De quoi pouvaient accoucher les révolutions arabes, sachant que les despotes ont tout fait pendant leur règne pour que ne se forment pas des partis démocratiques capables d’apparaître comme une alternative à leur pouvoir ? Y avait-il une vie politique normale, avec des partis connus et un corps électoral habitué à désigner ses députés et son chef d’Etat ? Il n’y avait que des partis uniques ou des partis administratifs, des partis-alibi ou pas de partis du tout comme en Libye.
Les élections étaient truquées et les taux d’abstention astronomiques. Les islamistes n’étaient pas une alternative parmi d’autres, c’était la seule disponible. Imaginons qu’ils n’existaient pas : qui aurait comblé le vide politique et institutionnel conséquent à la chute brutale des régimes ? Un des principes cardinaux de la démocratie est de ne pas exclure de la vie politique et institutionnelle des forces sociales représentatives sous peine de les acculer à la clandestinité et à la violence, de les auréoler du statut de victimes, et d’avoir au bout du compte un pouvoir déficitaire en légitimité.
C’est le contraire qu’ont fait les pouvoirs arabo-musulmans avec la bénédiction des puissances occidentales. Ils regardaient leurs peuples comme s’ils étaient des boîtes de Pandore qu’il fallait se garder d’ouvrir.
L’Iran des Pahlévis, la Turquie d’Atatürk puis des généraux, l’Afghanistan monarchiste puis communiste, les régimes baathistes en Irak et en Syrie, l’Égypte des Officiers libres puis du libéralisme, les régimes dits progressistes en Algérie et en Libye, tous ces pays et d’autres ont longtemps gardé fermée la boîte. ONT-ILS POUR AUTANT CONTENU LES IDEES ISLAMISTES ?
Autre exemple : l’Occident a envahi l’Afghanistan dans le but d’en chasser les Talibans et d’y établir un Etat moderne. A-t-il réussi ? Là où des élections plus ou moins transparentes ont eu lieu, à commencer par ces pays, là où la boîte de Pandore a été ouverte, les islamistes ont surgi. Ils ont gagné avec ou sans révolution.
Ce phénomène est unique dans le monde. Il n’a été observé ni en terre chrétienne, ni en terre judaïque, ni en terre hindouiste, ni en terre bouddhiste.
LA BOITE DE PANDORE, C’EST L’INCONSCIENT COLLECTIF ARABO-MUSULMAN. C’EST A TRAVERS LEUR HISTOIRE ET LEUR PRISME CULTUREL QU’IL FAUT SCRUTER LES PEUPLES ARABO-MUSULMANS SI L’ON VEUT COMPRENDRE LEUR COMPORTEMENT SOCIAL ET POLITIQUE.
ILS ONT UNE LONGUE EXPERIENCE DU DESPOTISME QUI A MARQUE LEUR PSYCHOLOGIE, LEUR IMAGINAIRE EST REMPLI DE L’IDEAL ISLAMIQUE QUI LES TOURMENTE DEPUIS DES SIECLES, MAIS ILS N’ONT PAS D’EXPERIENCE DE LA DEMOCRATIE QUI EST D’ABORD UNE CULTURE.
Et cette culture suppose que l’on a intégré l’idée de passer du peuple monolithique qu’on était à une société plurielle par ses idées et diverse par sa composante. Est-ce le cas ? Est-ce concevable sous un régime islamiste ?
LA REPONSE A LA QUESTION DU VOTE MECANIQUE N’EST PAS DE NATURE POLITIQUE, MAIS CULTURELLE. ELLE N’A RIEN A VOIR AVEC LES REVOLUTIONS ELLES-MEMES ET NOUS, ALGERIENS, AVONS ETE LES PREMIERS A EN FAIRE L’EXPERIENCE EN 1990 ET 1991. IL S’AGIT D’UN VOTE ATAVIQUE DONT L’EXPLICATION SE TROUVE DANS LA PREGNANCE DE LA CULTURE THEOCRATIQUE SUR L’ESPRIT DE LARGES PANS DE LA SOCIETE.
