Alors qu’il est en proie à ses interrogations sur son avenir, le jeune Bennabi fait la connaissance d’un jeune Européen qui s’intéresse à l’islam. Il se rend rapidement compte que ce Français qu’il venait à peine de connaître le comprenait mieux que ses amis dont l’esprit ne saisissait pas son obsession de l’efficacité qui lui apparaissait comme ce qui manquait justement le plus à la tournure d’esprit de ses coreligionnaires.
Exalté, il lui dit un jour : « Si, en cette minute, nous décidons de monter vers la lune, il faut tout de suite appliquer contre ce mur une échelle et commencer à grimper… Mon ami tout de suite m’appuya : oui ! c’est comme cela qu’il faudrait faire, dit-il. Peut-être, ou même certainement, n’avais-je pas compris toute la signification de cette remarque. Mais, aujourd’hui, je sais qu’elle émanait d’un homme de civilisation » (« MTS »). Le jeune Français s’islamisera à quelque temps de là et émigrera en Orient avec une recommandation auprès de Rachid Ridha remise par Ben Badis.
L’année scolaire 1925 se termine, ajoutant aux angoisses de Bennabi. Un jeune leader algéro-tunisien, Tewfik al-Madani, vient d’être expulsé de Tunis par les autorités coloniales après l’interdiction du parti « Destour » dont il a été un des fondateurs. Il n’est que de passage à Constantine sur son chemin pour Alger. Bennabi le rencontre chez Mami Smaïl, le directeur du journal « En-Nadjah ». A la gare où il raccompagne le fougueux politicien, il est interpellé par des policiers français qui relèvent son identité. Il est désormais fiché.
Il est loin de se douter des conséquences de cette interpellation dans la gare de Constantine où il raccompagnait celui qui deviendra le premier ministre des affaires religieuses de l’Algérie indépendante. Bennabi sera surveillé, poursuivi, persécuté, et ce jusqu’à la libération du pays, non en raison de ce fait, mais à cause de ce qu’il est en train de devenir.
A la veille des examens finaux, il n’est toujours pas fixé sur ce qu’il fera. Il pense à fuir au Rif ou à « faire sauter la poudrière de Constantine sans même savoir où elle est nichée pour y accéder » (« MTS »). Il songe aussi à imiter l’exemple de quelques condisciples qui, l’année d’avant, avaient fait le grand saut : partir en France.
A la medersa, M. Dournon proclame les résultats de fin d’année. Bennabi a réussi. Il est néanmoins triste car il ne veut pas rentrer à Tébessa. Avec son ami Gaouaou, il décide de franchir le Rubicon. Il n’a jamais vu la mer.
Il la découvre à Philippeville (Skikda) où les deux aventuriers en herbe sont venus prendre le bateau pour Marseille après avoir vendu leur literie d’internat pour accroître leurs moyens financiers : « Dans notre esprit, aller en France c’était simplement nous ouvrir une porte sur le monde car en Algérie les portes étaient closes. Au fond, nous pensions passer seulement à Paris pour aller ensuite découvrir d’autres mondes… Ce n’était pas dans mon esprit une traversée, mais un voyage à peu près comme celui de Christophe Colomb quand il allait à la découverte du nouveau monde. » note-t-il dans ses Mémoires.
Le navire « Gouverneur général Lépine » prend le large. Les deux amis font la traversée sur le pont. A bord, ils font la connaissance d’un Juif de Constantine et d’un jeune Français animés de la même intention : aller travailler en France. Ils font bande commune : « Et le Juif eut tôt fait de devenir le chef du groupe. On décida de former une sorte d’association de travailleurs qui mettraient leurs payes chaque semaine dans la main de notre compagnon juif qui monterait ainsi une affaire de primeurs dans un des marchés de la ville » (« MTS »). Mais il est au fond sceptique sur les chances de Gaouaou et les siennes de trouver du travail.
