Il y a quelques jours j’ai publié une opinion intitulée « L’Armée algérienne : une muette qui ne veut rien entendre ».
Une « source autorisée » proche du vice-ministre de la Défense, chef d’état-major de l’ANP, a réagi à travers une déclaration à un journal arabophone. Y ayant vu un « droit de réponse », je l’ai postée sur ma page Facebook en la faisant suivre d’un article publié en 2016 sous le titre de « Peuples et armées ».
Puis c’est un général-major à la retraite qui signe un article pour me donner raison sur le fond et me reprocher d’avoir été plus dur avec les anciens responsables de l’ANP qu’avec les actuels. Ayant considéré ses critiques comme un droit de réponse, j’ai reproduit son texte sur ma page Facebook, suivi de ma réponse. Quelle va être son attitude maintenant ? J’aimerais bien le savoir.
En prenant connaissance hier de l’éditorial de la revue « El-Djeïch » (en français « L’armée ») je me suis trouvé face à un triple embarras : comment répondre, à qui répondre et à quoi répondre ?
1) Comment répondre ? Parce que l’usage veut que lorsqu’un média vise quelqu’un par ses écrits, nominativement ou à travers une description permettant de le reconnaître, ce dernier peut se prévaloir du droit de réponse pour se défendre, surtout s’il s’estime atteint dans son honneur. Mais « L’armée » y est-elle disposée ? Dans le cas contraire, y a-t-il un moyen de la contraindre au respect du droit des gens puisque nous sommes censés être dans un État de droit et non dans un parking sauvage ?
2) À qui répondre ? Parce que ce texte n’a pas été rédigé par une institution désincarnée, mais par un être humain. « L’armée » étant la propriété du ministère de la Défense nationale dont le premier responsable est le président de la République, à qui adresser mon droit de réponse ? Contre qui déposer plainte, éventuellement, pour diffamation : le Président ? Le chef d’état-major ? Le directeur de la publication ? Le rédacteur de l’article ? L’État ? Et devant quelle juridiction, civile ou militaire ?
3) À quoi répondre ? À des injures me présentant comme un « mercenaire qui a vendu son âme au diable et mettant sa plume au service d’intérêts revanchards », formule éculée, remontant au Moyen Âge de la langue de bois, au temps de l’alchimie et de la sorcellerie ? Si j’ai vendu mon âme au diable et ma plume à des « intérêts revanchards », pourquoi ne pas avoir arrêté le premier et donné l’assaut aux seconds du moment que vous les avez localisés ? Ce n’est pas très militaire, çà !
Aucun ministère de la Défense au monde n’a rédigé un éditorial sous-tendu par des menaces à peine voilées contre un citoyen, jumelées avec un lynchage médiatique et la préfabrication d’ « affaires », méthodes auxquelles on reconnaît les voyous et les barbouzes, et non le mode opératoire d’un État de droit.
Monsieur l’« armée », apprenez que j’écris depuis près d’un demi-siècle dans la presse de mon pays bénévolement, alors que vous avez commis cet éditorial sur ordre et pour gagner votre bouchée de pain, ce qui vous place plus près de la définition du « mercenaire » que moi.
Ma plume, monsieur, était très prisée du président de la République, commandant suprême des forces armées, pour qui elle a rédigé un grand nombre de discours officiels qu’il était fier de déclamer sous les ovations dans le pays et à l’étranger.
Elle l’est aussi, ne vous en déplaise, d’un grand nombre d’Algériens depuis des décennies, y compris parmi vos proches. Elle était reconnue par d’éminents intellectuels nationaux et étrangers dès les années 70 et 80, et je suis certain que si jamais nous nous rencontrions vous me diriez (« âalabali ya si Nordine, bessah rak taaraf halat al-askri…).
Vous semblez affligé (personnellement, pas au nom de l’ANP j’espère) par le fait que je « touche à tous les domaines et spécialités, depuis la « charia » à l’histoire, en passant par l’économie, l’astronomie et autres sciences et domaines de connaissance »…
C’est à cela qu’on reconnaît le vrai intellectuel et le véritable homme politique, monsieur, et c’est ce qui les distingue des baragouineurs retardataires de la langue de bois.
