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‎4e MANDAT : LE PEUPLE ET L’ELITE

by admin

Les Algériens en général n’aiment pas l’élite, n’aiment pas la notion d’élite parce qu’elle est ‎liée dans leur mentalité à l’idée de discrimination, de « hogra », voire de racisme. S’il y a ‎quelque chose que l’Algérien n’aime pas entendre, sinon il tirerait le couteau, c’est qu’on lui ‎dise, même sur le ton de la badinerie, qu’il y a mieux que lui, qu’on puisse lui être supérieur ‎dans un domaine ou un autre.

Il ne cherche pas en lui l’argument pour se défendre, il le trouve prêt à l’emploi dans la ‎culture populaire dans laquelle il a poussé : « Nous sommes tous des êtres humains ! », ‎‎« Nous sommes tous les enfants de neuf mois !», « Moi, je ne reconnais que Dieu ! » etc, etc. ‎

Même s’il est illettré, mendiant ou SDF. Dans le souffle de la bataille, il ne reconnaîtra pas ‎qu’il est illettré (aatihouli fahem, ellah la qra !), mendiant (warrah el-aib ?) ou SDF (c’est à ‎cause de Tebboune !) ‎

L’Algérien moyen est sans complexes. Vous pourriez être Einstein en chair et en os devant lui ‎qu’il n’en serait pas plus démonté : « Et moi, tu n’sais pas qui suis-je ? » vous rétorquera-t-il ‎dans ce qui lui reste du « butin » qu’est la langue française (mot que je n’ai jamais aimé ‎parce que lié à l’idée de rapine ; Kateb Yacine aurait pu lui trouver un autre qualificatif, ‎comme « héritage » ou autre). ‎

L’Algérien courant n’est pas impressionnable. Même sans le couteau sa force de conviction ‎est telle qu’il vous ébranle et vous fait douter de votre santé mentale. Vous vous taisez et lui ‎citez, si vous avez du courage, cette parole de contrition du Prophète, « afâal ma ‎chi’t » ! (Fais ce qui te plaît !)‎

Au temps de la France, il y avait au sein de notre population une petite « élite sociale » où ‎on pouvait compter, vraiment en très petit nombre, des membres de professions libérales, ‎des fonctionnaires, des enseignants et des commerçants dont quelques-uns, vraiment ‎rarissimes, étaient « naturalisés ».

Aux yeux du reste des Algériens, s’ils ne pensaient pas qu’ils ne faisaient déjà plus partie ‎d’eux, ils passaient pour des privilégiés, ce qui n’était pas loin d’être considéré comme une ‎trahison : trahison des racines, des origines, de l’islam, de la cause nationale… Peu importe ‎de quoi, mais de la trahison quand même. Pourtant, la plupart des membres de cette ‎‎« élite » militaient dans les rangs du PPA de Messali Hadj ou de l’UDMA de Ferhat Abbas. ‎

Au temps du parti unique de Kaïd Ahmed, Messadia et Yahiaoui, on riait de « l’élite » et lui ‎opposait le « militant révolutionnaire » même s’il n’a fait aucune révolution. Il suffisait qu’il ‎ait la carte du FLN pour devenir l’exemple, la référence intellectuelle et morale, le sceptre ‎et le glaive. Ça rapportait en prestige et revenus, en espèces ou en nature, plus que le ‎doctorat. D’ailleurs beaucoup de porteurs de doctorats se convertirent à la nouvelle religion ‎pour ne pas finir clochards.

L’ignorance, la suffisance, l’impudeur trônaient au sommet de l’Etat et de la direction du ‎FLN qui, de ces hauteurs, narguait les lettrés, les penseurs, les visionnaires, surtout s’ils ‎trouvaient à redire à la politique du pays. On était crassement ignorant, mais on trouvait ‎légitime de guider la nation.

Voilà quelques-uns des crimes contre l’humanité commis par le parti unique. Voilà quelques-‎uns des crimes commis contre les droits de l’homme algérien à la rationalité et au bon ‎sens… Suite à cela, il n’allait plus rester trace dans l’esprit de la nation de l’idée d’échelle ‎des valeurs ou d’échelle du mérite.‎

Pour toutes ces raisons, chers frères, chères sœurs, vous allez avoir le 4e mandat parce que ‎Messali Hadj l’avait déjà eu en son temps alors que l’Etat algérien n’était pas né. Quand il a ‎vu qu’on s’opposait dans le Comité central du PPA-MTLD à ce qu’il accédât à un cinquième, ‎il déclencha la guerre contre le FLN et l’ALN qui, eux, « djihadaient » contre la France (ça ne ‎vous rappelle pas quelque chose dans l’actualité ?) ; parce que Ben Bella avait passé ‎commande du 4e alors même qu’il n’allait pas achever le premier ; parce que Boumediene ‎qui avait fait un premier mandat de douze ans sans être élu ne pensait pas, une fois élu, le ‎rendre jamais ; parce que si le GIA avait réussi à sortir du maquis le système du califat qu’il ‎avait proclamé pour l’installer à El-Mouradia, vous seriez aujourd’hui les sujets de sa ‎grossière majesté X ou Y…‎