De fait, ils sont bientôt sans le sou. Il lui faut vendre son manteau neuf pour continuer le voyage vers Lyon. Leur compagnon juif les a convaincus de ne pas rester à Marseille où il y avait déjà trop de chômeurs en attente d’un emploi. Bennabi relève sans ironie qu’« un Juif sait tout. Il connaît les issues de la vie misérable quand il porte son baluchon sur le dos, et les portes des grands palaces quand il devient milliardaire comme Stavisky » (« MTS »).
Le lendemain de l’arrivée du quatuor à Lyon, le chef de groupe trouve à s’employer à Berliet, son ami Français devient traminot chez Zénith, tandis que les deux « Indigènes » restent sur le carreau. Leurs papiers d’identité parlent contre eux. Ils sont partout refoulés. Au bout de six jours, leur pactole fond. Aux heures de repas, ils vont à la soupe populaire. Notre héros doit encore vendre sa « chéchia » pour dix francs à un compatriote.
C’est dans un pré où ils se préparent à passer la nuit que vient les surprendre un soir un jeune garçon qui leur raconte tout de suite son histoire en guise de présentation : il était cireur place de la Brèche (Constantine), puis un jour il prit clandestinement le bateau à Philippeville pour aller chercher du travail en France. L’enfant a sur lui quelques francs qu’il met aussitôt à leur disposition, puis les oriente sur la ville de Lorette où une cimenterie embauchait à ce que l’on disait. En effet, ils y trouvent à s’employer. Bennabi est brouettier et en veut aux Chinois, quand il doit convoyer des sacs de cinquante kilos, de ne pas avoir doté la brouette, en l’inventant, de deux roues.
Ereintés au bout de quelques semaines, ils décident d’aller tenter leur chance à Paris où les cieux pourraient être plus cléments. Faute d’argent, Bennabi y va finalement seul. Là, il trouve un travail de manutentionnaire dans une brasserie. La tâche est si harassante qu’il jette l’éponge au bout d’une semaine. Il écrit à ses parents pour lui envoyer l’argent du retour.
Nous sommes en août 1925. L’équipée s’est terminée sur un échec. En Algérie, un nouveau gouverneur général vient d’être nommé, Maurice Viollette, auquel aura affaire Bennabi dans des circonstances stupéfiantes quinze ans plus tard. Le fugueur est obligé de rentrer à Tébessa où il va vite s’ennuyer. Les nombreuses demandes d’emploi qu’il rédige n’aboutissent à rien. Il échappe au service militaire qui était à l’époque tiré au sort pour les « Indigènes ».
L’action islahiste a porté ses premiers fruits dans la ville : construction d’une mosquée libre, actions de salubrité publique, lutte contre l’ignorance et l’alcoolisme… Bennabi contribue à l’expression de cet esprit social. Un jour, il rédige un tract qui est collé vers minuit sur la porte de la mosquée. C’était une manière de répondre à une campagne d’intoxication déclenchée par l’administration coloniale à propos de la guerre du Rif, car les craintes de contagion étaient devenues perceptibles dans le pays .
En découvrant le tract, l’administration s’inquiète. Des policiers viennent de Guelma prêter main forte à la police locale : « Tous les talebs, les alems et les demi-alems de la ville furent interrogés » se rappelle Bennabi. Un suspect est roué de coups, puis les choses se tassent.
Pour tromper son ennui, notre héros décide d’accompagner dans ses tournées hors de Tébessa un ami à lui, « adel » (traducteur des tribunaux) à la « mahkama » (tribunal musulman) de Tébessa. Il découvre ainsi la région et les mœurs bédouines qui l’envoûtent, tout en se frottant au métier d’exécuteur des décisions de justice auquel sa formation le destine.
Deux longues années s’écoulent ainsi pendant lesquelles il rédige des dizaines de demandes d’emploi avant que le parquet général ne daigne lui répondre pour l’informer qu’un poste de adel s’est libéré à la « mahkama » d’Aflou. Il saute sur l’occasion. Il y arrive en mars, après un crochet par Alger qu’il voit pour la première fois. Il n’en est pas enchanté : « On ne s’y sentait pas chez soi, à vrai dire. On y parlait surtout le sabir de la Casbah à Bab-el-Oued, et le français depuis le haut de la rue d’Isly. D’ailleurs, l’Algérien étranger à la ville dépassait rarement dans sa promenade la Grande-poste. C’était le terminus des indigènes comme moi. »
Par contre, le Sud l’enchante tout de suite. En fait, c’est plutôt la steppe. En tout cas, il est immédiatement à son aise dans ces étendues infinies et parmi ces gens de l’arrière-pays que n’a pas encore « indigénisés » le colonialisme. Il se sent en phase avec cet univers marqué par la nature et les traditions pastorales, ainsi que par la piété et le sens de l’hospitalité de ses habitants dont il observe les gestes et les attitudes avec sympathie.
