LE « PEUPLE DES MIRACLES »

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‎« Un corps est une coopérative de cellules qui doivent s’entendre pour survivre. Une société ‎est une coopérative d’individus qui doivent faire de même » (Richard Dawkins).‎
Si nous étions vraiment le « peuple des miracles » que voulait nous faire croire Abassi ‎Madani au temps où il se préparait à devenir le premier calife du premier Etat islamique en ‎Algérie, il ne serait pas aujourd’hui en train de se dessécher au Qatar. Se prévalant ‎tacitement d’un entregent avec Allah, il promettait le paradis aux électeurs en contrepartie ‎de leur vote en faveur du FIS…‎

Aujourd’hui, Benflis ne peut pas évoquer le « peuple algérien » sans lui accoler ‎machinalement le qualificatif de «âdhim » (grand). S’il était si «grand» que ça, pourquoi n’a-‎t-il pas soutenu sa « juste » cause et s’est, soit abstenu, soit a voté en faveur de Bouteflika ? ‎Même si le taux de participation n’avait été que de 10%, et que Benflis aurait gagné ‎l’élection sans la fraude, pourquoi accepte-t-il un 4e mandat usurpé ? Et pourquoi s’est-il ‎résigné à mettre à sa tête un président d’occasion au lieu d’un président neuf ?‎

Finalement, seul Bouteflika à qui il est arrivé de donner au peuple du « wa ma adraka ma ‎châab al-djazairi !» L’incomparable peuple algérien !) quand il pouvait encore parler, aura ‎réussi à passer entre les gouttes. C’est peut-être parce qu’il les a distancés d’une tonalité ‎puisée à même le Coran (« wa ma adraka ») que lui est au pouvoir et eux dans la mouise.‎

Nous savons de quand date cette formule démagogique : des premiers jours qui ont suivi ‎l’Indépendance, quand le slogan « Un seul héros, le peuple !» fut consacré pour verser en ‎entier le mérite de la Révolution du 1er novembre au compte d’une société anonyme afin de ‎ne pas avoir à le répartir entre les sociétaires de la SNC (société en nom collectif) qui ‎s’entredéchiraient pour s’emparer de la gérance.

Il ne fallait pas qu’il y ait un ou plusieurs héros vivants, sinon c’est de droit que la gérance ‎leur serait revenue. Le peuple n’étant pas un individu pouvant prétendre à la direction du ‎pays, le consensus se réalisa sur l’astuce : tresser des couronnes aux martyrs qui ne gênaient ‎plus personne et rendre un vibrant hommage aux héros virtuels symbolisés par le « soldat ‎inconnu ». Cela arrangeait bien les affaires des prétendants dont beaucoup étaient de ‎véritables soldats inconnus, vivants et décidés à le rester… au pouvoir.‎

Dans la suite des temps, l’usage immodéré en fit une figure de style, le moment le plus ‎intense dans un discours, celui où le peuple mélomane et l’esprit du douar mythomane se ‎sentent brusquement élevés, soulevés, propulsés dans les cieux comme le Prophète lors de ‎sa miraculeuse ascension («al-isra-wa-l-mi’râj »).

C’est à ce langage poétique, facile et irrationnel, qu’on reconnaît les démagogues, ceux qui ‎flattent le peuple comme le renard de Jean de La Fontaine flattait le corbeau pour le ‎délester de son fromage.‎

Il faut arrêter avec ces méthodes datant d’une autre époque, avec ce langage débilitant ‎pour indigènes analphabètes, car UN « GRAND PEUPLE » N’A PAS BESOIN DE DISCOURS ‎ELOGIEUX OU DE LEADERS PROVIDENTIELS, IL SE SUFFIT A LUI-MEME ET DE SA REALITE.