Des candidats à la 4e mandature, il y en a et y aura encore des masses tant que nous serons ‎‎« comme ça » : 136 candidats à la mandature cette année dont vous avez vu de près le ‎profil. Combien parmi eux, pensez-vous, auraient restitué le mandat ? Et ceux-là, ils viennent ‎du peuple, n’est-ce pas, pas du « pouvoir », des partis ou de la cuisse de Jupiter.

Ils nous avaient prévenus Ben Mhidi, Abane Ramdane, le colonel Lotfi, Ferhat Abbas, ‎Bennabi et d’autres, mais vous avez dû lire leurs propos, leurs prémonitions, leurs mises en ‎garde, sans trop vous y attarder. Ils sont nombreux les califes qui se sont imposés la ‎limitation des mandats ?

L’Émir Abdelkader a dit « La dignité est dans l’exil ». Les harragas d’aujourd’hui disent (« al-‎harba tsallak ! »). Boutef n’est donc pas tombé du ciel comme je le disais hier. Et il connait ‎beaucoup plus que moi notre patrimoine proverbial qui pullule de dictons, adages et blagues ‎bien tournées (et non à la Sellal) qui peuvent justifier aussi bien le vrai que le faux, le ‎raisonnable que l’absurde. ‎

VOUS Y TROUVEREZ TOUTES SORTES DE MUNITIONS INTELLECTUELLES ET RELIGIEUSES ‎POUR JUSTIFIER L’INJUSTIFIABLE OU SOUTENIR L’INSOUTENABLE. IL N’EST PAS TOMBE DU ‎CIEL, MAIS DE CE PATRIMOINE MENTAL QU’IL A ENRICHI ET CONTRIBUE A ‎TRANSFORMER EN ARCHETYPE, EN EXEMPLE A SUIVRE PAR LES GENERATIONS ‎MONTANTES.‎

Lors de la dernière manif de « Barakat » à place Audin il y avait quelques dizaines de ‎manifestants, dont certains curieusement en cravate (je croyais qu’elle avait disparu avec le ‎colonialisme et la fin de l’influence occidentale) et sur le trottoir d’en face plusieurs ‎centaines de badauds qui regardaient ce spectacle qu’ils ne comprenaient pas.

L’un d’eux a dit : « Qu’est-ce qu’il manque à ceux-là pour qu’ils manifestent ? » Car dans ‎l’esprit de l’Algérien commun, quand on sort manifester c’est forcément pour demander un ‎logement, une augmentation de salaire ou de pension de retraite, un statut professionnel ou ‎un branchement au gaz de ville.

C’EST CETTE MENTALITE HOSTILE A « L’ELITE » QUE LES PARTISANS DU 4E MANDAT ‎REVEILLENT, MOBILISENT, APPATENT ET ACHETENT. ILS SAVENT QUE L’EPOUVANTAIL DE ‎‎« L’ELITE-TRAHISON » A ENCORE COURS DANS CERTAINES COUCHES DE LA POPULATION, ‎QUE LA MISE A L’INDEX DE « L’ELITE-BOURGEOISE » FAIT ENCORE MOUCHE.

Les personnes qui sont au pouvoir passent forcément, si ce n’est à leurs yeux du moins à ‎ceux des autres, pour être une « élite », mais les hérauts du 4e mandat veulent justement ‎déporter cette prévention vindicative vers les opposants au 4e mandat. Nous sommes en ‎pleine diablerie.‎

Le voisinage des mots « peuple » et « élite » n’a jamais été de tout repos dans l’esprit ‎populaire méfiant, dans l’esprit forgé par le populisme : le premier a été défini comme ‎l’incarnation du bien et le second celle du mal. Que ce soit chez nous ou ailleurs, à notre ‎époque ou à une autre.‎

Personne, par exemple, ne s’émeut devant le fait universellement reconnu que c’est un petit ‎nombre d’individus exceptionnels qui, à travers les âges, fait avancer la science, la pensée, ‎la technologie, la médecine, etc. ‎

Sur les 80 milliards d’êtres humains qui ont peuplé la terre depuis les origines, le nombre de ‎ces hommes se chiffre en quelques milliers seulement. Si on avait attendu que la majorité ‎des gens instruits mettent au point une découverte ou inventent une technologie, celle-ci ne ‎serait pas née et on serait encore au Moyen Âge ou au Néolithique. ‎

