Home ARTICLESLa problématique algérienne2011-2016 ‎4e MANDAT : D’OU VIENDRA NOTRE SALUT : DE NOUS OU DE L’ETRANGER ? ‎

‎4e MANDAT : D’OU VIENDRA NOTRE SALUT : DE NOUS OU DE L’ETRANGER ? ‎

by admin

Les Tunisiens ont payé de 1000 morts environ le régime démocratique qu’ils viennent de se ‎donner. Ils ont avancé en acompte 1 mort, Mohamed Bouazizi, et versé le reste sur à peu ‎près un mois. C’est là toute la facture du printemps tunisien.

En comparaison, notre pays a avancé cash à la démocratie un acompte de 500 morts en ‎octobre 1988, puis versé en paiements échelonnés qui se poursuivront, jusqu’à on ne sait ‎quand, plusieurs centaines de milliers. Malgré ce coût exorbitant, nous n’avons toujours pas ‎de démocratie.

Comme pour l’autoroute et beaucoup d’autres réalisations de ces quinze dernières années, ‎nous avons payé très cher une démocratie de contrefaçon, du « kach Bakhta » comme dirait ‎Bouteflika.‎

Tandis que la Tunisie prenait la tête du mouvement de démocratisation du monde ‎amazigho-musulman dont nous avons cru un moment être les leaders, nous avons pris la ‎place qu’elle occupait en 1987 avant que le général Benali ne dépose Bourguiba pour ‎sénilité. ‎

Bourguiba était en meilleur état physique et mental que Bouteflika. Il avait aussi une plus ‎grande stature puisqu’il n’était pas un moudjahid parmi « deux millions » ( !) d’autres, mais ‎le « combattant suprême » qui a conduit son pays à l’indépendance, fondé un Etat moderne ‎sur les décombres de la Régence et du Beylicat, et forgé le citoyen et la citoyenne tunisiens ‎qui ont fait fuir le général Benali quand il est devenu un despote entre les mains de sa belle-‎famille corrompue. En trois ans les Tunisiens ont réglé leur problème : vite fait, bien fait.

Nous n’avons toujours pas réglé le nôtre en vingt-six ans auxquels il va falloir ajouter cinq ‎autres, ceux que durera le 4e mandat, soit au total 31 ans.

RIEN N’EST ASSURE AU-DELA, MAIS IL EST PERMIS DE REVER.

Les islamistes en Tunisie ont gagné les élections comme le FIS chez nous en 1991, mais le ‎processus électoral n’a pas été interrompu. Les partis démocrates et les syndicats ont fédéré ‎leurs forces pour s’opposer pacifiquement au projet d’Etat théocratique porté par Ennahda. ‎Deux leaders de ces petits partis ont laissé leur vie dans la bataille, et ce fût assez pour faire ‎tomber le gouvernement et contraindre son parti à s’aligner sur leurs aspirations à la ‎modernité.

L’armée et les services de sécurité tunisiens ne sont pas intervenus dans le processus de ‎changement du régime. Ils se sont rangés du côté du peuple et ont protégé sa révolution ‎sans chercher à la contrôler. Pourquoi ?

PARCE QUE LA OU IL Y A UNE SOCIETE CIVILE, DES ELITES ET DES PARTIS SOUS-TENDUS ‎PAR UNE PENSEE POLITIQUE EN PHASE AVEC LA MARCHE DU MONDE, L’ARMEE N’A ‎RIEN A FAIRE.

LE THEOREME QUI SE DEGAGE DE CES CONSIDERATIONS EST QUE LE JOUR OU LA ‎SOCIETE CIVILE SE MONTRERA DANS NOTRE PAYS, LE « SYSTEME » SE RESORBERA DE ‎LUI-MEME.‎

Lorsqu’en janvier dernier l’Assemblée tunisienne a proclamé la nouvelle Constitution, les ‎représentants du monde entier sont venus saluer avec respect cette prouesse politique ‎unique dans les annales du monde amazigho-musulman. L’Algérie, en la personne de Sellal, ‎s’est aussi inclinée devant ce succès du printemps arabe.

