BATAILLES

by admin

On devrait se garder d’entrer en bataille, et davantage encore d’y précipiter les autres, quand on ne sait ni à qui on va se mesurer, ni avec quelles armes, ni pendant combien de temps. Parce qu’une bataille, entre autres, c’est un ennemi connu, un enjeu clair, une ordonnance de ses troupes et un espoir de résultats. Ce n’est pas un exode pêle-mêle, une marche errante à travers champs, des harangues qui n’en finissent pas ou une course folle à la ripaille et au butin.

Or, cela va bien faire deux prodigieuses décades que nous sommes engagés dans la « bataille de la production et de la gestion » (nom de code BPG) sans toujours voir qui nous devons pourfendre, ni avec quelle hallebarde, pour enfin la remporter et nous tourner vers d’autres conquêtes du socialisme. Le branle-bas de combat a certes été sonné, il est re-sonné à échéances fixes, mais l’on n’a pas pour autant entendu le choc des batailles sur le champ d’honneur, ni vu s’engager le féroce corps-à-corps à l’issue duquel il y aurait des vainqueurs, des vaincus et des prisonniers.

Nous persistons qui à mal gérer, qui à voler, qui à ne presque pas produire, qui à hurler à la vigilance, tandis que sous la tente on se tire dans les pattes et se revoie une balle qui n’a encore mal (?) heureusement tué personne pour déterminer qui, du gestionnaire, du travailleur ou des textes, est le plus à pendre pour motif de trahison. S’il n’est encore rien sorti de cette drôle de guerre, c’est certainement parque qu’on n’a pas réalisé qu’elle est à livrer à un ennemi qui n’est autre que soi-même et sur un autre terrain : celui du laxisme, de la corruption, du marketing politique mensonger, du matérialisme d’épicier, des privilèges discriminatoire, de la médiocrité…  Mais c’est aussi, direz-vous, à cause du pétrole, cet or noir qui nous mènera à notre perte au rythme de « Pour une vie meilleure… dans l’au-delà ! »

                                        « EL-Moudjahid » du 7 septembre 1981

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