Home ARTICLESLes questions internationales2020-2022 PALESTINE : VERS LA SOLUTION FINALE ?

PALESTINE : VERS LA SOLUTION FINALE ?

by admin

« Voici ce que dit le Seigneur, l’Eternel : les Philistins (Palestiniens) ont commis des actes de vengeance, ils se sont vengés avec la hargne qui était en eux, en voulant tout détruire dans leur haine perpétuelle. A cause de cela, voici ce que dit le Seigneur, l’Eternel : Je vais déployer ma puissance contre les Philistins. J’éliminerai les Kéréthiens (désignation d’une tribu de Philistins) et je ferai disparaître le reste installé sur la côte de la mer (Gaza). Je mettrai de grandes vengeances en œuvre contre eux, en les punissant avec fureur, et ils reconnaîtront que je suis l’Eternel… » (La Bible. Livre d’Ezéchiel. Versets 15 à 25).

Vingt-cinq siècles se sont écoulés depuis la rédaction de ces lignes bibliques témoignant de l’engagement du Dieu d’Israël à faire disparaître les habitants de Gaza, et pourtant ils sont toujours là, croyant en l’Eternel (retouché par l’islam), en plus grand nombre, et défendant avec la même détermination qu’il y a deux millénaires et demi la terre qu’ils habitaient avant l’arrivée des juifs.

Netanyahou, qui est un homme du vingt-cinquième siècle avant J.C comme on va le voir et non du vingt-et-unième, compte-t-il réussir là où la « puissance de l’Eternel » n’a pas réussi, c’est-à-dire appliquer aux Palestiniens la « solution finale » telle que théorisée par Hitler pour débarrasser l’Europe de la présence juive ? Le doute est largement permis.

Le sionisme est au Judaïsme ce que l’islamisme est à l’Islam : une fausse couche, un dévoiement… Ce qui autorise ce rapprochement ? J’ai publié le 2 février 1972 dans un journal francophone algérien (El-Moudjahid) un article de présentation d’un livre qui venait d’être publié en France aux Editions Cujas (Emmanuel Lévyne, « Judaïsme contre sionisme ») et, en 2006, j’ai publié un livre intitulé « L’islam sans l’islamisme » aux Editions Samar à Alger. Tout y est. J’y reviendrai dans un prochain article.

« C’est eux ou nous ! » déclarait Netanyahou la mine défaite et sur un ton lugubre au soir du 7 octobre pour exprimer sa ferme volonté d’en finir avec les Palestiniens « quoiqu’il en coûte » et quoi qu’en pensera le reste de l’humanité.

Un ministre de son gouvernement (en charge du « Patrimoine judaïque » !) suggérera quelques jours plus tard devant la Knesset un des moyens d’y arriver radicalement : larguer une bombe atomique sur Gaza ! Il a aussitôt été démis de ses fonctions, peut-être plus pour avoir trahi un secret que d’avoir dit tout haut ce que la coalition d’extrême droite au pouvoir pense tout bas, elle qui n’a jamais entrevu de solution au « problème palestinien » que dans sa disparition.

D’ailleurs Netanyahou n’a pas tardé à dévoiler dans ce sillage son objectif de reprise en main totale de Gaza dont une partie de la population est en cours d’élimination, et l’autre en voie de déportation le plus loin possible vers le sud, profondément dans le Sinaï. En quelque sorte un Exode palestinien vers l’errance parmi les nations, à l’opposé de l’Exode juif vers une « terre promise » qui était déjà occupée.

Jusque-là, il avait manqué au sionisme tel qu’incarné par Netanyahou et l’extrême droite qui l’entoure l’occasion idéale, un prétexte à la hauteur du projet de « solution finale » pour passer à l’action avec la garantie d’un soutien indéfectible de la part des dirigeants occidentaux. Des dirigeants, pas de leurs peuples.

