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MISE AU POINT DE MR BOUKROUH A « JEUNE AFRIQUE »

by admin

Votre journal m’a récemment consacré un article retraçant mon parcours intellectuel et politique dont ‎je souhaite corriger ou compléter certains points afin que vos lecteurs et ceux de ma page Facebook où ‎je l’ai publié disposent d’une information conforme à la réalité.

  1. VOLET SEMANTIQUE‎

‎1) Farid Alilat écrit que j’ai « qualifié le président Tebboune de fou » mais lui-même, quelques ‎paragraphes plus loin, dit de moi, en évoquant mon affrontement avec le général Betchine » en 1998 : ‎‎« Il fallait de l’audace et UN PEU DE FOLIE pour s’attaquer à Betchine, tant prononcer le nom de ce ‎général relevait d’un quasi-tabou ».

Lui et moi avons utilisé cette expression dans le sens généralement employé pour qualifier des paroles ‎ou des actes sortant de l’ordinaire ou heurtant le sens commun. Il ne visait pas plus ma santé mentale, ‎que moi celle de Mr Tebboune. ‎

Il y a infiniment plus de fous au sens figuré sur la planète que de fous au sens psychiatrique dans ‎l’ensemble des asiles du monde. En utilisant ce mot, je ne pensais pas à Charcot ou à Freud mais à ‎Erasme, le philosophe humaniste auteur du célèbre « Eloge de la folie » où il parle de « folie ‎heureuse » qui exprime de la déraison avec une sincérité christique.‎

Quand on est un chef d’Etat, il est pour le moins déraisonnable de dire, qui plus est un jour d’élections : ‎‎« le taux de participation ne m’intéresse pas !». Ce n’est qu’un exemple parmi plusieurs autres cités ‎dans mon article. ‎

‎2) Farid Alilat écrit : « Il entre dans la postérité en 1990 en qualifiant lors d’un débat à la télé les ‎Algériens de « ghachi » (populace). À ce jour, on lui rappelle encore cette sortie qui sonne comme une ‎insulte à ses compatriotes ».

La vidéo rapportant cette séquence se trouve sur ma chaîne Youtube. On y voit et entend clairement ‎que je n’ai pas traité mes compatriotes de « ghachi » comme on le prétend à tort. J’ai utilisé ce terme – ‎qui existe en Algérie depuis des siècles et que tout le monde emploie des dizaines de fois par jour – ‎pour illustrer le raisonnement établissant la différence sémantique, sociologique et politique entre la ‎notion de « foule » (et non pas de populace) et la notion de société. On a délibérément déformé mes ‎propos pour brouiller ma pensée et mon discours antipopuliste.‎

‎A) VOLET BIOGRAPHIQUE

‎1) Farid Alilat écrit : « Son premier article publié en 1972 a provoqué sa convocation devant la police ‎sous le régime du colonel Boumediene ».

J’ai été convoqué et reçu par le premier responsable de la police d’Alger à la suite de la publication d’un ‎article intitulé « Le bon, la presse et le truand » paru le 24 novembre 1971 dans le quotidien national ‎francophone « El-Moudjahid ». Mon premier article date du 26 novembre 1970 dans le même journal ‎et avait pour titre « Islam et progressisme ».

‎2) Farid Alilat écrit : « Avant de dézinguer tous ceux qui font partie du système, Noureddine Boukrouh ‎en était un des acteurs… Il était cadre dans l’administration et dans les entreprises publiques durant ‎les années 1980, avant de bifurquer vers le privé ». ‎

C’est faire partie du « système » que de travailler dans des entreprises publiques économiques et ‎financières de son pays en qualité de cadre (entre 1977 et 1984) ? Je me suis installé dans le secteur ‎privé en 1984. Entre 1986 et 1989 j’ai présidé la première et unique organisation patronale privée ‎agréée en Algérie, « l’Association des Concessionnaires de Riadh-el-Feth ».‎

‎3) « À l’époque déjà, il se fait remarquer par ses écrits, notamment sur la pensée islamique ».

J’ai commencé à écrire sur l’islam sous l’angle idéologique et politique en 1970. L’article qui avait eu le ‎plus de retentissement dans les sphères de l’Etat à l’époque était celui où j’avais critiqué une icône de ‎l’orientalisme français, Maxime Rodinson, paru dans « El-Moudjahid » du 1er décembre 1971. Il s’en ‎était plaint directement au président Boumediene et au ministre Taleb Ahmed Ibrahimi.