Personne n’est scandalisé par le fait que Dieu se soit adressé à l’humanité par ‎l’intermédiaire de quelques dizaines de personnalités choisies par Lui. Là, je veux attirer ‎l’attention sur une petite curiosité : le Coran affirme et répète de multiples fois qu’il n’est ‎pas une communauté à qui Dieu n’ait envoyé un « avertisseur » choisi parmi elle et parlant ‎sa langue. ‎

Or les anciens habitants du Maghreb n’ont pas eu cet honneur, sauf si le souvenir en a été ‎perdu ou qu’ils ne satisfaisaient pas au critère de « communauté ». Je laisse la question aux ‎bons soins de fadilat ach-cheikh Chemseddine.‎

PARFOIS UN SEUL HOMME OU QUELQUES DIZAINES D’HOMMES ONT SOULEVE UNE ‎NATION POUR LA HISSER AU-DESSUS DE SA CONDITION MISERABLE, COMME DES ‎NATIONS PLETHORIQUES ONT TRAVERSE LES SIECLES SANS METTRE AU MONDE UN SEUL ‎GRAND HOMME NI FAIT UNE INVENTION DECISIVE, ET SONT DE CE FAIT DEMEUREES AU ‎STADE PRIMITIF. ‎

Ce sont donc indubitablement les minorités ou, si l’on veut, « l’élite sociale » qui, à toutes les ‎étapes de l’évolution humaine a fait, fait et fera l’Histoire dans tous les domaines : science, ‎recherche fondamentale, technologie, pensée, art, musique, sport…

CETTE ELITE, CETTE AVANT-GARDE, QUAND SON GENIE ET SON ACTION SERVENT ‎L’INTERET GENERAL, DEVIENT DE FACTO LA MAJORITE, L’HUMANITE, LE GENRE HUMAIN. ‎ON DIT ALORS QUE « L’HOMME » A FAIT CECI OU CELA, A TELLE OU TELLE EPOQUE, ‎DANS TEL OU TEL PAYS, ET NOUS AVONS TOUS LE SENTIMENT D’AVOIR PARTICIPE A ‎SON ŒUVRE ET D’ETRE UN PEU CET HOMME ABSTRAIT.‎

Mais dès qu’il s’agit de politique, ça se complique. Tous les hommes naissent égaux et ont ‎les mêmes droits, affirme un principe cardinal de l’humanisme qui est lui-même le fruit du ‎progrès moral à mettre sur le compte d’un ou quelques éminents philosophes qui l’ont ‎théorisé et défendu jusqu’à ce qu’il soit admis de tous et incorporé dans le droit des gens de ‎toutes les nations.‎

Nous, que notre histoire spécifique a exclu des inventions scientifiques, technologiques, ‎philosophiques ou morales qui ont fait avancer l’humanité à travers les âges, ne sommes pas ‎réceptifs à ce raisonnement consacrant l’idée que « l’élite » d’une nation constitue son ‎moteur et son éclaireur.

Dans les temps récents, ceux du parti unique et même jusqu’à maintenant, cette notion ‎suscite de la réserve et même un certain énervement chez la plupart de nos compatriotes ‎qui voient dans l’égalitarisme et le populisme des vertus d’équité.

C’EST DE LA QUE VIENT LA FACILITE AVEC LAQUELLE JOUENT LES PARTISANS DU 4E ‎MANDAT AVEC LA NOTION DE « PEUPLE» POUR L’OPPOSER, AVEC L’ARROGANCE QUE ‎CONFERE LA CERTITUDE D’ETRE DU BON COTE DU MANCHE, A « L’ELITE NON ‎REPRESENTATIVE » QUI MANIFESTE A LA PLACE AUDIN CONTRE LE 4E MANDAT.

Leur peuple à eux, c’est la partie intéressée de la masse indifférente qu’ils flattent en la ‎maintenant dans son ignorance et son insensibilité aux idées et aux idéaux. C’est cette ‎même masse qui, faut-il rappeler, suivait le FIS hier et suivra demain quiconque la payera ‎pour un déplacement à Alger ou remplir les tribunes d’un stade.‎

Si on suit la logique populiste, un homme jouissant d’une popularité tirée d’un métier, d’un ‎talent artistique ou sportif, a plus de chances d’être élu que n’importe quel savant ou esprit ‎éminent. Un footballeur professionnel d’un grand club européen n’est-il pas d’ailleurs mieux ‎rémunéré que tous les génies scientifiques rassembles de la planète ?‎

ON NE PEUT PAS, ON NE DOIT PAS ISOLER LA MINORITE DE LA MAJORITE CAR UN ‎PEUPLE C’EST L’ELITE ET LE NOMBRE, LES ECLAIREURS ET LA FOULE. C’EST QUAND CES ‎DEUX FORCES SE RENCONTRENT, SE SOLIDARISENT, QU’UNE CAUSE NATIONALE, UNE ‎LUTTE ARMEE OU UNE PROTESTA ARRIVENT A DEBOUCHER LES VOIES DE L’HISTOIRE, A ‎FRAYER UN PASSAGE AU PROGRES. CES DEUX FORCES, CE SONT LA VISION DE L’ESPRIT ‎ET LA FORCE DU NOMBRE.

