« Lorsque le coup de tonnerre éclate, il est trop tard pour se boucher les oreilles ».
Ce proverbe chinois tout de bon sens est très vieux puisque Sun Tzu à qui je l’emprunte le citait déjà dans son livre, « L’art de la guerre », écrit il y a vingt-cinq siècles. Il veut dire qu’il ne faut pas attendre que le danger se présente à sa porte pour réagir.
Le jour où la télévision officielle algérienne annonça au JT de 20H00 la candidature de Bouteflika à un 4e mandat, la terre a tremblé à Alger. Selon l’astronome, sismologue et candidat à la même élection, Loth Bonatéro, la puissance du séisme était de 4 et quelque sur l’échelle de Richter, soit à la hauteur de l’onde de choc suscitée par le 4e mandat le premier jour…
Beaucoup d’Algériens, sensibles à l’extraordinaire, y ont vu le signe d’un courroux céleste contre ce mandat illégitime et annonciateur de dérèglements certains, mais Bouteflika ne s’est pas pour autant désisté…
Si la terre devait s’ébranler plus sérieusement dans les semaines ou les mois à venir, la vox populi, aidée par les guides religieux qui pullulent dans notre pays, saurait par la faute de qui. Nombreux sont ceux qui sont désormais convaincus que ce 4e mandat qui va à contre-courant de la raison, des intérêts du pays et des éléments de la nature n’ira pas loin et qu’on n’en sortira pas indemnes…
L’IDEE S’EST PROPAGEE QUE LE PRESIDENT N’EST PLUS QUE L’OMBRE DE LUI-MEME, ET QUE DERRIERE SA DECISION DE SE REPRESENTER SE CACHENT DES HOMMES SANS SCRUPULES INTERESSES PAR LEURS SEULS INTERETS…
QUELQUE CHOSE EST EN TRAIN DE S’INSINUER DANS LES ESPRITS, TENANT DU DEGOUT ET DE L’ENVIE DE DIRE « ASSEZ ! » DEVANT LA JONCTION DU MAL, DE L’IRRATIONNEL ET DE L’INCONSCIENCE DONT LES CONSEQUENCES VONT ETRE FUNESTES POUR LE PAYS.
L’ « effet papillon » est par définition imprévisible. On ne sait ni quels traits humains il peut revêtir ni quel battement le provoquera, ni quand ni où…
MAIS, A COUP SUR, L’OURAGAN QU’IL DECLENCHERA CHANGERA LA FACE DE L’ALGERIE ET L’ENGLOUTIRA OU LA LAVERA DES SOUILLURES QUI L’ON ENTACHEE DEPUIS LE 1ER NOVEMBRE 1954.
Le 4e mandat est entouré de mystères, on ne sait pas s’il est une fin en soi ou un pont vers l’impensable. Pourquoi Ouyahia et Belkhadem ont-ils été dégommés de leurs postes au RND et au FLN pour être ramenés, une année plus tard, dans l’état-major électoral de Bouteflika ?
Pourquoi, parmi les 350 membres du Comité central du FLN, a-t-on choisi Saâdani en humiliant des juridictions comme le Conseil d’État ? Pourquoi est-ce ce « bounadem » qui a été chargé de préparer les esprits à la candidature du président, mais aussi d’attaquer le DRS au moment où des mesures de restructuration démantelaient les organes qui menaient des enquêtes sur la grande corruption ?…
Il s’est attaqué au DRS en menaçant en termes voilés son premier responsable de le livrer à la cour pénale internationale… A travers ses déclarations, il avait menacé entre les lignes sa cible de fournir des arguments aux éventuels plaignants dans l’affaire des moines de Tibhirine et celle des otages de Tigentourine, leur offrant la possibilité de s’appuyer sur le « témoignage », sinon « l’aveu » du chef du parti au pouvoir en Algérie, par ailleurs ancien président de l’Assemblée nationale.
Une plainte vient d’ailleurs d’être déposée contre le patron du DRS, en même temps que d’autres dirigeants militaires et politiques, auprès de la Cour pénale internationale.
La menace du TPI ne doit pas être prise à la légère : le général Nezzar a bien été interpelé par la justice helvétique qui l’a longuement entendu sur la base d’une plainte déposée par un Algérien résidant en Suisse, et la procédure suit son cours. Il a dû aussi quitter précipitamment la France quand il a été prévenu in extremis qu’il risquait d’être interpelé par un juge français pour des « crimes » relevant du même registre, lesquels sont, aux yeux du droit pénal international, imprescriptibles…
L’histoire des nations regorge de légendes de ces hommes sortis de l’obscurité et qui finissent au premier rang de la cour du souverain ou même sur le trône. Il y a des époques qui ont tant été influencées par des hommes aux origines et au parcours douteux qu’elles ont été baptisées de leur nom. La carrière de Raspoutine à la cour du tsar Nicolas a commencé avec des prédictions publiques qui s’étaient réalisées. Elle s’est terminée sur son assassinat par des officiers révulsés par l’importance qu’il avait prise dans les décisions de la cour…
Les quarante jours qui nous séparent de la tenue du scrutin vont ébranler l’Algérie. Des partis ont appelé au boycott de l’élection avant même l’annonce de la candidature du président-candidat. D’anciens hauts gradés militaires ont évoqué dans des contributions écrites, des interviews ou des débats télévisés, des remous au sein de l’institution militaire et affiché leur hostilité à un nouveau mandat. Des personnalités politiques ayant exercé de hautes fonctions dans le pouvoir exhortent les citoyens à empêcher par tous les moyens le 4e mandat…
Le jour devait arriver où l’armée se retirerait de la politique et ne serait plus la faiseuse de rois comme a dit Saâdani. Nous y sommes peut-être, au terme d’une brusque accélération de l’histoire dont on ne connaît pas les modalités et les secrets mais qui est en relation avec le 4e mandat.
Les partisans du 4e mandat nous tiennent à distance avec le « respect de la loi » alors qu’eux ne respectent aucune loi. Il n’entre pas dans leurs intentions d’en respecter aucune qui entraverait leurs plans. Pour parvenir à leurs fins, rien ne les arrêtera.
Ils piétinent la Constitution, la morale, falsifient les certificats médicaux et se préparent à bourrer les urnes. Ils croient détenir l’arme absolue : nous lier les mains avec le « hya » dont ils sont dépourvus, et notre légalisme candide…
(Le soir d’Algérie du 13 mars 2014)