Les partis islamistes, où qu’ils existent, ne possèdent pas une base électorale construite par eux, mais jouissent d’une prédisposition générale acquise à leur cause avant même de naître. En Égypte, Al-Nour, un regroupement de salafistes illuminés (d’où probablement le choix du nom donné à leur parti) n’existait pas avant la révolution et il a pourtant obtenu 25% des voix, soit l’équivalent de l’ensemble des partis non islamistes.
LE GISEMENT ELECTORAL ISLAMISTE RESIDE DANS LE FOND MENTAL DE LA POPULATION.
Ils n’ont même pas besoin d’avoir un parti, un programme ou un leader, la culture ambiante, la littérature religieuse surabondante, les chaînes de télévision et les mosquées y suppléent plus que de besoin.
On le verra encore en Libye où n’existe pas de parti islamiste, Kadhafi ayant annihilé tout embryon de vie politique et électorale (des ulémas viennent de créer à Benghazi un parti baptisé «Parti de la réforme et du développement »). A la première élection qui sera organisée ils l’emporteront. Il suffit qu’ils veuillent bien déposer des listes.
Ce ne sont pas les exclus, les défavorisés, les pauvres ou les analphabètes qui votent pour eux, mais des contingents de toutes les couches de la société, y compris parmi les expatriés : les Tunisiens de France ont voté à 30% pour « Ennahda ».
LA CULTURE THEOCRATIQUE, QUE CE SOIT EN MONARCHIE OU EN REPUBLIQUE, C’EST L’ATTITUDE QUI CONSISTE A RAMENER TOUT A DIEU ET A TOUT ATTENDRE DE LUI OU DES HOMMES QUI PRETENDENT ETRE MANDATES PAR LUI. C’EST UN MAGMA D’ETATS D’AME, D’IDEES FAUSSES OU DEPASSEES FORMEES TOUT AU LONG DE LA PERIODE DE DECADENCE. CETTE CULTURE, COLPORTEE ET ENSEIGNEE A CE JOUR, NE POUVAIT PAS PERMETTRE A L’HOMME ARABO-MUSULMAN D’ACCEDER A LA RATIONALITE, AUX IDEES REPUBLICAINES ET AUX IDEAUX DEMOCRATIQUES.
Les intellectuels et les leaders politiques modernistes du siècle dernier n’ont pas réussi à convaincre les masses qu’il y avait moyen d’être musulman et moderne à la fois parce qu’au lieu de promouvoir une pensée nouvelle tenant compte de leur spiritualité et de leurs valeurs, ils leur ont proposé le marxisme, le baathisme, le laïcisme, mais surtout le despotisme.
Il y avait l’islam de toujours qui a conquis la moitié du monde connu, donné jusqu’au XVe siècle la mesure de son esprit créatif dans tous les domaines de la science, fait avancer la pensée humaniste et laissé d’impérissables chefs-d’œuvre en divers endroits de la planète. Il y eut ensuite l’islamisme intellectuel apparu avec Djamel-Eddine al-Afghani et Mohamed Abdou à la fin du XIXe siècle et appelant à la libération du monde musulman et à sa réforme morale. Enfin, il y a eu l’islamisme politique né dans la deuxième moitié du XXe siècle de l’échec de la Nahda et des mouvements réformiste et moderniste. Ses principaux théoriciens ont été Mawdudi et Sayyed Qotb. Il est une exhortation à la prise du pouvoir pour imposer l’ordre islamique y compris par le recours à la violence contre les musulmans eux-mêmes.
L’aspiration à un Etat islamique idéal, parce que procédant de la stricte application de l’islam, n’a pas quitté l’inconscient arabo-musulman depuis les quatre premiers califes dont la gouvernance représente l’âge d’or. L’Etat qui a été mis en place après eux a connu des hauts et des bas historiques avant d’être détruit par l’impérialisme occidental.
Les indépendances venues, des Etats nationalistes se sont formés, soutenus par les populations mais, après plusieurs décennies de mise à l’épreuve ils ont échoué à promouvoir le développement et la puissance militaire. Par quoi les remplacer ? Eh bien par ce qui a réussi dans le lointain passé et que magnifie la culture théocratique : l’Etat islamique.
