« L’œuvre de l’intellectuel aspire à éclaircir un peu les choses, tandis que celle du politicien consiste souvent à les rendre plus confuses… La politique s’empresse de faire la nuit pour que tous les chats soient gris » (José Ortega Y Gasset).
Il n’y a pas plus éloquent, plus probant que la mine défaite des membres de l’aile sortie vaincue de la dernière en date des crises du FLN pour illustrer cette formule puisée dans la sagesse populaire algérienne.
Des personnages dont on entendait parler en venant au monde et qu’on croyait morts depuis longtemps, des noms qu’on pensait définitivement rangés du tripatouillage politique, des visages rendus méconnaissables par l’œuvre du temps, sont revenus au-devant de la scène médiatique pour pétitionner contre le sort humiliant qui leur a été infligé à la fin de leur vie.
Pour avoir semé « walou » il y a un demi-siècle, ils ont été poussés dehors sans ménagement, sans égards pour leurs états de service, leur âge avancé, les souvenirs communs, les liens tissés par les intrigues, le pain et le sel partagés.
La justice qu’ils ont tant de fois compromise dans des affaires douteuses et que, curieusement, ils ont cru capable de trancher en leur faveur, leur a répondu par un « makach ! » sans appel.
Le « président-moudjahid » qu’ils ont imploré en secret et adjuré en public est demeuré sourd-muet à leurs lamentations avant de faire lire par un héraut la lettre de cachet annonçant leur bannissement avec une marque au fer rouge sur le front afin que partout où ils passent la foule les reconnaisse et change de trottoir.
Mais le summum de la honte, le paroxysme de la flétrissure a été atteint plus tôt, lorsqu’une fatalité cruelle au-delà du supportable a désigné celui qu’ils considéraient comme le dernier d’entre eux pour leur montrer d’un doigt martial la porte de sortie avant de leur porter l’estocade du matador sur le parvis sous le regard indifférent des badauds.
Ils étaient tout au long de leur carrière les serviteurs dociles et zélés du pouvoir, ils l’ont achevée sur un licenciement abusif, victimes des mêmes méthodes brutales que celles qu’ils ont tant de fois utilisées contre leurs « frères d’armes » quand ceux-ci étaient jetés en pâture.
Il reste une chose à laquelle ils espèrent échapper, la folie.
Car le comble est qu’ils ne savent même pas pourquoi tout cela est arrivé. Ils ont beau chercher, ils ne trouvent pas de sens à ce scenario d’un avenir sans eux.
Ils ont soutenu le quatrième mandat et étaient prêts à soutenir le cinquième et le sixième, et même le dauphin désigné. Pourquoi alors ? Par « qassas », mot arabe désignant la loi du talion céleste ? Même pas.
Le coup, ils en ont la preuve maintenant, est venu de plus bas que le ciel.
Depuis longtemps, quoiqu’on commence à peine à s’y réveiller, une volonté est en action en Algérie dont le but inavoué mais résolu est de détruire par toutes les voies et tous les moyens les valeurs morales de ce pays.
Il s’agit de montrer et de démontrer subtilement, sans le dire et au besoin en le niant, que la rationalité, la compétence, l’intelligence, la bonne éducation, l’honnêteté et la décence, ces valeurs qui gardent à l’Algérien un tant soit peu de dignité et donnent son sens au mot « patriotisme », ne paient pas, qu’elles n’ont pas payé dans le passé et qu’elles ne paieront pas à l’avenir, qu’il faut prendre exemple sur les valets, les voleurs et les voyous si l’on veut réussir, se hisser haut dans l’échelle sociale et économique ou tout simplement survivre, garder son grade, son poste, son boulot et son gagne-pain.
Cette volonté destructrice ne s’appuie pas que sur l’appât du gain ou les mauvais penchants, elle encourage aussi un mouvement de religiosité dévoyée en charlatanisme pour achever d’enfermer les Algériens dans un choix non pas cornélien, mais perdant-perdant : vivre en canailles ou en faux dévots.
Les valeurs morales ayant maintenu à flot l’Algérien par temps de péril, il faut les lui ôter par l’encanaillement et le charlatanisme pour qu’il n’ait plus avec quoi se défendre et se reconstruire. Le colonialisme ne soutenait-il pas le maraboutisme ?
Jusqu’aux années quatre-vingt, l’Algérien considérait les habitudes de vie policées contractées pendant la cohabitation forcée avec les Français comme des produits de sa propre culture. Elles n’existent presque plus, disparues avec la mort des générations qui les ont portées ou sont tombées en désuétude.