Dans son livre ‎‎« Marxisme et monde musulman » qui paraîtra quelques mois plus tard, il me répond dans le premier ‎paragraphe de la première page avec un ressentiment mal dissimulé.

De retour d’Iran, après avoir vécu ‎de l’intérieur la révolution iranienne en 1979, j’ai publié une longue série intitulée « Voyage dans la ‎révolution iranienne » qui avait fait grand bruit aussi. Sans parler du « Génie des peuples » et du ‎‎« Khéchinisme » en 1979, ou du « Socialisme de la mamelle » en 1985…‎

C) PARCOURS POLITIQUE‎

‎1) Farid Alilat écrit : « À l’occasion de l’élection présidentielle de novembre 1995, en plein guerre ‎civile, le général Toufik , alors puissant patron des services secrets, l’encourage à se porter candidat ‎au même titre que le général Liamine Zeroual, Saïd Sadi et Mahfoud Nahnah ».

Si c’était vrai, comment a fait Farid Alilat pour le savoir ? Si c’est faux, pourquoi le dire aujourd’hui ? ‎L’histoire ne s’écrit pas à coups de spéculations, il faut des références, des preuves, des sources…

‎Comme j’essaie de faire dans cette mise au point.

Tout le monde sait qu’en 1995 les urnes ont été ‎bourrées en faveur de Zéroual. Il n’y a que le nombre de voix obtenues par moi qui serait vrai ? Il est ‎tout aussi faux, à mon désavantage, que celui de Zéroual à son avantage.

En septembre 1989 j’ai refusé la proposition de faire partie du gouvernement de Mr Hamrouche. Entre ‎‎1990 et 1991, j’ai été le premier Algérien poursuivi en justice par le ministère de la Défense nationale ‎pour avoir déclaré dans un meeting : « Les généraux n’ont pas de salaire, ils se servent ».

En décembre ‎‎1991 j’étais contre l’arrêt du processus électoral et refusé de faire partie du Comité de salut national ‎mis sur pied. En 1993 le président du HCE, Ali Kafi, a ordonné l’expulsion du PRA de son siège parce que ‎j’avais dénoncé la nomination de son fils à la présidence de la République.

‎2) Farid Alilat écrit : « À ce jour, Boukrouh est accusé d’avoir été téléguidé par un clan du pouvoir ‎contre un autre… Un de ses anciens collaborateurs jure que Boukrouh a agi de sa propre initiative en ‎‎1998. « Ni instrumentalisé, ni piloté, confie-t-il. Il a une trop haute idée de lui-même pour se faire ‎téléguider ».

Ce que l’histoire a retenu sous le nom d’« affaire Betchine » a commencé le 26 mai 1998 avec la ‎parution de mon article « Sodome et le Juste » dans le quotidien « Liberté » où je dénonçais le statut et ‎le régime salarial des députés qu’ils venaient de s’octroyer. Puis, dans d’autres articles et interviews, la ‎vente à vil prix des villas de Moretti aux hauts responsables du pays.

En juin, j’ai fait l’objet d’une ‎procédure judiciaire et été entendu deux jours par la police judiciaire à l’instigation du général ‎Betchine. En septembre, le président Zéroual démissionne.‎

L’extraordinaire, c’est que de victime je me suis retrouvé dans le rôle de coupable de la chute de ‎Zéroual. Tout le monde colporte cette rumeur depuis cette date sauf les intéressés qui, en 23 ans, ne ‎m’ont jamais impliqué dans leur départ. Ils sont encore en vie. Qu’on leur pose la question au lieu de ‎continuer à m’accabler sur la base de fausses rumeurs.‎

‎3) Farid Alilat écrit : « Boukrouh revient dans les bonnes grâces du pouvoir avec l’arrivée de Bouteflika ‎qui en fait son ministre des PME ».‎

Je ne « reviens » pas puisque je n’y ai jamais été. Aux élections législatives de 1997 gagnées par le RND ‎créé deux mois plus tôt, tous les partis avaient eu leur « quota », sauf le PRA. C’est une preuve ‎d’indépendance ou d’inféodation au « système » ? ‎

En 1999 j’étais contre la candidature de Bouteflika alors qu’un fort courant au sein du Conseil ‎consultatif et du Bureau national du PRA était pour son soutien. Malgré l’intervention de plusieurs ‎personnalités proches de Bouteflika (dont Larbi Belkheir, le moudjahid Bensaadoun d’Oran et ‎d’autres), j’avais refusé de le rencontrer.