Cette occasion et ce prétexte ne s’étant pas présentés dans le format convenant au plan, il fallait les créer en facilitant, par exemple, un projet d’attaque de l’adversaire dont on aurait eu vent par les services de renseignement pour justifier a posteriori la réponse apocalyptique déjà planifiée préparée.

Cette approche a pour but de trouver un sens, une logique à un ensemble de faits disparates  survenus apparemment par hasard au cours des deux dernières années, mais en fait reliés entre eux, l’un ouvrant la voie à l’autre.

Tout a commencé avec les inexplicables provocations contre les Palestiniens menées par le ministre-émeutier Itamar Ben-Gvir (ministre de la « Sécurité publique » !) à la tête de cohortes de colons et d’extrémistes religieux (expropriations, destructions de maisons, violation des lieux saints, violences policières contre les femmes dans des mosquées…).

Comme si on voulait les pousser à bout, les inciter à la révolte, à la vengeance, à une action militaire d’importance qui justifierait l’holocauste concocté pour se défaire d’eux en tuant le maximum sur place et en dispatchant le reste sur les pays voisins.

Sur ces entrefaites sont venues les manifestations contre la « réforme judiciaire » portée par Netanyahou, lesquelles, par leur ampleur et leur durée, inquiétaient sérieusement Netanyahou qui avait réussi à échapper aux poursuites judiciaires pour corruption à plusieurs reprises en se réfugiant chaque fois derrière une « situations d’urgence » créée par lui.

C’est à ce moment que ses intérêts personnels et ceux, politiques et idéologiques de la coalition qu’il dirige se sont emboîtés. Quoi de mieux, en effet, qu’une nouvelle « guerre contre le terrorisme » pour dégarnir les manifestations en envoyant les manifestants aptes au service au front, détourner l’attention du pays des affaires de corruption qui lui sont reprochées, et garder le pouvoir jusqu’à la fin d’un conflit qui pourrait déboucher sur une guerre mondiale salutaire pour lui. Il est homme à réfléchir ainsi : mettre le feu au monde pour faire d’une pierre deux coups : liquider les Palestiniens et passer dans l’histoire pour celui qui a vengé les victimes et les déportés de la Shoah en châtiant l’humanité pour avoir permis cela.

Quand on rembobine le film des évènements du 7 octobre on a de la peine à admettre qu’il suffisait de si peu pour pénétrer en territoire israélien : un bulldozer de location pour venir à bout d’une clôture faite d’un simple grillage et, de là, ouvrir la route à des mobylettes pétaradantes. Il était difficile d’en croire ses yeux devant le spectacle hallucinant qui nous a été offert ce jour-là, tandis que la raison nous interdit de croire que tous les systèmes de surveillance encerclant Gaza aient été complètement et aussi facilement neutralisés.

On comprend dès lors pourquoi « personne n’a rien vu venir » le 7 octobre et pourquoi Netanyahou et ses militaires se sont pour la première fois chamaillés en public sur la responsabilité des uns et des autres dans évènements. Le lendemain Netanyahou reconnaissait que les services de sécurité l’avaient en fait averti que « quelque chose d’important se préparait en face », après les avoir accusés la veille du contraire. Se pose alors un tas de question auxquelles il n’est pas pressé de répondre parce que le monde pourrait découvrir que cette affaire n’est pas nette, qu’elle a été pour le moins manipulée en pensant pouvoir la « gérer ».

N’est-ce pas pour ça que Netanyahou ne cesse de répéter que cette guerre sera longue et coûteuse et s’obstine à poursuivre les bombardements par terre, mer et air sur Gaza au risque de sacrifier les otages ?  N’aurait-il pas quelque chose à craindre de leur retour ? Des choses qu’ils auraient apprises des Palestiniens durant leur détention ?

Il faut espérer que les enquêtes à venir du côté israélien s’intéresseront à ces hypothèses à ces pistes et aux nombreuses questions qui restent en suspens, qu’elles se pencheront sur les troublantes coïncidences entre les tragiques évènements en cours et les calculs obscurs d’un homme qui semble n’être venu au monde que pour tuer dans l’œuf toute possibilité de cohabitation entre Israéliens et Palestiniens. Sauf si la vieille ficelle répondant au nom de « raison d’Etat » venait à en décider autrement.