D’autres habitudes de vie, sèches, rêches, revêches et antisociales les ont remplacées avec la certitude qu’on a rétabli la « personnalité algérienne » et « les valeurs authentiques de l’islam ».
Par sa participation à la lutte de libération nationale, la femme algérienne était sûre d’avoir créé un modèle, celui de la femme égale de son frère en droits et devoirs dans la future Algérie. L’islamisme étant passé par là, ayant commencé par-là, le modèle a été retouché et c’est l’idéal de la femme de ménage qui lui est désormais proposé, imposé.
De tels profils masculins et féminins ne sont pas ceux d’êtres prédestinés à devenir des bâtisseurs de civilisation, de société, de grande nation.
Ils ne sont même pas ceux des humbles « homo-oeconomicus » qui constituent la matière humaine courante des peuples ordinaires comme on en voit dans les pays rénovés d’Europe de l’Est, d’Asie et d’Amérique du Sud.
CES PROFILS SONT CEUX D’HABITANTS DE PAYS OU LA CHEVRE VOLE, PLUTOT DESTINES A VIVRE SOUS LE CALIFAT DE DAECH QUE DANS UNE REPUBLIQUE MODERNE.
Pour qui ne le sait pas, l’histoire de « la chèvre qui vole » est une parabole drolatique par laquelle les Algériens expriment l’idée que tout peut arriver chez eux, y compris l’absurde. Une chèvre chevrote, gambade, divague, se ménage (avec le chou) mais ne saurait voler à l’image d’un volatile.
Je ne connais pas d’équivalent à cette parabole dans le fonds de sagesse populaire des autres nations, et présume que c’est parce qu’elles n’ont pas été confrontées au cas de figure qui lui a donné naissance en Algérie on ne sait quand ni à quel propos. Non pas qu’une chèvre y ait réellement volé un jour, mais parce qu’une disposition de notre « inconscient archaïque » est prête à le faire admettre à tout moment.
Cette disposition n’est pas récente, propre à une région ou liée à une époque, on la retrouve partout avec quelques nuances dans la formulation. Elle sévit depuis que l’Algérien est Algérien et semble promise à plus d’avenir que n’importe quelle autre distinction faisant notre originalité parmi le genre humain.
Avant de découvrir cette expression qui sert à justifier l’injustifiable quand on est à court d’arguments, s’exclamant alors « C’est une chèvre, même si elle se met à voler ! », j’avais déjà été saisi d’étonnement en entendant dans les années soixante le chef de l’Etat nous révéler dans un discours public que nous étions un « peuple à la tête dure ». A l’instant où il le disait, ses sourcils se fronçaient et ses yeux s’exorbitaient comme pour prévenir qu’il n’hésiterait pas à fusiller quiconque mettrait en doute la présence de cette haute qualité chez l’Algérien.
Ça allait devenir une idée fixe chez Boumediene, une marotte. Mais s’il s’était avisé de consulter le Larousse pour s’informer sur la définition du mot « marotte », il aurait lu : « Sceptre surmonté d’une tête grotesque coiffée d’un capuchon garni de grelots, attributs de la folie ».
J’étais sidéré, peut-être même traumatisé puisque ce souvenir me poursuit encore, d’entendre proclamer à ce niveau d’exemple et de responsabilité que la vertu suprême du peuple algérien était d’avoir la « tête dure », qualificatif caractérisant l’entêtement, l’esprit borné, et évoqué plus volontiers à propos de l’âne que de l’homme.
C’est ce qui m’inspirera une dizaine d’années plus tard l’écriture d’un article intitulé « Le Khéchinisme » (« El-Moudjahid » du 17 octobre 1979), pressé que j’étais de me révolter contre le nihilisme charrié par cette expression CAR ON DOIT ETRE FIER D’UNE QUALITE, JAMAIS D’UN DEFAUT.
Laquelle des deux expressions, « Nous sommes fiers d’être durs de tête ! » ou « C’est une chèvre, même si elle vole ! », est plus déroutante que l’autre ? Je ne saurais le dire mais le substrat est le même et existe dans nos douars sous de multiples tournures dont celle-ci : « Celui qui m’aime doit m’aimer même avec ma saleté ! ».
En tout cas, il n’y a que cette « philosophie » pour justifier une aberration comme la présence à la tête d’un pays jeune et entouré de dangers d’un président dans l’état où se trouve Boutef.
Le propre de cette « philosophie » étant de justifier l’injustifiable et non de l’expliquer, il faut chercher ailleurs l’explication à ce mépris de l’intérêt national et à l’encanaillement général qui l’a rendu possible.