Il élit domicile à la « mahkama » où il installe le matelas et les couvertures ramenés de Tébessa : « Aflou a été pour moi l’école où j’ai appris à connaître davantage les vertus du peuple algérien encore intactes, comme elles étaient certainement dans toute l’Algérie avant la dépravation colonialiste… Je m’y trouvais en quelque sorte dans le musée où se conservaient encore ces vertus perdues ailleurs au contact avilissant du fait colonial » (« MTS »).
Dans l’exercice de ses fonctions, il est conduit à se déplacer dans les tribus, parcourant les prairies verdoyantes, les pacages abondants, les plaines couvertes d’alfa. Les gens vivent de leurs élevages, gros ou petits. Leur fortune est leur bétail. Ils vivent sous leurs tentes, des tentes parfois majestueuses « pouvant recevoir un cavalier sur sa monture, et recevoir sous leur dôme pyramidal des dizaines d’invités ». Ce sont ces tableaux qui lui inspireront les pages lyriques qu’on lira plus tard dans « Les conditions de la renaissance » (1949) sur le « Stade épique » et « l’Homo-Natura ».
Il est amusé d’apprendre que les bergers passent la nuit debout au centre de leurs troupeaux : « Appuyé sur son bâton, le berger dort debout, et le plus imperceptible mouvement à la périphérie du troupeau se transmet comme une onde à ses jambes et lui fait instantanément ouvrir les yeux ». Il arrive que la « mahkama » ait à se déplacer tout entière sous la conduite du « cadi » (juge) cheikh Ben Azzouz. Partout elle est reçue princièrement autour d’un « méchoui ». Les imposants cortèges des « Kadirias » sillonnent les points habités, lui démontrant que le maraboutisme se portait bien.
Bennabi passe une année environ à Aflou. En mars 1928, il prend son congé annuel. Sur le chemin du retour, il s’arrête à Constantine, décidé cette fois à aller voir Ben Badis pour lui faire part de certaines observations qui lui tenaient à cœur. Une fois en sa présence, il lui parle du problème des terres à Aflou : celles-ci n’étant pas protégées par des actes de propriété, les colons finiraient par s’en emparer, « d’autant plus que la région, admirablement dotée par la nature en prairies verdoyantes, en pacages abondants, n’était pas défendue par la pauvreté contre les convoitises du colonialisme. Si le colon arrivait ici, ce serait la fin. Le musée se viderait aussitôt de son contenu déposé par les siècles, comme cela s’est passé ailleurs en Algérie… La légende d’Abel et de Caïn se répète chaque fois que dans une société le stade pastoral et le stade agraire coexistent comme en Algérie en 1927 . La propriété de l’homme sur un bout de terre crée en lui des instincts sociaux dont le pasteur est exempt. » (« MTS »).
Bennabi s’était employé à communiquer ses appréhensions aux braves gens d’Aflou, leur disant : « Vous devez créer votre droit social sur le sol qui deviendra ainsi votre propriété personnelle, une chose transmissible à vos enfants ! Il faut labourer le maximum de superficies pour créer votre droit sur le sol dont vous êtes propriétaires du seul fait de la nature qui fait pousser l’herbe nécessaire à vos troupeaux… ! Sinon, le colon viendra occuper le sol sur lequel est votre tente, puisqu’aux yeux du droit français vous n’en êtes pas propriétaires. » Le contact avec Ben Badis se passe plutôt mal et Bennabi sort déçu de l’entretien, le cheikh n’ayant accordé à ses idées qu’un intérêt poli.