J’aimerais proposer la lecture de ces lignes extraites d’un article que j’ai publié il y a un peu plus de onze ans et qu’on peut consulter en entier sur ma page Facebook :

« Au cours de sa rencontre en mars 2012 avec le président américain, le Premier ministre israélien, venu demander des avions ravitailleurs en vol et des munitions spéciales en liaison avec les préparatifs d’une attaque contre l’Iran, a offert un cadeau symbolique à Obama. Il s’agit d’un des livres de quelques pages formant la Bible, « Le Livre d’Esther », du nom d’une femme juive de la tribu de Benjamin qui aurait été au Ve siècle av. J.C l’épouse du roi de Perse Assuérus sans qu’il connaisse sa confession, et qui aurait sauvé les juifs d’un massacre annoncé. En lui remettant le livre, Benjamin Netanyahu a dit à Obama : « Lui aussi voulait nous annihiler », comme s’il parlait d’un terroriste recherché depuis… vingt-cinq siècles.

On ne sait pas qui il visait au juste car selon le Livre d’Esther lui-même c’est Haman, le Premier vizir et non le roi, qui aurait fomenté le complot et qui sera d’ailleurs mis à mort rien que pour avoir conçu cette idée… Sous l’influence d’Esther, le roi promulgua une loi qui « autorise les juifs, quelle que soit la ville qu’ils habitent, à se rassembler et à défendre leur vie en exterminant, massacrant et supprimant tous les groupes armés d’un peuple ou d’une province qui les attaqueraient, y compris les petits enfants et les femmes, et à procéder au pillage de leurs biens ».

Le Livre d’Esther poursuit : « Beaucoup de membres des autres peuples du pays se faisaient juifs, tant ils avaient peur d’eux… Ce fut au tour des juifs de dominer ceux qui les détestaient. Ils se rassemblèrent dans leurs villes respectives, dans toutes les provinces du roi Assuérus, pour porter la main contre ceux qui leur voulaient du mal. Personne ne leur opposa de résistance, tant les autres peuples avaient peur d’eux. De plus, tous les chefs de province, les satrapes, les gouverneurs et les fonctionnaires du roi soutenaient les juifs… Les juifs frappèrent tous leurs ennemis à coups d’épées, les tuant et les faisant disparaître. Ils traitèrent selon leur bon plaisir ceux qui les détestaient…»

Et tout cela en riposte à une menace qui n’a pas connu un début d’exécution, exactement comme dans le cas du nucléaire iranien. On ne peut s’empêcher, en lisant ces lignes, de penser d’un côté aux Palestiniens, et d’un autre aux puissances occidentales qui soutiennent Israël en dépit de ses innombrables violations des droits de l’homme et du droit international depuis 1948.

Les historiens n’ont pu recouper aucune donnée de ce récit, qualifié de « roman historique », avec l’histoire bien établie de l’empire perse. Mais là n’est pas l’important. L’important, c’est que les Israéliens y croient et l’appliquent comme un strict devoir religieux. Il ne faut donc pas voir dans le cadeau de Netanyahu à Obama une coquetterie, une plaisanterie ou une provocation, mais la pose d’un simple acte de foi : Israël n’écoute que la voix de son histoire et ne croit qu’à ses livres sacrés, confirmés ou non par la science historique. Les égards aux lois humaines et au droit international viennent après, et à condition de leur être favorables » (« Culture théocratique et bombe atomique » publié dans « Le Soir d’Algérie » du 22 avril 2012) ».

Rappelons enfin que le président Poutine a été inculpé de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale et un mandat d’arrêt international délivré contre lui pour cent fois moins de victimes civiles en Ukraine dans le même laps de temps. Qui oserait le faire pour Netanyahou et ses généraux ?

                           

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