Le même homme sillonne actuellement le territoire national pour remercier et féliciter les ‎bien-avisés Algériens de ne pas avoir « cédé » au printemps, saison maudite entre toutes des ‎despotes, des familles régnantes et des corrompus qui les servent. ‎
Nous commençons à sentir que quelque chose cloche dans notre psychologie et à en être ‎perturbés. La preuve ? ‎

NOTRE ACTUALITE RICHE EN NOUVELLES PIECES A CONVICTION NOUS DEMONTRANT ‎QUE SI NOUS NE SOMMES PAS LES MEILLEURS HOMMES DU MONDE, NOUS SOMMES ‎LES MEILLEURS ALGERIENS DU MONDE. ‎

Ceux qui ont vu dans le boycott l’arme fatale, ont invité le peuple à ne rien faire comme s’il ‎ne fallait attendre de lui que des gestes passifs. Pourquoi ? ‎
Ali Benouari en appelle à l’ONU, à l’Union européenne et à Obama, mais pas au peuple ‎algérien. Pourquoi ? ‎
Hamrouche demande à trois hommes de résoudre la crise, pas à la société civile, aux partis ‎politiques et à la nation dans sa globalité. Pourquoi ? ‎

Le général Yala demande au gouvernement des Etats-Unis d’Amérique d’exercer des ‎pressions sur le pouvoir algérien pour le dissuader de continuer sur la voie du 4e mandat, ‎mais pas à son peuple. Pourquoi ?‎

PARCE QUE LE FRONT INTERIEUR EST DELABRE, PARCE QUE LA SOCIETE POLITIQUE ‎N’EXISTE PAS, PARCE QUE NOUS SOMMES A L’IMAGE DU NOM DE NOTRE PAYS EN ‎LANGUE ARABE (« AL-DJAZAÏR ») QUI SIGNIFIE « ENSEMBLE D’ILOTS » ALORS QUE ‎L’ALGERIE N’EST PAS INSULAIRE MAIS CONTINENTALE.

OUI, NOUS SOMMES DES ILOTS DE CONSCIENCE, DES FORCES DISPARATES, DES EGO ‎INCONCILIABLES. SEUL LE POUVOIR FAIT BLOC. 52 ANS, CE N’EST PAS PROBANT POUR ‎UNE NATION, UN PAYS, UN ETAT. IL FAUT DES SIECLES DE VIE NATIONALE POUR ‎PRETENDRE A CE STATUT.

Ali Benouari et le général Yala n’ont rien fait de plus que s’engouffrer dans la brèche ‎ouverte dernièrement par Saâdani qui s’est adressé de manière subliminale à l’opinion ‎publique internationale et à travers elle à la cour pénale internationale. Ils en ont pris pour ‎leur grade et été accusés de trahison, notamment par l’avocat de « ahl-ar-rabiâ », Me ‎Ksentini. ‎

Sâadani s’y est pris oralement car il n’écrit pas, tandis qu’eux ont signé noir sur blanc leur ‎‎« crime ». Mais on ne peut pas tout mettre sur le dos de Saâdani : avant lui le FLN de feu ‎Mehri et de Belkhadem, pour ne citer qu’eux, en avait appelé à l’ingérence étrangère dans ‎nos affaires intérieures.

Il l’a fait (le FLN) en se rendant à l’étranger, à Rome, en octobre 1994, où feu Mehri n’a pas ‎lésiné avec les mots en qualifiant dans son intervention devant la presse le terrorisme qui ‎ravageait le pays de « résistance populaire ». J’y étais et les enregistrements sont en ‎possession de l’ENTV et des nouvelles chaînes privées algériennes. ‎

J’y ai pris la parole quand mon tour vint pour dire que la crise algérienne n’a pas besoin de ‎tutelle étrangère et que la solution se trouvait à Alger et non à Rome. Feu Nahnah s’était ‎exprimé dans le même sens, contrairement à feu Ben Bella, Aït Ahmed, Haddam, Louisa ‎Hannoune, Djaballah, et Benmohammed. ‎

C’est notre position, Nahnah et moi, qui a fait échec à San Egidio 1. La fameuse « plateforme ‎de Rome » ne sera adoptée et signée par ces derniers qu’à la rencontre de San Egidio 2, en ‎janvier 1995, à laquelle feu Nahnah et moi n’avons bien sûr pas été invités. On avait ‎découvert que nous étions des « agents du système ».