Notre malheureux ami prend l’autocar pour Tébessa où il va constater de nouvelles transformations. Le théâtre algérien vient de faire son apparition ainsi que le cinéma égyptien. Il fréquente le cercle culturel et le café où la musique égyptienne distillée à longueur de journée apaise les angoisses et accroît le vague à l’âme des désœuvrés qui y passent leur temps.
Quand il abordera dans « Les conditions de la renaissance » (1949) la question de l’art, son avis a changé sur la question. Dans un style où l’humour le dispute à la rigueur il écrit : « L’art est éducateur ou corrupteur. Quand l’éthique a fixé son idéal et l’esthétique son inspiration, il lui reste à fixer ses moyens, ses formules. C’est précisément par le choix de ses moyens que l’art devient une éducation ou une corruption…
Regardons l’art dans ses manifestations conventionnelles les plus communes à tous les pays musulmans. Regardons-le principalement dans la musique et dans le film qui représentent incontestablement aujourd’hui deux puissants moyens d’éducation populaire. Or, sous ce rapport, l’Algérie est tributaire de l’Egypte. En somme, il s’agit de savoir ce que valent la musique et le film égyptiens.
Vous avez entendu sans doute ce larmoiement nasillard, ce hoquet mille fois répété qu’on appelle la musique égyptienne. Est-ce de la musique, tout d’abord, ce quelque chose qui ignore l’espace, le temps et les saisons ? Rien n’y rappelle en effet le bruissement léger du printemps dans les bois, ni la chute pathétique de la feuille à l’automne, ni l’ardente pâmoison de l’été, ni le déchaînement d’une tempête, ni le coup de tonnerre, ni l’enfer, ni le paradis.
Où est le monde dont nous parle la musique égyptienne qui ignore aussi le pas martial et cadencé du soldat ? Il n’est ni du ciel, ni de la terre, il n’existe nulle part. La musique égyptienne n’est pas l’art de quelque chose, mais l’art du néant (ceci est valable aussi pour la musique dite andalouse). Dès lors, quelle valeur éducative peut-on lui reconnaître dans ce monde ? »
Comme pour le costume, il reviendra également sur cette question dans « L’Afro-Asiatisme » (1956) où on peut lire : « Il est assez caractéristique que la musique arabe « moderne » ne cherche pas son inspiration dans les maîtres classiques de l’Occident mais, plus ou moins bien, dans ses « chanteurs de charme ». Il n’est pas besoin d’analyser le répertoire radiophonique, il suffit de prêter l’oreille à quelques émissions de quelque capitale arabe pour s’en convaincre. Par effet de contraste, on doit souligner combien le goût occidental était sûr de son « orientalisme », c’est-à-dire de sa connaissance de l’Orient quand il s’en inspire. Et cette partie de son répertoire musical comprend des morceaux comme « Sur un marché persan », par exemple, qui traduisent réellement l’atmosphère particulière, la nostalgie de leur source d’inspiration. Par contre, la « couleur locale » de la vie occidentale fait défaut dans la musique « moderne » arabe, sauf dans quelques-unes de ses tonalités excentriques… Le goût arabe n’est donc pas sûr de son « occidentalisme », parce qu’on n’a pas pensé et posé le problème du modèle. »
Bennabi lit de temps à autre « La Voix des humbles » dont le titre lui déplaît souverainement. La polémique entre le courant islahiste et le courant maraboutique bat son plein dans les journaux arabophones ; cheikh Tayeb al-Okbi a quitté Biskra pour Alger où il fonde le célèbre « Nadi Taraqi » (Cercle du progrès) ; Larbi Tébessi est invité par les habitants du Sig (région oranaise) à diriger la medersa qui vient de s’y ouvrir. Son congé prenant fin, Bennabi doit retourner à Aflou, mais sans grand enthousiasme. La question lancinante qui le torture depuis un certain temps refait surface : « Que faire ? » Aflou était une étape, sans doute très attachante, mais néanmoins une simple étape dans sa vie.