LORSQU’ELLES NE SE RENCONTRENT PAS, LORSQU’ELLES NE S’UNISSENT PAS ET NE ‎MARCHENT PAS DE PAIR, LORSQUE LE POPULISME ET LES PREJUGES DE CLASSE LES ‎SEPARENT, LA CAUSE POLITIQUE STAGNE ET TOUS LES DEUX PERDENT. LE PEUPLE EN ‎QUESTION DEVIENT ALORS COLONISABLE OU « DESPOTISABLE » SELON LES ‎CIRCONSTANCES DE L’HISTOIRE.

L’ELITE DOIT RECOUVRIR LE PLUS GRAND NOMBRE DE CITOYENS, S’OUVRIR A TOUTES ‎LES COUCHES, A TOUS LES AGES, ET LE PEUPLE DEVENIR LUI-MEME UNE ELITE. ‎

Dans les pays développés, il est presqu’impossible de distinguer un éminent savant d’un ‎simple quidam, et les deux se respectent mutuellement et sincèrement. ‎

IL FAUT JUSTEMENT QUE L’INDIGNATION QUI SOULEVE UNE GRANDE PARTIE DE NOTRE ‎PEUPLE ET DE NOTRE ELITE LES FEDERE POUR POSER LE DEUXIEME ACTE FONDATEUR DE ‎LA NATION ALGERIENNE APRES L’APPEL DU 1ER NOVEMBRE.‎
LE NOUVEAU PEUPLE ALGERIEN EST EN TRAIN DE SE REFORMER CULTURELLEMENT, DE ‎SE MODERNISER MENTALEMENT, DE SE FORGER POLITIQUEMENT EN SE FEDERANT ‎PROGRESSIVEMENT CONTRE UNE ANOMALIE, UNE DUPERIE.

LA SOCIETE DEMANDEUSE DE DEMOCRATIE, DE LIBERTE ELECTORALE, DE DIGNITE, ‎N’EXISTE PAS ENCORE EN NOMBRE SUFFISANT, MAIS ELLE EST EN COURS D’EBAUCHE, DE ‎FORMATION, DANS LA REACTION DU PEUPLE-ELITE QUI MANIFESTE, S’INDIGNE CONTRE ‎DES INSULTES, PUBLIE DES PETITIONS SUR LA TOILE OU DES CONTRIBUTIONS DANS LES ‎JOURNAUX. C’EST CE QUI VA FAIRE CHANGER ET EVOLUER LE PAYS, QUI VA RENFORCER ‎LE SENTIMENT D’UNION NATIONALE ET NOUS RAPPROCHERA DAVANTAGE LES UNS DES ‎AUTRES, Y COMPRIS CEUX D’ENTRE NOUS QUI VIVENT SUR LES CINQ CONTINENTS.‎

En octobre 1988 et en janvier 2011, ce sont les jeunes qui sont sortis pour saccager sous les ‎yeux étonnés des adultes. Aujourd’hui, ce sont les adultes qui manifestent ou tiennent des ‎sit-in sous les yeux étonnés des jeunes qui n’avaient pas vu cela depuis longtemps.

LE JOUR OU LA JONCTION SE FERA ENTRE LES ADULTES ET LES JEUNES, ENTRE LES ‎GENERATIONS EN VIE, SIGNERA L’AVENEMENT DE LA NOUVELLE NATION ALGERIENNE.‎

Il ne faut pas regretter le temps du parti unique sous prétexte que la division est ‎dangereuse. On est indéfectiblement unis pour défendre notre indépendance, notre ‎territoire, notre unité nationale et notre souveraineté contre l’extérieur, MAIS, A ‎L’INTERIEUR, NOUS DEVONS AUSSI ETRE SOUVERAINS, LIBRES DE DESIGNER LES ‎DIRIGEANTS ET DE LES REPUDIER.‎

Le pays bout sous les provocations répétées des chantres du 4e mandat, la presse fulmine, ‎les citoyens bougent, les internautes piaffent d‘impatience : le 17 avril ne se présente pas ‎comme le début d’un nouveau mandat, mais comme la fin d’une époque. Il n’est plus une ‎affaire d’élection, il n’est plus une question politique, ON EST EN FACE D’UNE MANŒUVRE ‎DE CONFISCATION DE L’ETAT A DES FINS MAFIEUSES A LAQUELLE ON EST EN DROIT DE ‎S’OPPOSER.

‎(Le Soir d’Algérie du 20 mars 2014)‎

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