Même quand l’islamisme était enfermé dans la boîte de Pandore, cette culture, diffuse dans l’esprit des peuples, n’avait rien perdu de son intensité. Elle l’attendait comme Pénélope attendait Ulysse. Les despotes, pour leur part, se gardaient de l’inciter à évoluer vers une culture éclairée et moderniste parce qu’elle les servait telle quelle.
Jusqu’ici nous avons utilisé l’expression « peuple arabe » comme si nous entendions par-là l’ensemble de la population tunisienne, égyptienne ou autre. C’était par commodité de langage et non par souscription à une confusion fréquente qu’il va falloir dissiper maintenant.
Le peuple tunisien a immortalisé un slogan tiré de son hymne national et repris en chœur partout où des révolutions ont eu lieu : « Le peuple veut…» On l’a compris, ils voulaient la chute des régimes qui les dirigeaient d’une main de fer depuis la fondation de leurs Etats nationaux, et l’ont obtenue. Mais, par la suite, il est apparu que le « peuple» qui a lancé la dynamique révolutionnaire et le «peuple» qui a donné la majorité aux islamistes formaient deux populations distinctes.
Dans un premier temps il y a eu la révolution, suivie de la chute du régime, et dans un deuxième les élections. Les deux temps se sont succédé mais ne découlent pas l’un de l’autre et ne sont pas de même nature. Ceux qui ont fait tomber les despotes ne sont pas ceux qui ont hissé sur leurs épaules les islamistes pour les porter au pouvoir. Dans les deux étapes nous avons eu affaire à deux catégories d’acteurs, à deux ensembles différents, comme si dans ces pays il y avait deux peuples dans chacun.
Le peuple qui a fait la révolution était formé de la « Jeunesse Facebook » et de membres de la classe moyenne (intellectuels, avocats, magistrats, artistes, etc.) auxquels s’est joint par la suite un peu de tout, tandis que celui qui a voté pour les partis islamistes était formé des militants islamistes mais aussi et surtout de la frange conservatrice de la société.
Les premiers étaient acquis aux idées modernes, et les seconds attachés aux idées traditionnelles. Le dénominateur commun qui les unissait ne valait que pour la première étape, le rejet du pouvoir. Autrement, chacun avait plus ou moins son idée sur ce qu’il ferait de sa liberté recouvrée.
Il fait dire que le second était mieux préparé à la prochaine étape car il savait d’instinct pour qui il voterait le moment venu, tandis que le premier n’avait pratiquement pas pour qui voter.
Les «peuples» qui ont déclenché la révolution en Tunisie, en Égypte, au Yémen, en Syrie et même en Libye, sont les mêmes. Ce sont eux que l’« effet Bouazizi », cette réaction émotionnelle en chaîne, a touchés et jetés en premier dans les rues pour braver les despotes. Leur idéal était la liberté, avec des connotations démocratiques. Ils pourraient constituer un seul et même peuple en dépit de leur appartenance à des nationalités différentes.
Les «peuples» qui ont voté en faveur du courant islamiste en Tunisie, au Maroc et en Égypte pourraient autant constituer un peuple homogène, soudé par de mêmes convictions. Ces derniers se méfient de la démocratie « à l’occidentale » et des idées modernistes, et toutes leurs représentations mentales sont saturées de culture théocratique.
Les premiers figurent ce que pourrait être une société démocratique arabe composée de musulmans ouverts, modernes et tolérants comme l’étaient les musulmans de Cordoue et de Chine au XIIIe siècle ou d’Inde au XVIIe siècle. Les seconds seraient plus heureux dans quelque «Chariâland», vivant entre eux, rassemblant « salafistes », « djihadistes », « modérés » et « conservateurs ».
Ces regroupements s’effectueraient d’eux-mêmes s’il était possible de permuter les populations et les nationalités ou d’échanger les territoires. Mais pour l’instant il n’y a eu que la partition (Inde-Pakistan, Pakistan-Bangladesh, Ethiopie-Erythrée, Soudan-Sud-Soudan, Bosnie-Serbie…) pour régler les problèmes d’une cohabitation devenue impossible…
On viendra peut-être un jour à cette idée de regrouper les islamistes dans un «Chariâland».