Sa grandeur est attestée par sa puissance rayonnante dans le monde, par son classement ‎dans l’excellence internationale, par ses musées et ses panthéons où dorment ses centaines ‎de penseurs, d’inventeurs, de grands chefs d’Etat et de généraux depuis l’Antiquité. Ses ‎dirigeants sont élus pour faire du chiffre et ne discourent, avec mesure et sobriété, que ‎lorsqu’ils doivent rendre compte de leurs actes de gestion.

Il sera toujours temps de nous congratuler, de glorifier notre peuple et de le porter aux nues ‎quand il le méritera, quand il ne sera plus parmi les derniers dans les classements mondiaux ‎mais parmi les premiers, quand il ne sera plus la risée du monde mais parmi les peuples ‎admirés pour ce qu’ils font tous les jours et depuis toujours sans interruption, et non pour ce ‎qu’ont fait leurs parents et grands-parents il y a plus d’un demi-siècle pour sortir de 132 ans ‎d’indigénat.

Nous, nous l’avons oublié tellement notre tête a été tournée par le vertige du nombrilisme, ‎mais eux ne nous voient que comme d’anciens colonisés, d’anciens pauvres, de faux riches et ‎un futur pays en voie de sous-développement économique et mental.

Vous croyez sérieusement qu’on les a éblouis avec notre dernière trouvaille géniale, le 4e ‎mandat, et qu’on va être mieux considérés dans le concert des nations ? Ceux qui ont félicité ‎Bouteflika pour sa « victoire » et le peuple pour sa «sagesse» l’ont fait parce qu’ils ont ‎besoin de nos réserves de change pour donner du travail à quelques-unes de leurs ‎entreprises, et de notre coopération sécuritaire pour qu’on garde nos « harragas » chez ‎nous, qu’on ne leur exporte pas de nouveaux terroristes, et qu’on les renseigne sur ceux ‎qu’ils recherchent.

Le 4e mandat a été pour moi l’occasion de sonder les profondeurs morales de notre nation à ‎travers les échanges avec les lecteurs qui m’écrivent, me permettant quelques fois d’ajuster ‎mes sujets. ‎

Il en est parmi eux qui ont été gagnés par un certain pessimisme, voire la démoralisation, du ‎fait de mes retours incessants à notre passé et de mes jugements qui leur ont laissé ‎l’impression que nous sommes pris dans les rets d’une fatalité historique et qu’il n’y a rien à ‎faire pour s’en désempêtrer, c’est-à-dire redresser nos idées et nos comportements pour ‎modifier le cours de notre histoire.

LE FAIT QUE JE RETOURNE INLASSABLEMENT AU PASSE NE PROCEDE PAS D’UNE ‎OBSESSION, MAIS DECOULE D’UNE NECESSITE PEDAGOGIQUE. EN FAISANT DANS MES ‎ECRITS ANCIENS ET ACTUELS LE LIEN ENTRE NOTRE HISTOIRE PRESENTE ET NOTRE ‎HISTOIRE PASSEE, JE VEUX MONTRER QUE CE SONT LES CAUSES A L’ORIGINE DE LA ‎COLONISATION QUI SONT A L’ORIGINE DU SOUS-DEVELOPPEMENT, DU DESPOTISME ET ‎DE NOTRE « ENCANAILLEMENT » PAR LE REGIME QUI NOUS GOUVERNE.‎
LE PASSE N’EST PAS UNE SEQUENCE TEMPORELLE DETACHEE DE NOTRE PRESENT, UNE ‎EPOQUE REVOLUE COMME LE PALEOLITHIQUE.

Dans le temps, l’esprit du douar n’occupe pas un moment particulier, il n’a pas été rangé sur ‎une étagère entre notre patrimoine folklorique et notre patrimoine anthropologique, près ‎d’un vestige de « l’Homme de Mechta Larbi » ou d’une dent de « l’Homme de Tizi Ghennif ».