En avril 2014, immédiatement après la publication des résultats de l’ « élection » qui a consacré le quatrième mandat, j’ai publié dans ces colonnes « Un homme a gagné, une nation a perdu ».
Le 1er novembre de la même année, j’ai publié « Un homme a perdu, une nation a gagné » en l’honneur des Burkinabés qui venaient de chasser du pouvoir Blaise Compaoré qui, se croyant en Algérie, avait osé envisager un mandat supplémentaire alors que lui au moins était en très bonne santé.
Le président du Burundi est actuellement à la peine car il pensait que les Burundais étaient mentalement plus proches des Algériens que des Burkinabés, ce en quoi il se trompait apparemment. J’attends le dénouement de l’affaire pour voir quel titre donner à la chronique que je proposerais au « Soir d’Algérie ».
L’année où la Constitution algérienne était violée (2008) pour permettre un troisième puis un quatrième mandat à Boutef avec la complicité d’un parlement dont on avait triplé le salaire de ses membres quelques mois plus tôt, le jeune et très bien portant Sarkozy initiait une révision constitutionnelle pour limiter le nombre des mandats présidentiels à deux.
Quelques années auparavant (2000), c’était Chirac qui ramenait la durée du mandat présidentiel de sept à cinq ans.
Les autorités françaises de droite et de gauche ont gardé le silence sur la violation de notre Constitution et le quatrième mandat, comme ils ont interdit l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste chez eux et les ont encouragées à In Salah, l’un étant probablement la contrepartie de l’autre.
Nous sommes à nouveau dans une relation de colonisable à colonisateur, agissant comme il se doit chacun en sens contraire de l’autre.
L’ANCIEN COLONISATEUR REDUIT LES MANDATS, LE COLONISABLE D’HIER LES ALLONGE ; L’ANCIEN COLONISATEUR INTERDIT SUR SES TERRES L’EXPLOITATION D’UNE RESSOURCE POLLUANTE, L’ETERNEL COLONISABLE L’AUTORISE SUR LES SIENNES.
LES HOMMES ONT UNE VIE, LES NATIONS UNE HISTOIRE. LES HOMMES NAISSENT ET MEURENT, LES NATIONS SE FORMENT ET PERDURENT, RENOUVELEES PAR LES LOIS DE LA BIOLOGIE ET LES IDEAUX SOCIAUX QUI LES GUIDENT.
Quatre noms se détachent de l’histoire de l’Algérie représentant au XXe siècle le courant civilisateur : Abdelhamid Ben Badis, Ferhat Abbas, Aly al-Hammamy et Malek Bennabi. Ils pensaient qu’il fallait désindigéniser l’Algérien, l’éduquer avec les moyens disponibles, lui inculquer la notion de devoir avant celle de droit, l’édifier civiquement avant de lui parler d’indépendance.
Ce courant a été étouffé par le populisme et les surenchères de Messali Hadj et du PPA-MTLD qui ont abouti à la déstructuration de ce peuple sur tous les plans, faisant de lui une communauté se nourrissant de mythes et légendes et ne comprenant rien au mystère de son existence précaire et aléatoire.
Voici ce que j’avais écrit dans le « Projet de société » que j’ai présenté le 03 novembre 1989 devant la presse nationale à la salle Ibn Khaldoun :
(Début de citation) « Aujourd’hui, le plus grave n’est pas que nous soyons sous-développés, mais que nous ne soyons plus disposés à en admettre les implications logiques… Nous ne sommes pas menacés de crise, mais d’effondrement total. Aujourd’hui, nous ne sommes ni une société agricole ni une société industrielle, ni des socialistes ni des capitalistes, ni de mauvais individus ni une bonne collectivité, ni de bons musulmans ni de vrais laïcs, ni des arabisants ni des francisants, et ce ne sont pas les derniers de nos paradoxes. C’est ce qu’il en coûte quand on n’a pas de vision et qu’on croit y suppléer en confiant ses destinées à des plans quadriennaux et quinquennaux qui ont fait de l’Algérie un tragique « reste à réaliser ».
Les solutions ne sont plus à chercher du côté de l’édifice politique actuel qui, malgré les « réformes » tentées in extremis, n’est que le stade suprême qui nous a conduits à la faillite. Elles sont à attendre d’un renouvellement de l’espoir. L’œuvre à accomplir est énorme, mais elle portera ses fruits si on l’enracine dans ce postulat fondamental dont tout notre peuple doit se pénétrer : celui-là seul mérite l’indépendance et le développement, qui doit chaque jour les conquérir » (fin de citation).