Les islamistes se présentent aux élections en bloc monolithique et leur discours recoupe la mentalité et l’éducation reçue par la majorité de la population, tandis que les démocrates se présentent dans un large spectre pluraliste (116 partis se sont présentés aux élections tunisiennes) tenant des discours qui ne soulèvent aucun écho dans le psychisme des masses.
Pour ces dernières, ce discours abscons et le libéralisme permissif qu’il véhicule à leurs yeux sont des produits importés d’Occident et représentent un danger sournois pour leur identité et leurs valeurs.
Les islamistes, et les ulémas avant eux, ont convaincu ces masses que les démocrates, forcément laïcs (donc contre la religion) propageraient dans le pays le mode de vie occidental dont ils ont retenu la légalisation de l’homosexualité, le mariage homosexuel et la famille homoparentale, sans parler des anciens griefs : colonialisme, soutien inconditionnel à Israël, racisme anti-arabe et islamophobie. D’où un réflexe répulsif et un rejet quasi instinctif.
Les partis modernes et démocratiques, en se positionnant au centre ou à gauche, croient s’attacher les masses, mais celles-ci les dédaignent car pour elles LES VALEURS MORALES PASSENT AVANT LES SOLUTIONS POLITIQUES OU SOCIOECONOMIQUES. AVANT D’ETRE UN CITOYEN LE MUSULMAN EST D’ABORD UN CROYANT.
Quoi qu’ils aient essayé, ils n’ont pas rencontré assez de répondant auprès d’elles pour être portés sur les fonts baptismaux car n’éveillant aucun écho en elles, ne touchant aucune de leurs fibres et ne recoupant aucun de leurs paradigmes.
Les non-islamistes qui ont fait la révolution n’avaient en commun que les réseaux sociaux et n’étaient unis que passagèrement par leur opposition au despotisme et leur désir de liberté. Le but atteint, ils n’avaient plus rien à faire ensemble. Ils n’avaient ni à l’idée, ni le temps nécessaire de s’organiser en force politique capable de compter dans les élections organisées dans l’urgence. S’ils n’ont pas voté islamiste, ils n’ont pas pensé à potentialiser leurs forces pour en faire un poids politique. Il est même à craindre que bon nombre d’entre eux n’aient pas voté du tout.
Les partis libéraux et démocrates qui existaient au temps du despotisme se disputaient pour des vétilles, préférant s’allier au pouvoir qu’entre eux. Dans la nouvelle ère, ils ont continué sur cette pente alors qu’arithmétiquement ils ont obtenu en Tunisie et au Maroc plus de voix et de sièges que les partis islamistes. Et quand ils se sont unis, il a fallu que ce soit autour d’Ennahda en Tunisie et du PJL au Maroc. Même les communistes sont entrés dans ces coalitions hétéroclites.
LES ISLAMISTES NE CROIENT PAS AU FOND D’EUX-MEMES A LA SOUVERAINETE POPULAIRE COMME SOURCE DU POUVOIR, NI A LA DEMOCRATIE COMME CADRE DE VIE INSTITUTIONNEL, NI A LA CITOYENNETE COMME ENSEMBLE DE DROITS ET DE DEVOIRS DE L’INDIVIDU.
ILS COMPOSENT AVEC CES IDEES QUI VONT A L’ENCONTRE DE LEURS PRINCIPES FONDAMENTAUX TANT QU’ILS N’ONT PAS LE CHOIX, AUTREMENT C’EST VERS LE CALIFAT ET LE MODELE TALIBAN QU’ILS MARCHERAIENT D’UN PAS VAILLANT. LES SALAFISTES, PLUS FRANCS, N’EPROUVENT AUCUNE GENE A LE CRIER SUR LES TOITS. POUR CES DERNIERS IL N’Y A DE SOUVERAINETE QUE CELLE D’ALLAH, ET MEME QUAND ILS SONT DESIGNES PAR LES ELECTEURS ILS ESTIMENT ETRE LES ELUS DE DIEU.