‎IL RESTE NOTRE HORIZON, IL EST DEVANT NOUS COMME UNE POSSIBILITE D’AVENIR ET ‎DE RESSOURCEMENT, COMME UNE VALEUR REFUGE. ‎

LE DOUAR ET LA « DECHRA » NE SONT PAS DES EMBRYONS DE VILLAGES EPARPILLES ‎DANS DES ENDROITS OUBLIES DE LA CIVILISATION ; C’EST NOTRE UNIVERS CULTUREL ET ‎SOCIAL OU QUE NOUS SOYONS ET OU QUE NOUS ALLIONS, MEME A L’ETRANGER. CE NE ‎SONT PAS DES LIEUX FIXES MAIS DES CAMPEMENTS, DES CONFIGURATIONS MENTALES ‎QUI SURGISSENT LA OU S’ATTROUPENT DEUX ALGERIENS OU PLUS. ‎

Les Algériens de jadis dont les idées et les perspectives étaient bornées par les limites de ‎leur « déchra » ne voyaient pas ce qu’ils avaient en commun ou pouvaient partager avec les ‎habitants de « déchras » lointaines, dans les directions des autres points cardinaux. Ils sont ‎morts et leurs ossements réduits en poussière mais leurs représentations mentales, leur ‎façon de penser et d’agir sont passées dans notre héritage génétique, socioculturel et ‎politique. Nous sommes leurs descendants, leurs héritiers, leurs continuateurs et parfois ‎leurs clones dans le bon et le mauvais, le juste et le faux. ‎

DE LA MEME FAÇON L’AVENIR SERA LA PROJECTION DU PRESENT, DES IDEES QUE NOUS ‎PORTONS ET QUE NOUS TRANSMETTRONS A NOS ENFANTS PAR LE JEU DE LA ‎MECANIQUE GENETIQUE ET SOCIOCULTURELLE. ‎

Aujourd’hui, Ghardaïa brûle et la Kabylie s’enflamme sans que les autres régions du pays ne ‎voient en quoi elles seraient concernées par « leurs » problèmes. Pour elles, ces évènements ‎lointains se déroulent chez d’autres peuples et ne concernent qu’eux. Jusqu’à ce que les ‎flammes se mettent à leur lécher les pieds un matin.‎

NOTRE PEUPLE EST DANS UNE LARGE MESURE CREDULE, SENTIMENTAL, EMOTIONNEL, ‎IRRATIONNEL. EN TEMOIGNENT LE RETOUR A LA MEDECINE RELIGIEUSE ENTRE ‎‎« HIDJAMA » ET « ROQYA », LA FLORAISON INCONNUE DEPUIS L’INDEPENDANCE DE ‎‎« DAIYA », « CHOUYOUKHS » ET « OULAMAS », LA RELIGIOSITE PRIMAIRE AFFICHEE ‎DANS LES APPARENCES, LES PROPOS ET L’HABILLEMENT, LA PREDOMINANCE DES ‎PARTIS ISLAMISTES DANS LE PAYSAGE POLITIQUE ET DES ZAOUÏAS DANS LES ‎ASSOCIATIONS DE LA SOCIETE CIVILE…

Ce peuple, dans de larges proportions, cherche à croire et non à exercer sa raison et son ‎sens critique. Pire encore, il cherche qui l’en débarrasser, d’où le succès populaire de cheikh ‎Chemsou et de ses homologues qui pontifient sur les chaînes tv privées et publiques où ils ‎‎« font de l’audimat » selon ce que m’a confié le directeur de l’une d’elles. Un tel peuple ne ‎ressemble pas à l’idée qu’on peut se faire d’un « peuple des miracles », mais à celui d’une ‎cour des miracles.‎

Ce directeur rejoint les démagogues politiques qui, au lieu de tenir un langage de vérité et ‎de réalisme à leurs concitoyens pour les inciter à aller dans la direction du progrès et de la ‎citoyenneté, cherchent ce qui est exploitable commercialement ou électoralement en eux ‎pour en tirer profit. Comme faisait autrefois Djouha en courant de douar en « déchra ».

