Home ARTICLESLes questions internationales2020-2024 ALGERIE-MAROC : CAUSES PERDUES ET CAUSES INJUSTES

ALGERIE-MAROC : CAUSES PERDUES ET CAUSES INJUSTES

by admin

‎ « Voilà bien de la diplomatie dépensée en pure perte ! » ‎

Le fabuliste français Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794) est l’auteur d’une fable célèbre ‎intitulée « L’aveugle et le paralytique » qui se décline ainsi : « Dans une ville de l’Asie il existait ‎deux malheureux, l’un perclus, l’autre aveugle, et pauvres tous les deux. Ils demandaient au Ciel ‎de terminer leur vie, mais leurs cris étaient superflus. Le paralytique, couché sur un grabat dans la ‎place publique, souffrait sans être plaint. L’aveugle, à qui tout pouvait nuire, était sans guide, ‎sans soutien, sans même un chien pour l’aimer et le conduire. Un certain jour il arriva que ‎l’aveugle à tâtons, au détour d’une rue, se trouva près du malade. Il entendit ses cris, son âme en ‎fut émue. Il n’est tel que les malheureux pour se plaindre les uns les autres : – « J’ai mes maux, lui ‎dit-il, et vous avez les vôtres. Unissons-les, mon frère, ils seront moins affreux ». – « Hélas ! dit le ‎perclus, vous ignorez, mon frère, que je ne puis faire un seul pas. Vous-même vous n’y voyez pas. ‎A quoi nous servirait d’unir notre misère ? » – « À quoi ? répond l’aveugle : Écoutez, à nous deux ‎nous possédons ce dont l’autre a besoin. J’ai des jambes et vous des yeux. Moi, je vais vous ‎porter. Vous, vous serez mon guide. Vos yeux dirigeront mes pas mal assurés, mes jambes à leur ‎tour iront où vous voudrez. Ainsi, je marcherai pour vous et vous verrez pour moi… »

L’histoire ‎serait d’origine chinoise, son rapporteur Confucius lui-même, et se termine sur cette morale : ‎‎« Aidons-nous mutuellement, la charge de nos malheurs en sera plus légère… »

Si elle se déroulait de nos jours et avait pour cadre le Maghreb, et que les dirigeants marocains ‎avaient été à la place de l’aveugle et les dirigeants algériens à celle du paralytique, ou vice versa, le ‎paralytique aurait cherché par tous les moyens à faucher les jambes de l’aveugle, tandis que ‎l’aveugle n’aurait eu de cesse d’ôter la vue au paralytique. C’est à quoi se livrent les deux pays en ‎ce moment sur les réseaux sociaux, ce qui les conduira inévitablement certain jour à leur perte s’ils ‎ne changent pas d’attitude l’un envers l’autre.‎

La diplomatie des causes perdues suivie par l’Algérie dans sa politique avec bon nombre de pays du ‎Tiers-monde sur la base de la philosophie de « ma andnach w ma ykhasssnach ! » (Nous n’avons ‎rien et ne manquons de rien !) et la diplomatie des causes injustices suivie par le Maroc au nom du ‎principe de « andna wi khassna ! » (Ce que nous avons, jamais ne nous suffit !) pour arriver à ses ‎buts au Sahara occidental par exemple, quitte à trahir la Palestine, ont rendu les deux pays sourds ‎et aveugles l’un à l’autre.

Je le dis d’abord puis le démontrerai ensuite : je tiens la décision algérienne de rompre les relations ‎diplomatiques avec le Maroc pour une décision ni pesée, ni pensée, ni même « souveraine ». J’ai ‎de fortes raisons de croire qu’elle a été télécommandée avec habileté par le Maroc qui a opposé ‎l’intelligence froide de la diplomatie des causes injustes à l’amateurisme de la diplomatie des ‎causes perdues.‎

Les causes énumérées par le MAE algérien pour justifier sa décision sont justes, fondées et ‎conformes à l’histoire, mais personne au sein du Haut Conseil de Sécurité, à la présidence de la ‎République ou au MAE ne s’est demandé si ces provocations n’étaient pas voulues, calculées et ‎enfilées les unes dans les autres pour amener précisément l’Algérie à cette initiative qui la ferait ‎passer aux yeux de l’opinion marocaine, arabe et internationale pour un Etat impulsif et belliqueux ‎qui a refusé la main tendue marocaine, l’invitation au dialogue sans conditions préalables et même ‎l’aide pour lutter contre les incendies.‎

La goutte destinée à faire déborder le vase a été programmée pour tomber en pleine visite du MAE ‎israélien à qui revenait le rôle de confectionner publiquement la nouvelle fiche signalétique de ‎l’Algérie présentée sous les traits d’un Etat nourrissant de « noirs desseins » et affilié à l’axe formé ‎de l’Iran et du Hezbollah déjà accusé d’entraîner le Polisario.