LES MEMES SONT EN TRAIN OU NE VONT PAS TARDER A LYNCHER BENOUARI ET YALA ‎POUR BEAUCOUP MOINS QUE CE QU’ILS ONT EUX-MEMES FAIT, CAR A ROME LA ‎REUNION ETAIT TELEGUIDEE PAR DES SERVICES DE RENSEIGNEMENT ET DES OFFICIELS ‎ETRANGERS ET COUVERTE PAR TOUS LES MEDIAS DU MONDE. ‎

Je me rappelle aussi que les organisateurs nous ont distribué des « enveloppes » le ‎deuxième jour. Quand le chargé de la distribution, un des principaux responsables de ‎l’« ONG San Egidio » me tendit la mienne, je lui ai demandé ce qu’elle contenait. Quand je ‎sus je lui répondis : « Donnez cet argent aux pauvres de Rome ».‎

Le Prophète a laissé une parole revenue à l’esprit de beaucoup ces derniers temps pour ‎caractériser l’attitude du président Bouteflika qui, à l’article de la mort, a tenu à se ‎présenter à un 4e mandat. Cette parole est : « Idha lam tastahi, fafâal ma chi’t » (« Si tu n’as ‎pas honte, fais ce qui te plaît »). ‎

La cause est entendue pour celui qu’aucune barrière morale ou légale n’arrête : il peut tout ‎se permettre. MAIS LE PROPHETE N’A PAS DIT DANS CE HADITH CE QUE DOIVENT FAIRE ‎CEUX QUI PATISSENT DES OUTRANCES DU MANQUE DE « HYA » MENAÇANT LEUR ‎PUDEUR ET SURTOUT LEUR AVENIR.

Il l’a dit ailleurs, dans des aphorismes ayant pour objet le salut collectif comme celui de ‎l’embarcation mise en péril par la folie d’un passager : « Des gens s’étant embarqués ‎ensemble, chacun dispose d’un coin dans cette embarcation. Or l’un d’eux se mit à cogner ‎dans son coin avec une hache sur la paroi de l’embarcation. Ses compagnons lui ‎demandèrent : « Que fais-tu là ? » Il répondit : « C’est ma place, j’y fais ce que bon me ‎semble ». Et le Prophète de tirer cette leçon : « Si ses compagnons l’empêchent, ils seront ‎sauvés et il sera sauvé lui-même ; mais s’ils le laissent faire, il périra et ils périront ».

LES GENS DU 4E MANDAT SAVENT CE QU’ILS FONT, CE QU’ILS VEULENT, ET CONTINUENT ‎DE COGNER SUR LE PAYS POUR GARDER LE POUVOIR A TOUT PRIX, A N’IMPORTE QUEL ‎PRIX, EN MARCHANT SUR NOTRE CONSCIENCE ET AU BESOIN SUR NOS CORPS.‎

Ils ont pris en otage l’embarcation, son équipage et ses vivres, et tiennent à distance les ‎‎« révoltés du Bounty » en brandissant le respect de la loi, de la légalité, de la démocratie, ‎des personnes du quatrième âge et des anciens moudjahidin. Ils nous disent en filigrane : ‎‎« On reste et prenez-ça pour ce que vous voulez : droit divin, légitimité historique, fait du ‎prince, élections libres et transparentes, complot mafieux… »‎

Leur force vient de ce qu’ils ne soient bridés par aucun scrupule moral ou légal, ‎contrairement à ceux qui ne sont pas de leur camp et que tétanise la peur du printemps ‎arabe, du naufrage de leur embarcation, de l’intervention étrangère ou leur terreur ‎atavique de l’ogre.

ILS CONNAISSENT AUSSI LES CAPACITES DE RESIGNATION PRESQU’ILLIMITEES DE CETTE ‎NATION DE « MUSLIMIN MKATTFIN ».

Leur jubilation, leur arrogance, leur impudeur, vient de leur certitude inébranlable que ce 4e ‎mandat va être une promenade de santé au profit de quelqu’un qui n’en a plus.‎
CE N’EST PAS A EUX QU’IL FAUT CRIER « HONTE A VOUS ! », EUX N’ONT PAS HONTE, ‎N’ONT JAMAIS EU HONTE, MAIS A NOUS-MEMES.

HONTE A NOUS D’ACCEPTER DE NOUS TAIRE, DE TROUVER QUE C’EST NORMAL ET QU’IL ‎N’Y A QUE CELA A FAIRE. HONTE A NOUS DE VOIR NOTRE CONSTITUTION MALMENEE ‎COMME UN CHIFFON, DES LOIS QUOTIDIENNEMENT VIOLEES, UNE RAPINE QUI ENFLE ‎D’ANNEE EN ANNEE ET UNE FRAUDE GIGANTESQUE QUI S’ANNONCE.

