUCATION SOCIALE, ET ON ‎PEUT TROUVER DANS NOTRE PATRIMOINE ORAL UNE FLOPEE D’EXPRESSIONS ET ‎DE PERLES DE CETTE « SAGESSE POPULAIRE » EN LAQUELLE CROYAIENT SINCEREMENT ‎NOS AÏEUX : « DJA YASAA WADDAR TASAA » (VENU POUR GAGNER UN, IL A PERDU ‎NEUF ; DONC MIEUX VAUT NE PAS CHERCHER A AVOIR PLUS), « HAKDA WALLA KTAR » ‎‎(CONTENTE-TOI DE ÇA CAR ÇA PEUT ETRE PIRE), « ALLI IROUH KHIR MELLI IDJI » (CELUI ‎QUI ARRIVE EST PIRE QUE CELUI QUI S’EN VA, DONC MIEUX VAUT NE PAS CHERCHER LE ‎CHANGEMENT), ETC.‎

Les dirigeants burkinabés, pas plus que nos politologues, ne peuvent pas incriminer la CIA, le ‎Mossad ou le Chaïtan (diable). Non pas parce que ces entités n’existent pas dans l’univers ou ‎ne soient pas derrière un grand nombre de complots qui ont ravagé maints pays d’Afrique et ‎d’Asie depuis les années 1950 (coups d’Etat, sécessions, affrontements interethniques et ‎interconfessionnels, sabotages, assassinats…) mais on ne peut pas tout mettre sur leur dos.

Le facteur exogène réussit ses coups fourrés grâce à des complicités endogènes, mais quand ‎même pas avec celle de millions de personnes au péril de leur vie. Ce serait un drôle de ‎bénévolat.

Par une curieuse coïncidence, les deux évènements qui viennent d’avoir lieu en Tunisie et au ‎Burkina Faso démontrent dans le premier cas que c’est bien le peuple tunisien qui décide ‎chez lui, en bien ou en mal, donnant le pouvoir aux islamiste de Ghannouchi en octobre ‎‎2011 puis aux laïcs d’Essebsi en octobre 2014, et dans le second qu’un peuple conscient et ‎politiquement mûr sait dire, quand la coupe est pleine, « trop c’est trop !» comme on l’a lu ‎sur les pancartes des manifestant à côté de « Blaise dégage ! » et « Judas ! », entre autres.

Il n’a pas besoin que la CIA, le Mossad ou le Chaïtan le téléguide ou se substitue à lui.‎
MAIS COMMENT ALLONS-NOUS FAIRE MAINTENANT, NOUS AUTRES « PEUPLE DES ‎MIRACLES ET FIER DE L’ETRE », POUR JUSTIFIER AU MONDE QUI NOUS REGARDE SANS ‎NOUS DIRE LE FOND DE SA PENSEE, QU’UN VIOL DE LA CONSTITUTION A ETE COMMIS ‎CHEZ NOUS SANS QUE LA MOINDRE BRISE NE SE LEVE, ALORS QUE LE MEME ACTE A MIS ‎FIN EN UN JOUR AUX PRETENTIONS MONARCHIQUES D’UN DESPOTE VOISIN ?

Leur expliquer que « Vérité en deçà du Sahel, mensonge au-delà » ? Que la phrase parodiant ‎Montaigne n’a pas le même sens selon qu’on soit à Ouagadougou ou à Alger ? Que nous ‎préférons être « hakda walla ktar » comme nous l’enseigne au quotidien l’esprit du douar ?

Si la même question était posée à un Burkinabé, je suis sûr qu’il répondrait, peut-être avec ‎d’autres mots mais pour exprimer la même idée : « Blaise Compaoré est tombé parce qu’il ‎s’est cru en Algérie. Il lui en a cuit de se croire en terrain conquis alors qu’il était à ‎Ouagadougou. On ne pouvait pas lui pardonner ça !».‎

Dans notre pays, nous avons d’un côté le mandat de trop et de l’autre « l’instance de ‎transition » qui attend qu’on lui remette le pouvoir. Il manque juste quelques détails au ‎milieu : un petit appel à une « journée de protestation nationale », la sortie de quelques ‎millions d’Algériens dans la rue, puis le communiqué de l’état-major de l’ANP en fin de ‎journée. Et on aura égalé le Burkina Faso. ! ‎

Puis, c’est l’exemple tunisien qu’on essaiera d’atteindre en trois années, inchallah.‎
Nous avons été le premier pays arabo-amazigho-musulman à être colonisé et le dernier à se ‎libérer. Nous avons été le premier pays arabo-amazigho-musulman à vouloir entrer en ‎démocratie et celui qui a payé le plus lourd tribut en vies humaines pour l’avoir raté ou pour ‎y avoir songé, on ne sait. ‎

Un quart de siècle plus tard, la « stabilité » avec un chef d’État à l’état de santé instable et ‎plus âgé de quinze ans que Compaoré a été jugée préférable à l’ « aventurisme » avec un ‎président neuf. C’est peut-être vrai, « hakda walla ktar ! »‎

La Tunisie n’a pas payé le prix de sa transition vers la démocratie par un millier de victimes ‎tombées en janvier 2011 et plusieurs dizaines de membres des forces de l’ordre assassinées ‎par le terrorisme et deux leaders politiques, seulement, mais aussi par des pertes ‎importantes sur le plan économique, c’est-à-dire en termes de PIB, d’exportations, de ‎tourisme, de balance des paiements, de réserves de changes, d’emplois, de revenus et de ‎pouvoir d’achat pour la population. Mais le pays a surmonté la vague de revendications ‎sociales qui a cru que la révolution allait enrichir tout le monde.

Si le « printemps » n’a pas enrichi économiquement les Tunisiens, il les a enrichis ‎politiquement, accroissant leur conscience nationale, leur maturité politique, leur ‎attachement aux libertés publiques et leurs valeurs civiques. Les sociologues appellent cela ‎les « richesses permanentes ».‎

Bienvenue au peuple burkinabé dans le concert des nations qui ont pris leurs destinées en ‎main ! Leur président était probablement plus connu que leur pays avant ces évènements, ‎mais ce qu’ils ont fait les propulsera au sommet du respect et de la dignité, comme les ‎Tunisiens.‎

LA OU UN PEUPLE EXISTE, LES DESPOTES NE PEUVENT PAS APPARAITRE.

La nation burkinabé (Burkina Faso veut dire « pays des hommes intègres ») vient de gagner ‎ses titres de noblesse parce qu’elle n’a pas accepté qu’un despote fasse fi de sa dignité, la ‎foule à ses pieds. Elle, a durablement gagné et lui a perdu quelle que soit la suite des ‎évènements. Une demi-douzaine de chefs d’État de la région en fin de mandat attendaient le ‎moment de faire comme Blaise, mais nul doute que le « printemps africain » inauguré par ‎nos frères Burkinabés va leur donner à réfléchir.‎

Bon soixantième anniversaire de la Révolution du 1er novembre 1954 à tous, gloire à nos ‎martyrs et puissent-t-ils continuer de nous inspirer par leur sacrifice pour la patrie !‎

‎(« Le Soir d’Algérie du 1er novembre 2014)‎

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