Le pouvoir marocain connaît la nature profondément conservatrice de son peuple qui, s’il ignore ‎l’antisémitisme à l’instar du peuple algérien, rejettera le sionisme tant que l’État palestinien n’aura ‎pas vu le jour sur sa terre conformément au plan de partage de l’ONU de 1948, reconnu et endossé ‎avec quelques retouches par le Sommet arabe de Beyrouth en 2002.

La « normalisation » avec Israël a été menée par le PJD, un parti islamiste qui a été chargé de cette ‎besogne avant de partir, mais surtout pour qu’il ne revienne jamais au pouvoir car la tâche ‎indélébile de la trahison de la cause palestinienne restera poinçonnée sur son front. C’est ‎probablement l’une des raisons de son échec magistral aux dernières élections.

Pour aller plus loin dans son alliance stratégique avec Israël, le pouvoir marocain a besoin de ‎l’assentiment de son peuple afin de ne pas se retrouver un jour face à une « intifada » menaçant sa ‎stabilité.

Comment l’obtenir ? Procéder à une opération de substitution de l’ennemi absolu dans ‎l’esprit des Marocains en reportant ses peurs et ses reproches sur le voisin algérien « militarisé et ‎surarmé », en associant cette peur au besoin d’une protection extérieure disposant des moyens ‎nécessaires d’intervenir sans se soucier de l’ONU ou craindre des sanctions internationales.

S’il fallait encore une preuve, la voici : à quelques jours de quitter le pouvoir, le Premier ministre ‎marocain a fait une curieuse déclaration où il avait l’air de retirer la caution de l’État aux propos ‎tenus par l’ambassadeur marocain à New York sur la Kabylie deux mois plus tôt. S’il avait ne serait-‎ce que fait semblant de recadrer l’ambassadeur AVANT la prise de la décision de rupture, l’Algérie ‎aurait été obligée d’y voir un geste conciliant et d’y renoncer.‎

Mais l’intention du Maroc était de pousser à bout les Algériens pour les amener à l’erreur, ce ‎pourquoi le Premier ministre a fait sa déclaration APRES la rupture dans un seul but : ne pas laisser ‎de place au soupçon que le Maroc aurait été pour quelque chose dans la décision de l’Algérie. Il ‎fallait un seul coupable dans l’affaire, et pour cela toute trace de provocation marocaine devait être ‎effacée. Le semblant de désaveu était un coup d’éponge.‎

Le plan, probablement conçu en concertation avec Israël, a fonctionné. Il ne faut pas beaucoup ‎pour comprendre la psychologie impulsive et épidermique du pouvoir algérien et anticiper ses ‎réactions. Au point de pouvoir les provoquer à distance, de les susciter à volonté et même de les ‎minuter. Effectivement, il est tombé dans le piège en pensant in petto qu’il allait gagner en ‎popularité par ce qu’il prenait pour de l’héroïsme diplomatique mais qui n’était qu’une bouderie de ‎fillettes provoquée à dessein, une fâcherie de gamins commanditée.

En la circonstance l’Algérie n’a pas fait que rompre avec le Maroc qui s’en tape royalement, elle s’est ‎ridiculisée en rompant avec la notion même de diplomatie par la bouche du très peu diplomate ‎MAE qui a tenu des propos éminemment anti-diplomatiques il y a une semaine au Caire que ‎n’aurait pas tenus un élève de sixième : « La décision de rompre les relations diplomatiques avec le ‎Maroc est une décision souveraine, DEFINITIVE ET IRREVERSIBLE » a-t-il déclamé en bombant le ‎torse. Il lui a manqué d’ajouter : « Ni ici-bas, ni dans l’au-delà ! » Quelle honte !‎

Jamais de tels mots n’ont fait partie du lexique diplomatique. En aucun pays, aucun temps, aucune ‎matière ou manière. Le summum de l’ignorance et du « khéchinisme » a été atteint sous le regard ‎ébahi des diplomates du monde entier.

C’était vraiment une première car nul gouvernement n’a ‎jamais insulté l’avenir et condamné le futur avec une telle inconscience. Il ne reste à l’Algérie qu’à ‎construire un mur haut de cent mètres, supprimer des quatre points cardinaux la direction « ‎ouest », vendre les locaux et le mobilier de notre ambassade à Rabat, supprimer le Maroc des ‎cartes géographiques et des livres scolaires et peut-être même de la planète. Encore une cause ‎perdue, et c’est loin d’être fini…

‎ Et ça ose prétendre avoir une « initiative » pour régler le problème de la distribution des eaux du ‎Nil entre l’Ethiopie, le Soudan et l’Egypte. Si ces pays écoutent notre MAE, il n’y aura plus aucune ‎goutte pour personne. L’Algérie souffre cruellement de l’absence d’eau dans les robinets, ‎d’oxygène dans les poumons et de bon sens dans les têtes, « grâce » justement au génie de ses ‎dirigeants.‎

PAGE FACEBOOK 16/09/2021

LEMATINDALGERIE.COM 16/09/2021

OUMMA.COM 17/09/2021

You may also like

Leave a Comment