En janvier, j’ai proposé au RCD et à l’ANR de Réda Malek que ‎nous formions une coalition et présentions un seul candidat qui serait démocratiquement élu au ‎scrutin secret par un congrès réunissant 1000 délégués de chacun de nos partis. Nous avons travaillé ‎pendant plusieurs semaines sur un projet de programme commun mais ça a foiré.

Après son élection dans les conditions que tout le monde connaît parce que telle était la volonté de ‎Zéroual et des militaires, je décidai de me retirer du parti et de la vie politique et préparai ma ‎succession lors de plusieurs réunions du Conseil consultatif et du Bureau national.

A peine cette ‎succession mise en branle, en attendant la tenue du Congrès qui élirait un nouveau président, une ‎‎« interférence extérieure » activa une « crise » au sein du parti. C’était en juin 1999 et j’étais à ‎l’étranger quand je lus dans la presse les premières déclarations allant dans ce sens.

Le congrès s’est ‎tenu en août et convint de désigner un Secrétaire général qui assurerait la présidence par intérim. J’ai ‎procédé aux passations et suis « revenu » à ma vie privée.

Jusqu’à mon entrée au gouvernement en ‎décembre 1999 qui nécessiterait au moins une page pour en parler. J’en ai longuement traité en 2015 ‎dans une émission TV qui peut être visionnée sur ma chaîne Youtube.‎

‎4) Farid Alilat écrit : « La maladie de Bouteflika, victime d’un AVC au printemps 2013, lui offre ‎l’opportunité de se remettre en selle. L’ancien ministre du Commerce ne s’oppose pas au maintien ‎au pouvoir du chef de l’État en dépit de son état de santé défaillant. Il plaide plutôt pour la ‎prolongation du troisième mandat ou encore pour l’instauration du poste de vice-président qui fera ‎campagne à la place de Bouteflika, cloué sur un fauteuil et assurera la gestion du pays si la santé de ‎dernier ne s’améliore pas ».‎

Après ma sortie du gouvernement en avril 2005, je me suis attelé au parachèvement d’un livre, ‎‎« L’islam sans l’islamisme : vie et pensée de Malek Bennabi ». Pour les besoins de ce livre, je me suis ‎rendu aux Etats-Unis puis dans d’autres pays.

Jusqu’à fin 2011, avec le déclenchement en Tunisie des ‎Révolutions arabes que j’ai accompagnées en publiant un grand nombre d’articles (une cinquantaine ‎au moins) dans « Le soir d’Algérie ». En les rabattant bien sûr sur le cas algérien.‎

L’AVC de Bouteflika avait ouvert un débat dans le pays sur l’application de l’article 102 pour le destituer ‎et instaurer une période de transition dirigée par Zéroual. Je suis intervenu dans ce débat en signant le ‎‎9 juin 2013 dans « Le soir d’Algérie » » un article intitulé « Pourquoi faire compliqué quand on peut faire ‎simple ? », en réponse à un article du colonel-intellectuel Chafik Mesbah, un proche du général Toufik, ‎où il exposait cette thèse.

Je n’ai pas plaidé en faveur de la « prolongation » du troisième mandat, mais de sa poursuite normale ‎et la désignation, si nécessaire, d’un vice-président qui aiderait Bouteflika à le terminer. Je ‎n’envisageais absolument pas que, dans son état, il puisse briguer un nouveau mandat.

Quand il l’a fait ‎en mars 2014, le lendemain de sa déclaration de candidature par Sellal je publiai un article intitulé ‎‎« Quatrième mandat : un crime moral » qui sera suivi d’une CENTAINE d’autres contre lui et la ‎‎« bande » qui l’entourait, jusqu’à sa démission le 2 avril 2019 sous la pression d’un soulèvement ‎populaire auquel j’avais appelé un an et demi plus tôt dans des médias nationaux et étrangers.

Votre journal m’avait d’ailleurs sollicité en août 2017 (Djamila Ould Khattab) pour une interview qu’il ‎n’a pas publiée sans me donner la moindre explication et sans que, de mon côté, je ne m’en plaigne. ‎

PAGE FACEBOOK NB 03/07/2021

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