Ce n’est pas une élection « fermée » qui se prépare, c’est un rapt du pouvoir, un ‎avilissement national, un vol des voix des électeurs, un passage en force quels que soient les ‎risques encourus par le pays. Nous sommes infantilisés, humiliés, violés dans nos sentiments.

NOUS SOMMES EN PLEINE REGRESSION MENTALE ET MORALE, EN PLEINE INDIGNITE ‎NATIONALE ET A CONTRE-SENS DE L’HISTOIRE. NOUS SOMMES DESHONORES, BLESSES, ‎ABRUTIS, COMME NOUS NE L’AVONS JAMAIS ETE DEPUIS L’INDEPENDANCE. NOUS NE ‎SOMMES PAS SEULEMENT EN FOLIE COMME JE LE DISAIS DANS LA DERNIERE ‎CONTRIBUTION, NOUS SOMMES PIETINES, ECRASES, RIDICULISES SOUS LES YEUX DE ‎L’UNIVERS. ‎

NOUS SOMMES UN PEUPLE QUE LA VERITE DERANGE DANS SON AMOUR-PROPRE. NOUS ‎N’AIMONS PAS ETRE RAMENES A NOTRE HISTOIRE PASSEE QUAND ELLE N’EST PAS ‎FLATTEUSE, OU A NOTRE CONDITION PRESENTE QUAND ELLE EST GENANTE. NOUS ‎N’AIMONS PAS ETRE CRITIQUES OU QUE L’ON POINTE NOS DEFAUTS.

En revanche, nous aimons être reconnus, flattés, donnés en exemple, ne serait-ce que pour ‎la qualité de nos outardes ou notre présence en quarts de finale de la coupe du monde de ‎football pour la 4e fois. Nous aimons nous gausser des autres, comme des Tunisiens par ‎exemple dont nous pensions jusqu’à peu qu’ils n’excellaient que dans la « hrissa », les ‎beignets et la « zlabia ». Nous les regardions de haut parce qu’ils n’ont pas de pétrole.

Mais ils ont ce que nous n’avons pas, la conscience citoyenne, l’élite engagée, la femme ‎combative pour ses droits sociaux et politiques, et ils sont ce que nous ne sommes ‎pas encore : une société responsable, éduquée et productive.‎

Notre histoire étant ce qu’elle est et notre réalité ce que nous voyons, force est de convenir ‎qu’en plus de nos constantes nationales reconnues en 1996 par la Constitution de Zéroual ‎‎(arabité, islamité et amazighité) il y a une quatrième que nous n’avons pas encore ‎constitutionnalisée et qui tient en une sorte de fatalité de l’échec, de coefficient ‎multiplicateur du coût normal des choses auquel nous nous résignons sans poser de ‎questions.‎

NOUS AVONS PLUSIEURS FOIS PERDU NOTRE SOUVERAINETE A TRAVERS LES AGES, ‎NOUS AVONS TRES CHER PAYE L’INDEPENDANCE, NOUS AVONS ECHOUE DANS ‎L’INSTAURATION DU SOCIALISME, DE L’ECONOMIE DE MARCHE ET DE LA DEMOCRATIE. ‎ET NOUS SOMMES EN TRAIN D’ECHOUER A DEVENIR UN PAYS MODERNE COMME LA ‎‎« PETITE » TUNISIE.‎

LE CHANGEMENT DANS UN PAYS PEUT VENIR DU REGIME QUAND IL EST ASSEZ ECLAIRE ‎POUR ANTICIPER LES EVOLUTIONS ET EVITER LES VOIES PERILLEUSES. IL PEUT VENIR DE ‎LA SOCIETE QUAND ELLE EST ORGANISEE EN PARTIS, ASSOCIATIONS, SYNDICATS, ‎MEDIAS ET INTELLECTUELS. IL PEUT ETRE LE FAIT D’UNE OPPOSITION SOUDEE PAR ‎L’INTERET COLLECTIF QUAND IL Y EN A UNE.