L’ELITE NE SE MET PAS EN TETE DU CONVOI POUR ECLAIRER SA ROUTE ET LE GUIDER ‎DANS LE BON SENS, ELLE LE SUIT A L’ARRIERE EN CHANTANT SES « VERTUS ».

Quand ils regardent un film comme « Carnaval fi déchra » ou le « Clandestin », nos ‎compatriotes de toutes les couches sociales rient de bon cœur en croyant rire de fictions ‎parsemées de gags dus à l’imagination d’un metteur en scène talentueux alors qu’en fait ils ‎rient de notre réalité mentale, culturelle, sociale et politique projetée au cinéma. Ils la ‎connaissent cette réalité mais n’en rient que quand elle est montrée à l’écran et regardée ‎par tout le monde ensemble. ‎

J’ai toujours pensé que certains de nos acteurs n’en étaient pas, qu’ils n’avaient pas besoin ‎d’être formés dans des instituts et qu’il leur suffit d’être filmés tels quels. Peut-on concevoir ‎Othmane Ariouat autrement qu’on le voit à l’écran ? D’ailleurs il n’était pas dans son ‎élément dans le film sur Bouamama où il était aux antipodes des rôles qui lui collent à la ‎peau et lui vont si bien. On peut citer d’autres acteurs, comme Rouiched. Ce qui les distingue ‎des autres Algériens, c’est que ces derniers ne sont pas payés pour être filmés. Et les ‎personnages qui ont animé la campagne du 4e mandat, ils n’auraient pas été à leur place ‎aux côtés de Ariouat, Salah et les autres ?‎

Une petite anecdote parmi des dizaines d’autres que je pourrai rapporter : un jour, en ‎Suisse, je me rendais d’une ville à une autre au cours d’une mission et j’étais conduit par un ‎chauffeur de notre ambassade, un compatriote aux apparences de gentleman genevois, très ‎bien mis de sa personne et extrêmement affable. Comme le voyage était long on papotait ‎de tout et de rien, en frères. A un moment, il eut des trémolos dans la voix préludant à des ‎larmes imminentes et j’en fus intrigué et ému à la fois.

On discutait à trois, le troisième étant mon chargé de protocole, assis à l’arrière, et c’est lui ‎qui, touché et entraîné par l’émotion, me devança pour demander à notre compagnon les ‎raisons de son brusque affaissement moral. Il répondit que cela faisait plusieurs mois qu’il ‎n’était pas rentré chez lui et que nos échanges l’avaient noyé dans la nostalgie du pays. Je ‎pensai intérieurement que c’était à cause de sa famille. Eh bien non !

Ce qu’il lui manquait, à notre sympathique ami, selon ses propres mots, c’était le « houl », la ‎‎« fawda », les odeurs de son quartier, le « naturel » de nos compatriotes… Il en avait assez ‎de Genève, de la Suisse et des Helvètes, de leur organisation silencieuse et pointilleuse, du ‎fait qu’il ne se produisait jamais rien d’imprévu, que tout le monde parlait à voix basse, que ‎tout était nickel et qu’il fallait l’être soi-même constamment et partout. ‎

Pendant que mes deux compagnons, étreints par l’émotion, communiaient dans la tristesse, ‎j’éclatai d’un rire homérique qui les stupéfia. Je ne pouvais pas les rejoindre dans leurs ‎lamentations, ni eux dans mon fou-rire. ‎

A certains égards, nous ressemblons aux séropositifs qui portent un virus à l’état latent. Nous ‎portons le virus du « carnaval fi déchra » qui ne s’active que lorsqu’on est entre nous, ici ou ‎à l’extérieur. Lorsque nous sommes en pays étranger il s’endort miraculeusement mais, à la ‎première rencontre, « hna fi hna », il se réactive et devient virulent. ‎