Un mois environ après son retour dans cette ville, il reçoit du parquet un courrier par lequel on lui apprend qu’un poste de « adel » est vacant à Châteaudun (Chelghoum al-Aïd), un bourg colonial près de Constantine. Il y arrive à la fin du printemps, son matelas sous le bras, et prend ses quartiers dans la salle des archives de la « mahkama ». L’horizon de cette carrière ? Cadi.
Très vite il déteste ce village où il découvre le visage hideux de la colonisation. Le nombre d’ivrognes « indigènes » le stupéfie. Au bout d’un mois, une incompatibilité d’humeur l’oppose au greffier, un Corse plein de morgue. Bennabi l’affronte et démissionne de ses fonctions : « L’incident prit la dimension d’atteinte à la souveraineté nationale » écrit-il dans « MTS ». L’affaire vient épaissir son dossier au fichier de la police et de l’administration.
De retour à Tébessa, il est tenté par les affaires. Avec son beau-frère et un ami, il se lance dans la minoterie et le transport. Les choses s’annoncent bien au début mais voilà que survient le Krach boursier de 1929, et avec lui la catastrophe économique qui va se propager au monde entier, n’épargnant pas la petite ville de Tébessa où un homme est aux prises avec son destin.
L’affaire s’écroule. Des mois d’incertitude passent. L’administration coloniale est affairée à préparer la célébration du centenaire de l’occupation de l’Algérie. Un jeune nationaliste du nom de Messali Hadj (1898-1974) adresse à la Société des Nations, l’ancêtre de l’ONU, un mémorandum dans lequel il dénonce les méfaits du colonialisme français en Algérie dont il exige l’indépendance au nom de « l’Etoile Nord-Africaine ».
Bennabi se morfond dans sa petite ville. Il se réfugie dans la lecture et lit « Un homme se penche sur son passé », prix Goncourt de l’année 1930, et « Partir, c’est mourir un peu » dont il a oublié les noms des auteurs . Le jour du défilé du 14 juillet il s’enferme à la maison. Trois jours après il prend le bateau à Bône (Annaba) pour Marseille.
Cette fois, il est déterminé à ne pas revenir en arrière. Il a vingt-cinq ans, la tête bien faite et bien pleine et un physique avantageux. Cependant, une ombre demeure au tableau : juridiquement, il n’est ni Français, ni rien d’autre. Psychologiquement, c’est un homme sensible, émotif, qui, conscient du poids du « coefficient réducteur » du colonialisme sur la condition de l’« Indigène », doute de lui parfois. Socialement, il ne peut compter que sur lui-même pour se frayer un chemin dans la vie.
(A SUIVRE)
NOTES :
Après les Espagnols, l’Emir al-Khettabi eut à affronter les Français (200.000 hommes) commandés par le maréchal Pétain. Au total, 800.000 soldats entre Espagnols et Français furent mobilisés contre l’Emir dans la guerre du Rif qui dura de 1921 à 1926.
2 La bible présente Caïn, premier fils d’Adam, comme un agriculteur sédentaire et Abel, son second fils, comme un berger nomade. Caïn ayant tué Abel par jalousie, il est condamné à vivre en nomade errant. La Bible à laquelle nous nous référerons tout au long de ce travail est celle publiée par l’ « Alliance Biblique Universelle » en 1977 sous le titre de « Traduction œcuménique de la Bible comprenant l’Ancien et le Nouveau Testament, traduits sur les textes originaux hébreu et grec ».
3 Le premier, Maurice Constantin – Weyer, a été lauréat du Prix Goncourt en 1928. Quant au second, il doit s’agir, plutôt que du titre d’un livre, du refrain d’un poème d’Edmond Haraucourt figurant dans un de ses livres, « L’âme nue », paru en 1885 :
« Partir, c’est mourir un peu,
C’est mourir à ce qu’on aime
On laisse un peu de soi-même
En toute heure et dans tout lieu.
Et l’on part, et c’est un jeu,
Et jusqu’à l’adieu suprême
C’est son âme que l’on sème,
Que l’on sème à chaque adieu :
Partir, c’est mourir un peu…
C’est toujours le deuil d’un vœu,
Le dernier vers d’un poème :
Partir, c’est mourir un peu.