C’est au même problème que nous avons été confrontés à la fin des années quatre-vingt. Quand il était dirigé d’en haut et n’avait pas voix au chapitre, on avait imposé à l’Algérien un socialisme importé qui s’est écroulé dans le sang en octobre 1988.
Quand on lui a donné la parole et le choix en 1990, il a importé par des voies informelles un islamisme qui allait coûter au pays quatre cent fois plus cher en pertes humaines et qui, malgré la lourdeur de ce bilan, intéresse toujours une partie de la population qui y voit la promesse d’une vie paradisiaque. Toujours cette envie de vivre en contrepartie de « walou ».
Le « pari de Pascal » était philosophique, il est devenu bassement commercial.
Dans ce cas aussi il fallait préparer l’Algérien à l’idée de démocratie avant de lui ouvrir le champ du multipartisme. On y est entré en catastrophe, sans aucune préparation. On y a été précipités comme si on portait naturellement dans notre génome les traditions démocratiques, comme des parachutistes sautant de nuit et sans parachute d’un avion.
Les premiers à accourir pour proposer à un peuple crédule et aveuglé par la haine du pouvoir leurs boniments et leurs cordes vocales d’ « opposants » furent bien sûr les « Djouha », barbus et imberbes. Il s’en est suivi la guerre civile que je prédisais dans un texte daté du 03 mai 1990 alors que le pays était calme, les élections communales gagnées par le FIS n’ayant pas encore eu lieu. Dans ces passages, je m’adressais justement à l’ « opposition ».
(Début de citation) : « La démocratie vint comme un aveu d’échec et de faillite alors qu’elle aurait pu venir comme le couronnement d’une évolution. Nous l’avions espérée en 1979, nous l’avions attendue en 1985, nous l’avions crue imminente en septembre 1988. Malheureusement, elle ne vint que cinq mois plus tard, un retard qui coûta à notre nation des centaines de morts… En sortant des rangs du peuple pour lui proposer un PROJET DE SOCIETE destiné à le tirer progressivement des multiples crises qui mettent en péril son existence en tant qu’ensemble social, économique et politique, les hommes du PRA étaient surtout mus par la crainte de voir l’Algérie s’acheminer lentement mais sûrement vers le chaos sous la poussée des forces fiévreuses qui se sont mises à se disputer ses morceaux en cette période de remises en cause brutales, de radicalisations vengeresses et parfois d’ambitions personnelles.
C’est comme si toutes les parties, tous les partis, tous les individus, séparément ou collectivement mais en tout cas objectivement, s’étaient donné le mot pour abattre l’Algérie en croyant abattre le « système » honni ou l’adversaire du moment. De fait, nous travaillons tous actuellement, chacun de notre côté, à faire monter la tension, à exacerber les motifs de division et à affaiblir le pays en pensant de bonne foi œuvrer à le sortir d’affaire… Il n’est jusqu’aux questions identitaires, vestimentaires et linguistiques qui n’aient choisi pareille conjoncture pour s’imposer avec une détermination résolue aux dernières extrémités…
Un sursaut de la conscience nationale est impérieux, urgent, car notre patrie est en danger. Elle est, au premier chef, menacée par la disqualification définitive d’un régime qui s’obstine à exciter les causes de mécontentement populaire par le seul fait de s’accrocher à un pouvoir que le peuple lui conteste tous les jours…. Quand bien même ce régime se présenterait au peuple avec le soleil dans la main droite et la lune dans la main gauche, il ne saurait regagner sa confiance ni le remettre au travail….