Que ceux qui prennent souvent l’avion pour l’étranger se remémorent leur parcours au ‎retour : ils sont dans un aéroport international au milieu de milliers de gens de toutes les ‎races et de toutes les couleurs. Séparément, chaque Algérien passe inaperçu dans la ‎multitude bigarrée, ordonnée, calme et polie. Mais au fur et à mesure que s’approche ‎l’heure d’embarquer et qu’ils se dirigent vers la salle d’embarquement le brouhaha ‎augmente, les gens se relâchent, le désordre commence et l’embarquement se fait souvent ‎dans la confusion. ‎

Une fois à l’intérieur de l’avion, il est rare qu’il n’arrive pas quelque chose, ou que quelqu’un ‎ne se distingue pas par une incongruité. Parmi nos compatriotes, il y a toujours des émigrés ‎qui ont passé des décennies en Europe sans être changés dans leurs apparences ou leur ‎façon de parler. Au terme du voyage, on débarque. Là tout le monde respire en même ‎temps l’air du pays et on devient alors complètement soi-même : on veut passer avant les ‎autres, n’hésite pas à en bousculer quelques-uns, crie à tue-tête, écrase un pied avec un ‎charriot chargé de monstrueux bagages, et les premiers esclandres éclatent aux abords des ‎guichets de la PAF…‎

Il y a une dizaine d’années, ou même moins, on ne disposait pas d’instruments rapides nous ‎permettant de prendre sur le vif le pouls de la société, de l’écouter, la voir et lire ses ‎réactions à chaud dans les commentaires laissés au bas d’un article ou d’une information. ‎Aujourd’hui, et grâce à un vrai « peuple des miracles », les Américains, qui nous a ouvert les ‎autoroutes de l’information, d’internet et des réseaux sociaux, nous le pouvons et en ‎profitons. ‎

Je me souviens du discours de Clinton le jour où il a fait cadeau à l’humanité de cette ‎technologie. Quels cadeaux en dehors de l’immigration illégale et du terrorisme avons-nous ‎fait, nous autres faux « peuple des miracles », à l’humanité ?

Il faut ajouter à ces moyens de communication, de sondage et de mesure l’arrivée tardive ‎des chaînes d’information privées algériennes qui nous donnent l’opportunité de scruter les ‎mouvements de notre société, de mesurer son niveau de réflexion et de prise de conscience, ‎d’entendre ses critiques et de détecter ses failles.

Depuis qu’elles ont été créés, elles sont devenues des mines d’information pour l’analyste, le ‎sociologue, le psychologue, le politologue, etc. On entend tous les jours et à tout propos les ‎citoyens s’exprimer, se plaindre, dénoncer, menacer… La réalité est montrée dans sa nudité, ‎on invite sur les plateaux des universitaires, des hommes et des femmes politiques, et nous ‎avons toute latitude de distinguer le sincère du bonimenteur, l’esprit bien construit du ‎hâbleur, l’homme ou la femme de culture du « khallat » et de la « khallata ». ‎

Parfois on est étonné de voir et d’entendre des tout-jeunes qui n’ont pas connu l’époque du ‎parti unique raisonner comme ceux qui l’ont créé et alimenté.

Dans des pays comme la Tunisie ou l’Egypte on donne aussi la parole à la rue pour entendre ‎des hommes et des femmes de tout âge qui s’expriment bien et sont très attachés à leurs ‎pays, mais on dirait que certaines de ces chaînes choisissent à dessein d’ouvrir le micro au ‎tout-venant, à des blasés qui ignorent tout de la vie nationale et de la politique, à des ‎nihilistes prêts à brûler le pays, à des non-concernés par ce qui se passe et fiers de l’être, et ‎on nous dit que c’est ça le vrai « châab ».

Non, mesdames et messieurs les journalistes et autres démagogues, ce n’est pas le ‎‎« châab », ça ; c’est l’ignorance à l’état brut, la matière sociale à laquelle devraient ‎s’intéresser en priorité les partis et les associations pour les ramener à la collectivité, à leurs ‎droits et à leurs devoirs dans la Cité.‎

Ces réserves faites, il est heureux de constater que les choses, les idées et les personnes ‎commencent à frémir, s’animer, bouger. On sent une volonté de changer les choses, d’aller ‎de l’avant, de tirer les enseignements de notre passé récent et de l’expérience des autres ‎peuples, surtout nos voisins.