Les manifestants qui ont fait tomber les despotes ne sont pour eux que les instruments passifs (surtout s’ils sont coptes) de la manifestation de la volonté divine. Ils ne leur sont redevables de rien, ne regardent pas leurs morts comme des «martyrs», et toutes leurs louanges sont réservées au Seigneur. Ils considèrent que ces «romantiques» ont tout au plus joué envers eux le rôle que l’araignée a joué envers le Prophète et Abou Bakr lorsqu’ils se sont réfugiés dans une grotte pour échapper à leurs poursuivants à la veille de l’Hégire. Ces derniers, s’étant douté que la grotte pouvait être une cache, se présentèrent devant son entrée mais voyant l’accès barré par une grande toile d’araignée s’en retournèrent.
LES ISLAMISTES PORTENT NATURELLEMENT LA MENTALITE TUTELAIRE DU BERGER ENVERS SA BERGERIE ET ESTIMENT QUE LES SUFFRAGES LEUR ONT CONFERE LE DROIT D’EMMENER PAITRE LE TROUPEAU LA OU ILS VEULENT. ILS SONT TOUT AUSSI NATURELLEMENT ENCLINS A VOULOIR RESTER AU POUVOIR LE PLUS LONGTEMPS POSSIBLE CAR CONVAINCUS D’ETRE LE TRUCHEMENT PAR LEQUEL DIEU VA REGENERER LE MONDE MUSULMAN.
Le populisme est une perversion des idéologies promouvant l’intérêt des masses apparu dans le sillage des théories socialo-communistes. Il a touché aussi l’islam.
L’intéressant dans la nouvelle donne, c’est que nous disposons de chiffres précis pour mesurer les clivages politiques et connaître le poids des uns et des autres. On peut maintenant mesurer la surface occupée par l’islamisme dans l’échiquier politique arabe. On n’est plus dans le halo ou le fantasme, mais dans la réalité.
Sur une population électorale de 7,6 millions, 4 se sont rendus aux urnes pour élire l’Assemblée constituante tunisienne. Le parti Ennahda a obtenu 37,02% des voix et 41,47% des sièges (90 sur 217). Les autres sièges sont revenus à une dizaine de partis, et 16 à des indépendants.
Au Maroc, le taux de participation aux élections législatives était de 45,40%, pour une population électorale de 13 millions. Le PJD a obtenu 27,08% des suffrages exprimés et 107 sièges sur 395.
En Égypte, pays souche de l’idéologie islamiste, ce n’est pas 1 mais 3 partis islamistes qui étaient en lice, et c’est le plus modéré d’entre eux qui a eu le moins de voix. Les Frères musulmans (PJL) en ont obtenu 36%, les salafistes d’Al-Nour 25%, et Al-Wassat 5%.
Enfin, les libéraux divisés en 6 listes, comme de bien entendu, en ont eu 29,39%. Si l’on devait en soustraire le vote copte, il ne resterait plus que 20% D’ÉGYPTIENS A NE PAS ETRE FAVORABLES A L’ISLAMISME.
Ces chiffres, en dehors de l’Égypte, relativisent le succès des islamistes et les risques qu’ils font peser sur leurs pays.
Au Maroc, le roi a éloigné le danger en prenant les devants dès le début des manifestations chez lui. Il a désamorcé la charge avant qu’il n’y ait des morts et que l’engrenage de la répression ne rende les choses incontrôlables. Anticipant sur les évènements il a proposé une Constitution qui a été entérinée par référendum, puis convoqué des élections législatives. Aux termes de la nouvelle Constitution il garde la main sur des départements sensibles comme la défense et les affaires religieuses, laissant la gestion des problèmes économiques et sociaux au gouvernement.
EN CAS DE MECONTENTEMENT DE LA POPULATION, ON S’EN PRENDRA AU GOUVERNEMENT ET NON A LUI QUI AURA TOUTE LATITUDE DE LE REVOQUER ET DE CONVOQUER DE NOUVELLES ELECTIONS. IL GAGNERA AINSI A TOUS LES COUPS. LE CHIFFON ROUGE QUI EXCITERA LE TAUREAU A L’AVENIR NE SERA PLUS LE PALAIS ROYAL, MAIS LE GOUVERNEMENT.
« Le Soir d’Algérie » du 24 janvier 2012