Mais elle est aussi menacée par nos antagonismes, nos efforts divergents, nos peurs réciproques, nos irrationalités respectives… Voilà qu’à notre tour nous confirmons le séculaire manque de sens collectif reproché à notre peuple. Voilà que nous administrons au monde qui nous observe la preuve de notre incompétence à nous élever à une appréciation commune de nos intérêts supérieurs en une étape cruciale pour l’avenir de notre nation. Nous savons tous que c’est cela qui a perdu les générations qui nous ont précédé sur cette terre et les a conduits à la colonisation et au sous-développement. Nous pressentons tous obscurément que c’est ce qui nous mènera fatalement à LA GUERRE CIVILE et à l’effondrement…
Nous ne sommes plus d’accord sur rien, et si nous ne nous employons pas à y remédier dans les meilleurs délais, si nous n’entreprenons pas de faire de notre peuple une société et de notre anarchie actuelle une organisation sociale, économique et politique équilibrée et policée, notre nation aura vécu…
Faute de pouvoir présenter à notre peuple un PROJET DE SOCIETE COMMUN, nous y parviendrons peut-être un jour, nous pourrions lui offrir dans l’immédiat l’espoir de solutions consensuelles émanant d’une sorte de Conseil de l’Entente Nationale que nous pourrions former pour être consultés sur les affaires de la nation en attendant la dissolution de l’Assemblée nationale. Que le « système » en place doive être évacué est notre premier point d’accord. Qu’il le soit dans la paix sociale et la stabilité des institutions, peut être notre deuxième point d’accord. Mais que nous réussissions à convenir d’un discours de salut public assorti d’un programme économique adapté aux problèmes urgents, serait la preuve sublime que l’opposition algérienne est en mesure d’assurer la transition pacifique vers l’alternative que dessineront démocratiquement les prochaines élections législatives…
Les solutions que nous pourrions avancer ne devraient en aucune façon découler de la mise en exergue de nos dissemblances mais plutôt de notre aptitude à mettre en avant nos ressemblances d’Algériens venus d’horizons politiques divers, formés à des écoles de pensée différentes, mais nourrissant néanmoins le même attachement à voir notre nation sortir sans dommages de la crise actuelle…. « (Fin de citation).
CETTE VISION, CETTE ANALYSE, CES PROPOSITIONS PRATIQUES, CES ECRITS AUSSI REALISTES, ALARMISTES ET PREMONITOIRES QU’ILS PEUVENT PARAITRE AUJOURD’HUI N’AVAIENT AUCUNE CHANCE DE CAPTER L’INTERET DU POUVOIR, DE L’OPPOSITION, DE L’ « ELITE » OU DU PEUPLE. MAIS IL FALLAIT LES PENSER, LES FAIRE, LES DIRE, LES ECRIRE ET LES PUBLIER AU MOINS POUR LE TEMOIGNAGE.
VINGT-CINQ ANS PLUS TARD, DEUX CENT MILLE MORTS APRES, ILS SONT ENCORE D’ACTUALITE, AVANT-GARDISTES MEME, MAIS ILS RESTENT MINORITAIRES AU PAYS OU L’ON PREFERE SON PROPRE «AGHIOUL» (ANE) AU MULET D’AUTRUI.
QUE FAUT-IL DIRE AUJOURD’HUI EN FIXANT L’AVENIR, LE LOINTAIN, L’APRES-BOUTEF CAR IL Y EN AURA UN, BON OU MAUVAIS, MEILLEUR OU PIRE, SELON CE QU’ON AURA FAIT ?
On parle de « transition démocratique », de « nouvelle plateforme de la Soummam », d’« élections anticipées », comme si chacune de ces expressions était en soi un programme, une panacée pour le peuple et une bombe atomique faisant perdre le sommeil au « système ».
CE N’EST QUE DU VERBIAGE, DU « HWA », DU « RIH », DU « WALOU » DONT IL NE SORTIRA FORCEMENT QUE DU « MAKACH ».
Je n’ai lu aucun document ressemblant à « un Programme commun », à une esquisse de la société algérienne de demain, ni entendu parler de la mise à l’étude d’une stratégie électorale susceptible de rivaliser avec celle du pouvoir le moment venu.
Au premier coup de sifflet de la présidentielle il y aura cent candidats sortis de partout et de nulle part, chacun pensant être le « muntadhar ».
On nous montre parfois aussi des attroupements de personnes dont la plupart ne sont en vérité que des « Djouha » faussaires et des illusionnistes trompeurs, les présentant comme l’«opposition» qui sait où elle veut nous mener alors qu’elle n’est qu’un assemblage de contradictions, un attelage disparate de partis et de personnes qui n’ont pas songé à présenter ne serait-ce que le draft d’une alternative évoquant un « PROJET DE SOCIETE COMMUN » comportant un substantiel volet économique.
On trouve plus malin, moins fatiguant et surtout peu risqué de demander la remise du pouvoir à partir d’un salon ou d’une tente en agitant la menace d’une explosion populaire qui, croient-ils naïvement, leur profiterait automatiquement.
Un peu comme dans l’histoire de Djouha qui, s’étant fait voler ses chaussures, est arrivé à les récupérer en bluffant son auditoire. Les chapardeurs algériens, eux, ne les rendront pas, il faudra aller les leur arracher des pieds. Ce n’est pas de la politique, ça ; ce n’est pas de l’opposition, c’est de la mendicité indécente.
CELA DIT, IL N’EST PAS TROP TARD POUR REDRESSER LA BARRE.
(« Le Soir d’Algérie » du 31 mai 2015)