C’EST CE QUI AUTORISE A PENSER QUE LA THERAPIE QUI N’EST PAS VENUE DU HAUT ‎COMME ON L’ATTENDAIT PENDANT DES DECENNIES EST EN TRAIN DE VENIR DU BAS, DE ‎MONTER DE LA SOCIETE ELLE-MEME. LE 4E MANDAT SEMBLE AVOIR EBRANLE LES ‎CONSCIENCES PLUS QUE TOUT AUTRE EVENEMENT.

La fraude n’a pas pu faire mieux que ce qu’elle a pu, c’est-à-dire cacher que seuls 8 millions ‎et quelques électeurs y ont consenti. Sur le plan moral il peut être assimilé à une digue qui a ‎lâché, à un barrage qui a cédé, libérant des trombes d’émotions, de réactions et d’initiatives ‎inédites qui finiront par porter leurs fruits, comme celle que viennent de prendre des ‎syndicats libres et des associations pour tenter de mettre en place une « Fédération » des ‎organisations de la société civile. C’est une très belle idée. A quelque chose malheur est bon, ‎disent les Français.

ALORS COMMENÇONS A VOIR COMMENT NOUS Y PRENDRE POUR FAIRE DE CE 4E MANDAT ‎UN MALHEUR FECOND EN BONNES CHOSES, DE CETTE HONTE UNE OPPORTUNITE DE ‎REDEMPTION, DE CETTE EPREUVE L’OCCASION D’UN NOUVEAU DEPART QUI NOUS FERA ‎PEUT-ETRE REJOINDRE UN JOUR LA CARAVANE DES PEUPLES QUI AVANCENT DANS LE ‎SAVOIR, LA PUISSANCE ET LA PROSPERITE. ‎
PULVERISONS DANS NOS TETES CE CLICHE APPELE « PEUPLE DES MIRACLES » POUR FAIRE ‎DE SES MEMBRES REELS DES HOMMES ORDINAIRES, LABORIEUX, CREATIFS, HONNETES ET ‎TOLERANTS. LIBERONS CE PEUPLE « ADHIM » DE LA MYTHOLOGIE, DES CONTES ET ‎LEGENDES DU DOUAR AFIN QU’IL SE REINCARNE DANS DES CITOYENS MODESTES, ‎REALISTES ET ACCOMPLIS, QUI RESPECTENT DANS LEURS PENSEES ET LEURS ACTES LA VIE, ‎LA LIBERTE D’EXPRESSION, D’OPINION ET DE CULTE DES AUTRES, LA NATURE, LES LOIS, LES ‎CODES SOCIAUX, LA CIRCULATION ROUTIERE… LAISSONS DIEU TRANQUILLE, NOS ‎CHOUHADA REPOSER EN PAIX, L’ARMEE A SES MISSIONS ET LA MAIN DE L’ETRANGER CHEZ ‎ELLE.‎

Il est fort à craindre que si nous ne faisons pas ce que recommande le biologiste britannique ‎dans la citation mise à l’entrée de cette contribution, si nous continuons à tirer à hue et à dia ‎comme ont fait jusqu’ici les acteurs de la vie politique, nous n’aurons jamais de corps ‎civique, de société, d’économie, d« avenir radieux » et peut-être même plus de pays car il se ‎sera fatalement morcelé en plusieurs.

Le tarissement des hydrocarbures pourra précipiter notre retour aux montagnes, au désert, ‎au bled, à la vie rurale et bédouine décrite par Ibn Khaldoun dans son « Histoire des ‎Berbères », ou par notre compatriote Ali El-Hammamy, un brillant esprit, dans son roman ‎historique intitulé « Idris ».

‎(« LE SOIR D’ALGERIE » DU 24 AVRIL 2014) ‎

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