COMME IL PEUT VENIR DE LA RUE QUAND ‎CES CADRES SOCIAUX N’EXISTENT PAS. ‎
ET QUAND IL VIENT DE LA RUE, IL N’APPORTE PAS AVEC LUI UNE ALTERNATIVE, UN ‎PROGRAMME, DES EQUIPES QUALIFIEES POUR PRENDRE LES RENES DE L’ETAT MAIS ‎JUSTE DE LA COLERE, DU NIHILISME, UN DESIR DE VENGEANCE ET DES VENDETTAS. ‎AVANT LE RETOUR A LA CASE DEPART.‎

Dans ma jeunesse, une question me hantait que je craignais de poser aux adultes de peur de ‎‎« blasphémer ». J’y ai d’ailleurs fait allusion dans une précédente contribution (« Le peuple ‎et l’élite », 20 mars) : Dieu, selon la tradition islamique, aurait envoyé à l’humanité quelque ‎‎124.000 personnes entre prophètes, « roussouls », « nabis » et « inspirés » parmi lesquels on ‎peut citer Loqman ou Dhou-al-Qarnaïn (Alexandre le Grand).

Pourquoi n’en a-t-il envoyé aucun aux Amazighs, Numides, Berbères, Maghrébins ? Est-ce ‎parce qu’ils ne remplissaient pas les critères de « communauté » au sens coranique du ‎terme ? Ou est-ce qu’Il l’aurait fait mais que nous l’aurions liquidé au premier prêche tenu ‎et que personne ne s’en est souvenu depuis ? ‎

EN TOUT CAS, LA MEMOIRE COLLECTIVE NE MENTIONNE DANS NOS CONTREES QUE ‎L’APPARITION AU MOYEN ÂGE DE DJOUHA, LEQUEL SERAIT ENTERRE QUELQUE PART ‎SOUS NOTRE TERRE ET QUI NOUS A LEGUE UN INEPUISABLE PATRIMOINE DE RUSES, DE ‎FOURBERIES ET AUTRES MALICES DONT LA FAMEUSE PARABOLE DE « TAKHTI RASSI »…‎

Si cela peut nous consoler, je voudrais rappeler que notre saint Prophète aurait eu en deux ‎circonstances une pensée pour nous, confiant à son compagnon Omar la première fois : ‎‎« Allah ouvrira une porte du côté du Maghreb ; il lui suscitera un peuple qui le glorifiera et ‎humiliera les infidèles. Peuple de gens craignant Allah qui mourront pour ce qu’ils auront vu, ‎ils n’ont pas de villes qu’ils habitent, ni de lieux fortifiés dans lesquels ils se gardent, ni de ‎marchés sur lesquels ils vendent ».‎

Ce n’est pas notre description par le Prophète qui est peu flatteuse pour nous, mais notre ‎réalité de l’époque dont il est un témoin inattendu : pas de villes où habiter, pas de ‎fortifications, pas de marchés où vendre…

Le marché informel remonte donc à loin dans notre histoire. Et ça n’a pas beaucoup changé ‎pour le reste depuis puisqu’il suffit de s’éloigner de quelques kilomètres d’Alger pour se ‎rendre compte de l’état de « nos » villes, villes que nous n’avons pas construites mais ‎héritées des Français et délabrées. Quant aux fortifications, c’est l’an dernier seulement ‎qu’on y a pensé. L’ANP, paraît-il, aurait aligné un grand nombre de conteneurs pour ‎‎« fortifier » nos frontières-sud.‎

La seconde fois que le Prophète nous a évoqués, c’était à quelques mois de sa mort où il ‎aurait dit à son entourage : « Je vous recommande la crainte d’Allah et des Berbères car ce ‎sont eux qui viendront vers vous avec la religion d’Allah du fond du Maghreb, et Allah les ‎prendra en échange de vous ». Le Prophète ne saurait se tromper, donc ces temps ‎adviendront nécessairement sauf qu’on ne sait pas quand.

En attendant, c’est nous qui importons d’Orient salafisme, wahhabisme, takfirisme, ‎‎« régressisme », etc. Décidément, nous sommes importateurs en tout et de tout…‎
Notre thérapie collective aurait pu commencer cette année si Bouteflika avait pensé à ‎l’avenir de son pays, s’il avait conçu de consacrer ses dernières forces à une transition sans ‎lui, avec un président de la nouvelle génération ayant une stature d’homme d’État, une ‎vision globale et des idées pragmatiques, et qui ne soit pas atteint par les maladies du moi. ‎Mais ça aurait été lui demander d’être ce qu’il n’est pas.

D’où viendra le salut ?‎

‎(Le soir d’Algérie du 03 avril 2014)‎

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