Je ne sais pas quel est votre grade, mais je ne vous imagine pas, moi qui étais « commissaire politique » quand j’effectuais mon service national il y a quarante ans, plus qu’adjudant. Je suis assez réaliste pour ne pas m’étonner que vous soyez déjà général alors qu’on devrait vous renvoyer de « L’armée » pour cause d’insuffisance dans l’analyse et anachronisme.
Je vous verrais bien derrière un canon en train de le régler pour me tirer dessus car vous êtes encore quelques-uns à prendre la liberté de pensée et d’expression pour une atteinte à l’intégrité de l’ANP ou de la haute trahison.
VOUS ET CELUI QUI VOUS A ENJOINT DE M’INSULTER AU NOM DE L’ANP, N’ETES PAS L’ANP MAIS SEULEMENT SES EMPLOYES.
CETTE INSTITUTION N’EST PAS VOTRE BIEN, MAIS CELUI DE LA NATION QUI N’A PAS PLACE LA FORCE ENTRE VOS MAINS POUR QUE VOUS LA RETOURNIEZ CONTRE ELLE, CONTRE LES CITOYENS QUI DENONCENT LE MAL ET LES ATTEINTES A L’INTERET NATIONAL.
NI L’ÉTAT, NI L’ALGERIE NE SONT VOTRE PROPRIETE.
NOS PARTS DANS LA POSSESSION DE CE PAYS SONT EGALES ET SE VALENT. NOUS SOMMES QUARANTE MILLIONS DE COPROPRIETAIRES DE L’ALGERIE.
AU-DESSUS DE L’ANP, AU-DESSUS DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, AU-DESSUS D’UNE CONSTITUTION DANS LAQUELLE ON PEUT METTRE CE QU’ON VEUT ET QUI N’A JAMAIS ETE AUTANT MALMENEE QUE DURANT CES DERNIERES ANNEES, JUSTE AU-DESSOUS DE DIEU, IL Y A LE « PEUPLE SOUVERAIN » qui n’est pas toujours une abstraction, à qui il arrive de s’exprimer à haute voix à travers l’un ou l’autre de ses fils puis d’autres, de plus en plus nombreux à l’avenir Inchallah.
Je n’ai pas attaqué l’ANP, je ne lui ai pas manqué de respect, je ne lui ai pas demandé de faire un coup d’État contrairement à ce que vous sous-entendez, et je ne commettrai jamais aucun de ces actes non par peur de vos menaces, mais par conviction profonde.
SI J’AI EU PAR LE PASSE QUELQUES DEBOIRES AVEC L’ANP, C’ETAIT PARCE QUE JE M’ETAIS ATTAQUE AUX GENERAUX QUI LA SALISSAIENT. AU LIEU DE ME DECERNER UNE MEDAILLE, ON M’A VILIPENDE ET PRESENTE DEVANT UN TRIBUNAL.
Cette fois, j’ai juste demandé aux militaires en poste ou à la retraite qui ont accepté le quatrième mandat ou vont consentir à un cinquième ou à un scénario du même genre, d’user des vertus de la sagesse d’ici 2019 pour ne pas hypothéquer de nouveau le sort du pays CAR CETTE FOIS LES ALGERIENS NE L’ACCEPTERONT PAS.
Trop, c’est trop !
Non pas parce que je me prendrais pour Jupiter, mais tout simplement parce qu’ils m’ont reçu, à leur demande, d’innombrables fois au siège du ministère de la Défense nationale pour me consulter sur la situation nationale dans les années quatre-vingt-dix, comme ils le faisaient avec les hommes et les femmes politiques du pays, ce qui n’est une forfaiture ni de part, ni d’autre.
EN TOUT ETAT DE CAUSE, ET EN MA QUALITE DE SIMPLE CITOYEN DE CE PAYS, JE M’OPPOSERAI DE TOUTES MES FORCES MORALES ET INTELLECTUELLES AU CINQUIEME MANDAT OU A UN SCENARIO DU MEME GENRE.
À moins qu’un Boumaarafi ne tombe opportunément du ciel pour me tirer dans le dos.
Tout le reste, M. « L’armée », n’est que procès d’intention et comportement de « parkingueurs ».
Point barre.
(« Tout Sur l’Algérie » du 07 septembre 2017)