La France, l’Europe et l’Afrique (en particulier l’Algérie ) attendent, pour des raisons différentes mais avec un égal intérêt confinant à l’anxiété, les résultats du second tour des élections législatives de dimanche prochain.
Médias et analystes de France et de l’étranger rivalisent de perspicacité pour imaginer ce qu’il va en sortir: une victoire triomphale du Rassemblement national ou une remontée spectaculaire du Nouveau Front populaire dominé par la figure emblématique de Jean-Luc Mélenchon.
Chacune de ces alternatives poserait de sérieux problèmes à la France telle qu’on la connait: une France pensée par le général de Gaulle pour les hommes et les idées de sa génération animés par une « certaine idée de la France » devenue, trois quarts de siècle plus tard et avec l’avènement d’une autre génération de présidents de la République, une très incertaine idée de la France.
Dans les deux cas la France rentrera dans une période de cohabitation prometteuse en luttes feutrées et coups de Jarnac. Mais il y a pire qu’un pouvoir exécutif bicéphale tiré à hue et à dia : la fragmentation du corps électoral en blocs inconciliables et une scène politique atomisée qui transformeraient la « cohabitation » en luxe hors de prix, en solution hors de portée.
L’impossibilité pour aucun bloc de former une majorité parlementaire capable de gouverner durablement la France, rendrait caduque la constitution de 1958, ce qui équivaudrait à la fin d’un monde.
Au soir du premier tour des élections législatives, la France s’est retrouvée dans une mauvaise passe. Mais il restait, avec le deuxième tour, l’espoir de résultats qui affaiblissent la vague lepéniste.
Le paradoxe est que dans le cas où le RN n’obtienne pas la majorité absolue, la France se retrouvera dans l’impasse.
Pour en sortir, le président de la République pourrait initier une révision constitutionnelle pour la changer en partie ou la remplacer, ce qui, de prime abord, choquerait profondément un pays façonné par la vision du monde gaulliste.
Sur quoi pourrait déboucher une révision constitutionnelle ?inévitablement sur un changement de régime en substituant au régime semi-présidentiel en vigueur un régime parlementaire fondé sur le mode de scrutin proportionnel.
Or ce régime a été expérimenté sous la troisième et la quatrième République. C’est de l’échec de cette dernière qu’est née la cinquième République. Quoiqu’il en soit, la France est à la veille de grands bouleversements culturels, politiques et sociaux.